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Gestion foncière et développement rural Cas de la commune rurale Ambinaniroa Andonaka

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par Narindra Ny Tiavina Troïanie JEAN PAUL
Université d'Antanarivo - Maîtrise en sociologie 2008
  

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Chapitre II : CADRE DE LA RECHERCHE

Jadis, la terre était aux yeux des Malgaches un bien collectif. Sous le règne d'Andrianampoinimerina, la terre était devenue le domaine éminent du souverain, mais le principe de l'usage collectif avait été conservée, car le Roi redistribuait les terres à des collectivités les « Fokonolona 3(*)» et non à des individus.

En 1855, un français établi à Maurice, Lambert avait rendu un grand service au prince Rakoto de remettre de la part de ce dernier à l'empereur Napoléon III une lettre dont le contenu était de détrôner la veille reine Ranavalona I et de porter le prince Rakoto au pouvoir. En récompense, Lambert reçut des privilèges sous la forme d'une charte : il était autorisé à prendre et mettre en valeur des terres et les forêts inexploitées de Madagascar, à creuser des mines, à construire des canaux et des ports, contre le paiement d'une redevance de 10% sur le produit de toutes les entreprises. Mais beaucoup d'autochtones manifestèrent leur objection.

Le régime colonial a maintenu le principe du « domaine éminent » pour faciliter l'appropriation des terres, lesquelles ont été redistribuées en priorité aux colons ; par contre l'administration coloniale a remplacé le principe de droit communautaire par celui de la propriété privée et de domanialité pour assurer la mainmise des colons sur les terres.

Lors de l'accession à l'indépendance, le droit de propriété individuel a été conservé, mais la collectivité des ressources foncières est restée très vite dans les esprits des malgaches ; le droit foncier souligne la « reconnaissance des règles coutumières » dans l'appropriation des terres. Les principaux textes datant des années 60, ont surtout mis l'accent sur l'utilisation rationnelle, en soulignant la mise en valeur des parcelles comme condition impérative de son appropriation. Cette notion « d'appropriation privative » a été renforcée au début des années 80, par des dispositions qui visaient à attribuer  «la terre a ceux qui la travaillent », dans l'optique d'éliminer le métayage et le fermage.

Dans les années 70 et 80, l'Etat avait tenté d'imposer l'installation de paysans sans terre sur des surfaces non cultivées. Des campagnes de migration ont été organisées pour installer des agriculteurs sur les vastes superficies non mises en valeur. Mais, cette stratégie s'est soldée par un échec, les migrants ayant rencontré une résistance farouche de la part des communautés locales. Très vite, la situation globale était revenue à celles où les personnes occupaient les terres étaient ceux qui avaient le consentement des pouvoirs traditionnels, selon les principes du droit coutumier.

De nos jours, une réforme foncière est en train de se dérouler afin d'éliminer d'abord les dysfonctionnements qui perdurent dans l'administration, puis de garantir la sécurité des personnes et des biens et enfin d'assurer l'égalité de tous les citoyens à l'accès aux services publics, le tout converge vers une accélération « relative » du processus développement surtout en milieu rural.

I- Cadre historique et géographique

1- Cadre historique

Auparavant, ce sont les Bara Zafimanely qui se sont installés sur le coté ouest du territoire du clan des Bara plus précisément à Ihosy, Sakaraha, Betroka, Benenitra, Ankazoabo et Beroroha. Un dès descendants des Bara Zafimanely dénommé Benarivo est le premier qui s'est établi sur « Ambinaniroa Andonaka ». Il a eu pour fils Ratsiately et celui-ci était le père de Volay et de Mahandry3(*). Malheureusement, ses enfants moururent avant lui. A cette époque Ambinaniroa Andonaka s'appelait Mahabemaso à cause des terres à perte de vue sans forêt ni colline. A l'arrivée des colons en 1895, ils ont changé le nom en Ambinaniroa. En effet, les colons ont demandé aux autochtones comment ils vont appeler leur terroir à cause du recensement de la population a effectué. Cette dernière avait choisi Ambinaniroa vu les 2 rivières Sahambano et Zoamandoa qui entourent le village.Plus tard, un français qui s'appelait Abel Louis était venu à Ambinaniroa et demanda des terres à Ratsiately. C'est Abel Louis qui a emmené des migrants d'autres tribus pour travailler sur la terre qu'il avait eu. C'est pour cette raison que nous pouvons observer la présence de différentes tribus qui se côtoient et vivent ensemble dans ce village. Au départ, Abel Louis opta pour la culture de tabac sur cette terre et c'est grâce à lui qu'elle a pu être valorisée.

