Prévention, dépistage et prise en charge précoce du problème d'alcool en médecine générale : essai d'analyse d'un déni collectif( Télécharger le fichier original )par Michel Naudet Université Paris 8 - Diplôme d'Etudes Supérieures Universitaires en Addictologie 2003 |
6) Discussion sur la formationPar le biais du questionnaire, nous avons demandé aux médecins d'indiquer les domaines où un complément de formation/information leur permettrait de mieux dépister et prendre en charge les patients à risque. Parmi les lacunes que se reconnaissent les médecins en matière de formation et d'expérience, nous observons les résultats suivants23(*):
Pour discuter certains critères, nous avons réparti la cohorte par niveau d'information, sur les mêmes critères qu'à la section précédente : Les médecins mal informés (Groupe 1), moyennement informés (Groupe 2) et très bien informés (Groupe 3).
Globalement : · Ce sont les médecins les moins bien informés qui signalent le plus grand nombre de formations complémentaires utiles à une meilleure prise en charge du problème Alcool. Ici encore, les praticiens montrent qu'ils sont parfaitement conscients de leurs lacunes et savent les analyser. · Les protocoles de soins viennent en tête des lacunes de formation (cités par 60% des médecins). Ces protocoles (élaborés dans les Conférences de Consensus, les Lignes Directrices et les Recommandations pour la Pratique Clinique24(*)) concernent la connaissance et l'accompagnement du syndrome de sevrage, les risques somatiques liés à ce syndrome, les réseaux de soins, etc.
100% des médecins s'estimant mal informés signalent une lacune dans la connaissance de ces protocoles. C'est plutôt inquiétant lorsqu'on pense notamment aux risques somatiques potentiels d'un sevrage sans contrôle. · Les relations avec le patient occupent la seconde place dans les compléments de formation souhaités. Citée par 81% des médecins mal informés, cette connaissance reste à améliorer par 22% des médecins très bien informés.
Le fait que 22% des médecins très bien informés citent encore cette lacune tendrait à montrer que certains programmes de formation en alcoologie ne donnent pas une place prépondérante à la relation thérapeutique avec les patients et/ou n'incluent pas de stage pratique suffisant dans une unité spécialisée. Mais tout ne s'apprend pas. Au-delà de la formation, un gros travail reste sans doute à faire au niveau des représentations personnelles et sociales du médecin envers l'alcool et le malade. · La psychopathologie du patient alcoolique est au 3ème rang des demandes de formation. Cité par 70% des praticiens les moins bien informés, elle reste évoquée par 44% des médecins les mieux informés. Comme pour la relation thérapeutique, cela confirme bien sûr l'utilité d'une formation complémentaire dans ce domaine, mais également la nécessité d'une évolution des représentations. Il est évident que la relation thérapeutique et la psychopathologie du patient débordent largement le cadre de l'alcoologie. De plus, aucune recherche n'a pu établir de corrélation indiscutable et directe entre la maladie alcoolique et des traits psychologiques particuliers. Mais une formation dans ce domaine peut se révéler particulièrement intéressante pour lever les préjugés qui pèsent souvent sur ces patients : par exemple ne plus confondre déni de consommation et mensonge, honte et hypocrisie, perte de maîtrise et manque de volonté, etc. · Les formations médicales ou techniques
sont citées beaucoup moins fréquemment. Aucun des médecins
très bien formés n'est demandeur d'un enseignement sur les effets
du produit, la clinique de l'alcoolisme ou les tests de dépistage. Ces
derniers semblent pourtant nettement moins connus des médecins mal ou
moyennement informés. Cela laisse à penser que les tests de dépistage font partie des enseignements couramment dispensés dans les formations d'alcoologie.
* 23 Les sujets pouvant citer plusieurs compléments de formation, le total est supérieur à 100%. * 24Citons notamment : - Conduites d'alcoolisation - Lecture critique des classifications et définitions. Quel objectif thérapeutique ? Pour quel patient ? Sur quels critères ? , septembre 2001, Société Française d'Alcoologie (Recommandations pour la pratique clinique ayant obtenu le label méthodologique de l'ANAES) - Modalités de l'accompagnement du sujet alcoolodépendant après un sevrage (Conférence de consensus - 7 et 8 mars 2001, Cité des sciences et de l'industrie) - Objectifs, indications et modalités du sevrage du patient alcoolodépendant (Conférence de consensus - 17 mars 1999) * 25 Voir annexe 6 * 26 Ce questionnaire élaboré par l'OMS figure à l'annexe 5 |
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