B - Présentation des Parcs Nationaux du Gabon
Cette sous section du chapitre I va nous permettre de
présenter les parcs nationaux du Gabon. En effet, après avoir
fait un bref tour d'horizon de la législation sur les parcs nationaux,
nous ne saurions terminer ce chapitre sans présenter chacun des parcs
nationaux en essayant de faire ressortir pour chacun sa
spécificité. La carte n°1 nous montre la répartition
spatiale des différents parcs nationaux du Gabon. Cette
présentation ne serait pas complète si nous n'évoquions
pas les enjeux qu'induit la création de ces derniers. Ainsi, pour chaque
parc nous présenterons les grands traits de la végétation
et de la faune, nous verrons ensuite les intérêts pour la
conservation et le tourisme.
Carte n° 1 : Répartition spatiale des parcs
nationaux du Gabon
Source : Guide officiel Gabontour
Le parc national de l'Ivindo
Ce parc est situé dans les provinces de
l'Ogooué-Ivindo et de l'Ogooué-Lolo. Il couvre une superficie de
300 000 ha. Une très grande partie de la végétation est
constituée de forêts guinéocongolaises denses humides.
L'Ouest et le Sud du parc national montrent une forte influence atlantique avec
prédominance de l'okoumé (Aucoumea klaineana). La
majeure partie du parc est constituée des forêts
précitées qui sont anciennes ou très anciennes, mais sur
le plateau d' Ipassa elles sont perturbées et secondarisées par
les tornades fréquentes (J.P Vande Weghe, 2006, p. 253).
Entre autres caractéristiques de cette
végétation on observe des forêts ripicoles inondables le
long des grands cours d'eau, des forêts marécageuses qui occupent
de petites dépressions mal drainées. Une flore
particulière habite les nombreuses chutes.
La faune du Parc national de l'Ivindo compte 131
espèces de mammifères, dont 17 primates, 13 carnivores et 16
ongulés. Le gorille (Gorilla Gorilla) et le chimpanzé
(Pan traglodytes) sont abondants. L'avifaune3 compte 397
espèces, parmi lesquelles figure le Picatharte du Cameroun.
L'ichtyofaune4 est riche, elle est semblable
à celle de l'Ogooué, elle est particulièrement riche en
mormyridés « sur le plan entomologique, la faune des papillons
s'avère très riche en espèces qui vivent dans le sous-bois
des vieilles forêts et certaines espèces considérées
comme très rare dans toute l'Afrique Centrale sont communes dans le
bassin de la Langoué. Plusieurs espèces nouvelles ont
été découvertes » (idem p. 253).
L'intérêt pour la conservation est
représenté par la population d'éléphants avec de
grandes défenses, des forêts anciennes peu perturbées par
l'homme, la diversité entomologique est très grande. La station
de l'IRET5 est un atout immense pour la recherche, elle constitue un
atout pour la mise en oeuvre d'un tourisme de haut niveau.
Ce parc présente un atout touristique indéniable
avec les chutes de l'Ivindo, surtout celle de Kongou, et celle de Djidji qui
figurent parmi les plus spectaculaires d'Afrique Centrale. La baie de la
Langoué permet à certaines périodes de l'année
d'observer en toute sécurité l'éléphant, la
sitatunga, le buffle et le gorille sans les déranger.
Le parc national de Mwagna
Il est situé dans la province de
l'Ogooué-Ivindo, il s'étend sur une superficie de 115 500 ha.
Comme pour le parc de l'Ivindo la plus grande partie de la
végétation est constituée de forêts
guinéo-congolaises denses humides de terre ferme, non exploitées
et non dégradées. Au centre du
3 Ensemble de la faune ailée.
4 Ensemble de la faune de poisson.
5 Institut de Recherche en Ecologie Tropicale.
parc, il existe une grande baie. Bien que les ressources
fauniques soient mal connues, on constate que les éléphants sont
assez nombreux. On observe aussi les primates, des artiodactyles
(potamochère, chevrotain, buffle). Concernant l'avifaune,
herpetofaune6 et l'entomofaune7 presque rien n'est encore
connu. En terme de conservation, on note les nombreuses baies qui constituent
les points forts du parc qui attirent une importante population de bongos.
S'agissant du tourisme, ce parc est actuellement trop
éloigné des centres et des axes routiers pour pouvoir être
visité de manière régulière.
Parc national de Loango
Il est situé dans la province de
l'Ogooué-Maritime. Ce parc jouit d'une très grande
diversité floristique. On dénombre aussi bien des pelouses
pionnières sur le haut des plages, des forêts ombrophiles, des
forêts sclérophylles8 littorales, des forêts
marécageuses ainsi que des mangroves.
La faune mammalienne9 compte 80 espèces : on
dénombre aussi 16 espèces de primates. Parmi les carnivores, on
été observés, la panthère (Panthera
pardus), le chat doré (Felis aurata). Le lamantin
(Trichechus senegalensis) a été observé dans la
lagune. Parmi les ongulés on note la présence
d'éléphants en nombre important, de buffles (Syncerus
caffer). L'avifaune compte 342, espèces, 37 espèces de
reptiles sont mentionnées, parmi lesquels on compte le crocodile du Nil
(Crocodylus niloticus), la tortue olivâtre (Lepidochelys
olivacea), la tortue luth (Dermochelys coriacea).
« Sur le plan de l'entomofaune, seuls les papillons
diurnes ont fait l'objet de recherches. Au total, 250 espèces ont
été trouvées, mais une seule espèce est strictement
inféodée au forêts côtières situées
entre l'Ogooué et le fleuve Congo, le nymphalidé (Euriphene
fouamini) » (J. P Vande Weghe, 2007, p. 300)
L'intérêt pour la conservation de ce parc est
grand, car la mosaïque forêt - savane - marais en bordure de
l'océan attire une forte densité des grands mammifères
herbivores et constitue ainsi un écosystème unique.
De plus, « les marais des plaines inondables des
rivières Ngové et Eshira constituent un ensemble unique en
Afrique Centrale. Ils nourrissent une très importante population
d'oiseaux aquatiques, surtout de mai à août, et abritent une
population probablement assez importante de Lamantins » (idem p. 301). Les
plages sont très visitées par la tortue luth (Dermochelys
coriacea) en période de ponte.
L'intérêt pour le tourisme découle de
l'aspect inaltéré du parc national, la possibilité de
sortir en mer pour observer les grands cétacés est une attraction
de choix entre fin juin et début septembre. La possibilité de
voir les tortues luth entre octobre et avril est une autre attraction. Ce
6 Ensemble de faune constitué de batraciens et de
reptiles
7 Ensemble de faune constitué d'insectes.
8 Se dit de certaines plantes dont les feuilles dures et
épaisses leur permettent de s'adapter à des conditions
climatiques arides
9 Qui à rapport aux mammifères.
parc offre aussi pour les birdwatchers une avifaune assez riche.
La pêche sportive peut être pratiquée dans de bonnes
conditions tant au nord qu'au sud du parc.
Parc national de Mayumba
Ce parc est situé dans la province de la Nyanga, il
s'étend sur une superficie de 91 040 ha. La végétation de
ce parc est assez semblable à celle du parc de Loango.
« La partie terrestre du parc national abrite une
importante population de buffles et d'éléphants. Parmi les
primates, le mandrill est présent. L'avifaune est encore
incomplètement connue et très peu d'observations
herpétologiques sont disponibles, mais plusieurs éléments
méridionaux sont présents dans le parc national, notamment la
tourtelette émeraudine (Tutur chalcosilos), la marine est
riche. Parmi les cétacés qui ont été
observés le mégaptère (Megaptera movaeangliae)
(...), les tortues luth nichent en grand nombre. Ce parc national à la
particularité de représenter un des sites de ponte de la tortue
luth le plus fréquenté au monde ; de plus, la présence du
dauphin à bosse de l'Atlantique y est importante » (idem p.
302).
L'intérêt pour le tourisme de cette région
réside du fait que d'octobre à mars, il soit possible de voir en
une seule nuit de nombreuses tortues luth venir pondre sur les plages.
L'observation des mammifères marins y est fort aisée.
Parc national de la Lopé
Ce parc est situé à la confluence de nombreuses
provinces : Ogooué-Ivindo, Ogooué-Lolo, Moyen-Ogooué et la
Ngounié. Il s'étend sur une superficie de 4970 km2.
La Lopé est un site unique où des anciens
refuges de savanes datant de 40.000 ans se juxtaposent aux forêts du
pleistocène du massif du Chaillu riche en plante endémique. Les
forêts à marantacées, les plus proches des savanes dans le
nord, constituent un habitat idéal pour les éléphants et
les gorilles et, en conséquence détiennent la biomasse de
mammifères la plus élevée connue jusqu'à
présent des forêts pluviales tropicales.
La Lopé est l'endroit en Afrique ou l'on peut
découvrir le Mandrill. La Lopé abrite également de grandes
populations de gorilles et de chimpanzés et les densités
d'éléphants les plus élevées en Afrique. De plus,
la vallée de l'Ogooué est un riche sanctuaire
préhistorique. En effet, la Lopé est l'un des sites
archéologiques les plus anciens en Afrique, avec des pointes de
flèches de la pierre, des gravures rupestres de l'âge de fer et
d'autres signes d'occupation humaine vieux d'au moins 400 000 ans.
La Lopé est un site idéal pour la recherche en
forêt. La station d'étude des gorilles et des chimpanzés
(SEGC) est un centre de formation en pleine expansion. Il a été
fondé en 1983 par le CIRMF10 afin d'étudier le
comportement des gorilles et des chimpanzés.
Le parc national d'Akanda
Ce parc est situé dans la province de l'estuaire. Il
couvre une superficie de 540 km2. La forêt
côtière bordant le nord de la péninsule, de la forêt
de la Mondah jusqu'à Akanda héberge de nombreuses plantes qui ne
poussent qu'ici au Gabon, car elles ont besoin du supplément
d'humidité apporté par la mer. Le parc d'Akanda renferme
d'importantes ressources naturelles renouvelables. Les mangroves autour de
Libreville représentent d'importantes zones d'alevinages pour plusieurs
espèces de poissons de mer.
Les vasières du parc sont un des sites d'hivernage les
plus importants d'Afrique Centrale. Le parc national d'Akanda joue un
rôle essentiel pour la reproduction des poissons. Ce qui garantit la
sécurité alimentaire des générations futures. Il
fournit également un espace de loisirs aux résidents
librevillois. Les forêts du nord et de l'ouest sont biologiquement
précieuses, car des orchidées et d'autres plantes rares y
poussent grâce au fort taux d'humidité que l'océan procure
au bout de la péninsule. Le parc d'Akanda renferme les plus grandes
populations de bec-enciseaux d'Afrique qui se reposent sur les bancs de sables
découverts par la marée. Les vasières procurent de la
nourriture à des milliers de limicoles d'Europe.
Le parc national de Pongara
Ce parc est situé dans la province de l'Estuaire. Il
couvre une superficie de 870 km2. Ce parc se trouve à moins
d'une heure du principal centre de population du Gabon. On y trouve des
milliers d'hectares de mangroves qui renferment une quantité importante
d'alevins et de crevettes.
Les plages de ce parc sont des lieux de ponte pour les tortues
marines. Les forêts de ce parc abritent des populations survivantes de
petits singes, de buffles, de céphalophes. Les marais d'eau douce sont
peuplés de poissons et ses prairies regorgent également de
nombreuses espèces de fleurs, d'insectes et d'oiseaux.
Des centaines de tortues luth pondent à Pongara, la
majorité juste au sud de la Pointe Denis. Les tortues marines ont
trouvé en Pongara un endroit romantique et elles voyagent d'aussi loin
que le Brésil pour se reproduire et pondre leurs oeufs sur les plages du
Gabon d'octobre à mars. Plusieurs espèces de dauphins vivent en
mer près de Pongara ou y passent en migration.
10 Centre International de Recherches médicales de
Franceville.
Parc national de Minkebé
Ce parc est situé dans les provinces à
l'extrême nord-est du Gabon. Il couvre les provinces du Woleu-Ntem et de
l'Ogooué-Ivindo. C'est le plus vaste des parcs du Gabon. Minkebé
fait partie de la plus grande étendue sauvage restant en Afrique. C'est
l'une des forêts les plus intacte d'Afrique et le plus grand bloc
forestier inhabité du Gabon. Il possède une faune et une flore
diversifiée et des dômes rocheux appelés Inselberg qui
offrent des panoramas à perte de vue sur la forêt. Minkebé
est constitué par une diversité d'écosystèmes.
C'est une forêt dominée par des légumineuses. La population
d'éléphants de forêt est particulièrement
importante, mais celle des gorilles et des chimpanzés est aujourd'hui
faible à cause de l'épidémie d'Ebola qui a sévit
dans la région dans les années 90. Cette région
représente une vaste forêt pluviale intacte qui joue à la
fois le rôle de réservoir globale de carbone et de château
d'eau du bassin de l'Ivindo, dont les immenses marécages retiennent
l'eau comme une éponge.
Parc national des Monts de Cristal
Ce parc est situé dans la province de l'Estuaire. Il
couvre une superficie de 1 200 km2. Ce parc est couvert d'une
forêt pluviale ancienne dont la majorité n'a pas été
perturbée par l'homme. Mousses, orchidées et bégonias y
sont abondants. Ce parc est l'une des zones les plus diversifiées
d'Afrique pour les plantes et les papillons. De plus, on y trouve aussi de
grands mammifères charismatiques tels que mandrills et
éléphants. Ce parc est riche en arbres et plantes
épiphytes et lithophytes nécessitant beaucoup d'humidité.
Il est reconnu au niveau international pour sa richesse biologique. Un fort
taux d'humidité a permis à une flore particulièrement
riche de s'épanouir depuis des dizaines de milliers d'années. Les
Monts de Cristal sont considérés par de nombreux botanistes comme
ayant la plus grande diversité végétale de toute
l'Afrique. Au surplus, ce parc est d'une importance capitale pour les Gabonais,
par ses bassins versants qui alimentent de nombreux cours d'eau. Les barrages
hydroélectriques de la SEEG11 fournissent
l'électricité à Libreville.
Parc national de Birougou
Ce parc est situé au coeur du massif du Chaillu, dans
les provinces de la Ngounié et de l'Ogooué-Lolo. Il couvre une
superficie de 690 km2. Il dispose d'importantes richesses
biologiques et culturelles. Ce parc regorge de refuges de forêts humides
d'Afrique. En effet, certaines zones en altitude ont maintenu leur couverture
forestière et leur climat humide au gré des diverses
périodes arides et humides de l'évolution climatique et
géologique d'Afrique, d'où leur nom de refuges.
Ces dernières sont des réservoirs où on
trouve des espèces ayant évolué à diverses
périodes et où la variété d'espèces peut
persister pour très longtemps.
11 Société d'Energie et d'Eau du Gabon
Le potentiel biologique du parc lui confère un statut
de site critique de l'UICN. Il reste pourtant encore très peu connu de
la science. De plus, c'est un bassin versant important qui regorge de richesses
culturelles.
Parc national de Waka
Ce parc est situé dans la province de la
Ngounié. Il couvre une superficie de 1070 km2. Les monts qui
cernent ce parc sont uniques de par leur richesse cultuelle les liant aux
peuples alentours. Les peuples de Waka se proclament à l'origine de la
religion bwiti. Ils gardent les secrets mystérieux de la forêt et
leurs rites démontrent un lien étroit avec la nature. Le tourisme
culturel peut s'appuyer sur la force spirituelle de Waka et de ses alentours.
L'histoire naturelle du massif est bien connue des populations locales, mais
n'a pas encore été beaucoup étudiée par la
communauté scientifique. L'expertise locale est importante car elle
permet de fournir des informations sur les changements qui ont affecté
cette région au cours du temps.
Parc national de Moukalaba-Doudou
Il est situé dans les provinces de la Nyanga et de
l'Ogooué-Maritime. Il couvre une superficie de 5000 km2. Ce
parc est composé d'habitats variés, des forêts humides de
montagnes aux marécages, des rivières, des savanes herbeuses
hébergeant des espèces uniques.
L'abondance de primates et de grands singes dans cette
région pourrait faire de cette zone l'un des meilleurs sites d'Afrique
pour observer les gorilles de forêt pluviale. Ce parc est connu des
scientifiques pour avoir les plus fortes densités de primates du Gabon.
Les forêts ayant été exploitées sont abondantes et
contiennent de succulentes Marantacée, une des principales sources de
nourriture pour les gorilles comme pour les éléphants et autres
espèces. C'est également une zone remarquable pour les amateurs
d'oiseaux. C'est le seul parc du Gabon ou l'on peut observer
l'élégant Cobe défassa (antilope).
Parc national des plateaux
Batéké
Il est situé dans la province du Haut-Ogooué. Il
couvre une superficie de 2050 km2. La végétation est
représentée par un immense océan d'herbe au coeur de la
forêt équatoriale. Par endroit, le relief doux est coupé
par de spectaculaires falaises de sable multicolores. La présence de
multiples vestiges archéologiques sur les sommets des collines
témoigne que des milliers de personnes ont vécu dans cette
région autrefois. Des prédateurs charismatiques tels que les
lions et les hyènes qu'on croyait disparus subsistent.
Des savanes sableuses, des forêts galeries et des
rivières se mêlent sur les plateaux Batéké pour
constituer des paysages spectaculaires abritant une grande diversité
d'espèces. Des animaux comme les éléphants de forêt,
les gorilles, les buffles et les potamochères sortent de l'abri des
arbres pour se nourrir dans la savane ou boire dans la rivière. La
diversité des savanes permet à des nombreuses espèces
d'oiseaux des plateaux Batéké de se rencontrer. A tel point que
cette
diversité attire les ornithologues dans la région
de Léconi. De plus, la culture téké est toujours vivace
dans la région et offre des possibilités de tourisme culturel.
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