I- L'industrie de la création musicale face aux
innovations technologiques.
Pour saisir toute la complexité de la relation entre la
création musicale et sa consommation, il est nécessaire de
comprendre le fonctionnement de l'industrie créative et ses
interrelations entre son public et son environnement. Façonné par
une histoire riche en événements, le business model de
l'industrie de la création musicale a connu de grands succès mais
aussi de rudes épreuves. A l'heure actuelle de profondes tensions sont
manifestes dès que le sujet de la création musicale est
abordé dans le débat public. La compréhension de ce
débat nous conduit à repérer les rouages de la
création musicale, puis à mesurer l'impact des mutations
technologiques sur le marché musical et enfin à montrer la
difficile adaptation de l'économie musicale à l'ère
numérique.
1 .1 Les rouages de la création musicale
1 .1 .1 Les principaux acteurs de l'industrie
L'univers de l'industrie musicale s'apparente à celui
de la publicité : d'un côté les créatifs, de l'autre
les commerciaux. Pour comprendre le fonctionnement de l'industrie musicale, il
faut donc identifier ses acteurs et leurs interrelations. Les fonctions de ces
acteurs impliqués dans la chaîne de création musicale
peuvent être tantôt assurées de façon distincte
tantôt de façon cumulée pour partie ou totalité.
Elles se présentent comme suit :
L'artiste (auteur, compositeur,
interprète) - L'Unesco propose une définition ouverte et
de référence de l'artiste :
« On entend par artiste tout personne qui crée
ou participe par son interprétation à la création ou
à la recréation d'oeuvres d'art, qui considère sa
création artistique comme un élément essentiel de sa vie,
qui ainsi contribue au développement de l'art et de la culture, et qui
est reconnue ou cherche à
être reconnue en tant qu'artiste, qu'elle soit
liée ou non par une relation de travail ou d'association quelconque.
»
En d'autres termes, l'artiste crée, partage et vit de son
art.
Le producteur (record producer) - La gestion
de l'enregistrement sonore de l'oeuvre est la mission du producteur. Il peut
faire appel à plusieurs contributeurs (ingénieur son,
réalisateur artistique, etc.) qui épaulent l'artiste lors de
l'enregistrement de son oeuvre. « Le travail d'orfèvre »
réalisé, les premières maquettes sont
créées. L'enregistrement peut-être géré par
un prestataire indépendant mais il est généralement
assuré par le label.
Le Label (executive producer) - Peu importe la
taille de sa structure, qu'il soit indépendant ou qu'il appartienne
à un collectif, un Label est avant tout un éditeur dont la
vocation est de rendre accessible la nouvelle création. Après
avoir passé un contrat avec l'artiste (Cf. contrats d'artistes), le
label prendra en charge le pressage des albums (copies), la promotion de
l'oeuvre (marketing & communication), et sa distribution. En fonction du
contrat, c'est au Label que revient la décision du nombre d'albums
à enregistrer, le choix du réalisateur artistique, les
tournées à effectuer, etc. Le label peut céder, contre
rétribution, l'artiste et sa production à une major.
La major - Lorsque l'on évoque
habituellement les « majors » on désigne les quatre grandes
maisons de disques qui se partagent près de 75 % du marché
mondial de l'industrie du disque : Universal Music Group, Sony-BMG, EMI Group
et Warner Music Group. Une major est un label comme les autres. Elle peut
signer directement avec un artiste mais aussi, contrôler d'autres labels
(devenant alors des « sous-labels »). Une major prend de plus grands
risques qu'un label classique car elle a la capacité d'injecter des
sommes d'argent plus importantes dans la promotion de l'artiste (marketing et
communication) et ses capacités de production (pressage de disques) sont
plus grandes et donc plus rentables que celles d'un label classique. Une major
assure généralement la production de l'oeuvre, sa promotion et sa
distribution.
Le circuit de distribution - Les
distributeurs assurent la vente en gros du support physique et numérique
des oeuvres aux détaillants : grandes surfaces alimentaires (GSA),
grandes surfaces spécialisées (GSS) et circuits alternatifs
(Internet, vente à distance, etc.).
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