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Gestion foncière et développement rural Cas de la commune rurale Ambinaniroa Andonaka

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par Narindra Ny Tiavina Troïanie JEAN PAUL
Université d'Antanarivo - Maîtrise en sociologie 2008
  

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PARTIE III : VERS UNE OPTIMISATION DE LA GESTION FONCIERE ET DE LA MOBILISATION COMMUNAUTAIRE

Chapitre I : POTENTIALITES DU TERROIR ET GESTION FONCIERE

La commune rurale Ambinaniroa Andonaka est l'une des plus grandes zones rizicoles de Madagascar dont 90% des terres sont des surfaces cultivables. Elle pourra produire jusqu'à 200 000 tonnes de riz comme le cas de la cuvette du Lac Alaotra avec plus d'accessibilité à la terre, des techniques de culture moderne et des modes d'irrigation adéquates. Ces derniers ont limité la production de cette commune juste pour l'autoconsommation il est très rare que les agriculteurs puissent épargner.

Dès lors, malgré le dynamisme et la volonté de développer de la commune, nous pouvons constater des contraintes qui sont devenues des faiblesses et des menaces pour la commune. C'est pour cette raison que nous allons identifier les forces et faiblesse du terroir ainsi que les opportunités et les menaces auxquels le terroir devra faire face.

I. Forces et faiblesses

La principale force de ce terroir réside dans le fait que les terres sont fertiles sans procéder à l'utilisation d'engrais chimiques. Par ailleurs des surfaces à perte de vue sont encore inexploitées même si elles sont tout à fait cultivables. L'exploitation de ces terres peut contribuer à l'augmentation de la production du terroir.

Cependant, malgré la présence de surface non exploitée le besoin en terre de la population se fait encore ressentir. Surtout pour le cas des migrants dont la disponibilité des terres ne sont pas à volonté même s'ils sont en mesure de les produire.

Par ailleurs, on peut procéder à toutes sortes de culture sur ces terres surtout pour la culture du riz aliment de base des Malgaches très important pour assurer une sécurité alimentaire de toute la population et très rentable en ce qui concerne sa commercialisation et la culture des maniocs et des maïs aliments de substitution du riz qui permettent d'éviter la population de mourir de faim pendant les périodes de soudure et d'arrondir les fins de mois des ménages. Cette diversification de production facilite la survie de la population face aux imprévus qui contribue à la réduction de la pauvreté.

Le premier handicap de ce terroir qui constitue sa plus grande faiblesse est l'insécurité foncière généralisée. Certes, faute de régulation foncière communautaire et en raison de la lourdeur des procédures administratives foncières, le sentiment d'insécurité foncier est omniprésent sur le terroir. De plus, l'écart entre surfaces cultivées et surfaces cultivables est très flagrant et est le témoin de la mauvaise gestion foncière dans cette commune. Alors que la sécurisation foncière est un préalable à de nombreuses actions tendant en particulier vers une gestion pérenne des aménagements hydro agricoles. Par conséquent, l'absence d'infrastructure d'irrigation constitue également une faiblesse de cette commune. Les agriculteurs ne peuvent pas maîtriser l'eau qui arrose leurs rizières malgré la présence de deux grandes rivières qui entourent la commune et sont en mesure d'irriguer toutes les rizières de la commune. Ils sont dans l'obligation d'attendre l'arrivée des pluies avant de commencer tous travaux sur leurs rizières. Donc, leurs productions dépendent essentiellement de l'abondance de la pluie avec ses impacts négatifs qui font diminuer aussi la production.

Ensuite, l'insécurité règne dans cette commune étant donné qu'elle se trouve dans une des zones de Madagascar classées zone rouge malgré la présence d'un régiment de Gendarmerie Nationale à cause des actes de banditisme perpétué principalement par les « dahalo » qui sont des voleurs de zébus. Cette insécurité empêche l'épargne vu que la population consomme tout ce qu'elle gagne de peur d'être braqué. Il est facile de cambrioler les ménages qui optent pour la thésaurisation et les malfaiteurs sont au courant que chaque ménage garde leur argent chez eux. De plus, il est admis dans ce terroir que l'argent est économisé seulement dans le but d'accomplir les devoirs (adidy) envers la famille et envers les morts. Donc, il y a une faiblesse des investissements des ménages dans leurs activités productives et génératrices de revenu.

