Section III: Transmission du choc par l'offre versus
transmission par la
demande
Dans la littérature économique, malgré
qu'un nombre très limité des auteurs qui ont traité les
canaux et les mécanismes de transmission des chocs pétroliers,
les théoriciens ne se sont pas mis d'accord même sur sa nature :
s'agit il d'un choc d'offre ou de demande ? Certains considèrent que les
chocs pétroliers sont des chocs qui affectent l'offre alors que d'autres
considèrent qu'il s'agit plutôt de chocs qui affectent la
demande.
Selon les premiers, il s'agit d'un choc qui affecte l'offre
puisque la hausse du prix de pétrole augmente les coûts de la
production et qui n'affecte d'aucune façon les décisions de
consommation des ménages. Plusieurs analyses économiques des
chocs pétroliers supposent une fonction de production du type
Cobb-Douglas reliant la production (le PIB) d'un coté au capital, au
travail et à l'énergie de l'autre coté. Ainsi toute chute
exogène de l'offre de l'énergie se traduit
systématiquement par une réduction de la production. Par exemple,
si le secteur automobile connait une récession, ceci est en fait
dû au prix plus élevé des voitures dont les coûts de
production ont augmenté et non pas dû à un changement des
attitudes ou ne renonciation de la part des consommateurs.
Des analyses précédentes se sont
intéressées à la demande. Dans un contexte
keynésien de rigidité des salaires, le choc pétrolier
cause une augmentation du niveau général des prix, une diminution
de l'emploi et de la croissance. Ils considèrent que le pétrole
est l'un des facteurs de production qui n'a rien de spécial par rapport
aux autres. Pour cela, le choc pétrolier n'est que l'un des causes qui
approfondissent les distorsions entre le salaire et le niveau des prix. Dans ce
cas, le prix et la disponibilité du pétrole affectent dans notre
exemple la vente des automobiles vu qu'ils affectent le niveau
général des prix mais surtout parce que le pétrole est
indispensable pour l'utilisation des voitures. Ainsi si l'incertitude
règne dans le marché des biens et services, plusieurs
décisions de consommation sont annulées, jusqu'à ce que
les agents acquièrent une meilleure information (comme en 1974). De ce
fait, à court
terme les chocs pétroliers affectent la performance
économique en réduisant la commercialisation des biens de
consommation et d'investissement à hautes factures
énergétiques.
D'autres études plus récentes ont montré
que les chocs pétroliers déclenchent un processus intersectoriel
de réallocation des facteurs. Ainsi, ils mettent en question la relation
linéaire entre le prix du pétrole et le PIB. En effet, si la
hausse du prix de pétrole diminue la demande de certains biens (à
haute intensité énergétique), elle va par contre augmenter
la consommation d'autres biens.
En fait, puisque la réallocation du travail et du
capital entre les secteurs est souvent coûteuse, le choc pétrolier
est contractionnaire à court terme. Même si le prix de
pétrole diminue par la suite, la demande dans certains secteurs qui
étaient prospérés à cause du choc va diminuer et le
chômage prendra du temps pour être absorbé.
|