Andonaka était le village des rois Zafimanely car on appelait lonaka du dialecte bara les rois. C'est ainsi que le village a pu s'appeler également Andonaka dû aux andriana4(*) et hova5(*) qui y habitaient.

Ce sont les Français qui ont cadastré les terres en 1936 mais lors de leur départ, les terres revenaient aux descendants des tribus. Les Français ont eu également des descendants puisqu'ils y en avaient qui se mariaient avec des autochtones et Ratsiately avait donné à ces descendants des Français des terres pour qu'ils puissent y habiter et y vivre éternellement.

2- Cadre géographique

La Commune Rurale Ambinaniroa Andonaka s'étale sur une superficie de 546 km2 subdivisés en 10 fokontany6(*) à savoir : Ambaho, Ambinaniroa, Anadabo, Bokony, Mandazaka, Manara, Ranotsara, Soamahatamana, Soareha et Tanambazaha. Elle fait partie du district d'Ambalavao et de la Région Haute Matsiatra.

Cette commune est délimitée :

· au sud ouest par la Commune Rurale de Ferahantsoa, District Ihosy, Région Ihorombe ;

· au nord ouest par la Commune Rurale de Fenoarivo, District Ambalavao, Région Haute Matsiatra ;

· au sud par la Commune Rurale de Zazafotsy, District Ihosy, Région Ihorombe ;

· au sud est par la Commune Rurale d'Ankaramena, District Ambalavao, Région Haute Matsiatra ;

· au nord est par la Commune Rurale d'Iarintsena, District Ambalavao, Région Haute Matsiatra .

Elle se situe à 108 km de Fianarantsoa par la RN 7, plus 9 km par une route d'intérêt communal passable. En somme, elle se trouve à 63 km d'Ambalavao et à 117 km de Fianarantsoa.

Du regard des naturalistes, Ambinaniroa Andonaka possède tous les éléments important du cadre de vie rural à savoir : relief, sol qui constituent les supports de l'agriculture, du climat et de la végétation. A cet effet, 90% des terres sont cultivable, malheureusement seulement 30 à 35 % des terres sont cultivées.

Il y a un climat tropical d'altitude nuancé par l'importance d'une saison sèche peu sévère. La pluviométrie donne un total annuel de 1476 mm dans cette région. L'irrégularité des pluies dans cette région se figure comme suit :

· période pluvieuse de début octobre à fin mars,

· période pré pluvieuse du 03 septembre à fin septembre,

· période sèche du mois de mai au 03 septembre,

· le coeur de la période d'humidité minimale se situe en juin et en septembre.

II- Données démographiques

1- Effectif de la population

L'effectif de la population de la commune rurale d'Ambinaniroa Andonaka est de 22 374 habitants.

Il existe 01 CSB II et 02 CSB I, 01 école secondaire de base publique et 02 écoles secondaires de base privée ainsi que 02 écoles primaires publiques et 04 écoles primaires privées.

Tableau 1 : Répartition de la population par tranche d'âge et par Fokontany

AGE

0 - 5 ANS

6 - 10 ANS

11 - 17 ANS

18 - 60 ANS

60 ANS ET PLUS

 

Masculin

Féminin

Masculin

Féminin

Masculin

Féminin

Masculin

Féminin

Masculin

Féminin

Ambaho

85

105

182

236

397

285

563

671

13

15

Ambinaniroa

183

202

192

220

869

729

1003

1210

39

18

Anadabo

39

37

175

160

416

363

256

286

18

13

Bokony

33

52

158

366

559

680

703

792

31

18

Mandazaka

118

131

185

171

404

346

851

914

24

28

Manara

175

197

214

250

423

475

390

777

34

29

Ranotsara

73

97

107

70

170

228

310

342

18

28

Soamahatamana

38

29

72

85

142

115

183

171

16

18

Soareha

37

18

64

84

84

77

99

131

31

27

Tanambazaha

31

28

91

130

118

208

91

90

25

12

TOTAL

748

906

1440

1778

3600

3506

4454

5384

250

214

TOTAL GENERAL : 22 374

Source : Commune Rurale Ambinaniroa Andonaka 2007

Par le biais de ce tableau, nous pouvons constater que les femmes sont plus nombreuses que les hommes et représentent 52,66% de la population.

La majorité de la population se trouve entre la tranche d'âge de 18 à 60 ans qui font partie de la population active.

2- Densité de la population

La densité de la population de cette commune est évaluée à 41 habitants par km2 en 2007.

Le doyen du village à 85 ans.

III- Traits sociologiques et anthropologiques

1- Culture

1.1 Les groupes ethniques7(*) en présence

Dans la Commune Rurale Ambinaniroa Andonaka, il existe plusieurs groupes ethniques8(*) qui vivent ensemble donc il y a une rencontre de peuple d'origine différente et de cultures différentes.

i. Les Bara Zafimanely

Ils occupent la plus vaste territoire de cette commune d'ailleurs, ils sont les premiers à s'y installer. Originaire de la cote sud est, ils se seraient dirigés vers l'ouest, à la recherche de nouveaux pâturages pour leurs boeufs, refoulant vers le nord en soumettant les habitants des villages qu'ils s'emparaient.

Avant l'occupation française, c'était une population pastorale et guerrière. Ils peuvent être comparés à des enfants turbulents et batailleurs. Les hommes ne pensaient qu'à la bataille et au vol ; le rapt des troupeaux de boeufs étant considéré comme la preuve la plus manifeste de leur virilité. Les femmes vivaient dans une condition très inférieure, accablées de besogne au point que leur existence était un véritable esclavage.

Mais depuis l'arrivée des Français et des autres migrants, les bara étaient devenus une population agro pastorale. Les hommes et les femmes s'entraident dans les divers tâches en les répartissant : les tâches ménagères incombent aux femmes avec l'éducations des enfants et les hommes s'occupent principalement du travail à la terre et à la surveillance des troupeaux afin de subvenir aux besoins de la famille.

ii. Les Antaisaka

Originaire du sud est de Madagascar, ce sont des populations laborieuses et économes mais ne se fixent guère en dehors de leur pays d'origine car ils veulent dormir leur dernier sommeil auprès de leurs ancêtres dans leurs village d'origine. C'est également une population docile qui se distingue par son degré supérieur de moralité. Ils sont des travailleurs infatigables et sont arrivés dans cette commune pour le travail.

iii. Les Antandroy

Population issue de l'extrême sud de l'île, ils sont comme des nomades, belliqueux et pillards. Les hommes vivent dans un état de paresse et se vouent souvent aux vols et aux crimes. Ce sont les femmes qui subviennent aux besoins de la famille à leur place. Souvent leurs villages sont entourés par les cultures de leurs plantes traditionnelles qui les servent de nourriture à savoir le « raketa »,variantes des cactus.

iv. Les Betsileo

Ils viennent principalement de la ville de Fianarantsoa et de ses environs. Le Betsileo est un paysan né : 97,5% des habitants vivent de l'agriculture, on pourrait dire de la monoculture du riz. Ce sont eux qui ont introduit la culture du riz dans la commune rurale Ambinaniroa Andonaka. Souvent les Betsileo sont considérés comme les peuples laborieux, les plus attachés aux instructions à Madagascar. Par contre, c'est une population qui parle beaucoup et qui utilise ses temps libre pour les commérages.

v. Les Merina

Ils sont issus de la province d'Antananarivo. C'est la population la plus avancée en termes de développement à Madagascar. Ils sont également très calculateurs9(*). Dans cette commune, ils vivent principalement du commerce pour approvisionner la commune.

1.2 Les traditions

Les traditions et les croyances laissées par les ancêtres sont toujours présentes dans la vie de la population de cette commune. A titre d'exemple les tabous sont encore très respectés comme l'interdiction d'élever des chèvres et de cultiver des pois chiches. Il en est de même pour l'utilisation des fusils vu que c'est un « ody basy10(*) » et puis cette culture peut empêcher la pluie de tomber alors que les paysans ont besoin de la pluie pour leur culture. Quant aux chèvres, ils sont « fady11(*) » des ancêtres des Bara Zafimanely. Celui qui s'aventure a élevé des chèvres meurt systématiquement.

Si on vient à enfreindre ces tabous, pour enlever la malédiction, il faut prendre de l'eau de la rivière à l'aurore, les femmes poussent des cris et demandent aux « razana12(*) » car la pluie n'est pas tombée. Ensuite, il faut arroser le « Hazomanga13(*) » par les eaux puisées à la rivière, les récoltes sont offertes comme offrandes aux « lonaka » et envoyés à « l'hazon - drazana ». Et la pluie tombera au plus tard à la fin de la journée.

En ce qui concerne les croyances, jadis grâce aux « razambe » des Zafimanely, les dahalo (voleurs de zébus) n'osaient pas attaquer le village car celui qui parvient à franchir le village meurt par la suite. Les Zafimanely croient également au fait que toutes les personnes qui ont un don, qui les a rendu célèbre une fois arrivés sur leur village doivent faire une offrande et demander la bénédiction à leur « lonaka », sinon ils perdront leur célébrité ou plus précisément leur notoriété.

A propos des rites funéraires, les bara n'enveloppent pas leurs morts dans les lamba14(*) et ne les déposaient pas dans des tombeaux, mais ils les étendent sur des roches et les recouvrent ensuite des pierres.

1.3 Les religions

Dans la majorité, la population est pour le syncrétisme. Elle prie à l'église comme tout le monde et consulte des ombiasy15(*) quand elle a un problème. Le culte des razana est également fréquent dans cette commune étant donné qu'à chaque rite, elle invoque toujours les razana pour avoir leur bénédiction.

La plupart de la population est catholique à cause de la présence d'une congrégation de soeurs religieuses dans la commune. A part cela, nous pouvons aussi apercevoir l'existence d'église protestante et des sectes à savoir Témoin de Jehovah et Jesosy Mamonjy dans la commune.

En somme, le christianisme a enregistré un grand progrès dans cette commune mais le problème est que la population a toujours tendance à se référer à son ancienne religion.

1.4 Les valeurs communes partagées par la population

Il existe dans cette commune un substrat culturel commun pour toutes les ethnies qui y cohabitent.

Cette population partage un fonds commun, à savoir :

· le fihavanana (havana = parents, lien de parenté, relation de bon voisinage) : elle englobe la personnalité de base de tous les malgaches, la relation de l'individu avec les autres membres de la société et elle renvoie aussi à un système d'obligation (d'où les fameux adidy) auxquels l'individu ne peut se soustraire.

· Le culte des ancêtres (razana), considérés comme sources de vie et de bénédiction, garants de la transmission et de la continuité de la vie, ils sont censés assurer la protection des vivants.

· La reconnaissance de l'existence de Dieu (Zanahary ou Andriamanitra) maître de la vie et du destin.

· La croyance au destin (vintana) qui influe sur la vie de chaque individu.

· La croyance au tsiny et au tody, c'est-à-dire un système de sanction naturel et surnaturel qui servent de balise aux activités de l'homme.

· La croyance au fady, considérés comme des éléments régulateurs de la vie sociale.

1.5 La modernité16(*)

La mondialisation et l'arrivée des technologies n'épargnent pas la commune. En effet, la majorité de la population n'a pas encore l'électricité chez eux mais elles sont quand même des utilisatrices de téléphone mobile. Un des réseaux de télécommunication d'une grande entreprise opératrice de téléphonie mobile représentée par ZAIN MADAGASCAR passe sur la commune qui permet à la population d'y accéder. Aujourd'hui donc dans cette commune même les gardiens de troupeaux possèdent un cellulaire. Toutefois, son utilisation reste limitée à cause de l'analphabétisme. L'utilisateur se contente tout simplement d'effectuer des appels et ne peut pas utiliser les autres fonctionnalités comme l'envoi de message par texte.

2 La hiérarchie

2.1 La parenté et la hiérarchie familiale

La hiérarchie instituée au niveau de la parenté et de la famille est le point de départ et la base de l'organisation sociale dans la société malgache traditionnelle.

Dans cette commune, les personnes âgées (zokiolona) occupent encore une place importante dans le lignage et l'administration car on fait toujours appel à eux avant de prendre une décision et c'est par leur intermédiaire qu'on diffuse les informations.

Au niveau de la famille restreinte, l'autorité est dévolue au père de famille. Il faut mentionner aussi l'aîné parce qu'il est considéré comme le pilier de la famille.

2.2 Hiérarchie politique et hiérarchie sociale

Les personnes qui possèdent le pouvoir dans cette commune sont :

· L'Etat représenté par la Mairie, les autorités locales et la gendarmerie

Nationale, cette dernière représente l'ordre. Ceux sont eux qui prennent des décisions au profit de la communauté. Ils représentent la population à l'extérieur de la commune.

· Le Fokonolona dont l'ordonnance N°62 - 004 en date du 24 juillet

1962 fixe les attributions, les responsabilités et les pouvoirs, comporte une ou plusieurs communautés de personnes vivant dans une portion de territoire national appelé Fokontany, il est doté d'une personnalité morale ; délibérant en assemblée générale, il constitue « une collectivité territoriale décentralisée ». Il élabore à la majorité de ses membres (et non à l'unanimité) des dina, ou convention collectives pour les travaux à entreprendre ainsi que leurs modalités.

A titre d'exemple dans la commune rurale Ambinaniroa Andonaka, quand il y a un vol dans la commune, la victime fait d'abord un « koko » (alerte) et appelle le fokonolona pour constater les dégâts avant d'en faire part et porter plainte auprès des autorités locales compétentes.

IV- Démarche méthodologique

1- Technique d'enquête

Pour obtenir des réponses, rien n'est plus naturel que de poser des questions. L'enquête par questionnaire est, à ce titre, un moyen pratique pour collecter rapidement des informations et un outil efficace d'aide à la décision.

Le questionnaire est composé de :

· question ouverte ;

· question fermée.

Le questionnaire a été utilisé de manière à comprendre la gestion foncière et le développement rural dans la commune d'Ambinaniroa Andonaka.

2- Outils méthodologiques

L'outil principal utilisé lors de la recherche est, comme nous avons mentionné dans la section précédente, le questionnaire qui comporte une liste ordonnée de variables, indicateurs des dimensions des différents concepts dont la recherche vise à expliciter la signification et les interrelations entre gestion foncière et développement rural.

Cet outil implique des objectifs clairs, une méthode et une organisation, une planification précise et bien sûre des investissements en temps.

Par ailleurs, pour obtenir plus de précision et de clarté dans la recherche, nous avons également eu recours à un autre outil méthodologique qui est l'entretien libre. Nous avons effectué ces entretiens libres avec M. ANDRIAHERIMARINAINA, Inspecteur des Domaines de la région HAUTE MATSIATRA pour en savoir davantage sur l'état actuel du service foncier dans cette région et l'état d'avancement de décentralisation des services fonciers. Tous les problèmes fonciers ont été abordés avec lui et son impact sur le développement. Ensuite, nous nous sommes entretenues avec Mme Hortensia RAHASARIVELO, Adjoint au Chef District d'Ambalavao chargé de l'administration générale et territoriale pour connaître les procédures administratives relatives à l'acquisition de titre foncier et à l'identification des litiges fonciers fréquents. Enfin, nous avons réalisé des entretiens avec M. Félix IHOASA Chef Fokontany de Ranotsara, M. Claude RATSIMANOATRA Chef Fokontany Ambinaniroa et premier Adjoint au Maire et pour terminer avec M. Louis RAZAFIMAHATRATRA Chef Fokontany de Bokony dans le but de savoir comment les autorités locales procèdent - ils à la gestion foncière et au développement rural de leur Fokontany respectif.

3- Autres repères méthodologiques

Les observations tantôt participantes tantôt armées, ont eu lieu du 06 août au 27 aout 2008. Les protocoles ont été souvent hétéro - administrés à cause des problèmes d'illétrisme et d'analphabétisation. L'analyse est à la fois quantitative et qualitative. La démarche, quant à elle, est hypothético - déductive. Il s'agit en fait d'une recherche aussi bien appliquée et évaluative que descriptive et prospective.

4- Construction des variables de la population cible

Terrain d'enquête : Commune Rurale Ambinaniroa Andonaka en raison de sa potentialité agricole et de la grande superficie des terres cultivables.

Echantillon : elle est de taille restreinte à savoir 125 personnes en raison évidentes de rapidité et de cohérence dont 75 du sexe masculin et 50 du sexe féminin.

Nous avons utilisé les 2 techniques d'échantillonnages, c'est-à-dire :

· au hasard que la personne soit du sexe masculin ou du sexe féminin ;

· par quotas car nous avons prélevé 13 personnes à enquêter dans les 9 Fokontany et 8 personnes dans la dernière Fokontany qui se trouve à des distances plus éloignées.

Les variables retenues par la constitution de l'échantillon qui est constitué de 125 personnes sont : les variables quantitatives, ordinales et qualitatives.

4.1 Les variables quantitatives

Qui sont d'une part l'âge dont 3 classes d'âges ont été considérées. La classe d'âge de moins de 18 ans dénommée « jeunes » qui sont des acteurs dans les sphères économiques et social de la commune ; la classe d'âge de 18 à 60 ans ou «  adultes actifs », qui regroupent les adultes pleinement engagés dans les différentes activités ; la classe d'âge de plus de 60 ans ou « aînés », qui regroupent les détenteurs effectifs du pouvoir, dépositaires de l'expérience et de la sagesse ou leaders d'opinions.

D'autre part, il y a la taille d'exploitation qui est un signe extérieur de richesse.

Tableau 2 : Répartition de la population selon leur âge

AGE

NOMBRE

Moins de 18 ans

10

18 à 60 ans

85

60 ans et plus

30

TOTAL

125

Source : enquête personnelle 2008

Figure 1 : la répartition de la population selon leur âge

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Source : enquête personnelle 2008

Selon le graphe ci-dessus, 68% de la population enquêtée sont des « adultes actifs », qui regroupent les adultes pleinement engagés dans les différentes activités.

Tableau 3 : Répartition de la population selon leur taille d'exploitation

SUPERFICIE

NOMBRE

Moins de 0,25 HA

15

0 ,25 HA à 0,49 HA

20

0,5 HA à 0,99 HA

25

1 HA et plus

65

Source : enquête personnelle 2008

4.2 Les variables ordinales

Elles permettent de positionner l'enquêté sur une échelle donnée. Ce sont :

· le sexe : la population enquêtée est soit masculin ou féminin ;

· lieu de résidence : les enquêtés sont répartis par ordre décroissant dans les Fokontany suivants : Ambaho, Ambinaniroa, Anadabo, Bokony, Mandazaka, Manara, Ranotsara, Soamahatamana, Soareha, Tanambazaha.

4.3 Les variables qualitatives

Elles attribuent un intitulé à chaque élément. Ce sont le mode d'acquisition des terres, possession de titre ou certificat foncier et les infrastructures d'irrigation.

V- Repères théoriques

Notre travail de recherche repose sur quelques repères théoriques : la sociologie foncière, la sociologie du développement et la sociologie rurale.

1- Sociologie du foncier

En dehors du caractère sacré de la terre des ancêtres17(*), nous partageons l'avis de PELISSIER, P. (1955 : 12 - 20)18(*) lorsqu'il évoque les passages des principes aux pratiques dans la transition foncière en Afrique en ces temps :

« Le statut des terres cultivées est fondé dans l'ensemble de l'Afrique noire sur des principes communs...

Principe commun le plus universellement reconnu : c'est le défrichement qui fonde le contrôle foncier, c'est l'exploitation du sol, sa mise en valeur, qui justifie la pérennité de la terre.

Second principe : tout membre de la communauté (clanique, villageoise, lignagère, etc.) a accès à l'utilisation du sol en fonction de sa capacité de travail et de ses besoins, de sorte que le concept de « paysan sans terre » est totalement étranger à la culture africaine.

Le troisième principe fondateur...est que les vivants ne sont que des usufruitiers d'un bien qui ne leurs appartient pas et qui, par conséquent, est inaliénable... »

En conséquence, il existe un fonctionnement très complexe de l'usage du foncier en milieu rural. Ce même auteur postule que :

« la même terre est couramment soumise à plusieurs types de droits, par exemple ceux du « maître de la terre », gestionnaire et administrateur du fonds, descendant des premiers « maîtres du feu » ; ceux du « maître de la hâche », c'est-à-dire l'exploitant, le détenteur d'un droit d'usufruit imprescriptible (et à ce titre, se comportant en « propriétaire ».) ... le droit de culture sous forme de prêt temporaire qui annonce lui-même deux formes d'affectation du sol : la location et la mise en gage... De même le statut d'un champ peut varier en fonction de celui de son exploitant selon que celui - ci est chef de lignage ou chef de famille ou bien qu'il s'agit d'une femme ou d'un célibataire... » (Idem)

En réalité, nous avons la configuration suivante : il y a les droits les plus précis et les plus individualisés aux droits aux contours imprécis et les collectifs. Il s'ensuit que «l'égalitarisme foncier » (op. cit. p.21) est rare. En plus, toute politique foncière de l'Etat doit viser la sécurité foncière pour les paysans afin qu'ils puissent exercer leurs activités agropastorales dans leurs terroirs (op. cit. p. 21). Par ailleurs, la propriété coutumière de nature familiale ou individuelle à Madagascar était en principe respectée, mais la présomption de domanialité au profit de l'Etat depuis l'occupation française (1896) ainsi que l'augmentation des demandes d'attribution de terrains domaniaux ont entraîné une relative déconsidération des propriétaires fonciers qui assurent difficilement la défense de leurs droits par des moyens et preuves peu efficaces. Les traditions orales et les témoignages des co - résidents, etc. ne suffisent pas à prouver l'officialité de la propriété pour les administrateurs et le personnel judiciaire. 

2- Sociologie rurale

Le problème foncier que nous étudions se trouve en milieu rural. Ainsi, nous disons avec HOYOIS, G. (1968 : 58 - 64)19(*) que l'appartenance rurale est certes multiple (la résidence, la participation sociale, le degré de socialisation et d'acculturation d'une personne ou son empreinte culturelle, l'adhésion psychologique) mais l'attache économique est un indicateur assez fiable puisque :

« la fonction de l'agriculteur est essentiellement liée à la jouissance d'une portion du sol ; il fait valoir la terre par la culture ou le pâturage. Aussi ce « terrien » est - il véritablement attaché au « terroir », il représente, au point de vue professionnel le rural à cent pourcent ».

3- Sociologie du développement

Le foncier en milieu rural est étroitement lié au progrès social et au processus de développement. Pour ROCHER, G. (1968 : 190)20(*) le développement ou la modernisation a un sens plus englobant en tenant compte à la fois de l'industrialisation et le développement économique. En fait,

« c'est la totalité des actions entreprises pour orienter une société vers la réalisation d'un ensemble ordonné de conditions de vie collectives et individuelles, jugées désirables par rapport à certaines valeurs ».

Pour un autre auteur, PERROUX, F. (L'économie du XXème siècle, Paris PUF)21(*) le développement est à la fois un processus et un résultat. Ainsi,

« le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rendent apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit réel global ».

Le développement est alors un faisceau de transformations qui modifie les comportements, intègre les progrès des connaissances, l'amélioration des qualifications (scolaires, académiques, professionnelles...), le savoir - faire industriel. C'est également une mutation repérable par des coefficients économiques et sociaux22(*) : part du secteur industriel, par des branches nouvelles, capital employé par travailleur, valeur ajoutée par salarié, nombre d'ordinateurs par habitant... nombre d'étudiants, nombre de chercheurs... En somme, le développement est un phénomène d'accumulation, largement irréversible et séculaire, il inclut la croissance et même des phases de crises.

CONCLUSION PARTIELLE

Le problème foncier reste un des causes de la pauvreté à Madagascar étant donné que la précarité des situations foncières empêche l'investissement. La faculté d'accéder à la terre et de l'exploiter en toute sécurité est devenue une priorité pour tous et chacun ainsi que la mise en place d'infrastructure d'irrigation. La finalité est donc une gestion foncière favorable à la production agricole et au renforcement de la cohésion sociale principalement au niveau local et communal.

Les conditions de réussite d'une gestion foncière favorable au développement rural sont : la responsabilisation des communautés locales à la gestion foncière, le précision du droit foncier et la structure de l'administration foncière, la sécurisation foncière pour inciter les paysans à valoriser leurs terres et la participation des villageois à la gestion foncière.

C'est dans ces optiques que vont se focaliser la deuxième partie de cet ouvrage en parlant des rapports ambigus à la terre et le processus de développement.

* 3Fokonolona : « une ou plusieurs communautés de personne vivant dans une portion de territoire nationale appelée Fokontany ». Cf. ANDRIANASOLORATSIMATAHOTRA, L. (2006 - 2007). La construction du Fokonolona à travers les discours du Colonel RATSIMANDRAVA Richard de 1972 à 1975, Mémoire de DEA, Département de Sociologie, Fac. DEGS, Université d'Antananarivo, Année Universitaire 2006 - 2007.

* 3 Deux frères siamois Mahagaga et Mahalatsa originaire du sud de Madagascar ont été évacués à l'étranger pour être séparé. Leur séparation a été couronnée d'un grand succès. Ils sont maintenant de retour au pays depuis environ 1 mois et leur suivi médical se poursuit au Centre Hospitalier Universitaire Joseph Ravoangy Andrianavalona.

* 4 Andriana : Rois

* 5 Hova : Homme libre

* 6 Fokontany : circonscription administrative ou évolue un Fokonolona

* 7 In CHAPUS S, (1961) - Manuel d'histoire de Madagascar, Edition La Rose

* 8 Etude inspirée en partie de PÂQUES, V. (1974) - Les peuples de l'Afrique, Paris, Bordas études 56, p- 111-119.

* 9 On peut dire à ce propos les travaux de SIBREE, de PIOLET, d'A. et G. GRANDIDIER, etc.

* 10 Ody basy : Totem qui protège contre les armes à feu

* 11 Fady : Tabou

* 12 Razana : Ancêtre

* 13 Hazomanga/Hazon - drazana : Sépulture des ancêtres

* 14 Lamba : Linceul

* 15 Ombiasy : sorcier du village

* 16 DUBET, F. et MARTUCELLI, D. (1998) Dans quelle société vivons - nous ?, Paris, Seuil. « L'accroissement des échanges internationaux n'est pas seulement économique, il est aussi culturel. A côté des cultures nationales, les médias de masse ont installé une culture nationale passant par la télévision, le cinéma, la variété, les modes qui s'imposent à tous. » (p.41). En outre, « ... l'individu moderne est confronté et engagé dans une société fortement différenciée, il est confrontée à des rôles multiples et autonomes, soumis à des stimulations nombreuses et complexes. » (P.44).

* 17 Cf. RAKOTOMALALA, M., BLANCHY, S et RAISON - JOURDE, F (2001) Madagascar : les ancêtres au quotidien, Paris, L'Harmattan ; OTTINO, P (1990). Les champs de l'ancestralité à Madagascar, Paris, Karthala, ORSTOM ; RAJAOSON, F (1969). Contribution de l'étude du Famadihana sur les Hauts - Plateaux de Madagascar, Thèse de IIIème Cycle, Sorbonne, Paris.

* 18 PELLISIER, P. (2001) « Transition foncière en Afrique noire. Du temps des terroirs, des lignages in BLANC - PAMARD, C. et CAMBREZY, L (2001) Terre, terroir, territoire, les tensions foncières, Paris, ORSTOM Editions, p 19 - 34.

* 19 HOYOIS, G. (1968) Sociologie rurale, Paris, Editions Universitaires.

* 20 ROCHER, G. (1968) Introduction à la sociologie générale, Tome 3, Changement social, Paris, Editions HMH.

* 21 Auteur cité par BREMOND, J. et GELEDAN, A. (1991) Dictionnaire économique et social, Paris, Hatier, p. 339

* 22 Depuis quelques années, on parle d'Indicateur du Développement Humain (IDH).

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