Les forestiers
Milodi, 75 ans, village Moutouyèni, clan
Mitsévo
Texte en pové
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Texte en français
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Mwamè amasombaka permyè ya coupe familiale.
Leroy-Gabon ndoka ténagha miétimyè yngya tu sabaa dodya
buwa ghua somba bia mytangynymyè. Mwamè ghu bua permyè
mughènyè. Mysamy bènda wèny ynydy. Ndy watua
polytkyè wa bèlykyèdy, mysakoko Piindiia lèlya
kalè émabaké bybando bybando, ndzobo na ndzobo.
Miéti myè mysama baka myka sombudiu. Lèlo wana
sombidiaka ny miétimyè. Onde na dody ta oka somba,
myghèlymyè léngé. Waka sombydya piindii mwa
Mouboundzè na mwa ndama na Yoni.
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Mon enfant est détenteur d'un permis de coupe familiale.
Leroy-Gabon l'exploite parce que nous ne pouvons acheter des engins. Mais mon
fils a dû bataillé fort pour acheter ce permis. Mais les hommes
politiques causent du tord aux autres. La forêt d'avant était la
propriété de tel clan, de tel lignage. Le bois ne faisait pas
l'objet de vente. Aujourd'hui, celui qui a de l'argent peut acheter les
essences. Et les interdits sont mis entre parenthèses. Ce sont les
hommes politiques qui vendent la forêt.
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Un forestier français travaillant dans une
société de la place
(Koula Moutou)
Les textes qui organisent l'exploitation forestière
sont clairs. Si je remplis les conditions pour obtenir tel ou tel type de
permis, j'exploite la forêt. Si les populations réclament des
choses, des actions nous ne sommes pas obligés de répondre
favorablement, nous le faisons pour éviter des perturbations dans
l'exploitation des essences. De toutes les façons nous payons des
impôts et l'Etat doit les utiliser pour répondre aux attentes des
populations, c'est tout.
Vous savez que la forêt rapporte de l'argent, nous
payons ce que nous payons en impôts, en salaires, en construction de
routes utilisées aujourd'hui par tout le monde.
Un technicien du Siindiicat des Forestiers (SYNFOGA)
Plusieurs zones sont vides d'hommes et par conséquent il
n'y a pas de conflit. les sociétés exploitent sans
problèmes les zones dans lesquelles elles sont installées.
Cependant là où les populations sont
installées, il n'y a pas conflits en tant que tel, mais des petits
malentendus. C'est vrai qu'il y a des anciens villages, mais ces gens sont
partis de ces zones depuis. D'après ce qui nous a été dit
par les prètres, les populations partaient de Koula-Motou pour mimongo
en pleine forêt, ce qui fait des centaines de kilomètres à
parcourir. Il y a certainement le souvenir des campements qui hantent la
mémoire des vieux. Ce parcours ne fait plus de nos jours, ils passent
tous par Mimongo.
On ne peut vraiment pas se fier aux cartes établies
par les Eaux et Forêts
Un forestier français, SBL
(Koula-Moutou)
Les épouses de deux de nos ouvriers étaient
allées en forêt pour se ravitailler. Paraît-il que cette
partie de la forêt est interdite aux femmes particulièrement, en
fait aux non initiés.
Vous savez chacun à son interprétation de ces
choses. Ce qui nous avait surpris le plus surpris, ce qu'elles sont mortes au
même moment avaient-elles consommé une eau polluée ou
quelque chose de ce genre.
Les interdits et autres considérations, c'est bien
mais le pays doit vivre, doit de développer. Les interdits, ça ne
développe pas un pays. Ce qui nous étonne dans cette affaire
c'est que nous n'exploitons qu'un nombre limité d'essence et nous sommes
de passage, ils le savent tous, mais ils nous traitent de voleur et leurs
frères qui des permis de coupe, ces hommes politiques ne sont-ils pas
des voleurs ? Ils nous arrivent parfois de construire des écoles dans
des villages, nous distribuons du gas-oil aux populations, nous soignons,
évacuons sur Koula Moutou au passage des malades, sans oublier la route
qui sert à tout le monde et les ponts aussi. Chacun de nous a son propre
rapporte avec la forêt. L'atitude du Noir est ambiguë : la
forêt rapporte de l'argent à certains d'entre eux mais ils parlent
de forêt interdite.
Dans ce cas le sacré commence où et
s'arrête où ? Et à qui s'adresse t-il ? Il faut dire une
chose, les fables et les légendes, c'est bien pour la mémoire
mais l'économie n'en a pas besoin, les enjeux ici se chiffrent à
plusieurs centaines de milliards.
Un forestier français travaillant à la
Sorga/Lutexfo
(Koula-Moutou)
Avant de nous installer quelque part nous discutons avec les
populations autochtones, notamment avec les Chefs du village et les notables.
L'objectif visé est de trouver un consensus par rapports aux
éventuels mal entendus, et ce n'est pas ce qui manque d'ailleurs. Nous
donnons de l'argent, du gas-oil parfois une tronçonneuse pour l'abattage
de leurs plantations.
Vous savez, on parle de 5 km qui appartiennent aux villageois,
mais pour le villageois cette distance n'a de sens étant donné
que le village englobe aussi bien cet espace habité, mais aussi les
anciens villages, les anciennes plantations. Les distances peuvent aller
jusqu'à trente à quarante kilomètres selon les migrations.
Ils vous montreront toujours une tombe, un atangatier qui était la
propriété de son arrière-arrière grand-père.
Le droit c'est quelque chose, mais la réalité sur le terrain en
est un autre.
Nous sommes installés au Gabon depuis fort longtemps
et ces choses ne nous échappent pas, alors nous négocions, chacun
gagne quelque chose. Quand on nous signale qu'il y a une forêt interdite,
nous cherchons les gestionnaires des fétiches et voyons avec lui la
possibilité de la déplacer, la compensation c'est l'embauche d'un
fils du village, l'argent versé, etc.
Ngoyi, 33 ans, village Muéla pové, clan Muivo
Texte en pové
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Texte en français
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Miingé mambunè mandé ma lélia
kalè. Lélya kalè, vèngè dyè
ghé téné, pasi lèlo ta ghwangoko, ngiladi punduku,
bikombobi vadoko. Myka ghwanga ngumydyè na vèngydyè. Tu
mynda du na ? Tsèngi éndé na mwa mwa. Ndi mikyndagha
malaghumè ta va tsya ovèngyè, va tsya oghumè.
Masyny ma mitanganimè myka podagha bylongubiato bynde ghu
piindiiè omènia na bynge bylongu bynde paka ghu kunduake. Tuka
bwagha dolydy ndy tsèngyé bévyky Waka tuba ndziyè,
ta waghétuè wadyaka dokyma ébumua pové.
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Certaines choses sont du temps passé. Avant, movengui
on ne le coupait pas, mais aujourd'hui, les cimetières sont
profanés parce que la route doit passer. Je coupe les okoumé
avec les movengui. Que pouvons-nous faire d'autre ? Le monde est
foutu. Mais je fais les offrandes aux morts sous des movengui et des
fromagers. Les engins des Blancs piétinent nos médicaments sur
leur passage. Tu sais que certaines plantes sont difficiles à trouver.
Nous gagnons de l'argent mais le monde est bouleversé. Quand ils font
des routes, les femmes viennent voir nos secrets.
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Moulégha, 48 ans, village Miboba, clan Sima Erungi
Texte en pové
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Texte en français
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Ambwé éna myghèlymè éta
paka. Lèlya kalè ghuma baké na myghèly mya buwa.
Ghélé na mughétu ghu piindii, ghé nyaké ghu
mamba, ghu tsya mwété, byotso bynè tana mydybumyè.
Mitangani mydya wana myghély myano mysaba nambu. Vama baka my
sombaka permyè, wiingé wama baké kémaka, yngya
piindii asaka sombudiughu, ghondé na myghèlè.
Omènia mughélé aka kaba moto dolè ?
Mughèlè taka kondza ndziya ? Ndo ghwanga ngumé ta
sombidya éma ta oka bua dolè. Toka tonga ndzua lova, ta oka somba
bilongu bia bogha moto. Mynènya na ghé tédya
mytangynymy bévè, ta mwa mwa. Piindii yato, oka téna oka
kolégha. Tu mènia na mitanganimyè ndy wande na
masynymè. Eka bévydya éto ndy éka
téna wa dyubadyè, abydyè. Vama baka SBL, Leroy-Gabon waka
dya ghono ta na wadyandzya.
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Les interdits sont difficiles à comprendre. Avant, il y
avait beaucoup d'interdits. Il était interdit d'avoir des rapports
sexuels en forêt, de faire ses besoins dans une rivière, sous un
arbre ; tout cela était géré par des interdits. Quand les
Blancs sont arrivés, ils nous ont fait comprendre que nos interdits
n'étaient fondés. Quand `'j'avais acheté'' le permis de
coupe familiale, tout le monde était étonné parce que la
forêt ne se vend pas c'est interdit. Les interdits ne procurent pas de
l'argent, ils ne font pas des routes. Mais si tu abats un okoumé et que
tu le vendes, tu gagnes de l'argent tu peux construire une maison et acheter
des médicaments. Je sais que les Blancs abattent les arbres en
désordre. La forêt nous appartient, il faut le faire avec
parcimonie. Nous savons que ce sont les Blancs qui ont les moyens. Ce que nous
désapprouvons ce sont leurs méthodes, ils coupent le bois
n'importe comment, ils viennent ici avec leurs travailleurs.
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Un cadre de nationalité Camerounaise, clan Essametok
(Leroy-Gabon Koula Moutou)
Nous avons effectivement constaté des choses par
très claires, des choses bizarres. Un arbre qui semble vous parler, des
femmes qui meurent, parce que paraît-il, elles auraient découvert
des fétiches cachés dans la forêt, la pratique des
forêts sacrées où il est interdit d'y
pénétrer. Vous savez ce qui nous intéresse ce sont
quelques essences, et non toute la forêt. Le Gabon a besoin d'argent pour
son développement, et le bois rapporte de l'argent utile pour atteindre
cet objectif.
Nous gérons la forêt à travers une
politique rigoureuse du choix des arbres à couper, notamment les
dimensions des essences. Les travailleurs font parfois la chasse et nous
sanctionnons que nous découvrons la pratique.
Nous sommes des Africains et la croyance à telle ou
telle entité nous colle à la peau. Quand nous constatons des
choses complètement irrationnelles, nous suggérons aux
Occidentaux de négocier avec les autochtones. Il peut s'agir des
retombées de l'exploitation, nous donnons parfois du gas-oil, nous
administrons parfois des soins médicaux etc. Mais les interdits de la
forêt sont difficilement compréhensibles, car nous faisons
toujours l'effort de ne pas nous laisser submerger par ces
considérations. D'autre part ces villageois sont quand même nos
parents et les aider nous fait énormément plaisir.
Nguéma Domingo (Equato-guinéen), abatteur, clan
Yemandzime
(Leroy-Gabon, Koula-Moutou)
Un jour j'abattais un arbre et j'ai seulement entendu
«euh, euh ». J'avais très peur. Après là, les
poules sont sorties, les coqs aussi, ils se sont placés autour de
l'arbre. Je regardais ça de loin. Alors là je me suis enfui.
En arrivant chez le patron le soir, je l'ai expliqué
le problème, mais il ne me croyait pas, il m'avait traité de
menteur. Le lendemain matin, il m'a accompagné, il a seulement dit
« tcho c'est quoi ça, des caca de poules en pleines forêt
». J'ai dit chef « tu vois les miracles, je ne suis qu'un pauvre
étrangers, les bilobe ont leurs fétiches, moi le fang
j'ai mes fétiches aussi, mais l'histoire c'es fort. Le Blanc me dit
« c'est les caca des poules de la brousse. »
Il a pris la scie, dès qu'il voulait couper comme
ça la lame s'est coincé, on a passé toute la
journée là à vouloir enlever la scie, mais pas moyen.
Vraiment les choses des gens d'ici c'est fort ! L'esprit de l'arbre ne voulait
pas laisser la scie. Un gars d'ici est venu parler dans sa langue, parler,
palet, après la scie est seulement quittée. On a continué
à travailler. Le Blanc était seulement bouche bée.
Moi j'abats parfois 20 okoumés par jour, tu sais que
ce bois n'est pas dure et puis y en a beaucoup dans votre forêt ici.
Depuis ma naissance, je n'ai jamais vu beaucoup d'okoumés comme
ça. Que des gros, que des gros. Les autres bois ne sont beaucoup, je
peux couper parfois 10 autres bois par jour. C'est tout.
Villageois forestiers
Doumou, 55 ans village moutouyèni, lignage
Mitsévo
Tous les matins avant d'aller faire mon travail, je fais ma
prière pour mes ancêtres, parce que l'animal qui me protège
c'est le perroquet, et le perroquet vit en forêt. Donc avant d'aller en
forêt faire mon travail, je demande à mon père et à
ma mère de me protéger contre les mauvaises choses de la
forêt.
Quand j'abats certains arbres tel que le movengui, je lui
parle, je lui demande pardon parce qu'avant on ne coupait pas cet arbre
là. Je ne peux pas te dire ce que je lui dis, c'est un secret, tu sais
l'arbre est plus grand que l'homme. Tu as d'abord les arbres, les animaux et
enfin les hommes. Tu vois que l'arbre et l'animal ont besoin de l'homme pour
vivre ? Non. Pour se soigner l'homme a besoin d'eux, mais jamais le contraire.
Un jour j'avais oublié de faire ma prière, mais mon père
était venu me gronder en rêve.
L'homme n'est pas supérieur à la forêt,
mais la forêt est plus forte que l'homme. L'homme vient en
dernière position après les autres choses que Dieu a
créées, voilà pourquoi nous respectons les arbres que nous
abattons.
Mbèmbo Maurice, village Mouyèni, détenteur
d'un permis spécial, clan Muivo
(Koula-Motou)
Il est vrai que je détiens un permis de coupe
spécial, mais je ne couperai pas le bois n'importe comment sans
l'autorisation de mon grand-père, gardien de ces lieux. Il ne faut pas
blaguer avec ces choses là, sinon c'est un accident ou avec l'argent
obtenu je ne ferai rien. Tu sais les forestiers blancs, ici, vont à
l'église, pourquoi faire ? Il y a même un chrétien blanc
qui prie tous les matins avant le debut du travail pour qu'il n'y ait
d'accident, pour que les forces du mal qui habite la forêt ne causent des
accidents.
J'ai grandi ici, j'y ai fait mes études, je suis
initié au bwété, au mwélyè, enfin a toutes
nos choses. Je sais de quoi je parle.
Un jour par exemple mon père était tombé
malade et j'étais allé chercher des médicaments en brousse
pour le soigner. Je n'avais pas pu retrouver l'arbre qui m'intéressait,
le lendemain, je l'avais retrouvé et avec mes empreintes autour. Ce sont
là des miracles. Il y a des arbres qui disparaissent et
réapparaissent. J'ai travaillé comme aide abatteur et je vivais
la même chose et chaque fois mon père (l'abatteur) me disait
«on verra ça demain ». La forêt que tu vois là
cache des choses. Parfois l'arbre te parle comme ça, une voie de l'homme
sort de dedans de l'arbre. Il faut poser la question aux abatteurs, ils te
diront ce que je te dis là.
Ce qui m'énerve ce que les Blancs prennent des grandes
surfances avec la complicité des hommes politiques, de toutes les
façons ils sont membres de ces sociétés (actionnaires).
L'Etat ne fait rien pour nous, on a que des petites surfaces. Et puis les
Blancs ne recrutent pas nos frères, ils viennent avec leurs ouvriers.
Dans nos villages, ils n'ont recruté que 10 enfants. Et quand il y a des
élections, on nous dit qu'on va faire vous faire ceci, on va vous faire
cela, et la fin on ne voit rien. Tsèngy yaa (le pays c'est pour
eux).
Villageois
Maniahou, 70 ans, village Moutouyèni, clan
Mitsévo
Texte en pové
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Texte en français
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Vama baka caterpillardyè dy dyaka na ghono, ta myka
bènda mutangynyè na otambia, nuka kondza ndzyiè ta
buèdy, ndy nuga téna mwétyo onde bangwone, oka
kèlagha ombwè. Mutanganyè ghu paghè èna
myka loté lotaka. Vama baka adyaka ghyoghydy na tsya
mwétyè ngè. Kanaghakéna ngè ta
wakèmbo. Numènia na mambu mandé tsèngè na
tsèngè. Enaté ma mwétyo osama kwaka. Téka
ténégha édy éna ta tsosody vua vua vua. Ta tabady
bèèè Wa ta ghu paghadyè. Tama baka ghé
takaghi ghélaghaka ghu caterpilard mbuoo. Mutangany ndzuuu, tamabaka
ayvuaka mèny. Ma èghydyany ombato onde vane. Mèny mysaka
sombydyaka ngomedyè ghu same na dodyè. Mwa mubondzé, na
mwa Ndama na Yoni wamaky sombydya mitanganimyè piindiiè.
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Quand les Blancs étaient arrivés avec leurs
machines, je leur avais dit que la route était une bonne chose pour
nous. Mais ne faites pas passer la route par ici, car cet arbre protège
notre village. Le Blanc, avec les doutes, insista. Quand il était
arrivé avec sa chose sous l'arbre, il ne pouvait avancer, il se montra
incapable de continuer. Tu sais chaque peuple a ses histoires, ses interdits.
Tu constates toi-même que l'arbre n'est pas tombé. Dès
qu'il avait essayé, les poules et les coqs apparurent et les moutons
aussi. Ils insistèrent et une branche tomba sur l'engin. Après
réflexion, le Blanc vint me voir, je lui répondis que cet arbre
garde notre village. Je n'ai pas de permis de coupe familiale parce que les
enfants de Moubondzé, celui de Ndama et Yoni ont vendu la forêt la
forêt aux Blancs.
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Ndoumba Samuel chef du village Moutouyèni, 75 ans, clan
Mitsévo
Texte en pové
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Texte en français
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Tuma dyoku èma èna Gouvreneur na isi zeau et
forêt. Wana piindii éndé wa mytration. Ema
sombuduè ghé vovè. Piindiiato tava ngyma makusa mato.
Ndy mitanganimyè myka dyagha téna mwyétymyè kwanga
na ghu ngyma ndzodyato, na ghu mavoso mato, na ghu ndzanga dyato. Tu indaka du
na ?
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Nous étions partis voir le Gouverneur et l'inspection des
eaux et forêts. Ils nous avaient dit que la forêt vendue ne peut
faire l'objet d'aucune réclamation. Votre forêt est celle qui est
derrière vos cases. Mais nos bois qu'ils viennent couper sont
derrière nos maisons, dans nos jachères et même dans nos
lieux de cultes qui sont des forêts interdites.
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Dibama François, village Baniati, clan Ghambé
Texte en pové
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Texte en français
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Ghénanga ghéghy ghésamabaka ghéka
pèndu. Ndy vane béké mitanganimyè mydyaka, tamabaka
watubaka ndziyè. Waghétwa lèlo wasaka okoghu mambu. Ta
waka dy tolo mavaghamè, toloko toloko toloko. Ta waka nyka na ghu
ombwè. Wama baké ghébalé. Tsonu dyba dyloty, ghu
mutatwo, ta waka bè muvandzuè. Numènia na mambu
lèlya kalè masaka sovagha. Nyamby ndo mèghydya émo.
Mytanyè wata mambu ma ghu tsèngy dya. Wana wa kalughagha ndzau
dyè ghu talaka ngumydyè. Wana waghétuwanè wa ma
ghuaka na muvadzuè. Wamèna ébumua pové
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Il est interdit de pénétrer dans cette forêt.
Mais quand les Blancs sont arrivés, ils avaient fait une route. Les
femmes d'aujourd'hui ne comprennent pas ce qu'on leur dit. Elles étaient
parties ramasser des fruits Trois semaines après elles étaient
tombées malades. Tu sais que les choses d'avant ne se terminent pas,
c'est dieu qui laissé tout cela. Les Blancs ont leurs pratiques aussi
dans leurs pays. On nous qu'ils se transforment en éléphants
pour compter les pieds des arbres qui sont à couper On nous dit ces
femmes sont mortes, elles avaient vu le ventre des Pové.
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Mabèndè Jean Claude, 62 ans, village
Divindé, clan Mikoso
Texte en pové
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Texte en français
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Mitangani mydyky na dresinyè na ngazoilyè na
dykuladyè. Dresinyè ènè watwè wa kudaka
éyo ghu diodidiè. Bia biotso bika diasagh ghu mambamè
bomaka. Wa èghidiki osélè. Okudéva mukabu ody wotso
ghwaka. Kwanga ghu mamè ! Vaka lotagha wa na ngumydya mambamè
mukabu mbughé. Enè bévydya piindii. Ghu
koseghèna tsuyi mukabu mypoma mytane oséla mukububu mupomo
omwèta. Miingé ta oka sangelana. Eva wasa mènia ynda
mwéka ta kudaka.
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Les Blancs sont arrivés avec leurs produits :
grésine, gas-oil et le courant. Ils déversent le grésine
dans l'eau et il tue tout, même la rivière. Quand tu verses ici,
ce produit atteint l'embouchure. Quand ils transportent les bois, ils
salissent l'eau. Ils gaspillent tout ici. Pour voir le poisson, il faut
attendre 5 ans, alors qu'avec nos produits de la forêt, un an suffisait.
Ce produit ne se dilue pas dans l'eau. Avant pour verser nos produits on
faisait un barrage et on versait le produit, mais ils versent sans faire un
barrage.
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Mouyèmè Dieudonné, village Mulondo, clan
Ghésanga
Texte en pové
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Texte en français
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Mysaba dua mudyandzo. Vama dyaka isi ngumudyè ghono,
tawaka bongo yto. Vama baka democratie édyaka , ta waka ynda dyvotydy
iindii. Wana yswa ny wa ghu mydyandzumyè yngya wasy votaka yto. Motso
manè tétsyné émabaka tu kyna vota wa.
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Je ne travaille plus. Quand les exploitants forestiers
étaient arrivés ici, ils nous avaient recrutés. Quand est
arrivée la démocratie, ils ont organisé le vote. Ils
avaient dit aux exploitants de nous licenciés parce que nous n'avons pas
voté pour eux.
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Kéka, 75 ans, village Baniati, clan Mikoso
Texte en pové
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Texte en français
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Myma baka myka dyandza ghu Port-Gentil. Ghu mabaka tata na
mabèdumè, ma midioi na tsèngè ghu mynga ta diandza
ghu ngumidè. Vandza na ghono, ta myka kundwa mudyandzuè.
Mè ndone mabaka myka duta ngumidiè. Mipoma mitame ta mika
diandza.Ona mutanyo, èna oka ghu duta miétimyè ghone kinda
tato. Ta tuka diu vandza ghone, mighuu. Ma éé, é pindia
kinda tata ésaka pédughu, vèngu bangwonè, pasy
égho ééé, mikini. Mutangany éna
mysamènia myghylymyano mynè, oku okyny, ta mykyswa wèny
ghu mudaundzuè. Ma yswa. Tamabaka ayswaka mèmy. Mutangany,
vèngè ténaka, piindiia mwélyè na
ndzèghuè péndaka. Tsèngy tubaka. Dota wa
ghékylé, waghétu ghébalé wa
ghwéké éva ta ghu paghadynè.
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Je suis parti de Port-Gentil pour ici afin de m'occuper de mon
père qui était malade. En arrivant ici j'ai été
embauché comme «élengaire ». Pendant 5 ans je
travaillais sans problème. Un jour, le Blanc m'appelle pour aller
travailler dans la forêt de mes pères. Arrivé sur place, il
me montre là où je devais aller tirer. Le Blanc me
répondit que les interdits des Noirs, il ne les reconnaît pas et
que si je refusais, il me renverrait. Puis il exécuta sa
décision. Les Blancs coupent tous les arbres, ils profanent nos
forêts interdites. Tous les secrets sont dehors. Ils ne reculent devant
aucune difficulté. Deux femmes sont mortes pour avoir profané nos
forêts interdites.
