I Présentation du site archéologique de
« La chapelle »
Les données suivantes sont extraites des rapports de
fouille (I .Cartron et D .Castex 2006).
1. Environnement du site
Le site archéologique de « La Chapelle » se
situe sur la commune de Jau-Dignac et Loirac, sur la rive gauche de l'estuaire
de la Gironde et à environ 950 m des berges du fleuve (fig. 1). La rive
gauche de l'estuaire se caractérise par une alternance de terrasses
argilograveleuses sur lesquelles sont implantés des vignobles et de
vastes zones marécageuses comblés par des sédiments
détritiques apportés par l'estuaire. Le site archéologique
apparait sur un ancien îlot de l'estuaire : le « hameau de
Goulée » (fig.2). Les vestiges mis au jour attestent d'une
occupation du site depuis l'antiquité, ce qui témoigne d'une mise
hors de l'eau de cette partie de l'îlot depuis cette période.
Certains documents historiques attestent que dans les années 1630, avant
l'assèchement des marais, le rivage de l'estuaire devait être
très proche du site archéologique.
Figure 2 : Localisation de Jau-Dignac en Figure
1 : Localisation et environnement du site
Gironde (in Cartron et Castex
2009). de Jau-Dignac (in Cartron et Castex
2006).
Ce site archéologique a été
découvert en 2000 à la suite de travaux agricoles. Durant
l'été 2000, une opération de sauvetage permettant
d'estimer le potentiel archéologique du terrain a été
menée par une équipe de l'INRAP sous la responsabilité de
C. Scuiller. Cette intervention, comprenant une série de sondages et
tranchées, s'est réalisée sur une superficie de 6840
m2 environ. Un décapage de surface, mené aux alentours
d'un sarcophage mis au jour à la
découverte du site, a permis de reconnaître
l'emprise d'un bâtiment funéraire. Par la suite, d'autres
tranchées ont été ouvertes dans plusieurs directions afin
de mesurer l'étendue du site. Deux zones sur le site ont ainsi pu
être caractérisées :
La zone 1, située sur une butte, compose la majeure
partie du site, c'est l'endroit où la grande majorité des
vestiges a été retrouvée (fig.3). Cette zone semble avoir
été occupée de manière assez importante depuis le
Ier siècle après J.-C et l'on peut y observer 4 grandes phases
d'occupation attestées, allant de l'Antiquité jusqu'à nos
jours.
Figure 3 : Vue aérienne de la zone 1 du
site archéologique (in Cartron et
Castex2009).
La zone 2, située au sud de la première, semble
être plus instable et n'a livré que peu de vestiges,
essentiellement quelques tombes laissant penser à un ensemble
funéraire secondaire. Contrairement à la zone 1, plusieurs
indices archéologiques suggèrent que cette zone fut
régulièrement inondée. La zone 2 et le site semblent se
limiter au sud par la présence d'un fossé d'une cinquantaine de
mètre de long qui devait être un drain ou bien pouvait accueillir
une palissade. Au delà, de cette limite sud, la terre semble
stérile.
En 2001, une campagne de fouille dirigée par I. Cartron
et D. Castex a permis de mettre au jour une surface de 300m2
correspondant à l'emprise d'une chapelle (Zone 1). La fouille de ce
site, prolongée de 2003 à 2005 sous forme de d'opération
programmée triennale et de 2007 à 2009, fait l'objet d'un
chantier école, permettant ainsi à de nombreux étudiants
de venir chaque année acquérir des techniques de fouilles propres
à l'archéologie et à l'anthropologie.
La problématique de se site s'insère dans un
contexte de compréhension de genèse des espaces funéraires
et des lieux de cultes pour l'Antiquité tardive et le Haut Moyen-Age.
La
fouille relève de méthodes propres au domaine de
l'archéothanatologie, discipline dont l'objectif est de reconstituer les
modes de dépôts des défunts et les pratiques
funéraires qui en découlent. Il s'agit donc d'une fouille fine
avec des prélèvements et des enregistrements précis des
ossements et du mobilier (Duday 2005). Ce site possède l'avantage
d'avoir été occupé sur une très longue durée
(de l'Antiquité à l'époque moderne), ce qui permet donc de
pouvoir être attentif aux questions de transition, de changement de
fonction du site (habitat, lieu de culte, espace funéraire, passage d'un
espace privé à public ou l'inverse) en même temps
qu'à sa chronologie (continuité d'occupations, ruptures) (Cartron
et Castex 2007). La compréhension de l'environnement naturel et de son
évolution au cours du temps revêt également une grande
importance dans l'étude de ce site puisqu'il permettra de comprendre
assurément la longue occupation d'un ilot des rives de l'estuaire.
L'estuaire est depuis très longtemps une voie fluviatile de
pénétration et d'échanges primordiaux en Aquitaine, ce qui
pourrait donc être une piste pour expliquer cette très longue
occupation.
Nous allons maintenant résumer brièvement les
quatre grandes phases d'occupation de ce site (fig.4)
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