V Potentiel des biosorbants natifs pour l'adsorption en
phase aqueuse
Ce chapitre met en évidence la capacité
d'adsorption naturelle des biosorbants à éliminer les polluants.
Un matériau constitue un biosorbant natif, lorsqu'aucun
prétraitement n'a été appliqué en vue de modifier
ses propriétés. Les opérations généralement
réalisées lors de la préparation d'un matériau sont
: le broyage, le tamisage, le lavage et le séchage.
Broyage : visant à optimiser le contact
entre la surface spécifique du sorbant et le polluant, et à
faciliter l'utilisation du matériau à l'échelle du
laboratoire.
Tamisage : permettant d'isoler,
différentes fractions broyées du matériau, en vue de faire
varier les conditions expérimentales, afin de choisir la ou les gammes
de dimensions granulaires optimales.
Lavage : permettant d'éliminer les
résidus du broyage. Elle permet d'évaluer la fraction soluble du
matériau.
Séchage : réalisé au
début et/ou à la fin de la préparation du matériau,
il permet d'avoir un matériau sec.
V.1. Capacité d'adsorption des biosorbants
natifs
V.1.1. La Biomasse
Bailey et al., (1999) ainsi que Crini (2005), ont
répertorié des données relatives à l'utilisation
d'une large variété de microorganismes pour la rétention
des métaux et des colorants. Les données rapportées par
Bailey et al., (1999), relatives à l'adsorption des
métaux et des colorants sur des algues et des cellules
bactériennes sont résumées dans le tableau 2. Ces
données témoignent d'une forte affinité de l'algue verte
Chlorella minutissima vis-à-vis du chrome, tandis que le plomb
et le cadmium sont faiblement éliminés.
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Synthèse de littérature sur l'utilisation
de biosorbants pour l'épuration des effluents liquides chargés
en polluants organiques et minéraux.
Tableau 2 : Capacité d'adsorption des
biomasses vis-à-vis des métaux (Bailey et al.,
1999)
Biomasse (qm : mg/g) Cd Cr (VI) Pb
Références
Chlorella minutissima 11.14 162.23 9.74 Roy et
al., 1993
Penicilium chrysogenum - - 116 Niu et al.,
1993
Streptomyces griseus 28 - - Matis et al.,
1994
Le tableau 3 présente des données
actualisées en rapport avec l'adsorption des polluants
métalliques sur la biomasse. Dans l'ensemble, ces biosorbants accusent
de très bonnes capacités d'adsorption pour le cadmium, le plomb,
le zinc. Ces résultats mettent en évidence la forte
affinité de ces biosorbants pour le plomb.
Par ailleurs, Martins et al., (2003) notent que ce
processus semble ne pas être affecté par la variation de
température dans une gamme de 5 à 30 0C, alors que
pour des valeurs de pH supérieures à 6, la capacité
maximale d'adsorption diminue.
Tableau 3 : Capacité d'adsorption des
biomasses vis-à-vis des métaux
(qm : mg/g)
Biomasse Zn Cd Pb Références
Fontinalis antipyretica 14 28 Martins et al.,
2003
Boue de biomasse 64 286 Hawari et al., 2005
Algues marines 101 186 Lodeiro et al., 2005
Hashim et al., (2004) ont proposé de tenir
compte de qm, la capacité maximale d'adsorption et
de b, la constante d'affinité du biosorbant (Tableau 4.). Pour un
rendement de 90%, l'efficacité des biosorbants, qu'ils ont
étudiés, a été déterminée par le
rapport W : la masse de biosorbant requise par unité de volume de
solution et Ci : la concentration initiale de Cd en solution. L'algue brune a
été la plus efficace, c'est-à-dire la concentration de
biomasse nécessaire pour fixer 90% des polluants était moindre
que pour les deux autres. Cependant la concentration d'algues verte
nécessaire pour retenir 90% du Cd en solution est supérieure
à celle requise par l'algue rouge ; alors que la capacité de
rétention de cette dernière est inférieure à celle
de l'algue verte.
Synthèse de littérature sur l'utilisation
de biosorbants pour l'épuration des effluents liquides chargés
en polluants organiques et minéraux.
Tableau 4 : Adsorption du Cd par les biomasses (pH
=5)
Biomasse qm(mmol/g) b (l/mmol)
Algue brune (S .baccularia) 0.74 4.671
Algue verte (Chaetomorpha linum) 0.48 1.43
Algue rouge (Gracilaria changi) 0.16 9.04
Il est alors nécessaire de souligner que
qm, est à elle seule insuffisante pour bien
décrire les mécanismes d'adsorption. Le paramètre
b définissant l'énergie d'interaction
solutés-biomasse couplé à qm peut permettre
d'interpréter des résultats pas toujours évidents. Plus la
valeur du couple [b, qm] est élevée, plus
l'affinité solutés-biomasse est grande donc, plus les sites du
matériau auront tendance à piéger les polluants. Ainsi,
selon Hashim et al., si la concentration initiale Ci était
inférieure à 500 mg/l, l'algue verte aurait la même
capacité d'adsorption que l'algue rouge.
Le tableau 5 présente les capacités d'adsorption
de différents biosorbants vis-à-vis de certains colorants. Parmi
les matériaux recensés, le Rhizopus arrhizus semble
être le plus efficace pour l'élimination des colorants. En effet,
le biosorbant accuse de très bonnes capacités d'adsorption
vis-à-vis du reactive black 5, du reactive orange 16 et du reactive red
4. En second lieu, les boues activées se distinguent par des
capacités d'adsorption intéressantes vis- à-vis du
reactive yellow 5 et du reactive blue 2. Enfin, les capacités
d'adsorption les moins élevées proviennent des essais
réalisés avec la biomasse vivante.