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Divindé, 55 ans, village Moutouyèni, clan
Mitsèvo
Texte en pové
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Texte en français
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Wa mysawaka mèny ghu mudyandzuè yngya mynaka
campagnè ghu l'opposition. Tu mabaka en 1993. Tsonodyotso, ta mydyoko
waaï dia mè ghu inda campagne. Vamabaka ésovaka,
mutanganiè èna oyibiki gazoiliè. Mighéba.
Tumabaké mutsoko. Mimabaké aide abatteur, tu dyandzaka ghu
pindiè, ndi miboniki éyo osia gho ? Ta ma baka asiswaka
mèmi ghu mudiandzuè. Mivane ndzuu, tama baka midioku èna
ghéveésaghiè. Ena dioku èna kindu ona
politkiè anykydya wèni ghu mudiandzuè ! Ta
éndé mèni disaké ta malamu ma
diobodiè.
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J'ai été licencié du travail après la
campagne de 1993 comme j'avais fait campagne avec l'opposition. Tous les
week-ends je retrouvais mes amis et on battait campagne. Après la
campagne le Blanc m'accusa d'avoir volé du gas-oil. Cela a
dégénéré en dispute. J'étais aide-abatteur,
je travaillais en brousse, alors à quel moment avais-je volé ? .
Le Blanc ne licencia du travail. Après réflexion, je pris la
décision de rencontrer un homme politique. Il me dit de partir
plutôt rencontrer les hommes de l'opposition pour être
aidé.
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Maningo, 70 ans, village ndombakombé, clan Butadi
Texte en pové
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Texte en français
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Masiny ma myatangani myè mama loka égho Tu ma
bènda matanga nyè na égho ghuma boo ngombè na
mysukamyè. Wasa kokogho mambo mato. Vama dyakèdy, tu many
vovokuè, ghu paghè ady dyandzya mumbambè. Vandza na va
tsya muétyè, ynéyo ovèngyè, tu mukoko tana
du, toto toto. Edy mukabu busugha, na wadyandy wotso. Na dikoludiè,
taka diènèto, na dolidiè na malamumè. Tamabaka tu
indaka élaghuè, indaka indaka. Bia biato biaotso iswaka iswaka,
ta tuka disumidia ébyo iingé mulako iindii. Tu mindaka nane
ghu ma baka abèndaka yto namy bongo wa nato ghu mudyandzuè. Ama
bonguku ta mwéta. Wanè éé. Tumindaka du ba
tsèngi ya. Ovovovuku wana piindii éndé wama sombaka.
Wakondziki itu mumbambè, éva an ghu kolomoto éva
navanè oma vandza. Eka bévidia éto ndi éka
bènda wa na ghu téna ngumè mukobu ta tomboko, ghu ghwanga
ghélomba mukabu ta tomboko. Bykombo bia to wana ghé
téné myété, nu mèna piindii ésaba na
koko ? Piindii motso mukabu na koko, ésaka sombudyughu.
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L'engin d'un Blanc avait pris feu ici. Nous lui avions et
pourtant dit qu'ici c'était dangereux, mais les Blancs ne comprennent
rien. Quand il était venu, nous lui avions parlé, mais il
doutait et s'était mis au travail. Lors qu'il était arrivé
sous l'movengui, nous avions entendu des détonations. Lui et ses
ouvriers s'en fuirent. C'est ainsi qu'il vint nous voir afin de
procédé à un culte (offrande et libation destinées
aux esprits protecteurs) et nous avions enlevé nos fétiches
protecteurs pour les placer ailleurs. Nous l'avions fait parce que le Blanc
avait promis embaucher nos enfants, mais à la fin un seul l'a
été. Que pouvons-nous faire dans ce pays, c'est leur
propriété. Quand nous parlons, on nous fait comprendre que la
forêt appartient à celui qui l'a achetée. Ils nous ont
fait la route et cela nous facilite les déplacements. Ce que nous
désapprouvons, ce sont les autorisations exigées pour abattre tel
ou tel arbre. Les arbres qui sont dans nos anciens villages et nos
jachères sont leur propriété, y a-t-il une forêt
sans propriétaire, on ne vend pas la forêt.
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Bouanga, 25 ans, village Miboba, clan Mikoso
Texte en pové
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Texte en français
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Mughètwè ama dyoko na ghu piindii èdy
mwènè. Taka vandza na ghu kubè. Dyandza ka, dyandza ka, na
dikoludiè taa ka nyka na ghombwè. Vandza'a ghu tsya
muétyè, éna meghévéghumaté. Ta ka
dysa Amoko tena onga vovo, matsoko momane, maka tondwè boma wèny.
Eta dyotody lèka. Tatidi èna onga oku oghomo, ota mèny
tato. Aka vovo nanè, tama myna mwèdy. Matsoko mabuta,
mabuta, mabuta. Wasamèna kèdy, édy ta kèna wa. Wa
tsogho iindii, tama baka wa dyoko. Mughètu adi puma iindii. Tatidi
èna « ghé bèndè moto, isi
bwétébwè wa mènia. Tatu Matsokoma ata no vane.
»
|
Une femme était allée seule aux champs. Il avait
travaillé pendant toute la journée. Le soir, elle fit le retour
au village. En arrivant sous un arbre, elle décida de se reposer. Elle
s'assit. Une voie sortit de l'arbre et l'intima l'ordre de ne pas parler parce
que des assassins cherchaient à la tuer. C'était la voie de son
père. Elle était dans l'arbre. Les assassins ne purent la
retrouver et partirent, les femmes les voyaient tous. Puis elle sortit de
l'arbre. Son père lui dit «il ne faut dire ce que tu as vu, les
initiés au bwété en savent quelque chose. Ton père
Matsokama est avec toi ».
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Bouanga Zéphyrin, village Moutouyèni, clan
Mitsévo
Le mont Iboundji est très dangereux et sacré
pour nous. Quand tu es là-bas, il ne faut couper un objet. On entend les
chants de coqs et même des moutons qui parlent. On entend des cris des
enfants. On a essayé à maintes reprises d'emmener des poules et
des coqs là-bas, ils n'arrivent pas à parler. Parfois ce sont des
vieillards qui parlent. Des cailloux tombent en permanence.
Quand tu casses des petits arbres, tu te perds
carrément, on te retrouve après plusieurs jours, il y a plusieurs
personnes qui mouraient à l'époque comme ça. A midi, au
sommet de la montagne, des pierres brillent et l'eau qui tombe et se coupe au
milieu.
Quand les Pové et les autres peuples sont
arrivés dans cette zone, ils s'étaient installés dans
cette montagne. Ils avaient demandé la protection des génies de
cette montagne. Ils protégeaient contre les chercheurs d'esclaves ou
quand il y avait des guerres contre les Bungomo. Il y a des gens dans cette
montagne qui nous protègent jusqu'à présent. Ghone
tuma ghangua tsosu na mbasè.(Là-bas, on avait rôti le
poulet avec le bambou)
Madouma Jean François, village Ndéngué,
clan Mikoso
Le Blanc avait interdit aux employés de faire la chasse.
Mais un jour un ouvrier était allé chasser. Il tomba sur un
éléphant, il n'a pas tardé, il tira sur lui.
L'éléphant n'était pas mort.
Le lendemain matin, ce Blanc avait mal au pied, sur l'endroit
où avait visé le chasseur. Le Blanc lui avait que « je pars
en France pour me faire soigner, à mon retour évite moi au
maximum, sinon je vais te foutre à la porte, on vous dit de ne pas faire
la chasse, mais vous les Noirs vous ne comprenez jamais ce que l'on vous dit
». Le Blanc était allé en France pour se faire soigner.
Les Blancs se transforment en éléphant pour
compter les pieds des arbres qui sont à couper.
Diyanga, 70 ans, village Moutiyèni, clan
Mitsèvo
Texte en pové
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Texte en français
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Mina ma miéti miingé misaka bèndughu.
Miingé mia mwéliè, miingé mia
ndzèghuè, mia buétébuè, bivévé
biotso na mièdi miété. Ghu tsighi dia mina mè
vèngu onigia bivévabinè. Ndi ghé
tèndé mina manè ghu bisangangobia no, mbo tsèngi
mukabu tèngama.
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Certains noms des arbres ne se disent pas. Il y a des arbres qui
sont destinés au culte de la panthère, au bwété,
chaque association a ses arbres. Pour les connaître, il faut d'abord
s'initier à ces. Mais il ne faut écrire les noms dans vos
papiers, sinon il peut se produire une catastrophe.
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Dikolangoye, 65 ans, village Mibaka, clan Mitsévo
Texte en pové
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Texte français
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Ômbwo inawo mibaka. Ombwa to. Pindi asaka sombudyughu.
Mitanganimi wana sombidiakani piindiiè. Nanè ta nga
bévaka. Oku moto atèna miétimi ghu pasake, nda sombidia
dodi'a ito wotso. Ndi ambwé nde vanè, ta pindi dia to disaka
péndughu nanè. Wiynda pagha ta oka lakidiu na kwatsi. Tuka vovono
yngia ondé mwato, ombu ba nga wa mukubu kinaka. Ghu piindii ghone,
ghondé mwélyè, ghondé ndzèghuè,
ndzobyè, bivévé byotso. Ghévéva mulako,
ghévéva pindi, ghévéva piindii. Ghone ta
mighèlimyè. Omokuku ambwé éna
ndéwè. Tuma bènda ka wa na mukabu élégha,
wana itu ta ghu paghé. Vama èmbuku wa tamabaka tu ynda
élaghuè, ta ndéuè éka lota. Elaghua tsonwa
mukiana na ghétény ta ékindu. Ambwè éna
pindiè tukèna ta paka. Watwa politikiè ta kinda dia to,
ndi wakynda nane na ? Tu sami synga dota. Tènda nanè.
|
Notre village s'appelle Mibaka. C'est notre village. Chacun a sa
forêt, elle ne vend pas. Les Blancs disent qu'il faut la vendre, c'est
une mauvaise chose. Si quelqu'un coupe le bois dans le but de le vendre, cet
argent doit revenir à tout le monde. Mais l'affaire qui est là,
c'est que nos forêts ne se vendent pas. Si tu mets en doute ce que nous
disons, toi-même tu verras, nous te parlons parce que tu es notre fils,
si tu étais comme les autres, on ne pouvait pas te répondre.
Dans cette forêt là, il y a le mwiri, le ndzègho, le
ndzobi, toutes les associations. Chaque association a son espace avec des
interdits spécifiques. Tu avais entendu l'histoire du pont sur la Lolo.
Ils avaient mis en doute ce que leur disions, mais à la fin ils avaient
fini par se soumettre. Nous avions fait des offrandes et des libations pendant
une semaine et demie. L'histoire qui nous oppose par rapport à cette
forêt est compliquée. Pourquoi font-ils autant de bruit ? On ne va
pas accepter. Ecrit comme ça.
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Kondzi Marie-Louise, 65 ans, village Makaduim, clan Mikoso
Texte en pové
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Texte en français
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Ina mutu Ghétsoko. Ama diôkù na ghu
opakè. Ndaka loghughu mbusè. Aloghi énè, nda
kisuagha tsudiè. Taka loghu mubadio, nda kisugha tsudiè.
Ena mutatuo, ta élikié éka léndemagha ghu
bitindubi indi. Ndaka lobugha ghu mambamè. Vandza
ghonè, ta kènè muandza ndzobuè. Edi vanè
ndzu, ndaka sumagha indi. Kèng'séna ta kokudi. « Odiki inda
bia ghono » Edi mwéngi twi. Ena « midikié loboko ndi
mbus'édi léndema ghu mutondo'a ndzobwè. Eghu ghu gho ?
». Kokodi « èna puma vity oku wa tan'gha wèni ghono mbo
samipuma. » Ndaka pumagha tondii. Ovolu nèdi yaiiyo.
|
Il y avait un homme appelé Ghétsoko. Il
était parti à la pêche au filet. Il lança son filet
deux sans problème. Mais à la troisième fois, le filet se
coinça. Il plongea pour. le détacher Arrivé sous l'eau,
il vit une toiture de maison. Il descendit sur le toit. Il aperçut sa
grand-mère qui lui demanda : « que viens-tu faire ici ? » Il
se mit à pleurer et répondit «je suis venu pêcher et
le filet s'est coincé. Que faites-vous ici ? » Elle répondit
«sort de l'eau, si les autres te trouvent ici tu ne retournera pas.
». Il s'exécuta. Il eut la folie.
|
Mbata, 55 ans, village Divindé, clan Muivo
La forêt nous appartient, mais ce sont les Blancs qui la
vendent. Nous on ne gagne rien.
Ce corpus nous paraît intéressant à plus
d'un titre. Il nous permet de réfléchir sur le mot «blanc
». Qu'est ce que le Blanc ?
C'est sont des êtres humains
Ils ont la peau `'blanche''
Ils ont un statut social plus élevé
Ils ont un pouvoir économique plus
élevé
Ils ont une culture conditionnée par la
`'rationalité'' et leur comportement est économiquement
conditionné par la recherche du profit
Ils possèdent un permis de coupe plus `'lourd'' que
celui du Noir
Dans ce cas y a-t-il des Noirs qui sont des Blancs ?
Il y a des Noirs qui ont un statut social
élevé
Il y a des Noirs qui sont titulaires de permis de coupe et
raisonnent sous la base d'une culture occidentalisée comme le voit dans
l'assertion : « les interdits ne produisent pas de l'argent
» où on peut soupçonner l'existence d'une
opposition entre une économie de parcimonie et une économie de
marché.
Mais il y a des Noirs qui sont titulaires de permis, mais
sont soumis inconsciemment au respect des interdits qui gèrent la
forêt.
On peut dire que l'on voit le monde à travers le
prisme de l'univers de sens. Celui-ci structure notre inconscient.
On peut construire le schéma qui suit :
Forestiers Forêt
Pové
Noms des arbres de la forêt
pové
(Myéti mya pindya pové)
Les noms scientifiques sont tirés de nos enquêtes
et les noms scientifiques de l'ouvrage de Raponda Walker et Sillans Roger :
Les plantes utiles du Gabon. Il est entendu que ces deux auteurs n'ont
pas fait un travail exhaustif, ce qui explique l'absence des noms scientifiques
de certaines espèces.
Noms pové
|
Noms pilotes
|
Noms scientifiques
|
Oghuma
|
Fromger
|
Ceiba pentandra
|
Musènga
|
Parasolier
|
Musanga cecropioide
|
Musonga
|
Ozouga
|
Sacoglottis gabonnensis
|
Osigho
|
Ozigo
|
Dacryodes büttnerie
|
Movenguiè
|
Movengui
|
Daniella klaine
|
Uba
|
Andok
|
Irvinga gabonensis
|
Otèva divoso
|
|
|
Ndongo
|
Olong
|
Fagara heitzii
|
Ghélomba
|
Ilomba
|
Pycnanthus angolensis
|
Okuta
|
Kuta
|
Xylopia aethiopica
|
Ngumé
|
Okoumé
|
Aucoumea klaineana
|
Oghala
|
Okala
|
Carpolobia alba
|
Sikidi
|
|
Morinda lucida
|
Abi
|
Onzabili
|
Antrocaryon kalineanum
|
Tsakadi
|
Gutterie du Gabon
|
Harungana madascariensis
|
Osundju
|
Arbre à ail
|
Hua gabonii
|
Osèndjè
|
|
Odyendyea gabonensis
|
Osinga
|
Dabéma
|
Piptadeniastrum africanum
|
Mbosa
|
Erable d'Afrique (Afo)
|
Eurypetalium batesti
|
Olèko
|
|
Poga oleosa
|
Oninga
|
Arbre à baume
|
Daripodes macrophylla
|
Otèva
|
Alep
|
Desbordesia oblonga
|
Osadanga
|
Essessang
|
Ricinodendron heudelotii
|
Obalè
|
Ovala
|
Pentaclethra eetveldeana
|
Mudongo
|
Zingana
|
Microberlina brazzavillensis
|
Osoko
|
Sorro
|
Scyphocephalium ochocoa
|
Mbalangandzina
|
|
|
Komo komo
|
Arbre à fourmis
|
Barteria fistulosa
|
Ghékutu
|
|
Pipper guineensis
|
Mupasi
|
|
|
Ghédungu
|
|
|
Osèngè
|
Salsepareille
|
Smilax kraussiana
|
Etaa
|
|
|
Nomba
|
|
|
Iswa ngiya
|
|
|
Mungonda
|
Padouk
|
Pterocarpus soyauxii
|
Oduma
|
Andum
|
Cylicodiscus gabonensis
|
Andja ngalo
|
|
Klainnedoxa grandifolia
|
Olènda
|
|
|
Ovagha
|
|
Oleasa
|
Okuda
|
Noyer d'Afrique
|
Coula edulis
|
Otughé
|
|
|
Kongo ongo
|
|
Mikania cordata
|
Obamba
|
|
Croton oligandrum
|
Ombuta
|
Raisin d'Afrique
|
Maesobotrya sp.
|
Osundju
|
|
|
Oghuèlè
|
|
Cleistopholis patens
|
Oghubè
|
|
Draena frangrans
|
Momèna
|
|
Lannea zenkiri
|
Ghédungusèlè
|
|
Pseudospondias longifolia
|
Okandjè
|
|
Xylopia le testui
|
Okuka
|
|
Alstonia congensis
|
Ndèmbè
|
|
Caloncoba glaucag.
|
Osambi
|
Rikio
|
Uapaca Sp.
|
Ndjondo
|
|
Tetrorchidium oppositifolium
|
Tsavo
|
Arbre à savon
|
Tetrorchidium didymostemon
|
Ogasu
|
|
Tetracarpadium
|
Ghésagha
|
|
Recinodendron heudelotii
|
Ghétodo
|
Essoula
|
Plagiostyles africana
|
Ghéboko
|
|
Microdesmi zenkeri
|
Mbégo
|
Euphore à drupes
|
Elaeophorbia drupifera
|
Ongo
|
|
Drypetes gossweileri
|
Mundjèmbè bèlè
|
|
Bridelia grandis
|
Mbondjé mbonjé
|
|
Alchornea cordifolia
|
Ghévindji
|
|
Diospyros piscatoria
|
Ghévila
|
Ebène
|
Diospyros flavescens sp
|
Mbèndo
|
Emien
|
Picralina nitida
|
Ondjondo
|
|
Allanbanckia floribunda
|
Mulénda
|
|
Garcinia klaineana
|
Osolo
|
Manil, osol
|
Symphonia globulifera.
|
Kéta
|
|
Lasianthera africana
|
Ogoma
|
|
Klainedoxa gabonensis
|
Mwangaga.
|
|
Berlinia grandifolia
|
Olombi
|
|
Copaïfera mildbraedii
|
Ovita
|
Arbre à ail
|
Scorodophloeus zenkeri
|
Olènda
|
|
Klainedoxa grandiflolia
|
Motélè
|
|
Copaïfera religiosa
|
Bombongo
|
|
Dialium pachyphyllum
|
Mbosa
|
Tali
|
Eurypetalum batestii
|
Ngomba
|
Fawc
|
Entada gigas
|
Ghébata
|
|
Mimosa pigra
|
|
|
Pachyelasma tessmannii
|
Ghébata
|
|
Macrolobium macrophyllum
|
Buvénga
|
Bubinga
|
Guiburtia tessmannii
|
Pèdè
|
|
Gilletiodendron klainei
|
Okasa
|
|
Erythrophloeum micranthum
|
Biti
|
|
Pitheclellobium altissimum
|
Osaga
|
|
Tetrapleura tetraptera
|
Kananga
|
|
Milletia versicolor
|
Otsanga
|
|
Anthocleista sp.
|
Ghédumangèndjè
|
|
Loranthus gabonensis
|
Kandji
|
|
Abutilon mauritianum
|
Tsongo songo
|
|
Anthostema aubrynum
|
Pongo vongo
|
|
Carapa klaineana
|
Odjoku
|
|
Entandrophragma utile
|
Obènga
|
Acajou
|
Khaya ivorensis
|
Ovongo
|
Ficahlo
|
Bosquiea angolensis
|
Obangi
|
Abang
|
Chlorophora excelsa
|
Ghévéndivèndi
|
|
Ficus capensis
|
Ghévèndivèndi
|
|
Ficus hochstetteri
|
Ondzingo
|
|
Ficus vogeliana
|
Oboba
|
|
Myrianthus arboreus
|
Munièghidi
|
|
Treculia africana
|
Olanga
|
Arbre à pagaie
|
Staudtia gabonensis
|
Ombitsoko
|
|
Coelocaryon preussii
|
Okuka
|
|
Alstonia congensis
|
Ghiépa ghia mughodo
|
|
Ouratea calophylla
|
Okouda
|
|
Coula edulis
|
Ghéépasi
|
|
Heisteria zimmereri
|
Okukè
|
|
Ongokea gore
|
Mongombingombi
|
|
Maesopsis emini
|
Etando
|
|
Rhizophoro racemosa
|
Ndjogi a ndjèghwè
|
|
Gardenia ternifolia
|
Tombiè, ghésikwa
|
|
Mytragina ciliata
|
Movava
|
|
Pausinystalia yohimba
|
Otsanga
|
|
Pentas dewevrei
|
mungombingombi
|
|
Maessopsi eminii
|
Obélangi
|
|
psychotria gabonae
|
Ghépaka
|
|
Fagara macrophylla
|
Mulèndaki
|
|
Randia acuminata
|
Andè
|
|
Randia walkeri
|
Tombi-tombi
|
Mbilinga
|
Nauclea
|
Puafua
|
|
Chytrantus macrophyllus
|
Obamb
|
|
Gambeya africana
|
Mubimo
|
|
Manilkara lacera
|
Mungadi
|
|
Naucle pobeguinii
|
Obungu
|
Douka
|
Tieghemella africana
|
Banda
|
|
Omphalocarpum pierreanum
|
Osoko
|
|
Symphonia globulifera
|
Ghébanghu
|
|
Tetracarpadium conophorum
|
Motsanganga
|
|
Synsepalum dulcificum
|
Osaanga-a-ngondo
|
|
Scytopetalum
|
Ebédu'a bèngè
|
Cola rouge
|
Cola nitida
|
Ebédu'a vèmbughè
|
Cola blanche
|
Cola nitida
|
Mobanga
|
|
|
Ghébondu
|
|
Sterculia oblanga
|
Ghévino
|
Evino
|
Vitex pachyphylla
|
Osok
|
|
Scyphocephalim ochocoa
|
Obaka
|
|
Guibourtia tessmannii
|
Mwandzangalè
|
|
|
Osambu
|
|
|
Ghéboto
|
|
|
Owèngè
|
|
|
Musala
|
|
|
Osagha
|
|
|
Ghéghuma ndzuku
|
|
|
Asagha
|
|
|
Mbilikodi
|
|
|
Ovolo
|
|
|
Komenaka
|
|
|
Embumbi na bukwango
|
|
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Obyndzè
|
|
|
Okosa
|
|
|
Mutombia
|
|
Premma angolensis
|
Tsatsè
|
|
|
Pèdè
|
|
|
Yombo
|
|
Afomomun giganteum
|
Ghésongo songo
|
|
|
Ghépasé
|
|
|
Okéka
|
|
|
Obélé
|
|
Canarium schweinfurtii
|
Tsasè
|
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Klainedoxa gabonensis
|
Ogoma
|
|
Klainedoxa gabonensis
|
Bobongo
|
|
Hylodendron gabunense
|
Ghévino
|
|
Vitex pachyphychylla
|
Ghénombi
|
|
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Tésa
|
Eveus à grandes feuilles
|
Klainedoxa gabonensis
|
Obangi
|
Izombé
|
Testudea gabonensis Pellegr
|
Motoma
|
|
Pachypodanthium standtii
|
Mutinga
|
|
Polyalthia suoveolens
|
Banda-banda
|
|
Omphalocarpum sp.
|
Obungu
|
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Baillnella toxisperma
|
Mukanda kanda
|
Arbre à caoutchouc
|
Futumia africana
|
Mbondo
|
Arbre d'épreuve
|
Erythrophleum micrantum
|
Mubolo
|
|
Mamenea africana
|
Obindjo
|
|
Combretodron africanum
|
Musavia kéma
|
|
Carpa klainnea
|
Informateurs : Bouyèndou : 70 ans,
village makadium, clan Muivo
Diyanga : 75 ans, village baniati, clan Mitsévo
Ndjolé Edouard : 45 ans, village baniati, clan
mitsèvo
|
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