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L'automédication : Peut-on parler de succès ?

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par Dévi Vidjéacoumar
Université de Marne la Vallée - Master AIGEME 2008
  

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3) Les réticents à l'automédication

a) Les médecins

Je vais dans un premier temps présenter les arguments des médecins qui sont opposés à l'autoprescription, puis j'expliquerai les éventuels enjeux qui peuvent inverser la balance des médecins généralistes.

Le réflexe des Français malades est de consulter son médecin afin qu'il établisse un diagnostic et qu'il prescrive des médicaments PMF ou PMO. Cette visite permet au patient d'être bien couvert au niveau des dépenses maladies mais alourdit parfois ces couvertures abusives et provoquent, parmi d'autres dépenses, un déficit de la caisse d'assurance maladie.

L'État demande aux professionnels de santé de participer à la « responsabilisation » des patients sur leur capital santé. Pourtant, les médecins sont plutôt contre l'automédication car elle fragilise et limite les visites chez eux. Ils tiennent à leur liberté de prescription, mais elle n'est défendable que s'ils prennent soin d'être bien informés, y compris sur le plan économique.

Le principal argument qu'ils défendent est le retard de diagnostic sur des patients qui se sont automédiqués sans être passé par une consultation de médecin généraliste. Pour mieux comprendre leur opinion, j 'ai interviewé un médecin généraliste qui se positionnait parmi les médecins généralistes contre l'automédication : Le Dr Fkatchouck Nicolas.

Lors de l'Interview, mes questions portaient sur l'intérêt de l'automédication en France, sur l'aspect « promotion institutionnel » pour responsabiliser le patient de l'État et que le côté réticent des médecins à l'égard de l'automédication. Les questions/réponses étant courtes, je les ai directement intégré ici.

Interview du Dr Fkatchouck :

Quel est le rôle du médecin dans l'automédication ? Qu'en est-il par rapport aux pharmaciens ?

Dr Fkatchouck : Sur une consultation, un Français prend rendez-vous avec le médecin soit pour récupérer des médicaments, soit c'est un moyen de se rassurer qu'on a rien de grave sur les symptômes qu'il manifeste. Le médecin se veut éducateur de pathologie car il en a l'expertise. Le pharmacien peut également l'être mais n'aura pas le temps devant une longue file d'attente puis pas

de lieu intime pour parler des maladies à tenir compte pour prendre un médicament.

Que pensez-vous des nouvelles mesures prises par l'État pour encourager l'automédication en France ?

Il existe un Lobbyisme puissant qui fait que l'État et l'AFSSAPS se soucient davantage de l'aspect économique que de l'aspect santé. Pour les problèmes de la santé publique, il faut raisonner sur une finalité de soin et non d'économie.

Pourquoi êtes-vous contre l'automédication ?

Tant d'années les médecins avaient prescrit des médicaments « curatifs » et dit de « confort » pour le patient. Les médicaments nécessaires sont les « curatifs ». Les autres ne traitent pas la maladie, mais permet de la supporter plus facilement jusqu'au rétablissement.

Les français ont toujours consommés beaucoup de médicament dont ceux dit de « confort ». Ces médicaments ne soignent pas la maladie mais permet de mieux la supporter jusqu'à la guérison. Pour le public français, il n'y a pas de distinction entre les catégories de médicaments puisque la totalité d'un traitement était prescrit. Avec les déremboursements, on repère tout de suite les médicaments dit de confort car ils sont, pour la plupart, déremboursés.

Pour les dossiers santé, fiches pratiques et conseils de pathologies sur Internet, les patients ne verront très souvent, que le côté négatif et ils ont un manque d'expertise qui font qu'ils ne peuvent vraiment bien s'automédiquer. L'autodiagnostic seul est dangereux pour le patient car ce dernier ne peut avoir un esprit critique comme le professionnel de santé, il aura tendance à s'accrocher aux effets négatifs alors qu'il n'y a peut-être pas lieu d'être.

Quelle serait la solution idéale pour faire de l'automédication malgré tout ?

La solution serait de faire une campagne télévisée sur les informations à tenir compte pour s'automédiquer ou voir son médecin. Il serait intéressant de préparer des formations par les médecins pour informer les malades sur les pathologies existantes, sur les précautions à prendre pour prévenir des symptômes...

En conclusion de cette interview, les principales raisons qui poussent les médecins contre l'automédication sont : les retards de diagnostics, le raisonnement de l'État sur une finalité d'économie et non de santé publique mais aussi un conseil médical risqué du pharmacien avec le peu de connaissance qu'il a sur le dossier d'un patient dans une pharmacie. Le médecin a également un rôle d'éducateur concernant différentes pathologies, il veut aider ses patients à en savoir plus

mais par manque de temps, il ne peut pas répondre à toutes les questions.

Le problème est de fournir à ses patients des informations issues d'expertises (donc de médecins ou de pharmaciens) qui leur permettra de savoir s'ils doivent s'automédiquer ou pas.

Selon le médecin, il vaut mieux perdre 15 minutes de consultation avec le médecin généraliste et être sûr d'avoir telle ou telle maladie plutôt que s'automédiquer en évaluant à peu près les symptômes ressentis. La priorité ne doit pas se faire sur le temps où l'économie mais sur la qualité et la certitude du problème santé du patient. Telle est la vision de ce médecin, une vision que partagent les autres médecins généralistes.

L'automédication implique une diminution des visites systématiques chez le médecin, pourtant cela lui permet par exemple d'alléger son emploi du temps en consultation et de consacrer plus de temps à chaque patient. D'autres médecins acceptent de jouer le jeu tant qu'on ne les accuse pas de mauvaise utilisation : « Les médecins sont plutôt "pour" à condition que la société ne fasse pas peser sur eux la responsabilité d'un mauvais usage des médicaments pris sans consultation » du journal Le Figaro en 2007. Un autre point positif de la part de ces médecins concernant les déremboursements de médicaments PMF.

Selon les sources d'IMS Health, les médecins continuent à prescrire des produits qui ont été déremboursés et qui entrent dans le domaine de l'OTC. Ainsi, « 8,5 % de la PMF non remboursable » est prescrite.

Bien que ces médecins soient minoritaires en faveur de l'automédication, un grand nombre continue de prescrire des médicaments de PMF même si celle-ci a diminué de moitié, après les déremboursements. C'est pour eux, un moyen de répondre à leurs attentes mais aussi de les aider à se soigner seul quand cela est nécessaire. De plus, c'est une action volontaire significative si l'on prend en compte la difficulté d'accès à des bases de données rapidement mises à jour, à l'absence d'inscription du niveau de SMR dans les bases de données et au peu de communication sur les décisions politiques. Ce sont des procédures qui rendent difficile le suivi dans la pratique quotidienne de la prescription du médecin.

En résumé, les médecins assurent que leur diagnostic lors de premiers symptômes bénins chez un malade est plus recommandé que de laisser les patients à leur propre autoprescription. Il est très important, pour eux, de ne pas négliger les effets secondaires et les retards de diagnostic que l'automédication peut engendrer. Et surtout, il n'est pas question de parler d'automédication dans un dessein financier, non, la réflexion doit se porter sur une solution en termes de soins. Néanmoins, une minorité de médecin se porte favorable à l'automédication car elle permet de les soulager de

consultation, de participer à la santé publique de l'État et de consacrer plus de temps au malade.

Les médecins ne sont pas les seuls à se porter réticents à l'automédication. Les associations de patients et quelques malades ne veulent pas concilier avec cette pratique. Pourquoi ? C'est ce que nous allons voir dans cette dernière partie.

b) Les associations de patients et quelques patients réticents...

Les associations de patient ne sont pas opposées à l'automédication tant que celle-ci est bien encadrée au niveau de la communication Santé Grand Public.

