Section V : Perspectives de long terme du marché
pétrolier
La demande de pétrole à l'échelle
mondiale a nettement ralenti ces trente dernières années
grâce à la baisse de l'intensité pétrolière
de la production (consommation totale de pétrole par unité
produite) dans les pays de l'OCDE. Cette baisse traduit une utilisation plus
efficiente du pétrole. Les économies de combustibles induites par
les changements techniques en cours ont contribué à une baisse
continue de l'intensité énergétique, à laquelle
s'ajoute le recours croissant à des sources d'énergie de
substitution, notamment le gaz naturel pour la production
d'électricité, et une modification de la composition de la
production au profit des secteurs moins intensifs en pétrole. Par
contre, dans les pays non membres de l'OCDE l'intensité
pétrolière a en général légèrement
augmenté jusqu'au milieu des années 90 à cause d'une
restructuration de la production vers les activités
manufacturières.
A plus longue échéance, et sous
l'hypothèse d'une croissance mondiale de l'ordre de 3% par an en moyenne
sur la période 2000-2030, l'Agence internationale de l'énergie
(AIE) prévoit que la demande pétrolière mondiale
augmentera d'environ 1% par an sur la même période. La plus forte
hausse de la demande de pétrole proviendrait de l'Amérique du
Nord, la demande de la Chine et des autres pays de l'Asie afficherait aussi une
forte progression. Une croissance économique plus soutenue dans les pays
non membres de l'OCDE qui ont la plus grande intensité
énergétique induirait une hausse structurelle de la demande de
pétrole par unité supplémentaire de PIB mondial en
comparaison avec celle des dernières décennies. Le transport
resterait le principal consommateur de pétrole, il représenterait
les deux tiers de l'expansion de la demande pétrolière en 2030,
sa part dans la consommation totale est susceptible d'augmenter de 7% pour
atteindre 54%. Sous l'effet de ces changements géographiques et
sectoriels de la demande, la part du pétrole dans les approvisionnements
en énergie primaire à l'échelle mondiale et dans la zone
de l'OCDE resterait globalement stable, proche des deux cinquièmes.
Au rythme actuel de la production, les réserves
existantes seraient épuisées dans une quarantaine
d'années. Le ratio réserves/production n'a pas varié ces
deux dernières décennies malgré l'expansion de la
production, car les réserves ont également augmenté, et il
existe d'importantes possibilités de les accroître. Les
réserves ont augmenté sous l'effet des innovations
technologiques, qui ont permis d'exploiter de nouvelles sources et
d'accroître la part de pétrole extractible dans un gisement
donné. Cependant, les ressources nouvellement découvertes sont en
général plus coûteuses à mettre en exploitation, car
il s'agit de plus en plus de gisements marins dont les coûts
d'exploration, de développement et de production sont plus
élevés que dans les réserves du Moyen-Orient.
Dans ce contexte, et même si les réserves
pétrolières resteront relativement abondantes, leur distribution
sera sans doute de plus en plus concentrée sur les pays du Moyen-Orient
membres de l'OPEP, qui détiennent déjà près des
deux tiers des réserves mondiales prouvées. Les réserves
étant concentrées dans un nombre restreint de pays de l'OPEP,
où l'investissement n'est pas alloué en fonction des
mécanismes de marché, l'investissement dans le secteur
énergétique ne sera peut-être pas suffisant.
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