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Synthèse de littérature sur l'utilisation
de biosorbants pour l'épuration des effluents liquides chargés
en polluants organiques et minéraux.
Tableau 5 : Capacité d'adsorption des
biomasses vis-à-vis des colorants (Crini, 2005)
Biomasse
|
Colorants
|
qm (mg/g)
|
Références
|
Rhizopus arrhizus
|
Reactive black 5
|
588.2
|
Aksu et al., 2000
|
Chlorella vulgaris
|
Reactive red 5
|
555.6
|
Aksu et al., 2005
|
Boue activée
|
Reactive yellow 2
|
333.3
|
Aksu, 2001
|
Boue activée
|
Basic red 18
|
85.7 1
|
Gulnaz et al., 2004
|
Boue activée
|
Basic blue 9
|
6.41
|
Gulnaz et al, 2004
|
Boue activée
|
Reactive blue 2
|
250
|
Aksu, 2001
|
Rhizopus arrhizus
|
Reactive orange16
|
190
|
Mahony et al., 2002
|
Levures
|
Remazol blue
|
73.1
|
Aksu et al., 2003
|
Boue activée
|
Basic blue 47
|
57.5
|
Chu et al., 2002a
|
Rhizopus arrhizus
|
Reactive red 4
|
150
|
Mahony et al., 2002
|
Spirodela polyrrhiza
|
Basic blue 9
|
4.93
|
Waranusantigul et al., 2003
|
Boue activée
|
Basic red 18
|
33.9
|
Chu et al., 2002a
|
Boue activée
|
Basic red 29
|
113.2
|
Chu et al., 2002a
|
Boue activée
|
Direct yellow 12
|
98
|
Kargi et al., 2004
|
Rhizopus arrhizus
|
Reactive blue 19
|
90
|
Mahony et al., 2002
|
Levures
|
Reactive black 5
|
88.5
|
Aksu, 2003
|
Boue activée
|
Basic yellow 24
|
56.98
|
Chu et al., 2002
|
Moisissure (niger Aspergillus)
|
Basic blue 9
|
8.54
|
Fu et al., 2000
|
Moisissure (niger Aspergillus)
|
Direct red 28
|
14.72
|
Fu et al., 2002
|
Moisissure (niger Aspergillus)
|
Acid blue 29
|
13.82
|
Fu et al., 2001b
|
Biomasse vivante
|
Acid blue 29
|
6.63
|
Fu et al., 2001b
|
Biomasse vivante
|
Basic blue 9
|
1.17
|
Fu et al., 2000
|
V. 1.2. Les sous-produits des industries du bois et
agro-alimentaire
Les capacités d'adsorption des biosorbants par rapport
à l'adsorption des polluants métalliques et des colorants,
plaident en faveur de l'utilisation de ces matériaux pour le traitement
des eaux polluées. Le tableau 6 présente les résultats des
études relatives à l'adsorption des polluants métalliques
sur divers matériaux natifs issus des secteurs industriel et
agro-industriel. Özacar et al., (2005), ont mis en
évidence l'efficacité de l'écorce de pin pour l'adsorption
de deux pigments métalliques bleue et jaune, au moyen des
capacités d'adsorption de 280.3 mg/g et 398.8 mg/g (pH= 3.5),
calculées respectivement pour ces polluants. La pulpe de betterave
étudiée par Reddad et al., (2005) accuse une
capacité d'adsorption très intéressante vis-à-vis
des cations métalliques. En ordre décroissant suivant
l'affinité des pulpes pour les polluants métalliques
étudiés est ainsi présentée : Pb> Cu>
Synthèse de littérature sur l'utilisation
de biosorbants pour l'épuration des effluents liquides chargés
en polluants organiques et minéraux.
Cd=Zn. Face aux charbons actifs commercialisés, les
graines de tamarin ont une capacité de rétention vis-à-vis
du chrome de deux à trois fois supérieure (Agarwal et
al., 2005). Tel n'est pas le cas pour la bagasse native dont la
capacité maximale d'adsorption vis-à-vis du plomb, est quatre
à six fois inférieure à celle obtenue pour les charbons
actifs (Joseph et al., 2007).
Tableau 6 : Capacité d'adsorption des sous
produits du bois et agro-alimentaires vis-à-vis des polluants
métalliques
Biosorbants Polluants qm
Références
|
Pb 0.018
0.0028*
|
|
Bagasse (mmol/g)
*effluents industriels
|
|
Cd 0.016
0.014*
|
|
Joseph et al., 2007
|
|
|
Zn 0.006
0.01*
Graines de tamarin (mg/g) Cr 90 Agarwal et al., 2006
Ecorce de pin (mg/g) Acid Blue 256 280.3 Özacar
et al., 2005
Acid Yellow 132 398.8
Pb 0.356
Pulpe de betterave (mmol/g)
|
Cd 0.217
|
Reddad, 2005
|
Zn 0.272
|
|
Cu 0.333
|
|
Les interactions cations multivalents-polysaccharides ne sont
pas encore tout à fait maitrisées. De nombreux paramètres
comme la nature des groupements chargés du polymère, la chimie du
métal, la nature de ces contre-ions, la force ionique et le pH des
solutions rendent la formation des liaisons adsorbant-adsorbât
très complexe. La maîtrise de l'influence exercée par ce
groupe de paramètres doit être maîtrisée dans la
perspective d'une concrétisation de l'utilisation des biosorbants pour
le traitement des eaux à l'échelle industrielle.
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