Parmi les associations de patients, je peux citer le CISS : Collectif Inter associatif sur la Santé, regroupe des associations intervenant dans le champ de la santé à partir des approches complémentaires de personnes malades et handicapées, de consommateurs et de familles. Leur but est de défendre l'opinion des patients et de la rapporter aux différentes instances de santé.

D'après un communiqué de presse sur leur site représentatif, le CISS n'est pas contre l'automédication, cependant souhaite que l'État apporte plus d'informations et de transparence aux malades sur trois points. Le premier est d'améliorer les notices incluses dans les boîtes de médicaments PMF, de privilégier des données simples dans un langage accessible à tous. Le deuxième point concerne une éventuelle campagne de communication institutionnelle mettant en avant la dangerosité de consommer trop de médicament et en privilégiant le contact avec le médecin si l'automédication ne marche pas. Et enfin, le troisième point concerne la crainte de voir les prix des PMF en vente libre augmentée.

Sur le site Internet de l'Internaute25, on retrouve beaucoup de sondage dont un qui m'a paru très intéressant « pour ou contre l'automédication? », j'ai pu trouvé des avis négatifs, cependant ce sont des avis personnels de 2 ou 3 personnes, ils n'engagent en rien la pensée des patients en général. Voyons quels sont leurs raisons :

« les associations de consommateurs dénoncent les pratiques inflationnistes des laboratoires pharmaceutiques : dès qu'un produit est déremboursé, son prix, jusque-là encadré par l'Assurance maladie, s'envole » extrait de l'article sur « Notretemps.com » en Septembre 2007.

Certains consommateurs se plaignent du prix imposé par les laboratoires suite aux déremboursements, cependant ils ne savent pas que les TVA et bon nombre d'entités qui caractérisent le médicament change lors des déremboursements. Tout ceci peut paraître transparent et expliqué mais aux yeux des patients, il y a un problème sur la hausse des prix. Un autre patient

25 Voir Bibliographie, Site Internet

donne son opinion : « quel est le patient capable de faire le diagnostique de sa maladie, comment seront appréhendés les risques d'interactions médicamenteuses ainsi que les contres indications ».

De manière globale, les patients sont contre car ils craignent des interactions nocives pour leur organisme suite à des mélanges de médicaments ou tout simplement suite à des abus. La citation ci- dessus extraite du sondage, revient très souvent comme réponse en « contre automédication ». Ayant crainte des risques de iatrogénie, les patients n'osent pas s'automédiquer et préfèrent demander conseil à un professionnel de santé.

D'autres pensent que les médicaments ne doivent pas être pris à la légère :

« Totalement contre l'automédication, je suis secrétaire médicale. Exemple: imaginons un instant un patient qui tousse, va aller à la pharmacie, va acheter un antitussique. Les antitussiques empêchent de tousser mais ne soignent pas ».

On retrouve dans cet exemple la nuance qui peut exister avec les médicaments dits de « confort » qui soulagent un peu mais qui ne sont pas curatifs. Il semble que la patiente parvient à distinguer les deux mais sans doute parce qu'elle est secrétaire médicale et qu'elle s'y connait dans le domaine de la santé.

En conclusion, la volonté des associations de patient va dans le sens de l'AFIPA qui souhaiterait faire une campagne institutionnelle sur l'automédication responsable mais la finalité n'est pas la même. Les associations de patients veulent des informations rassurantes pour pratiquer de manière correcte l'automédication alors que l'AFIPA voit un moyen de pousser les patients à acheter des médicaments PMF et ainsi à participer à leur recette. Les patients réticents, quant à eux, restent méfiants vis-à-vis des interactions de médicament et reste prudent sur leur santé en demandant toujours conseils auprès d'un professionnel de santé.

Après avoir passer en revue l'ensemble des acteurs de santé, nous pouvons comprendre que l'évolution de l'automédication passent par divers facteurs qui vont soit dans le sens de la promotion, soit vers la crainte d'une mauvaise utilisation du médicament.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery