I-3-4 LA CONCEPTION DE
L'UNIVERS
Pour les Bwa, c'est « Debwenu », vocable
sous lequel il nomme « l'Etre suprême », qui a
créé le monde. Ils conçoivent le monde comme une
médaille à double face : une face visible et une
invisible.
Le monde visible est la face explicite, le domaine de la
clarté où peuvent s'exercer le pouvoir de gestion et la sagesse
de l'homme. L'homme peut dominer cette face, car les phénomènes
sont accessibles à sa compétence.
Le monde invisible est le domaine des esprits, des
génies et de toutes les puissances préposées de
l'extérieur par l'Etre suprême, « Debwenu »,
à la gestion de la nature.
En jetant un regard sur le village bo et ses alentours, on
peut constater l'existence des autels de sacrifices
« Ti-sian ». Ce sont des représentations
matérielles des différents esprits ; et ces statues
constituent les lieux de cultes de l'homme bo. La dépendance totale de
l'homme bo de la nature (puisqu'il vit essentiellement des produits de la
terre) influence sa conception du monde, surtout lorsqu'il s'agit du monde
mystique, des esprits et des puissances surhumaines dont le déploiement
dans l'univers lui échappe naturellement.
I-4 LA CONCEPTION DU
PROGRÈS SOCIAL CHEZ LES BWA
Pour l'homme bo, le monde des vivants est celui des
imperfections et de la souffrance. C'est le monde où sévissent
les maux de toute sorte et de tout genre tels que les maladies, la famine, la
misère et aussi de la mort qui reste toujours comme une absurdité
naturelle toujours crainte.
Dans ce monde visible, l'homme n'est pas maître de son
destin, il est plutôt sous l'administration des esprits surnaturels rendu
maître de l'univers visible par « Debwenu », le grand
propriétaire « Naso benu ». Ils ont pouvoir sur les
vivants et sur tout ce qui existe sur la terre.
Pour l'homme bo le monde est une escale, un lieu de
séjour qu'il ne peut modifier ni la durée ni la structure. Ainsi,
il doit toujours se référer aux ancêtres qui sont les
intermédiaires entre les deux mondes, le monde des vivants et le monde
des esprits. Pour les Bwa chaque homme naît avec un destin
préétabli, qu'il ne peut modifier. L'effort personnel ne peut
rien écrire ni effacer « des lignes ce livre » de
vie. Chaque être naît, exploite la terre pour survivre et il n'a
pas à s'occuper de ce que leurs descendants devront vivre, car
« Debwenu » ne peut pas ne pas survenir aux besoins de ses
créatures.
Le monde invisible est le monde où vivent les
ancêtres ; il s'agit des pères de famille qui ont
réussi leur séjour terrestre dans la fidélité aux
pratiques religieuses et culturelles, et qui vivent désormais non loin
de « Debwenu » dans l'au-delà. C'est le lieu du
bonheur réservé aux honnêtes gens sur jugement des
relations avec les ancêtres et les autres puissances surnaturelles.
Pour l'homme bo, c'est dans l'au-delà, auprès
des ancêtres que toutes les aspirations humaines et terrestres seront
comblées. Tout ce qui manque au bonheur des humains se trouve de ce
coté, un domaine sans entraves ni contraintes où on ne parle plus
de souffrance, ni de maladie, ni de mort qui sont des aléas
réservés au monde des humains. Si l'homme bo est travailleur
c'est parce qu'il sait que non seulement que c'est par le travail que
l'être humain s'affirme et se réalise « A saa a
nucoro », mais surtout parce qu'il pense que le repos de l'homme est
réservé pour l'au-delà, lieu où toutes les attentes
de l'homme seront comblées.
Il faut reconnaître que cette conception traditionnelle
de la nature a d'énormes influences sur la vie quotidienne des Bwa et
constitue en certains domaines un frein à leur développement.
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