Section IV : Rôle de l'offre et la demande de
pétrole dans les hausses actuelles des prix
Le marché de pétrole est
caractérisé par des longs retards d'ajustement entre l'offre et
la demande. Du côté de la demande, il faut des années pour
que les consommateurs et les producteurs changent leurs habitudes de
consommation et leurs technologies de production par d'autres qui sont moins
intensives en énergie. Du coté de l'offre, l'augmentation de la
capacité de la production du pétrole brut est souvent
freinée par le coût élevée des nouveaux
investissements de telle façon que pour certains pays, la
capacité maximale de production reste inchangée pendant plus
qu'une décennie.
IV.1. Stagnation de l'offre de pétrole
Avec 2 millions de baril par jour, la capacité maximale
de la production actuelle est plus faible que celle de 1991. Ceci est en grande
partie dû au ralentissement des investissements dans le secteur
pétrolier, mais aussi aux conditions macroéconomiques des pays
exportateurs qui les empêchent d'engager des fonds pour augmenter leur
capacité de production et qui les rendent moins attractifs pour les
compagnies pétrolières internationales.
IV.1.1 La désincitation des investisseurs
à cause la volatilité des prix et de l'incertitude de la demande
Après une forte augmentation durant les années
1970 et au début des années 1980, la capacité productive
dans le secteur pétrolier a stagné relativement à la
croissance de la demande de pétrole. La capacité de la production
actuelle de l'OPEP, est inférieure à celle de 1978, à
l'exception de quelques pics. La diminution de l'écart entre la
capacité de la production et la production effective de l'OPEP, a
augmenté la sensibilité des prix de pétrole par rapport
à l'offre. La hausse de la demande de pétrole a incité les
membres du cartel de l'OPEP à augmenter leur production et de se
rapprocher récemment de leur capacité maximale. L'écart
entre la capacité et la production qui était évalué
à 10 million de baril par jour en 1985, n'est que de 1,5 million de
baril par jour en 2004.
Selon l'Agence Internationale de l'énergie(AIE), pour
répondre à la hausse de la demande il faut que les
investissements augmentent de 90 milliards de dollars par an. Cependant, les
producteurs hésitent de prendre des décisions d'investissement
parce qu'ils ont été endommagé par leurs
surinvestissements des années 1970. Ces décisions sont aussi
affectées par les incertitudes concernant la demande, la
volatilité des prix et les délais de récupération
longs des investissements dans le secteur pétrolier. Le caractère
irréversible des investissements augmente à son tour les risques
d'engager des fonds énormes dont les délais de
récupération sont importants, et dont la
récupération est incertaine vue l'imprévisibilité
de la demande et des prix.
Durant les années 1990, le prix moyen du baril de
pétrole brut était de 19$, ce qui ne constitue que la
moitié de celui des années1980. Les investisseurs ne sont pas
incités à s'engager dans de nouveaux projets pétroliers,
pour ne pas répéter les erreurs de surinvestissement des
années 1970 et du début des années 1980. Jusqu' à
l'an 2000, la majorité des compagnies pétrolières
privées utilisent dans leurs décisions d'investissement des prix
anticipés du baril de pétrole brut entre 18 et 20$.
Récemment ces prix anticipés de choix d'investissement semblent
être révisés à la hausse. Etant donnés, les
couts d'exploration élevés et croissants, la volatilité
des prix a aussi contribué à l'aversion des investisseurs
à s'engager dans des projets avec des payoffs' incertains. A
tout cela, s'ajoute la capacité de raffinement de plus en plus faible
à cause du sous-investissement mais aussi parce que les raffineurs ne se
sont pas adaptés aux changements (détérioration) de la
qualité du pétrole brut.
Etant donnés, leurs coûts de production
relativement faibles et l'importance de leur part des réserves de
pétrole brut, le comportement des pays de Moyen Orient reste un
déterminant important de la future capacité productive du secteur
pétrolier, par ce que les investissements des pays non membres de
l'OPEP, sont contraints par tout ce qui était cité ci-dessus mais
aussi par leurs faibles réserves.
IV.1.2. La structure économique des pays
exportateurs : endettement et fermeture
Avec des dépenses publiques orientées vers les
infrastructures et le social, et des taux d'endettement extérieur
importants, les pays exportateurs consacrent moins de fonds pour les
investissements dans les secteurs pétroliers.
L'ouverture limitée des pays pétroliers aux
investissements directes étrangers désincite les internationales
de s'engager dans de nouveaux projets. Les principaux producteurs tel que
l'Arabie Saoudite et le Kuwait (et même le Mexique et le Moyen Orient)
demeurent fermés aux investissements directes étrangers, alors
que pour d'autres, tel que l'Iran, les procédures de la
répartition de la production et le buyback désencourage les
multinationales à s'y installer. L'attribution des licences et la
taxation des investissements dans les pays hôtes désencourage
à son tour les compagnies étrangères
Les faibles investissements étrangers ont aussi
privé les pays exportateurs de bénéficier des majeures
innovations technologiques qui ont eu lieu durant les deux dernières
décennies dans le secteur de pétrole.
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