B - Les problèmes occasionnés par l'industrie
forestière et minière
Jusqu'alors nous n'avions traité que des
problèmes dus aux populations vivant autour des parcs nationaux, mais
les activités qui posent le plus de problèmes pour la
conservation et la protection de l'environnement sont les activités
industrielles, dans lesquelles on distingue l'exploitation forestière et
l'industrie minière. S'agissant de l'exploitation forestière, il
faut reconnaître qu'avec la création des parcs nationaux, seules
les zones qui avaient été attribuées avant la
création des parc nationaux purent être exploitées. Ces
zones ont cependant été rétrocédées
dès la fin de leur concession.
Du coté de la non attribution de concession
forestière dans les parcs nationaux, l'Etat a probablement
respecté ses engagements.
Le principal problème de l'exploitation
forestière réside dans le fait que, dans les concessions
forestières attribuées à des exploitants près des
parcs nationaux le contrôle de la chasse n'est pas effectif. En effet,
« (...) la construction des pistes ouvre la forêt aux chasseurs et
c'est là que se situe actuellement au Gabon, comme dans toute l'Afrique
Centrale, l'impact le plus problématique de l'exploitation. Non
seulement beaucoup d'ouvriers chassent eux-mêmes dès qu'ils en ont
l'occasion, mais bien souvent ils introduisent dans les campements des
concessions des membres de famille qui chassent ou des chasseurs
étrangers. Une partie du gibier alimente alors les circuits commerciaux
et, très rapidement, la forêt se vide de sa faune avec le manque
chronique de personnel en charge du contrôle auquel s'ajoute un manque de
moyens et un manque de motivation. Cette situation est difficile à
gérer et met les sociétés forestières dans une
position très ambiguë vis-à-vis de leur personnel.
Jusqu'à quel point peut-on d'ailleurs leur demander de se substituer
à l'Etat ? » (JP Vande Weghe, 2006, p. 54). Pour résoudre ce
problème, les exploitants s'engagent dans des partenariats avec des ONG
de conservation. « C'est le cas de la CBG, qui exploite la CFAD de Mandji
sur la limite nord du complexe de Gamba. Au travers du WWF, elle a ainsi pu
obtenir un appui du Fonds Français pour l'Environnement Mondial (FFEM)
dans le cadre du programme CAWHFI afin d'appuyer techniquement la mise en
oeuvre d'un plan de gestion de la faune » (JP Vande Weghe, 2007, p.
62).
Les problèmes occasionnés par l'exploitation
pétrolière peuvent prendre diverses formes. L'une de ces formes
est la pollution des parcs nationaux côtiers. La pollution pose des
problèmes
difficiles à résoudre étant donné
que l'Etat ne dispose pas de moyens suffisants de contrôle (JP. Vande
Weghe, 2007, p. 64). Les pollutions des côtes gabonaises par les
hydrocarbures et de surcroît des parcs nationaux sont ainsi devenues
monnaie courante. « En 2005, plusieurs cas de pollution ont
été observés. Sur les plages des parcs nationaux de
Mayumba et de Loango se sont déposés des nappes d'hydrocarbures
dont les analyses d'échantillons n'ont permis ni d'identifier la source
ni de déterminer les responsables » (Idem p. 64). « La
dernière date de janvier 2007, en pleine période de ponte des
tortues marines. Ceci constitue un sérieux problème pour la
protection de la préservation de la nature » (idem p. 64). Un autre
problème de l'exploitation pétrolière, ce sont les
opérations sismiques qui provoquent des nuisances qui perturbent la
faune. Durant la phase d'exploitation pétrolière, les
opérations sismiques génèrent des bruits et des vibrations
qui dérangent la faune et détruisent certains habitats
naturels.
Il faut toutefois noter que les conséquences de
l'exploitation pétrolière sont plus insidieuses qu'elles ne
laissent paraître. « Cependant les conséquences les plus
importantes de l'exploitation pétrolière sont peut-être
indirectes et plus insidieuses : les populations qui en vivent sont
relativement bien rémunérées et consomment de grandes
quantités de poissons et de viande de brousse, surtout du fait de la
faiblesse de l'agriculture et de l'absence de l'élevage. Sans le
vouloir, l'industrie pétrolière a ainsi contribué à
la quasi-disparition locale de l'hippopotame et du lamantin ou à la
raréfaction inquiétantes des céphalophes, du buffle et de
plusieurs espèces de singes dans les forêts du bassin côtier
» (JP Vande Weghe, 2007, p. 65).
Un constat de menace des parcs nationaux se fait ressentir
globalement notamment par l'exploitation minière et
pétrolière, à tel point que les parcs nationaux compte
tenu de la prolifération des menaces ne présentent aucune
garantie concernant la sécurité environnementale. La
prolifération des menaces fait suite à la vague d'attribution des
permis de prospection miniers et pétroliers qui ont cours actuellement
dans notre pays.
Akanda par exemple est menacé par la construction du
nouvel aéroport de Libreville dans sa très proche
périphérie. Le parc situé à proximité, le
parc de Pongara est également menacé, « une compagnie
française, Maurel et Prom, envisage de faire passer un gazoduc à
travers le parc de Pongara, à la demande de la SEEG
propriété du groupe français VEOLIA » (http://
www.brainforest.org/ parcs menaces.htlm)
Le parc national de Loango, qui est le parc le plus
prisé en matière touristique et qui est suffisamment reconnu par
les tours opérators connaît lui aussi quelques difficultés.
« Une compagnie pétrolière chinoise, SINOPEC a
commencé des prospections avec l'aval du ministère des mines mais
en contrevenant au code de l'environnement et à la loi actuelle sur les
parcs nationaux. Les conséquences négatives sont
déjà identifiées.
Au sud du Gabon, dans le parc national de Mayumba, le seul
parc entièrement marin, inquiète par les projets qui y ont cours.
« Une compagnie pétrolière française, Maurel et Prom
envisage de faire passer un pipeline à travers le parc de Mayumba.
» (http:// www.brainforest.org/ parcs menaces.htlm)
De tous les projets cités ci avant, le projet de
Belinga est à n'en point douter, du fait de son ampleur, celui qui a le
plus retenu l'attention aussi bien de l'opinion nationale qu'internationale. En
effet, « Dès 1995, des géologues y ont localisé un
gisement de fer sous le relief montagneux de la région. Des
études évaluent mêmes les réserves à plus
d'un milliard de tonnes, avec une teneur en minerai de 64%. Belinga abriterait
donc le plus important gisement inexploité du monde. » (Bongo,
la Chine et les écologistes. Jeune Afrique.htm). Le chantier de la
mise en exploitation s'est heurté à des militants
écologistes. L' ONG Brainforest reproche aux autorités
gabonaises de n'avoir effectué aucune étude
préalable d'impact sur l'environnement. Une négligence d'autant
plus grave aux yeux des organisations écologistes que Bélinga se
situe dans la deuxième plus vaste forêt du monde. En 2002, alors
que Greenpeace s'alarmait de l'éventuelle disparition des gorilles, des
chimpanzés et des bonobos dans les dernières forêts vierges
du bassin du Congo, le Gouvernement gabonais avait alors créé
treize parcs nationaux, sur 11% de son territoire. Aujourd'hui le projet
Bélinga est perçu comme un inquiétant retour en
arrière. En somme ce qui inquiète les écologistes, se sont
les infrastructures lourdes qui accompagneront ce projet tels que la
construction du tronçon de chemin de fer, la construction d'un port en
eaux profonde à Santa Clara et d'un barrage hydroélectrique au
sein même du parc de l'Ivindo. « Selon OBO, les ONG veulent faire de
son pays une simple réserve uniquement destinée à recycler
le gaz carbonique émis par les grand pays, qui pour leur part, refusent
égoïstement de respecter l'environnement. »
(Bongo, la Chine et les écologistes. Jeune
Afrique.htm).
A la suite de la polémique sur la destruction de
l'environnement relayée par les différents médias
internationaux « le 14 septembre, il (le chef de l'Etat) a convoqué
son gouvernement et les membres du corps diplomatique accrédités
à Libreville pour marteler sa détermination à mener
jusqu'au bout le chantier de Bélinga, censé commencer en 2011.
(...), le Président a fustigé l'attitude des ONG occidentales :
comment comprendre que ceux là même qui n'ont pas reussi à
imposer chez eux un minimum de mesures préventives en faveur de
l'environnement viennent chez nous en utilisant le tapage médiatique, le
mensonge et la calomnie pour obliger mon pays à sacrifier son
développement sur l'autel de la nature ? » (Bongo, la Chine et
les écologistes. Jeune Afrique.htm). Mais sa colère
passée, Omar Bongo Ondimba devait quelques jours plus tard recevoir des
militants écologistes pour leur proposer d'être
représentés dans le comité de suivi du projet. En
dépit de la polémique, il faut rappeler que la loi gabonaise
autorise une déclassification à condition de classer une autre
zone dans les mêmes proportions
|