4)
Organisation économique.
Plusieurs activités économiques sont
pratiquées dans la province du Kénédougou, mais force est
de reconnaître que l'arboriculture, l'agriculture et l'élevage
occupent plus de quatre vingt pourcent des populations (80%). En
première ligne, le Kénédougou est une zone arboricole par
excellence surtout dans sa partie sud. Elle produit d'énormes
quantités de mangues, d'agrumes, et d'anacardes.
Par exemple, le village de Samogohiri produit annuellement
300 tonnes de mangues à lui seul. Le maraîchage est une
activité porteuse dans cette zone avec une production significative de
tomates, de pomme de terre, d'aubergines de carottes, haricot vert, piment
concombres, gombo, oseilles, etc. Mais l'agriculture reste prédominante
dans les activités économiques dont les facteurs de production
sont la terre, le capital et le travail. C'est une agriculture traditionnelle
orientée vers l'autoconsommation en voie de modernisation (44% de
ménages possède au moins une charrue contre une moyenne nationale
de 27%). Elle est basée sur une organisation familiale avec le
ménage comme unité de production. L'exploitation des champs est
de type collectif et s'effectue autour du chef de lignage appelé chez
les Sénoufo, le « Boulodatigui ». Ce
dernier détient toutes les responsabilités aussi bien techniques
que religieuses. Mais ce mode d'organisation socio-agricole admet aussi une
dimension individuelle qui s'exprime à travers les champs particuliers
dont la récolte est dissociée des récoltes
communautaires.
Les exploitations sont structurées en champs de cases,
en champs permanents et en champs de brousse. Deux types d'outillages sont
utilisés : l'outillage traditionnel composé de daba, hache,
pioche, coupe-coupe et un outillage moderne à travers la culture
attelée (charrue, tracteur, sarcleur, etc). La fertilisation des sols
par apport de fumiers et d'intrants agricoles est de faible niveau au regard de
leur qualité agronomique. Les principales productions agricoles de la
province du Kénédougou sont :
- Les céréales composées de mil, de
sorgho, de maïs, de riz et de fonio ;
- Les tubercules composées d'ignames, de patates, de
maniocs, de voandzou et de tarots ;
- Les cultures de rente composées de coton, de
l'arachide, de sésame, de niébé et de soja.
Ainsi au vu de la diversité des productions
réalisées, cette province connaît en général
un excédent céréalier. Ce qui entraîne une
commercialisation importante des produits agricoles. Outre les marchés
locaux (Orodara, Djigouera, Koloko, N'dorola et Sindo), les produits
céréaliers sont exportés vers les pays voisins (Mali,
Niger et la Côte d'Ivoire). Quant au coton, l'écoulement se fait
à travers un circuit organisé de la SOFITEX.
De même, l'élevage connaît depuis trois
décennies un développement remarquable avec un cheptel
estimé à un million cinquante neuf mille quatre cent soixante et
un (1059461) têtes d'animaux vivants en 2004 dominés par la
volaille et les bovins comme l'indique le tableau suivant. Avec un cheptel
bovin estimé à trois cent cinquante et un mille sept cent
soixante dix neuf (351779) têtes, elle occupe la quatrième place
derrière le Séno, la Gnagna et le Houët sur le plan national
à raison de ses nombreux atouts écologiques. Cependant, cet
élevage reste à quatre vingt pourcent (80%) traditionnel. Il est
pratiqué sous trois formes :
- L'élevage commun à tous les agriculteurs,
reposant sur la volaille, les petits ruminants et les boeufs de trait ;
- L'élevage bovin sédentaire observé chez
les agro-éleveurs et les éleveurs peulh ;
- L'élevage transhumant observé chez les
pasteurs peulh.
Les alentours des champs de culture, les abords des cours
d'eau, les jachères sont les pâturages de la plupart des
élevages tandis que la transhumance s'effectue dans la brousse
lointaine. Dans cette province, l'élevage a une importance reconnue sur
le plan social et économique.
Tableau 3: effectifs du cheptel de la province du
Kénédougou selon les espèces
rencontrées.
Espèces présentes
|
Effectifs
|
Bovins
|
351779
|
Ovins
|
84445
|
Caprins
|
39719
|
Porcins
|
6530
|
Lapins
|
299
|
Asins
|
22219
|
Chiens
|
9815
|
Chats
|
7270
|
Dindons
|
1961
|
Canards
|
602
|
Pintades
|
80587
|
Poules
|
427225
|
Pigeons
|
27110
|
Total
|
1059461
|
Source : ENEC II, 12/02/2004, MRA.
Toutefois, il fait l'objet de gestion traditionnelle. En
effet, les animaux sont la plupart abandonnés à eux-mêmes
sans gardiennage rigoureux, ni d'apport de ration alimentaire
complémentaire. Seuls, les animaux de case (bovins d'embouche, boeufs ou
ânes de trait, cochon et volailles améliorées)
bénéficient de certains soins particuliers (entretien, nutrition,
gardiennage etc.).
En conséquence son développement se trouve
quelques fois compromis par des contraintes d'ordre structurel et sanitaire.
Les études antérieures réalisées dans la province
du Kénédougou soutiennent que les maladies de bétail
constituent une contrainte majeure au développement de l'élevage.
Les principales maladies de bétail rencontrées sont la
péripneumonie bovine contagieuse (PPBC), la fièvre aphteuse, la
pasteurellose, le charbon symptomatique, la cowdriose, les infections
gastro-intestinales et surtout la trypanosomose animale.
Pour le contrôle de ces maladies, il existe des recours
variés, comprenant des méthodes traditionnelles et des
méthodes modernes parmi lesquelles les trypanocides sont utilisés
pour le cas de la TAA. Ces maladies affectent l'état de santé des
bovins en dépit d'une situation alimentaire relativement meilleure.
Cependant, la province connaît de nos jours une faible couverture
vétérinaire liée à l'insuffisance du personnel
public qualifié et à la rareté des
vétérinaires privés. Par conséquent, il y a moins
de contacts entre les spécialistes de la santé animale et les
agro-éleveurs.
Pour finir, il existe dans la province du
Kénédougou bien d'autres activités économiques
à savoir le petit commerce, la pêche, la chasse, la foresterie
(bois de chauffe et charbon) et l'artisanat (poterie, sculpture, peinture,
tannerie, bijouterie, vannerie, batiks, etc.).
Sans ressources minières, cette province ne dispose
pas d'unités industrielles à proprement parler, sauf une
unité de la Société des Fibres et Textiles (SOFITEX)
installée à Ndorola pour l'égrainage du coton et quelques
micros entreprises de transformation des produits agro-pastraux
installées à Orodara, Diéri, etc.
En résumé, la province du
Kénédougou dispose d'importantes ressources
socio-économiques capables d'assurer son développement. Mais,
elle demeure enclaver d'autant plus que son réseau de transport et
communication est très limité. Certes, les trois
catégories de routes (nationale, régionale et
départementale) connues au Burkina y sont représentées,
mais l'état défectueux de ces routes rend certains
départements (Samogohiri, Kangala, samoroguan, Sindo, Morolaba par
exemple) inaccessibles temporairement (surtout en saison des pluies).
Pire encore, elle connaît depuis lors des
difficultés de liaisons téléphoniques avec son monde
extérieur, car son réseau de télécommunication est
sous développé. Il se compose :
- du téléphone résidentiel ou
privé dont une centrale automatique installée à Orodara
appuyé par un équipement automatique à N'dorola assure les
liaisons nationales et internationales ;
- du téléphone à usage public
représenté par un nombre limité de
télécentres dans la ville de Orodara ;
- du téléphone mobile avec l'installation
à Orodara en 2004 des réseaux de téléphonie mobile
existants au Burkina ayant un taux de couverture ne dépassant pas les
limite de la commune d'Orodara ;
- de la presse écrite dont il existe un correspondant
AIB à Orodara. La province est également desservie par la plupart
des journaux nationaux (Sidwaya, le Pays, l'Indépendant, Le Jeudi,
l'Observateur, le Matin, l'Expresse du Faso) et des journaux
internationaux ;
- de la radio dont il existe une station FM à Orodara,
« la voix du verger ». Du reste elle demeure le
média le plus populaire avec la possession d'un poste récepteur
par la quasi-totalité de la population. Cependant, les émissions
de la Radio Nationale du Burkina et d'autres stations radio
étrangères sont reçues par temps favorables ;
- de la télévision dont les émissions de
la Télévision Nationale du Burkina et la Télévision
du Mali sont reçues par temps favorables également par quelques
personnes détentrices de ce media. Certes tous les organes de
télécommunication sont représentés dans cette
province, mais la couverture territoriale est faible entraînant des
communications défectueuses ponctuées de coupures (surtout en
hivernage).
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