A cause de la présence d'insécurité permanente, la population vit dans une inquiétude infernale qui engendre des conséquences négatives sur leur production. L'existence de cette insécurité n'est pas surprenante car les originaires de ce terroir qui sont les bara sont réputés être des auteurs de rapt des troupeaux de boeufs dont le but de prouver leur virilité et le passage par la case prison est indispensable pour les hommes bara.

Par conséquent, nous pouvons dire que la loi du plus fort s'applique dans ce terroir avec la présence de la corruption parce que la population du monde rural est mal informée et manque d'éducation ainsi pour pallier à ce désagrément elle a recours à la corruption pour faciliter leur vie.

Nul n'ignore que, depuis un certain temps, la monétarisation de la vie quotidienne a pris de l'ampleur à Madagascar et la commune rurale d'Ambinaniroa Andonaka n'en est pas épargnée. Il y a d'un côté une minorité de nantis dont la plupart nouveaux riches ou les bandits qui utilisent leur argent pour servir uniquement leurs intérêts et de l'autre la grande masse acculée au problème de survie. En outre, d'autres personnes recourent sciemment à la corruption pour éviter les contraintes imposées au public et préfèrent payer le surcoût de la prestation, en accord avec le responsable concerné.

Ce qui est vraiment grave, c'est qu'il y a une démobilisation presque générale face à ce phénomène : « la corruption pervertit les règles économiques élémentaires. Elle décourage les initiatives, elle provoque la frustration dans tout acte de production. On se demande à quoi bon travailler, chercher une promotion par le mérite, avoir des idées, quand on sait que la richesse créée sera détournée. Et combien sont - ils les investisseurs (tant locaux qu'étrangers) qui ont abandonné leurs projets pour avoir été plumés à chaque échelon de la hiérarchie administrative ? » in Libéralisme et développement à Madagascar, ANDRIAMBELOMIADANA. R, 1992.

L'absence de piste rurale inter fokontany constitue aussi une faiblesse de la localité et par ricochet empêche le développement. Nous avons constaté que certains fokontany de la commune se situent de l'autre côté des rivières qui entourent le fokontany Ambinaniroa considéré comme le capital de la commune. Par conséquent, pour évacuer leur production, les agriculteurs des autres fokontany ont du mal à faire parvenir leur production jusqu'à Ambinaniroa où se trouve les collecteurs chargés de récolter leur production. Alors, les agriculteurs n'ont pas le droit de fixer leur prix de vente mais sont obligé de négocier avec le prix proposé par les collecteurs car ils n'ont pas le privilège de se permettre de ne pas vendre et de retourner avec leur production. Souvent, les collecteurs abusent de cette situation et imposent aux agriculteurs des prix qui ne sont pas rentables à ces derniers.

Enfin, dans la société rurale comme le cas de la commune rurale Ambinaniroa Andonaka, des pesanteurs, voire même, de freins provenant des structures, des coutumes et des mentalités constituent une faiblesse qui empêche le décollage29(*) du développement.

L'idéologie Malgache traditionnelle n'est pas celle de l'entrepreneur. D'abord parce que les notions de consensus, de communauté et d'entraide sont privilégiées par rapport aux notions de la concurrence et de rivalité interindividuelle. Ensuite, parce que le succès est toujours un peu suspect. En réalité la mentalité paysanne est aux antipodes de celle de l'entrepreneur car elle se détourne d'une notion qui, ici, est centrale : celle d'accumulation de surplus.

Il y a aussi la croyance au tsiny et au tody qui paralyse l'initiative individuelle. Elle entraîne un minimum d'action pour un minimum de risque. La conséquence c'est

« la réticence devant la répression » des actes jugés non conformes à l'éthique (malversations, dahalo, corruption30(*)...).

Pour terminer, il y a la peur du « fanjakana » omnipotent et omniprésent qui ne favorise pas le développement dans le terroir et tant aux usagers à éviter de fréquenter les bureaux de l'Etat pour le règlement de certains papiers administratifs.

II. Les opportunités et les menaces

La place de l'agriculture dans la vie de la commune rurale d'Ambinaniroa Andonaka est très prépondérante. En effet, la population active est très majoritairement agricole (82 % en 2007) et il y a très peu d'employés salariés et le commerce est la principale activité qui vienne après l'agriculture et l'élevage. Grâce à la possibilité de diversification des activités agricoles sur le terroir et la fertilité et la disponibilité de la terre, plusieurs opportunités s'offrent à cette commune pour pouvoir accéder au développement.

