Prévention, dépistage et prise en charge précoce du problème d'alcool en médecine générale : essai d'analyse d'un déni collectif( Télécharger le fichier original )par Michel Naudet Université Paris 8 - Diplôme d'Etudes Supérieures Universitaires en Addictologie 2003 |
RésultatsComme annoncé dans la section précédente, tous les résultats de cette étude seront déterminés à partir de l'échantillon des médecins ayant répondu au questionnaire et enregistré des RC en 2003 (N=50). Pour l'année 2003, les chiffres correspondant aux 50 médecins sélectionnés sont les suivants : - 77600 patients différents ont été vus au total. - 879 patients ont fait l'objet d'un RC « Problème avec l'alcool »19(*) GénéralitésL'alcool est rarement le seul objet de la visite
Seulement 16% des consultations effectuées en 2003 par les médecins de l'OMG et ayant donné lieu à l'enregistrement d'un RC Alcool avaient la problématique alcoolique pour unique motif de la visite. Plus de 4 consultations sur 5 ont fait l'objet d'autres RC associés au RC Alcool. Ce résultat tendrait à confirmer que les patients consultent rarement pour leur problème d'alcool, mais le plus souvent pour des comorbidités qui lui sont associées. Les chiffres confirment la faible prise en charge du problème Alcool et de grandes différences entre praticiens.
Tous médecins confondus, la fréquence moyenne des patients pris en charge avec un RC « Problème avec l'alcool » est de 1,08 %. Ce chiffre est bien sûr très en deçà des valeurs moyennes estimées en population générale : une étude récente estime à 5 millions de personnes le nombre de personnes ayant une consommation problématique d'alcool20(*), soit environ 9% de la population de plus de 15 ans. Remarque : D'un point de vue méthodologique, comme nous l'avons déjà signalé, ce résultat pourrait être discuté, car nombre de médecins font sans doute des remarques ou des recommandations brèves aux patients concernant leur consommation sans pour autant enregistrer systématiquement un RC « Problème avec l'alcool ». Nous formerons ici l'hypothèse que tous les praticiens ont le même comportement quant à l'enregistrement de ce RC et nous analyserons principalement les différences de prise en charge entre médecins plutôt que les fréquences en elles-mêmes.
Fréquence de prise en charge de patients avec un RC Alcool Si nous considérons la répartition de la prise en charge par quartile, nous voyons que 25% des généralistes ont vu moins de 5 patients (0,35%) avec une problématique d'alcool en 2003. Dans le quartile supérieur, les médecins ont enregistré un RC Alcool pour 2,11% des consultants (37 patients en moyenne). C'est 7 fois plus que les médecins appartenant au premier quartile. La différence entre les deux quartiles extrêmes est donc importante. Il n'en reste pas moins que la fréquence de prise en charge la plus élevée est très inférieure aux statistiques attendues. Dans la suite de l'étude, nous allons essayer d'analyser les facteurs à la base de ces faibles résultats. * 19 Ce RC peut être obtenu à partir de plusieurs critères définis par la SFMG (certains de ces critères ont une correspondance dans la classification CIM 10) ; nous ne les détaillerons pas ici. La liste de ces critères figure à l'annexe 3. La description du RC Alcool tel que défini par la SFMG dans le Dictionnaire des Résultats de Consultations (DRC) figure à l'annexe 4. * 20 Source : Comité Français d'Education pour la Santé (CFES) in Brochure "Professionnels de santé, Professionnels de l'éducation" (INPES, Assurance maladie, Ministère de l'emploi et de la solidarité), 1999. |
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