Nous allons désormais nous intéresser aux
acteurs qui sont par leur métier complètement impliqués
sur la question de l'automédication. Ces acteurs ont des avis
mitigés sur le marché de l'automédication.
a) Les pharmaciens et la grande distribution : une
finalité différente
On va commencer par la présentation du rôle du
pharmacien au coeur de l'automédication grâce à l'interview
d'ISABELLE Rosette, pharmacienne à Saint-Quentin-en-Yvelines, puis on
verra en quoi ces derniers sont menacés sur le marché de
l'automédication par leur ennemi : les parapharmacies des grandes
surfaces.
En recensant la liste des acteurs opérant sur le
marché de l'automédication, j'ai souvent dû revenir vers le
pharmacien pour expliquer les relations et les interactions de celui-ci avec
les autres acteurs de santé. Le pharmacien est un acteur incontournable
de l'automédication car c'est lui qui conseille et délivre les
médicaments PMF dans les officines. Ce dernier ne nécessite
d'aucune ordonnance pour prescrire les médicaments
d'automédications auprès du patient. De plus, il délivre
les médicaments présents sur l'ordonnance du patient. Il a
même la possibilité de changer un médicament d'ordonnance
par un autre s'il estime que cela est nécessaire. Son rôle est
également de participer à l'éducation thérapeutique
du patient et de lui donner des conseils sur l'automédication, entre
autres, de proposer des médicaments PMF en fonction des symptômes
bénins qu'ils expriment. Le pharmacien est apte à délivrer
un conseil au patient sur une pathologie bénigne en raison de son
expertise et de sa formation.
Ce professionnel de santé a le monopole de son
officine, les ventes des médicaments sont directement
gérées par le pharmacien propriétaire. Les prix des
médicaments PMF diffèrent donc d'une officine à une
autre.
Les pharmaciens sont pour l'automédication car les
bénéfices réalisés sur les ventes de PMF les
concernent directement. De plus, le passage de l'OTC devant le comptoir est une
nouveauté qui leur permettra d'aménager les médicaments
sur les comptoirs qu'ils souhaitent mettre en avant et de favoriser la vente
des PMF. L'Union Nationale des pharmacies confirme sa position sur la nouvelle
présentation des OTC : « le public doit avoir une meilleure
information, à travers des espaces conseils dans les officines tout en
ayant un accès libre pour pouvoir regarder, comparer et juger
». Cette nouvelle mesure permettra au patient de comparer les prix des
médicaments PMF sur un même traitement de maladie et de choisir
librement avec ou sans les conseils du pharmacien. L'intérêt du
pharmacien est de conserver son monopole, son métier c'est-à-dire
son rôle de
conseiller médical mais aussi de continuer son
commerce sans qu'il soit ouvert à la concurrence (comme peut
l'être la grande distribution).
Pour en savoir plus, je suis partie interroger une
responsable de pharmacie dans les Yvelines : Mme Isabelle Rosette. Bien
qu'étant réticente à l'idée de répondre
à mes questions à cause de l'arrivée de clients, sa
coopération fut très intéressante et m'a permis de
dégager quelques arguments jouant en leur faveur. (Voir Figure 9 :
Interview de I. Rosette)
Lors des questions, je ressentais, lors de ses
réponses, un attachement profond au métier qu'elle
exerçait puis sa réaction sur les publicités Leclerc
conforte les jugements des pharmaciens vu dans les médias. Selon cette
pharmacienne, le rôle du pharmacien est de conseiller et d'éduquer
le patient sur les médicaments qu'il consomme. Leur rôle est
d'aider le patient à se soigner immédiatement en attendant sa
consultation chez son médecin généraliste.
A la question cinq concernant la mission du pharmacien, il
est vrai que le conseil médical n'est pas toujours d'actualité
d'une officine à une autre, cependant c'est un service obligatoire et
nécessaire selon elle, il s'agit de leur devoir envers leur client.
Elle-même organise des formations pour ses apprentis comme par exemple la
formation de deux jours sur les facultés des huiles essentielles.
Concernant le passage des OTC devant le comptoir, cette pharmacie a
adopté cette mesure mais elle remarque que les malades viennent toujours
au comptoir avant de voir ou comparer les médicaments PMF placés
dans les rayons. Les malades ne sont pas encore autonomes et ont besoin
d'être guidé.
J'ai également posé une question sur les
publicités de Leclerc et la vente de médicament PMF en grande
surface. Il est étonnant de voir qu'Isabelle était convaincu que
la vente de médicament sera possible prochainement dans les
parapharmacies de la grande distribution.
Elle reprend l'exemple de Leclerc et continue en affirmant
que d'autres supermarchés vont suivre l'ouverture. Les publicités
de Leclerc l'avait rendu furieuse comme presque tous les pharmaciens, quelques
arguments n'ont pas été cité dans les médias tel
que les « marges arrières ».
Les marges arrières sont des primes offertes aux
pharmacies lorsque celles-ci lui achète beaucoup de médicament
à l'année. Elles n'étaient pas prises en compte dans le
prix des médicaments, ainsi elles étaient directement
versées pour la pharmacie. Suite à une réforme
récente, les marges arrières sont perçues sur le prix des
médicaments alors que pour la grande distribution, cela n'est pas le
cas. Elle dénonce clairement l'intérêt commercial des
grandes surfaces au détriment du conseil thérapeutique des
pharmacies.
Malgré ces arguments, on remarquera que le prix du
médicament n'a pas beaucoup changé
concernant les médicaments PMF non remboursés.
En résumé, on retrouve les devoirs du
métier de pharmacien à travers la définition d'Isabelle
Rosette. Sa position et ses idées rejoignent ceux qu'on a pu voir dans
la presse et donne une certaine réalité des faits dans
l'actualité. On a pu voir également que les nouvelles mesures
prises par l'État comme les déremboursements et le passage de
l'OTC devant le comptoir ont été bien accueillis dans cette
pharmacie puisqu'elle commercialise des médicaments PMF (j'ai pu voir
des médicaments pour la toux, pour le rhume et pour les maux de
tête) dans un rayon qui reste assez proche du comptoir.
Malgré le libre service de certains médicaments
PMF devant le comptoir, les malades ne sont pas encore habitués à
cette pratique, ils demandent encore conseils au pharmacien avant de voir les
nouveaux rayons des PMF.
De manière générale, les pharmaciens ont
donc un avis positif sur les nouvelles mesures de l'État toutefois il a
une crainte. En permettant le passage en vente libre des PMF, ces
professionnels de santé appréhendent cette méthode car
elle peut inciter le passage des PMF à la grande distribution. Or, ces
craintes sont justifiées si l'on regarde le cas de Leclerc sur sa
tentative de récupération des PMF.
En effet, après les mesures prises par l'État
sur le passage de l'automédication devant le comptoir, la grande
distribution en profite pour proposer ces médicaments PMF devant le
comptoir de leur parapharmacie. D'après le dossier de presse de Leclerc
du 3 avril 2008, ces derniers estiment que les prix des PMF lors des
déremboursements augmenteront de 25% (chiffres basés sur des
données de la mutualité française). Pour eux, seul la
libre concurrence permettra de réguler ces prix et donc de ne pas
empiéter sur le pouvoir d'achat des consommateurs. Ainsi, la grande
distribution souhaite, tout comme les pharmaciens, vendre les
médicaments d'automédications dans leurs parapharmacies en
assurant que la vente des médicaments se fera avec le respect des
réglementations françaises. Quelles sont les dispositions pour
cela ?
Dans les parapharmacies Leclerc, les conseils et le bon usage
du médicament seront fait avec l'aide de 150 docteurs en pharmacie. Un
espace « médication familiale » sera aménagé en
tenant compte des recommandations du ministre de la santé sur les codes
couleurs, les « points conseils »... Et enfin, celui-ci cherche
également à développer l'information du bon usage du
médicament en distribuant des fiches-conseils sur les médicaments
ou des messages d'éducation thérapeutiques.
Leclerc s'engage vis-à-vis de toutes les
recommandations et précautions à prendre pour distribuer devant
le comptoir de leurs parapharmacies les médicaments PMF. Cependant, les
syndicats des pharmaciens et le ministre de la santé ont tout de suite
rétorqué que ce n'était pas
possible. Pourquoi ? Si l'État autorise la vente des
PMF dans les parapharmacies des grandes distributions, les pharmaciens devront
faire face à une concurrence de prix important. Cela mettra leur
monopole d'officine en péril.
« La mise à disposition du conseil d'un expert
doit être possible lorsqu'on achète un médicament
d'automédication » selon le ministre de la santé. C'est ce
qui fait la différence entre l'achat en pharmacie et en parapharmacie.
Les docteurs en pharmacie et autres experts proposés par exemple par la
grande distribution Leclerc n'ont pas les mêmes intérêts
derrière la vente de l'OTC. "La différence entre un
pharmacien d'officine et un docteur en pharmacie Leclerc est simple : le
premier est indépendant et a son libre choix, le second obéit
à un marchand et n'a pas le libre choix. Le premier est responsable de
ses actes, le second a ses actes conditionnés par les seuls choix
financiers de LECLERC." de Armand Soulet, pharmacien hospitalier sur le
site de «
www.certiflam.com ».
Les objectifs sont complètement différents
malgré le fait que les deux interlocuteurs ont le même centre
d'intérêt qui est d'exploiter un marché de l'OTC en plein
essor.
Sur la polémique de la communication Leclerc, ces
gardiens des officines qui s'étaient réunis pour contre attaquer
leur publicité en les qualifiant de « mensongère »,
sont temporairement soulagés quant à la vente des PMF car ils ont
réussi à obtenir le retrait de ces supports de communication du
grand-public.
Leurs moyens de pression se sont fait entendre dans la
presse, on relève parmi les plus importants : les campagnes «
contre-attaque » et qui au passage dénoncent les publicités
de Leclerc comme mensongère, les défilés des
étudiants en médecine dans la rue pour protester contre la
commercialisation des PMF dans les parapharmacies des grandes surfaces et enfin
les débats et les discours des représentants des pharmacies
à la radio, à la presse ou encore à la
télévision.
D'un point de vue du pharmacien, il faut savoir que la mise
à disposition de comptoir dans les pharmacies n'est pas obligatoire. Ils
décident et choisissent les aménagements de leurs officines,
ainsi même ceux qui ne voient pas l'OTC d'un bon oeil, peuvent s'abstenir
de présenter des comptoirs.
Notons un élément non négligeable sur
les décisions et les pouvoirs de ces pharmaciens : Dans le cadre de la
nouvelle distribution des PMF devant le comptoir, d'après l'article du
« Moniteur des pharmacies et des laboratoires », l'État doit
modifier l'article R 4235-55 du Code de la Santé Publique «
visant à permettre l'accès des patients à certains
médicaments munis d'une AMM dans des présentoirs de libre service
des officines de pharmacie. » Cette modification n'est possible que
par les syndicats de pharmaciens. Ils ont un moyen de résister à
ce nouveau passage toutefois ces derniers sont d'accord pour ne laisser passer
que les produits d'automédications.
En résumé, les pharmaciens acceptent dans la
majorité de jouer le jeu de l'éducation thérapeutique du
patient sur l'autoprescription. Ils ont un rôle de conseiller sur les
médicaments et accompagnent les patients dans le développement de
« l'automédication responsable ». Cependant, il reste quelques
pharmaciens qui ont un avis négatif sur la disposition des nouveaux
comptoirs en pharmacie. Parmi eux, on retrouve ceux qui ne veulent pas que le
médicament PMF se retrouve dans les supermarchés et ceux qui
craignent une banalisation du médicament alors que celui-ci dispose
d'une AMM. Cela mettra leur marché du médicament et leur
métier de pharmacien en péril, étant donné que les
prix de la grande distribution seront plus intéressants, ce qui veut
dire qu'ils perdront également leur monopole.
Les acteurs de santé sont dans la globalité
contre la distribution des PMF dans les parapharmacies. Leurs principaux
arguments de contradiction reviennent souvent sur la nature même du
produit : Un médicament. Définitivement ancré dans la
société comme un produit non banal, le médicament n'est
pas un produit de consommation comme les autres.