D'une manière générale, l'ouverture au commerce international, s'il est bien maîtrisé est un créneau pour tous les producteurs malgache notamment pour les agriculteurs qui désirent commercialiser sa production par le biais de la constitution d'ensemble régionaux tels que SADC, COMESA et COI qui sont certainement des facteurs favorables au développement du secteur agricole. Et ce terroir possède les atouts pour pouvoir subvenir au besoin de ce marché international même si les règles du commerce international sont plutôt contraignantes (normes, traçabilité). Il est tout à fait envisageable de transformer radicalement le secteur productif du terroir de sorte qu'il soit capable de fournir des produits agricoles adaptés aux besoins des marchés intérieur et extérieur. Les ménages pourront donc se transformer en exploitations familiales viables et développables, des fermiers entrepreneurs audacieux, des coopératives de business florissantes, des produits agricoles labellisés et de renommée pour devenir un véritable grenier pour tout Madagascar et l'enthousiasme de la population ne manque pas.

Cependant quelques menaces sont aussi à prendre en considération sous peine de compromettre les actions entreprises ou à entreprendre. Ainsi, l'expansion démographique très rapide, avec un taux de 2,8% par an, reste à maîtriser surtout en milieu rural. La dégradation de l'environnement, en affectant les ressources en sol, en eau et en biodiversité, doit être enrayée.

Les effets des changements climatiques commencent à se ressentir : augmentation de la température moyenne, rapprochement des cycles de sécheresse, augmentation de la fréquence des cyclones, augmentation de la violence des pluies et des inondations, entraînant diverses perturbations dans les systèmes de production.

Par ailleurs, les programmes adoptés par l'Etat sont complexes et demandent des ressources financières et humaines qui n'existent pas toujours, pour lesquelles l'obtention ou la mobilisation des financements prend du temps et retardent la réalisation des projets en milieu rural.

Certains facteurs bloquants ne sont pas encore levés et de nombreux facteurs limitant entravent encore l'économie d'agricole dont : une agriculture encore peu développée par manque d'opérateurs, de techniciens31(*) ou de spécialistes ; une offre de formation professionnelle très insuffisante32(*) et une absence de politique de formation professionnelle adaptée au monde rural ; des disciplines de qualité de production encore très peu répandue.

* 29 ROCHER, G. (1968), op. cit. p. 187. Il utilise plutôt le concept du « démarrage » qu'il définit comme suit « la période critique, le point décisif qui va marquer la différence entre la société traditionnelle et la société développée. Le démarrage suppose que les forces favorables à l'expansion économique, mis en place dans la phase précédente, ne restent pas une enclave à l'intérieur d'une société traditionnelle, mais s'étendent et gagnent toute la société, en deviennent les agents dominants et dirigent son évolution. Cela suppose que les résistances au changement, qu'oppose la société traditionnelle, principalement dans sa mentalité, ses attitudes et ses structures sociales, aient été brisées ou du moins largement éliminées ».

* 30 Selon l'organisation non gouvernementale Transparency International l'indice de perception de la corruption à Madagascar pour l'année 2008 est de 3,4 qui positionne la grande île au rang de 85ème sur 180 pays. Ainsi le niveau de la corruption à Madagascar est encore élevé. « Dans les pays pauvres, les ravages de la corruption compromettent la lutte contre la pauvreté et menacent la réalisations des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). (...), l'extension incontrôlée de la corruption pourrait renchérir de 50 milliards de dollars le montant des investissements nécessaires pour atteindre les OMD dans le domaine de l'eau et de l'hygiène... »

* 31 Madagascar ne compte plus que 14 géomètres assermentés, tous implantés dans la Province d'Antananarivo. Deux sont des ingénieurs diplômés, les autres sont des techniciens retraités de services topographiques. Sans parler des magistrats, la carence en personnel qualifié concerne aussi les prestataires de services de type « médiateurs fonciers » qui interviennent sur le terrain pour informer les producteurs. En tout il y a 230 techniciens dans tous Madagascar soit 2 cadres supérieurs pour un cadre moyen.

* 32Les techniciens topographes ne se renouvellent plus après la fermeture de la filière « topographique » du lycée technique et du Génie Civil d'Antananarivo. En 2008, une formation en DESS spécialisé en aménagement foncier et systèmes cadastraux a été ouverte à l'Université d'Antananarivo. En ce moment, le MCA forme les maires et agents communaux au poste de guichet foncier par le biais du cabinet d'étude BEST (Bureau d' Etude et Suivi Technique).

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius