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Gestion foncière et développement rural Cas de la commune rurale Ambinaniroa Andonaka

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par Narindra Ny Tiavina Troïanie JEAN PAUL
Université d'Antanarivo - Maîtrise en sociologie 2008
  

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Chapitre II : DYSFONCTIONNEMENT DE L'ADMINISTRATION FONCIERE COMME ENTRAVE AU DEVELOPPEMENT

Dans ce chapitre, nous allons voir principalement le développement rural sur tous ses aspects qui permettront de faire avancer la commune en question. Nous allons dès lors parler de l'impact de la sécurité/l'insécurité foncière sur la productivité agricole, des rapports entre productivité et irrigation des terres et de la mode de participation à la gestion des infrastructures d'irrigation.

I- Impact de la sécurité foncière sur la productivité agricole

A Madagascar, où la pauvreté frappe surtout le milieu rural, la protection de la propriété foncière est cruciale pour le bien être des plus pauvres, dans la mesure où elle conditionne, l'amélioration de la productivité agricole à travers plusieurs démarches, d'abord comme motif d'incitation à la valorisation de la terre mais aussi comme clé d'accès au crédit et, enfin, comme moyen de stimuler la mobilité des facteurs.

Pour la grande majorité des agriculteurs malgaches, le fait de ne pas détenir des titres fonciers est une barrière insurmontable à l'accès au crédit. La protection du droit de propriété est une condition préalable à l'accès au crédit bancaire, dans la mesure où les biens immobiliers sont les principales formes de garanties exigées par les institutions financières.

D'une autre manière, sans titre foncier, les terrains n'ont pas de valeurs marchandes, par conséquent, l'insuffisance de l'immatriculation foncière empêche le développement du marché de la terre. La non fluidité du marché de la terre, avec comme corollaire le verrouillage des modes d'acquisition réduit en particulier les possibilités de transfert vers des utilisateurs plus efficaces.

La sécurité foncière ne stimule la productivité que si la protection du droit de propriété est intégrale, en d'autres termes matérialisée par des titres fonciers irrévocable et garanti par des structures juridiques adéquates. La sous administration foncière est le principal obstacle à la promotion de la sécurité foncière. La vulgarisation de titres de propriété, se heurte en particulier à l'insuffisance des services fonciers. Actuellement, la seule alternative à l'insécurité foncière due à l'absence de titre foncier reste la décentralisation de la gestion foncière et la restructuration des services fonciers.

Lors de notre enquête, 83% des personnes qui ne possèdent pas de titre foncier sont inquiètes sur leur sort et n'exploitent pas suffisamment son terrain de peur de ne pas avoir la récolte à leur profit. De plus, elles vivent en permanence dans la crainte en attendant toujours un problème provenant des litiges fonciers. Ces derniers ne se règlent pas au niveau communal mais finit devant un tribunal qui engendre des dépenses exorbitantes pour les 2 parties.

II- Productivité et irrigation des terres

La situation des petits exploitants agricoles est aggravée par la faiblesse de leur productivité ; non seulement, ils disposent de surfaces plus réduites, ils ont aussi une productivité plus faible. La faiblesse de leur productivité vient d'abord de ce qu'ils ne disposent pas suffisamment de terres irriguées.

Comme les Malgaches cultivent essentiellement du riz sur des grandes surfaces, le fait de disposer des terres irriguées est un facteur essentiel dans leur situation, dans la mesure où les rizières irriguées assurent une productivité plus élevée. Une estimation effectuée par les chercheurs de CORNELL UNIVERSITY montre que la culture de riz sur des terres irriguées est effectivement l'un des principaux déterminants du niveau de consommation à Madagascar. Plus précisément, 1 HA supplémentaire de rizière irriguée, par rapport à la surface moyenne exploitée, correspond à 40 000 AR de dépenses de consommation supplémentaire pour l'exploitant agricole, c'est-à-dire 120% de consommation en plus par rapport au niveau de consommation minimum.

La production moyenne de paddy est environ 1 tonne à l'HA sur des terres non irriguées alors qu'elle est de 3 tonnes à l'HA sur des terres irriguées. Ce niveau de productivité plus élevé sur des terres irriguées, se traduit par le fait que, mes agriculteurs propriétaires de terres irriguées ont un niveau de consommation 1,5 fois plus élevé que ceux qui possèdent des terres non irriguées.

La situation des pauvres et la structure de la pauvreté en milieu rural s'expliqueraient, donc entre autre, par l'insuffisance et la mauvaise distribution des rizières irriguées. Chaque agriculteur ne dispose, en moyenne que 60 ares de rizières irriguées mais, les plus pauvres sont les moins lotis.

Dans la Commune Rurale Ambinaniroa Andonaka, la population se plaint de l'insuffisance d'infrastructure d'irrigation malgré la présence de deux grandes rivières qui pourraient irriguées suffisamment toutes les rizières de la commune. En effet, il n'existe que 6 barrages pour les 10 fokontany présents dans la commune. De ce fait, l'eau est devenue un élément rare et source de conflit entre la population car les terres des autres sont irriguées et pour d'autres non. La productivité dans la commune dépend essentiellement de la pluie et avec le réchauffement de la terre et les feux de brousses incessantes la pluie est devenue elle aussi rare. L'absence d'infrastructure d'irrigation devient donc un très grand inconvénient pour la productivité et limite la périodicité de production, au lieu de faire 2 récoltes par an la population se contente d'une seule. A part la non vulgarisation des techniques agricoles modernes, l'insuffisance d'infrastructure d'irrigation est un des plus grand facteur qui freine la productivité. Certes, toute la population estime qu'elle pourrait produire 2 fois plus et devenir le concurrent potentiel de la région Alaotra Mangoro, le grenier du riz à Madagascar si elle possédait une infrastructure d'irrigation adéquate et opérationnelle. Des demandes d'implantation de ces infrastructures ont été déposées par la commune auprès des autorités compétentes mais en vain jusqu'à présent. Sauf pour l'ONN sollicité par la coopérative des paysans de la fokontany de Bokony qui a fait le déplacement pour aider la population en envisageant d'implanter un barrage qui pourrait irriguer toutes les rizières situées dans ce fokontany. Heureusement pour remédier à ce problème d'irrigation, une association a formé des paysans dans cette commune des techniques de culture moderne qui ne nécessitent pas l'utilisation d'une grande quantité d'eau, les cultures concernées sont le riz, le manioc et la pomme de terre. Cette nouvelle technique ne vient d'être appliquée que pour cette saison, son efficacité n'est pas encore prouvée mais les paysans restent très optimistes.

III- Mode de participation à la gestion d'infrastructure d'irrigation

1- La participation outil de base du développement

Le développement suppose la création des conditions qui améliorent et renforcent les aptitudes des individus et l'épanouissement de leur personnalité, par l'élargissement des choix offerts à toutes les personnes qui constituent la société.

La participation peut être définie comme la contribution d'un individu ou d'un groupe d'individus à la définition d'un objectif et à la mise en oeuvre des moyens permettant de l'atteindre. Elle est le reflet du rôle que les différents acteurs devraient jouer dans tous les domaines de la vie en tant qu'individus et / ou en tant que groupes.

La participation est à placer, pour ce qui est de ses résultats, sur un itinéraire de responsabilisation et d'interdépendance ; c'est donc un processus qui est constitué par plusieurs paliers. Les deux premiers paliers (amélioration de l'efficience et partage des coûts avec la population desservie) font référence à une certaine forme de participation, conçue comme une mobilisation de la main - d'oeuvre locale. Mais participer c'est prendre part aux efforts, mais aussi aux décisions et aux fruits procurés par ces efforts. Ce qui implique un processus d'écoute et d'accompagnement de formation et d'information. Ces conditions permettent d'atteindre progressivement trois autres paliers : l'amélioration de l'efficacité (obtenir des résultats les mieux adaptés aux objectifs visés), puis la construction des capacités des bénéficiaires sur les plans technique, managérial et stratégique et finalement la capacité à s'auto - organiser, à prendre des décisions concertées, à donner une marge de manoeuvre et renforcer son pouvoir de négociation face aux autres organisations, à l'administration et au marché.

En milieu rural, la participation se traduit par le fokonolona qui détient un certain pouvoir en tant que collectivité de base et les groupements ou groupes d'intérêt qui sont des organisations démocratiques ; ces dernières représentent les intérêts de leurs membres et sont responsables devant eux. Ces groupes constituent de plus en plus, des forces de proposition vis - à - vis de l'administration et des autorités de l'Etat, en matière de prise de décisions, de gestion de contrôle et de suivi de leurs activités et la vie des populations en général.

2- La participation à la gestion d'infrastructure d'irrigation

Comme les petits agriculteurs cultivent en priorité le riz à des fins de consommation, pour assurer leur subsistance, l'irrigation des terres est un facteur essentiel de leur bien être. En effet, la technique la plus couramment utilisée par les paysans malgaches consiste à repiquer et immerger les plants de paddy dans des carrés de rizières ; mais cette technique nécessite une bonne maîtrise de l'eau d'où l'importance de la gestion des systèmes d'irrigation. La technique basée sur l'immersion des plants de paddy et le repiquage est souvent mise en cause, car jugée trop coûteuse ; coûteuse en temps, car le repiquage est souvent fait à la main, du fait que les paysans n'ont pas d'outils de repiquage mécanique, mais aussi coûteuse en eau car la maîtrise de l'eau, indispensable à l'immersion nécessite des infrastructures d'irrigation parfois très lourde. L'attachement des paysans malgaches à cette technique peut cependant s'expliquer par la taille de leur exploitation.

La longévité des infrastructures d'irrigation est donc un intérêt capital pour les petits exploitants agricoles. Dans ce cas précis, il faut un partenariat entre l'Etat et les communautés d'usagers pour une meilleure gestion des barrages et canaux d'irrigation ; cela suppose aussi bien la capacité des groupements d'usagers de manière à inclure les paysans dans la conception, la construction et la maintenance des ouvrages d'irrigation. Il s'agit de donner plus de pouvoir dans la gestion des périmètres irrigués.

L'idéal du partenariat serait donc de permettre aux groupements de paysans de gérer eux-mêmes les structures d'irrigation, auquel cas le rôle de l'Etat serait de coordonner, orienter et règlementer les actions des groupes d'usagers.

La pérennité des ouvrages d'irrigation repose sur l'entente entre les usagers. L'explication tient au comportement opportuniste de ces derniers et à l'existence d'une asymétrie dans la distribution de l'eau. Les exploitants en amont, c'est-à-dire plus près des canaux principaux, sont souvent plus avantagés ; l'opportunisme de ces derniers peut empêcher les avalains de bénéficier des installations, ce qui découragerait ces derniers à participer aux travaux d'entretien et de maintenance. La gestion des infrastructures d'irrigation, par l'Etat tout seul, ne peut donc qu'exacerber la tension entre les usagers. En d'autres termes, l'entente dépend du degré d'implication des usagers dans la gestion, plus l'entente se consolide et plus la gestion des périmètres irrigués est efficace.

L'autonomisation de la gestion des infrastructures d'irrigation contribue à faire reculer la pauvreté à plusieurs titres. La prise de responsabilité à plusieurs niveaux dans la gestion communautaire des périmètres irrigués offre aux paysans l'opportunité d'intensifier leur participation, donc de renforcer chez eux le sentiment de prendre leur destinée en main et la conscience de contribuer au développement. La recherche quasi - permanente de l'entente, qui est indispensable dans la pérennisation des systèmes d'irrigation, renforce la capacité des communautés paysanne à se prendre en charge, d'être solidaire et de mener une action collective.

Dans le cas d'Ambinaniroa Andonaka, l'autorité locale ne sensibilise pas assez la population pour participer à la construction et à la pérennisation des infrastructures d'irrigation. La population a appris à vivre avec cette insuffisance d'eau et même si la construction d'un barrage facilite leur travail sans la sensibilisation et l'aide de l'autorité locale ceci demeure un rêve inachevé. Par ailleurs, dans quelques fokontany de la commune, des coopératives paysannes se sont créées et les paysans s'entraident et participent à la réalisation de leurs futurs barrages et canaux d'irrigation qui leurs sont rentables. La coopération et la responsabilité les permettront sans doute de devancer les autres fokontany en termes de productivité. Mais il ne suffit pas tout simplement de l'entretenir. La question qui se pose sera donc dans quelle mesure les paysans seront - ils aptes à assurer la pérennisation de ces infrastructures afin de pouvoir les utiliser à long terme.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery