2)
Aperçu historique et politico-admistratif.
La province du Kénédougou tient son appellation
de l'ancien royaume du même nom fondé au XIXè
siècle. En effet, au cours du XVIIè siècle, des
Sénoufo fondèrent un royaume qui connut son apogée au
XIXè siècle. Sous Daoula TRAORE (1845-1865), le
Kénédougou devint un véritable empire qui s'étend
de Tengrela (Mali) à Niéllé près de Korhogo
(côte d'Ivoire) au sud et jusqu'aux environs d'Orodara (Burkina Faso)
à l'est. Il correspond au Tangouara, pays des Sénoufo Tagoua. Il
atteint au Nord les frontières de Ségou (Mali), au Nord-est les
Sénoufo Nanerguè de Kourouma et N'dorola (Burkina-Faso) et les
Minianka. Daoula allait assièger les Bambara de Bani avec l'aide de El
Hadj Omar Tall, mais une série de courts règnes affaiblit
l'empire après sa mort.
Entre 1850 et 1860, la tentative de Sikasso de
contrôler le cours supérieur de la Volta noire (province du
Kénédougou actuel et sud de la comoé) déclencha un
long conflit avec les Ouattara (de 1865 à 1890) qui se termina par la
désagrégation socio-politique du Gwiriko (empire des Ouattara).
Mais, le Kénédougou est toujours confronté à des
guerres de toute sorte. Il retrouvera son salut vers 1870, lorsque Tiéba
(fils de Fama Daoula) qui avait été pris en captivité fut
libéré et accéda au pouvoir.
Toutefois les provinces périphériques du
Kénédougou avaient repris leur indépendance et le nouveau
roi ne contrôlait plus qu'un territoire réduit sur le Lotyo.
Véritable conquérant, il fortifia le village de Sougokan,
localité de ses parents maternels à laquelle il donna le nom de
Sikasso et en fit sa capitale. A partir de là, il reconquiert
péniblement son royaume encore fortement teinté d'un animisme
Sénoufo en dépit de la présence d'un islam dioula.
Engagé dans cette reconstruction impériale, il affronta Samory
Touré sur la frontière du Bagoé. Ce fut une guerre de
défense nationale pour les Sénoufo qui culmine au siège de
Sikasso entre 1887 et 1888. Pour écarter cette menace samorienne,
Tiéba dû se rapprocher des Français sans cependant se
transformer en un instrument passif.
Sorti victorieux et aguerri de cette bataille contre Samory,
il reprend le vieux duel qui opposait le Kénédougou au Gwiriko.
Il investit l'Est du royaume, s'appuya sur les Sofa placés dans des
grands centres comme Kourouma et marcha sur le Gwiriko. Mais, il se heurta
à un regroupement solidaire des peuples du Gwiriko sous
l'autorité d'Amoro, chef des Tiéfo. Ainsi, avec son armée,
ils rencontrèrent les Sénoufo à Bama où
Tiéba trouva la mort, obligeant ses sofas à replier sur Sikasso.
Son frère Bambemba lui succède et doit faire face à une
pressante amitié française qu'il soupçonne
périlleuse pour l'indépendance de Sikasso. Pour contrer ce coup
d'annexion de son royaume, il se rapprocha de Samory, mais ce fut trop tard et
en 1898, les français conquièrent Sikasso.
Ainsi donc, le royaume du Kénédougou fut
disloqué et intégré dans les possessions françaises
mettant fin à son existence. De nos jours, le Mali, le Burkina et la
Côte d'ivoire se partagent et l'espace géographique et les peuples
qui constituaient ce royaume. Mais, il faut souligner qu'en dehors de la
conquête ou de la restauration du pouvoir, l'histoire sociale et
politique du Kénédougou est très peu connue. L'histoire
des structures administratives, des structures sociales et leurs relations
internes, des stratégies de domination socio-économique et
politique semblent échapper aux historiens.
La province du kénédougou actuel constitue avec
celle du Houët et du Tuy la région des Hauts Bassins dont le
siège se trouve à Bobo-Dioulasso. Mais, depuis la période
coloniale, elle a connu plusieurs mutations administratives allant de la
subdivision à la province en passant par la sous-préfecture. En
effet, en 1953, elle était déjà érigée en
subdivision (celle de Orodara). Puis, en 1975, elle devient
sous-préfecture avec Koloko, N'dorola et Orodara comme arrondissements.
Dès lors, elle subit les différentes mutations administratives
qu'a connues le pays à travers les actes suivants :
- ordonnance n°83-012/CNR/PRES du 15 septembre 1983
portant division du territoire national en 25 provinces ;
- ordonnance n°84-055/CNR/PRES du 15 août 1984
portant découpage du territoire national en 30 provinces et 250
départements;
- décret n°96-150/PRES portant promulgation de la
loi n°10/96/ADP du 25 avril 1996 portant modification des limites de
province ;
- décret n°96-42/PRES/PM/MATS portant promulgation
de la Loi n°10/96/ADP du 25 avril portant création de 28
départements ;
La province du Kénédougou compte actuellement
13 départements et 169 villages. Les groupes ethniques qui y vivent
appartiennent au système socio-politique de type
décentralisé. Ce sont des populations rurales encore
régies par des formes d'organisation villageoise où conception
politique et foi religieuse animiste s'entremêlent. Elles sont soumises
à l'autorité de l'Etat moderne au niveau national, provincial et
départemental, mais à l'échelle du village, le pouvoir
s'exerce à des niveaux divers. Dans les villages, le pouvoir politique
est détenu par un chef de village. Mais, il est assisté dans la
prise des décisions par les chefs coutumiers (chef de terre, chef de
brousse et chef des chasseurs), les chefs administratifs (responsable
administratif villageois et chefs de quartiers) et les chefs religieux (Imams,
grands marabouts et responsables des églises chrétiennes).
|