Evangélisation et Promotion Humaine( Télécharger le fichier original )par Bienvenu KONE GRAND SEMINAIRE SAINT AUGUSTIN DE BAMAKO - Licence Canonique 2009 |
3- PROBLÉMATIQUEEn 1988, L'Eglise Famille au Mali a célébré son Centenaire d'évangélisation. Cent ans de présence effective et souveraine de l'Evangile du Christ en terre africaine du Mali, pour que se réveillent les coeurs et les esprits alourdis par le doute et que se relèvent les corps abattus par les troubles religieux et politiques, pour le salut de l'homme malien. En 1998, l'Eglise Diocésaine de San a célébré ses Soixante quinze ans d'implantation de la première Paroisse du diocèse de San. Marchant vers son Centenaire, elle est à sa quatre Vingt Cinquièmement année d'évangélisation. Plus de trois quarts de siècle que la Bonne Nouvelle du Christ, est semée dans les coeurs des Bwa. Or la Parole de Dieu lorsqu'elle atteint l'homme, elle le recrée dans son fort interne, en nourrissant sa foi en Dieu et son espérance à la vie éternelle. Elle est une « Parole » qui, par sa puissance créatrice, met l'homme de Dieu debout et lui confère un dynamisme énorme en tout temps et pour toujours. Elle lui donne la capacité d'annoncer et de témoigner de Dieu par sa parole, sa vie et ses actes. Bref qu'il soit un être rayonnant de l'amour de Dieu pour ses frères et soeurs, et qu'en prenant une part active dans l'édification de la famille humaine selon le dessein de Dieu, il oeuvre pour sa propre sanctification. Mais après tant d'année de rencontre de l'homme bo avec le Dieu de Jésus Christ, le Dieu qui sauve, celui-ci semble demeurer encore dans l'immobilisme, comme depuis toujours, face à son destin misérable qui frôle l'ombre de la mort et le ramène au shéol initial comme à l'aube de la création. Comme si le Christ, jusque-là, n'a pu conquérir le coeur de l'homme bo dans son intégralité pour arriver à le récréer et le faire naître à nouveau, libre de l'esclavage de la pauvreté, de l'oppression et de toutes les mentalités absurdes qui développent en lui le fatalisme. La Parole de Dieu devrait faire rayonner les communautés Chrétiennes de dynamisme et recréer des hommes et des femmes qui sont engagés effectivement pour la cause de Dieu et de toute l'humanité. Malheureusement le constat est tout autre, et c'est triste. Cette Parole d'action qu'est l'Evangile du Christ, n'a pu être une source d'éveil du coeur et de la conscience de l'homme bo pour son bien être intégral. A cette affirmation, la misère que le peuple vit aujourd'hui en est une preuve parmi tant d'autres. Car la misère continue d'implanter ses racines dans toute la société ; et les communautés demeurent dans un immobilisme remarquablement affreux, laissant les fidèles chrétiens dans un état de survie et de dépendance totale, entraînant les uns et les autres à des vices qui n'existaient pas dans les manières comportementales des Bwa. La foi donne l'impression d'avoir même dopé l'homme bo face à sa misère qui date bien des années. « Sinon comment comprendre qu'après plus de quatre vingt ans de présence d'Eglise, avec un Evangile subversif poussant l'homme à dominer la nature, le poussant à se libérer de toutes les situations invalidantes, on n'ait vu nulle part en pays bo, émerger des leaders, meneurs d'hommes, ayant une assise économique et/ou politique »6(*) comme l'exprime J. T DIARRA. Même si l'Église a une place importante par sa capacité à éclairer les esprits sur la base des valeurs éthiques et spirituelles, il faut reconnaître que toute son action avait jadis consisté en Afrique qu'à tourner le peuple vers la pastorale priante soit à faire du micro développement, avec des projets relevant de l'action sociale, que l'on désigne globalement par le terme d'oeuvres de l'Eglise : les hôpitaux, les écoles, les centres d'alphabétisation et les activités agropastorales. Même si ces oeuvres sociales ont une signification importante pour soulager les misères, elles ne créent pas encore une véritable dynamique de développement à grande échelle qui soutiendrait les initiatives d'auto-prise en charge des communautés chrétiennes. Est-ce là un héritage comportemental du colon français en général ? La réponse ne saurait être donnée sans faire au préalable une étude sociologique à la Durkheim. Mais une simple comparaison entre les Eglises Locales francophones et les Eglises locales anglophones en général, pourrait traduire une certaine idéologie de marginalisation des colonies même dans la religion. Sinon comment comprendre que les Eglises en terre africaine de colonies anglaises aient prit le dessus, du point de vue aisance financière, sur leurs soeurs de colonies françaises ? Si l'on sait que du christianisme dont nous héritons de l'Orient est, même de nos jours assigné des traits socioculturels du peuple Juif, un peuple reconnu unanimement comme travailleur et comme un peuple de persévérants chercheurs et que même Durkheim qualifie de peuple ayant une éthique sociale favorisant le développement social et économique. En plus cet Evangile nous a été apporté par les Missionnaires occidentaux, continent où le christianisme à posé les bases du développement industriel et scientifique depuis le Moyen-Âge et dont on reconnaît avoir eu un impact sur l'enclenchement de l'esprit du capitalisme qui amorça le développement dans tout l'Occident, nous rapporte l'éthique protestante et l'esprit du capitalismes de Max Weber ! Le témoignage de vie chrétienne semble se résumer, pour bon nombre de chrétiens bwa, hommes et femmes, aux célébrations eucharistiques et/ou la récitation du rosaire. Il apparaît certain, que l'Evangile qui est vie et action, n'a pas encore touché les sensibilités de l'homme bo pour atteindre tous les secteurs de sa vie sociale économique et politique afin de les transformer véritablement et l'aider à prendre son destin en main en le libérant de ses idées vaguement spéculatives sur l'au-delà longtemps entretenues dans sa religion et sa culture traditionnelle. Car seul l'Evangile peut libérer de tout ce qu'il y a dans sa culture d'enchaînant et qui le voue à la mort, malgré les efforts et les possibilités de développement. Pourquoi les chrétiens demeurent-ils encore timides dans leur vie de foi ? L'Evangile aurait-il changé de fond en passant de l'Europe à l'Afrique ? Sinon que comprendre de la nonchalance de nos communautés chrétiennes aujourd'hui ? Le christianisme se serait-il transformé en un fardeau de préceptes et d'interdits par milliers sous lesquels, l'homme bo jouant sans cesse au portefaix, ploierait éternellement ? D'où la pertinence aujourd'hui d'élucider les raisons de cet immobilisme suicidaire auquel nous assistons chez l'homme bo et dont les impacts sur les communautés chrétiennes et la société tout entière sont clairement visiblement. Car tous reconnaissent que la misère à laquelle le Bo est en proie et qu'il veut fuir par l'exode rural et l'immigration vers les capitales régionales, n'est pas une fatalité, puisque la pauvreté et la misère n'ont jamais été une fatalité pour un quelconque peuple. Et, pourquoi l'exception ne se ferait que chez les Bwa, un peuple reconnu unanimement de braves travailleurs ? * 6 Idem, p.67 |
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