I-3- L'ANTHROPOLOGIE BO
I-3-1- L"ETHNIE
Très longtemps, on a pu confondre les Bwa et leurs
voisins voltaïques, les Bobo, en les nommant par l'unique
vocable « bobo ». Et pour les distinguer on
procédera à l'ajout de quelques nuances. C'est ainsi qu'on
retiendra le vocable bobo
Oulé « bobo-rouge » en Djoula pour designer les
Bwa, et le vocable bobo-fing « bobo-noir » pour
les Bobo. Cette confusion trouverait son fondement dans la vie religieuse qui
s'articule autour du « DO » comme symbole d'unité et
des ancêtres. Rappelons ici que le Do est au sommet de la cosmogonie bo.
Il est vrai que les deux ethnies présentent des traits
de ressemblance s'agissant de la religion traditionnelle certes, mais elles se
diffèrent bien l'une de l'autre ne serait-ce que par la physionomie.
I-3-2 LA LANGUE
Les différences régionales et dialectiques de
l'ethnie bo donnent lieu à deux appellations distinctes :
-Pour la région de Dédougou-wakara (province du
Burkina Faso), ils sont dits Bwaba ou Bwawa et leur dialectique est le bomu.
-Pour ceux qui vivent dans la région de Mandiakuy, on
parle de Bwa au pluriel et bo au singulier, et leur dialecte est le Boré
ou le Bomu également divisée en deux formes d'expression
dialectales : le Duèmu pour la partie Nord et le Dahaamu pour
le Sud du Diocèse de San.
I-3-3 LA SOCIÉTÉ
Des études anthropologiques ont prouvé qu'une
seule et unique société bo n'existerait pas en tant que peuple
ayant une organisation sociopolitique spécifique. Car l'organisation
sociale des Bwa est essentiellement horizontale et le politique diffus dans les
différentes responsabilités sont assumées par le chef de
village, le lo-so, reconnaissent les Sociologues. Souvent le village est une
juxtaposition d'ensembles lignagers dans des quartiers ou des hameaux. Car le
lignage (zun) est le lieu où le Bo se replie sur lui-même avec
ceux qui lui ressemblent et constituent la fratrie, ceux qui ont le même
sang, le même nom, descendant d'un même couple de géniteurs.
En effet chaque village ou grande famille a son organisation
et sa structuration hiérarchique et manifeste son autonomie
vis-à-vis des villages voisins.
Aucune structure politique ne régit
véritablement nulle part, la vie commune du Bwatun dans sa
globalité. L'unique entité politique est donc la
communauté villageoise, qui a son organisation sociopolitique propre,
ses manières de vivre la religion traditionnelle. Seuls les liens de
parenté par le mariage, régissent les rapports sociaux entre les
villages. Ce qui justifie le fait que les Bwa sont allergiques à toute
autorité et rétifs au pouvoir centralisé.
Les Bwa vivent dans une étroite dépendance avec
la nature qui rythme toutes leurs activités ; une nature à
laquelle ils cherchent à s'adapter au lieu de la dominer.
Essentiellement agriculteurs, les Bwa n'ont jamais cherché à
diversifier leurs sources de revenus, sauf en quelques rares horizons.
Aujourd'hui les difficultés demeurent à cause des caprices des
saisons et l'ingratitude des terres avec une forme d'agriculture encore
très traditionnelle ; et cela malgré la lutte et le soutien
des Eglises Chrétiennes et l'appui des ONG qui oeuvrent dans la zone.
Les jeunes Bwa, garçons et filles qui n'ont pas pu
pousser leur études à l'école ont très peu de
chance de réussite et n'ont presque d'autres alternatives que l'exode
rural et l'immigration vers les différentes capitales régionales.
Ce qui vide les villages de leurs bras valides, réduit encore davantage
la capacité de productivité agricole et économique.
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