Section IV : L'impact des hausses du prix de
pétrole sur les différents indicateurs économiques
IV.1. La croissance économique
A long terme, les chocs pétroliers peuvent avoir des
conséquences dramatiques sur la croissance économique. Plusieurs
analyses affirment que la hausse des prix de pétrole se transmet
à l'activité économique par le canal de la
productivité globale des facteurs vue que la période du choc de
1973 était caractérisée par une chute de la
productivité. Cependant, Olson(1988), considère que l'impact du
prix de pétrole sur la productivité n'est pas suffisamment
significatif vu que le cout de l'énergie ne constitue qu'une faible
proportion du PIB, de telle façon que les pertes de la
productivité engendré par la substitution de pétrole par
d'autres sources d'énergies est négligeable. Il précise
aussi que les possibilités de substitution étaient
limitées au début des années 1970.
La majorité des modèles servant à
analyser l'impact des chocs pétroliers ont recours à des
fonctions Cobb-Douglas ce qui implique que le PIB réel en Log doit
être linéaire par rapport au prix réel de pétrole.
L'une des implications de cette linéarité est que si le prix de
pétrole diminue, le PIB doit augmenter. Ainsi selon ces
mécanismes opérant dans les sens inverses : la hausse du prix de
pétrole entraine la récession alors que suite à leur
diminution on devait s'attendre à un boom économique.
Cependant, Hamilton(2000), a montré que la relation
entre le PIB réel et le prix de pétrole n'est pas linéaire
et a mis en évidence que l'impact des hausses est plus significatif que
l'impact des baisses, de telle façon que l'expansion dûe aux
baisses ne parvienne pas à
compenser les pertes engendrées par les hausses. Dans son
modèle Hamilton considère une fonction de production de la forme
:
Avec yt le taux de croissance du PIB réel et
ot le taux de variation du prix de pétrole en pourcentage et
åt le terme d'erreur de la régression. Selon le
modèle toute augmentation de 1% du prix de pétrole fait diminuer
le PIB réel de [I% alors que la baisse du prix de
pétrole n'a aucun effet sur le PIB réel. Selon cette
spécification la fonction I UIRt) prend la forme :
A partir d'une série temporelle à 50 trimestres,
Hamilton a effectué en premier lieu une régression par M CO,
uniquement pour les valeurs positives de ot, les résultats
étaient :
60
6
Cette première régression montre que les prix de
pétrole ont un effet significativement élevé sur la
croissance économique avec un t statistique de -2,66.
La régression sur toutes les observations (valeurs de
ot positives et négatives) est :
6 (0
0
Dans ce deuxième cas décrit par l'équation
ci-dessus, le prix de pétrole ne semble avoir que le 1/4 de l'impact
qu'il avait pour l'échantillon réduit, son impact n'est plus
significatif.
Ainsi Hamilton a conclu que la relation entre le prix de
pétrole et la croissance n'est pas linéaire : en effet si la
forme linéaire représente était le vrai modèle, et
si la régression contenant les valeurs négatives des ot
ne décrit pas la réalité. Il a présenté par
la suite une forme non linéaire.
IV.2 .Les termes de l'échange
Le premier effet des fluctuations des prix de pétrole
sur l'activité résulte du transfert du pouvoir d'achat entre pays
importateurs et pays exportateurs de pétrole. L'ampleur de la perte du
pouvoir d'achat des pays importateurs dépend de l'intensité
pétrolière de la production et de l'élasticité de
la demande de pétrole par rapport au prix. L'incidence sur la demande
mondiale dépend de la part des recettes supplémentaires des
exportateurs de pétrole qui est dépensée. En
général, ces recettes ne sont pas intégralement
recyclées dans le court terme. Les variations des termes de
l'échange ont été très fortes dans le passé,
mais ces variations sont devenues plus modérées dans la
période actuelle.
IV.3. Les prix internes et l'inflation
Les effets d'inflation reflètent l'incidence des
variations des termes de l'échange sur les prix à la production.
En ce qui concerne la hausse des prix à la consommation, les taxes sur
les produits pétroliers (ainsi que les subventions) contribuent à
isoler le niveau des prix des fluctuations des cours du pétrole, surtout
en favorisant une réduction de l'intensité
pétrolière dans le long terme, mais aussi statistiquement, dans
le court terme, puisque l'impact proportionnel d'une hausse du prix du
pétrole est inversement lié au poids de la composante fiscale du
prix de détail. Les répercussions éventuelles de la hausse
du prix de pétrole éventuelle sur le niveau des prix et sur
l'inflation dépend de certains effets indirects, et en particulier de la
capacité des travailleurs et des entreprises à compenser la perte
de revenu par une augmentation des salaires et des prix qui dépendent
eux mêmes du régime de la politique monétaire
adoptée par la banque centrale.
IV.4. La demande interne
La perte de revenu résultant de la hausse des prix
serait supportée aux consommateurs dans la mesure où la demande
de pétrole et de produits pétroliers est inélastique par
rapport aux prix dans le court terme. Il en serait ainsi pour des produits de
consommation finale tels que l'essence. Toutefois, lorsque le pétrole
est un input utilisé pour la fabrication de produits finaux
élastiques par rapport aux prix, sur un marché concurrentiel les
effets-revenu négatifs seraient initialement supportés par les
producteurs, puisque ceux-ci ne pourraient pas répercuter la hausse de
leurs coûts. En, étant donné que le pétrole entre
dans la fabrication de nombreux produits, les pertes seraient supportées
à la fois par les consommateurs et par les producteurs. Dans la mesure
où les producteurs sont touchés, les marges
bénéficiaires et le rendement du capital investi diminueront,
avec des effets sur l'allocation du capital. Tandis que dans le long terme le
capital est le plus flexible et le plus mobile des facteurs de production, et
sera transféré des secteurs à forte intensité
d'énergie vers les secteurs offrant des rendements plus
élevés, dans le court terme le capital investi dans les secteurs
à forte intensité énergétique est relativement
rigide, de sorte qu'il subit une perte de revenu.
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