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Communication et contrôle de la trypanosomose animale africaine : étude de cas des interrelations entre les agro-éleveurs et leurs prestataires de services vétérinaires dans la province du Kénédougou (Burkina Faso).

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par Der DABIRE
Université de Ouagadougou, Département de Sociologie - Maîtrise en Sociologie 2005
  

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CHAPITRE III : TRANSACTIONS TRYPANOCIDES ET STRATÉGIES DE COMMUNICATION CHEZ LES PRESTATAIRES DE SERVICES.

Le présent chapitre vise à dégager les difficultés de communication auxquelles les prestataires de services sont confrontés dans leur tâche d'information et de sensibilisation des agro-éleveurs à travers l'analyse de leurs pratiques et attitudes dans l'utilisation des trypanocides. Mais avant, il est nécessaire de savoir quels sont les acteurs sociaux en présence et quelles sont leurs stratégies de communication ?

I/ Rôles, caractéristiques et importance des acteurs en présence.

L'utilisation des trypanocides est une pratique médicale réservée aux spécialistes de la santé animale selon les textes et lois réglementaires de la médecine vétérinaire au Burkina-faso. Mais, à la faveur de la privatisation de la profession vétérinaire, vendre ou appliquer les médicaments trypanocides ne sera plus l'apanage des seuls spécialistes de la santé animale, car on assiste à l'émergence d'autres acteurs non autorisés. D'où, nous distinguons deux catégories de prestataires de services à savoir les professionnels de la santé animale et les non professionnels.

1) Les professionnels de la santé animale.

Ils regroupent les personnes qui exercent la médecine vétérinaire avec les qualifications et les compétences requises par le code de santé animale au Burkina Faso. Ce sont les agents publics d'élevage, les docteurs vétérinaires et les nouveaux acteurs.

Dans la province du kénédougou, les agents publics d'élevage restent les premiers professionnels de la santé animale connus de nos jours auxquels se réfère en priorité le terme « vétérinaire » employé fréquemment par les agro-éleveurs. Traditionnels fournisseurs de services vétérinaires, ils sont composés d'agents et de techniciens d'élevage au nombre de trois (3) dans notre zone d'étude. Basés à la direction provinciale à Orodara et au poste vétérinaire frontalier de Koloko, ils ont été tous formés à l'école Nationale de Santé Animale (ENSA) de Ouagadougou. Mais, au-delà de la formation initiale, ils ont tous reçu en moyenne trois (3) formations complémentaires dans les domaines :

- de la lutte contre la TAA ;

- de la surveillance épidémiologique ;

- des travaux de laboratoire ;

- de l'aviculture ;

- de l'élevage des petits ruminants ;

- de l'embouche bovine ;

- de la gestion des projets et micro-projet et

- des méthodes de recherche accélérée (MARP).

Ce sont des agents expérimentés ayant en moyenne trois (3) ans d'expérience sur le terrain.

Agissant en qualité de fonctionnaire d'Etat, ils interviennent plus dans les traitements que la sensibilisation des éleveurs et le contrôle de la profession. Selon les données d'enquête, ils ont réalisé en moyenne 124 fois de traitements trypanocides l'année passée. De plus, ils ont donné en moyenne 57 fois de conseils aux éleveurs. Mais, ils déclarent dans les entretiens qu'ils n'ont pas « les moyens matériels, logistiques et la capacité pour le contrôle des trypanocides et leur commercialisation ». Cependant, dans la nouvelle organisation des services de santé animale issue de la libéralisation de la profession de médecine vétérinaire, les services publics sont chargés de toutes les questions liées à la vulgarisation, à la formation, à la sensibilisation et au contrôle de l'exercice de la profession vétérinaire sur le terrain en priorité.

Quant aux docteurs vétérinaires, ils regroupent toutes les personnes ayant obtenues le diplôme de doctorat en sciences et médecine vétérinaires après des études supérieures et ayant reçue une autorisation préalable pour s'installer en privé. Deux docteurs vétérinaires sont installés dans la province du Kénédougou. Ils sont tous localisés dans sa partie nord avec une représentation sous forme de dépôt pharmaceutique au sud. Mais, l'enquête a pris en compte ceux de Bobo, intervenants fortement dans cette partie sud. Ils ont été formés à l'EISMV (Ecole Inter-Etats des Sciences et Médecine Vétérinaires) de Dakar, au Sénégal pour la majorité et en France, au Maroc, en Russie pour une minorité. Ils ont reçu en majorité au moins une formation spécialisante dans les domaines suivants : médecine tropicale, productions animales et reproduction génétique (insémination artificielle). Ils ont en moyenne dix sept ans d'expériences dans les domaines de l'enseignement, de la recherche et de la santé en exercice privé. Engagés dans des entreprises privées, ils sont tous responsables de cabinets de soins vétérinaires de nature clinique et pharmaceutique. Sur le terrain, ils agissent en qualité de cliniciens, pharmaciens grossistes et pharmaciens détaillants. Ainsi, ils offrent des services cliniques, des médicaments et des conseils aux éleveurs. Mais, selon les données d'enquête, ils interviennent plus dans la vente des médicaments que dans les soins et les conseils. En effet, ils estiment avoir vendu au cours de l'année écoulée en moyenne quatre mille (4000) fois de trypanocides contre cent (100) fois de traitements réalisés et quatre vingt (80) fois de conseils donnés. Ce qui est le reflet du rôle actuel joué par les vétérinaires privés installés en majorité dans les officines pharmaceutiques pour la vente des médicaments au détriment des soins et de la sensibilisation sur le terrain. Or dans l'organisation actuelle des services vétérinaires au Burkina, ils ont la charge de la commercialisation/distribution des médicaments vétérinaires de qualité, de la prise en charge des animaux malades et de l'information des éleveurs.

Outre les agents publics d'élevage et les docteurs vétérinaires, il faut ajouter de nouveaux acteurs professionnels ayant reçus une autorisation préalable pour s'installer en privé. Techniciens d'élevage et ingénieurs zootechniques en majorité, ce sont d'anciens fonctionnaires de l'Etat en retraite ou ayant quittés la fonction publique pour s'installer en privé à la faveur de la libéralisation de la profession vétérinaire. Ils ont été formés à l'ENSA de Ouagadougou avec en moyenne vingt et deux (22) ans d'expériences dans la fonction publique et dans l'exercice de la médecine vétérinaire en privé. Ils jouent les mêmes rôles actuels que les docteurs vétérinaires et bénéficient des mêmes attributions et avantages conférés par le code de la santé animale.

Toutefois, à côté des acteurs professionnels dont les rôles et statuts ont été définis par le code de la santé animale au Burkina et légitimés par l'ordre national vétérinaire, s'est développé une catégorie d'acteurs non professionnels, reconnus sous l'appellation « d'amateurs de la médecine vétérinaire » dans le jargon des spécialistes.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard