c)
Village de Toussian-Bandougou
Le village de Toussian-Bandougou est situé à 7
km de Orodara. Il est limité au nord par Orodara et Bandougou ; au
sud par Dan ; à l'est par Toussiamasso et à l'ouest par Fon.
Il a été créé par un chasseur du nom de TIANSAN
SANOGO, venu de Pénier (badara). De son nom authentique
« siow » qui signifie en langue Toussian « se
cacher pour vivre », il est devenu
Toussian-bandougou « le village s'est
aggrandi ».
Son climat est de type soudanien avec une
pluviométrie variant entre 1000 et 1200 mm/an. Il est situé sur
un bassin versent où existent des sols argilo-limoneux et sableux en
majorité, dominé par une végétation de savane
arborée et forêt galerie le long des cours d'eau. Deux cours
d'eau traversent le village.
Sur ses terres habitent les populations Toussian, Samogho et
Peulh au nombre de 427 habitants en majorité féminine (54%),
jeune et dynamique dont la vie, les usages et les coutumes sont régis
par la religion animiste. Le système éducatif traditionnel se
manifeste à travers les initiations. Le village est dirigé par un
chef de village dont la fonction est héréditaire et se transmet
de père en fils. Il est assisté par le chef de terre et le RAV.
Le village est structuré en quatre quartiers (TANGA, SOUMAKA, TINKA et
SOUME). Les trois grandes religions (animisme, islam et christianisme) sont
représentées à égalité. Son habitat est de
type dispersé et la gestion foncière de type lignager.
Les productions agricoles (céréales,
tubercules), arboricoles forment les piliers de l'économie du village.
Quant à l'élevage, sa pratique est de type traditionnel en
association avec l'agriculture. En dehors des pasteurs peulh,
propriétaires de grands troupeaux (50 à 100 têtes), le
cheptel bovin est dominé par les boeufs de trait. La restriction des
zones de pâturage ne manque pas de créer des conflits entre
agriculteurs et éleveurs. La gestion de la santé des animaux
relève de l'initiative individuelle. En matière d'infrastructures
socio-économiques et administratives, le village dispose d'un moulin,
d'un centre d'alphabétisation, de deux forages et d'une école
primaire à trois classes.
Situé non loin de la route Orodara-Banfora, ce village
reçoit de nombreux intervenants extérieurs (quatre projets). Il
entretient de bons rapports commerciaux, coutumiers et matrimoniaux avec
Orodara (marché) et ses voisins immédiats (Dan, Bandougou,
Kourignon...).
d)
Village de Wolonkoto
Situé au nord d'Orodara, dans le département de
Koloko et à 7 Km de la route Orodara-Sikasso, le village de Wolonkoto
est limité à l'ouest par les villages de Natendougou et
Imatoro ; au sud par Mahon, Mampédougou et Bakaribougou ;
à l'est par Lanfiéra au nord par Banakoro et Songlo et au
nord-ouest par Guigolo, Dobougou et Jalakaso.
Wolonkoto, qui signifie en langue locale «lieu des
ravins » serait fondé par des forgerons à la recherche
du fer pour la fabrication de leurs outils aratoires (dabas, haches, pioches
etc.). Cependant il faut dire que c'est sous le règne de TRAORE Zatogo
que Wolonkoto a pu se structurer en village.
Sur le plan physique, le village de Wolonkoto présente
un relief accidenté. Situé dans une dépression
entourée de collines (altitude moyenne, 600 m), il est dominé par
des sols gravillonnaires de fertilités moyennes mais parcourus par des
ravins. Il est traversé par une rivière au bord de laquelle, on
trouve des sols limono- sableux et des formations végétales
riches en essence. Arrosé par 800 à 900 mm d'eau par an le
couvert végétal est de type savane arbustive avec des
forêts galeries.
Le village est dirigé par un chef avec la
collaboration du chef de terre, des chefs de lignage (ou chef de quartiers) et
du RAV. Sa population est estimée en 1996 à 2485 habitants
composés par les groupes Sénoufo-Siamou, Toussian, Mossi, Peulh
etc. C'est une population jeune (60%) et à majorité
féminine (52%). L'animisme et l'islam sont les deux religions du
village. Aussi les règles et les principes édictés par ces
religions sont au fondement de la vie, des pratiques et des activités de
production dans le village. Des sacrifices sont organisés au
début et à la fin de l'hivernage. De même des rites
initiatiques à la danse des masques et les fêtes sont les
pratiques sociales plus en vue. Le village est structuré en sept (7)
quartiers correspondant aux sept (7) lignages constitutifs du village. A
Wolonkoto, la terre appartient au lignage. L'animation culturelle du village
est assurée par des organisations et associations paysannes au nombre de
huit (8), GVH, GVF «tons », l'association des chasseurs,
l'association des parents d'élèves, la communauté
musulmane, le comité de gestion des forage, le comité de gestion
de la santé.
Le système de production dominant est l'agriculture
avec des cultures céréalières (mil, maïs, sorgho
etc....), des cultures de rentes (coton) et du maraîchage (gombo, choux,
tomate, laitue, aubergine, piment etc....). Mais, il y a aussi la pratique de
l'arboriculture, de la chasse, de l'apiculture et l'élevage. A cet
effet, il faut noter que l'élevage des bovins est de type traditionnel,
connaissant très peu d'innovation, surtout pour la gestion des maladies
du bétail. Ce sont toujours la pratique de l'automédication et
l'usage des médicaments traditionnels. Par conséquent, il
n'existe pas de zone de pâturage ni de piste à bétail
délimitée. Or le village se trouve sur un axe de transit pour les
troupeaux en provenance de la Kossi, de Sérékéni et de
Kouka. Il dispose d'un parc métallique avec un couloir de contention. En
matière de gestion de la TAA, les éleveurs fréquentent le
service vétérinaire de Koloko.
Sur le plan relationnel les rapports commerciaux
(marché) et matrimoniaux (mariage) vont bon train entre Wolonkoto et ses
voisins à l'exception de Mahon avec lequel il y a une sorte de
compétition infrastructurelle. Egalement tous les services
déconcentrés de l'Etat dans les domaines agricole,
éducatif, sanitaire, pastoral, forestier et technique sont
présents dans le village. Wolonkoto dispose de nombreuses
infrastructures de base.
Des huit (8) villages précédents, trois cent
cinquante agro-éleveurs (350) ont participé à la lutte
communautaire avec le Projet ILRI/ BMZ. Mais, cent (100) agro-éleveurs,
présentant les caractéristiques sociologiques suivantes ont
répondu à nos questions : ce sont uniquement des hommes
à raison de la non implication des femmes dans l'élevage bovin.
Ces derniers sont tous adultes et parmi eux, 65% de jeunes et 35% de vieux
selon le tableau suivant.
Tableau 4 : répartition des
agro-éleveurs en fonction de leur âge.
Age
|
Nombre
|
Proportion (%)
|
Jeune
|
65
|
65%
|
Vieux
|
35
|
35%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : résultat d'enquête.
Selon leur appartenance religieuse, on obtient 63% de
musulmans ; 6% de chrétiens et 31% d'animistes selon le tableau
ci-dessous. Mais, l'utilisation des lieux de culte comme espace de contact et
de transmission des informations marque l'influence de la religion sur la
communication entre les agro-éleveurs.
Tableau 5: répartition des agro-éleveurs
en fonction de leurs religions.
Religion
|
Nombre
|
Proportion (%)
|
Animistes
|
31
|
31%
|
Chrétiens
|
6
|
6%
|
Musulmans
|
63
|
63%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : résultat d'enquête.
Selon leur niveau d'instruction respectif, nous obtenons
à l'issue de l'enquête 30% d'alphabétisés et
70% d'analphabètes. Ce qui montre qu'une majorité des
agro-éleveurs est non alphabétisée.
Tableau 6: distribution des
agro-éleveurs par niveau d'instruction.
Niveau d'instruction
|
Nombre
|
Proportion (%)
|
Analphabète
|
70
|
70%
|
Alphabétisé
|
30
|
30%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : résultat d'enquête.
Ces agro-éleveurs sont en majorité, soit 69%
des chefs de famille selon le tableau suivant. Ainsi, ils assument toutes les
responsabilités liées à l'utilisation des trypanocides.
Par conséquent les décisions d'achat des trypanocides et de
traitement sont prises par les agro-éleveurs eux-mêmes.
Tableau 7: distribution des
agro-éleveurs en fonction du statut familial.
Statut familial
|
Nombre
|
Proportion (%)
|
Chef d'exploitation
|
69
|
69%
|
Autre personne
déléguée
|
31
|
31%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source : résultat d'enquête.
Ils se répartissent entre les principaux groupes
ethniques présents dans le Kénédougou avec une
prédominance du groupe Sénoufo, 54% contre 46% pour les autres.
Le tableau suivant donne les différentes proportions en la
matière.
Tableau 8: répartition des agro-éleveurs
en fonction du groupe ethnique.
Groupe ethnique
|
Nombre
|
Proportion (%)
|
Senoufo
|
54
|
54%
|
Toussian
|
17
|
17%
|
Samogho
|
12
|
12%
|
Dioula
|
8
|
8%
|
Siamou
|
4
|
4%
|
Autres
|
5
|
5%
|
Total
|
100
|
100%
|
Source ; résultat d'enquête.
Par ailleurs, ils se composent en majorité de
propriétaires de petits troupeaux. Selon, les données de
l'enquête, 65% d'agro-éleveurs possèdent au moins une paire
de boeufs de labour ; 22% possèdent un troupeau sédentaire
de plus de 20 têtes de bovins et 13% possèdent un troupeau
sédentaire d'au moins 50 têtes de bovins. Ce qui entraîne
peu de motivation pour les professionnels qui ne se déplacent pas pour
traiter un ou deux animaux.
Ils proviennent de huit villages localisés dans les
départements de Koloko et d'Orodara comme l'indique la carte suivante.
De plus, la majorité est éloignée des services
vétérinaires. En effet, dans la province du
Kénédougou, il existe deux pharmacies-cliniques privées
basées respectivement à Banzon et à N'Dorola distantes de
50 Km de Orodara. Un seul dépôt représentant la clinique
de N'Dorola est à Orodara. Par ailleurs, une pharmacie basée
à Hèrèmakono, soit 60 Km à la frontière du
Mali et cinq (5) autres basées à Bobo, soit 75 Km interviennent
massivement dans cette partie sud du Kénédougou. En
conséquence, les agro-éleveurs ont moins de contacts avec les
professionnels de la santé animale susceptibles de leur fournir des
informations de qualité sur la TAA.
Figure 1: carte de distribution spatiale des
agro-éleveurs et leurs prestataires de services
vétérinaires.
Source : Institut Géographique du Burkina, Avril
1985, modifiée
De tout ce qui précède, l'étude s'est
intéressée à des agriculteurs sédentarisés
qui ont adopté la pratique de l'élevage comme une activité
secondaire. Ils sont en majorité analphabète, mais ayant un
niveau de connaissance élevé sur la TAA et l'usage des
trypanocides. Ainsi, sur la base de ces connaissances et de l'expérience
accumulée au fil des ans, ils réalisent eux-mêmes de
nombreux traitements, comme affirme la majorité d'entre eux :
« la dernière fois que mon boeuf est tombé malade,
j'ai fais moi-même le traitement avant d'appeler le
vaccinateur ». De cette déclaration, il ressort que
l'automédication caractérise leurs pratiques
thérapeutiques. Mais, ils la justifient par les difficultés
rencontrées pour accéder aux services de santé animale.
En la matière, il existe cinq (5) agents
d'élevage pour couvrir les huit (8) village et un seul
dépôt pharmaceutique installé à Orodara. Face
à cette situation d'insuffisance et de rareté, les
agro-éleveurs ont recours aux services des vaccinateurs locaux et
vendeurs ambulants présents dans tous les villages. Mais, ils sont sans
qualification et ayant une insuffisance de culture vétérinaire.
Ce qui constitue des contraintes à leur quête d'information
vétérinaire.
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