Même si la vente de médicaments PMF ne se fera
pas dans les parapharmacies aujourd'hui, la participation des grandes
distributions aurait sans doute accru ce marché, mais l'objectif et la
finalité ne sont pas les mêmes pour les acteurs de santé et
les commerciaux des grandes distributions.
Les pharmaciens ne sont pas les seuls acteurs capables de
favoriser l'automédication, les médecins sont également
les interlocuteurs privilégiés des patients à ce sujet.
b) Les patients : acteur à la recherche du Savoir
Médical
La culture de médicament, en France, fait que nous
avons l'habitude de consommer beaucoup de médicament.
L'automédication n'est pas une nouvelle pratique si l'on regarde
l'étude du corpus car les chiffres stagnent dans la globalité.
Les malades, les patients ou les clients : ces mots
deviennent synonyme face aux instigateurs de l'automédication. Les
malades sont des cibles de choix et sont souvent victimes des outils
médiatiques des laboratoires pharmaceutiques.
Les patients n'ont qu'un intérêt : se soigner au
plus vite au meilleur coût. L'automédication fait parti du
quotidien des patients car on a tous consommé du paracétamol
lorsqu'on avait une migraine, on a tous bu du sirop pour la toux lorsqu'on
toussait... Autant de petites pratiques qu'on appelle «
automédication ».
l'automédication ? C'est ce que nous allons voir dans
cette partie.
Voyons dans un premier temps si le patient pratique
régulièrement de l'autoprescription : À l'occasion du
colloque « L'automédication : Recul ou progrès » de la
Mutualité française, celle-ci a fait réaliser une
enquête exclusive par CSA/CECOP20 en février 2007.
Dans cette enquête, on apprend que près de 7
Français sur 10 (67 %) porte un jugement positif sur
l'automédication dont 47 % considèrent qu'il s'agit d'une
"façon de faire normale", 20 % allant jusqu'à la qualifier de
"comportement citoyen". Cette qualification proposée par la
Mutualité Française est reconnue par 20% des patients
interrogés, cela signifie qu'il s'agit d'un comportement habituel et
ancré dans les pratiques du malade. Puis 62 % des personnes
interrogées reconnaissent se soigner sans l'aide du médecin.
L'enquête révèle donc que les Français
s'automédiquent assez régulièrement au quotidien.
Cependant, il est difficile d'évaluer ce que pense les
français des pratiques de l'automédication, on peut juste
s'inspirer d'un échantillon de personnes et établir une analyse
à partir de celle-ci. Lors de cette enquête, il est
précisé que sur les 1010 personnes interrogés, 758
refusaient d'aller acheter leur médicament en dehors des pharmacies. Ce
qui témoigne de la part du patient, une grande confiance envers ce
professionnel de santé.
Le patient aura tendance à s'automédiquer car
cela lui permet de se soigner rapidement. Les mesures de
déremboursements de l'État vont favoriser la pratique et donner
aux patients plus de choix dans leurs recherches de médicaments
d'automédication. Il y a certains avantage à avoir recours
à l'automédication. Selon le colloque sur l'automédication
de Patrick Queneau21, c'est une économie de temps car il est
plus facile d'aller à la pharmacie du coin que de se rendre chez le
médecin. Dans l'actualité de la presse médicale, les
journaux relatent d'un nouveau phénomène concernant ces patients.
En effet, le phénomène en question est la recherche
d'informations, de soins et de diagnostic santé sur Internet.
Quelques chiffres confirment cette nouvelle aptitude du
malade. Une étude réalisée par Ipsos Insight santé
pour la Fédération Nationale de l'information médicale
montre que 67 % des Français sont partis en quête d'information
médicale au cours des douze derniers mois sur Internet et 46 %
auprès de leur médecin.
Les médecins interrogés affirment que 90 % de
leurs patients vont à la recherche d'informations sur Internet. La
recherche d'informations santé sur Internet est très importante
de la part des
20 Sur un échantillon national
représentatif de 1010 Français âgées de 18 ans et
plus, constitué d'après la méthode des quotas : sexe,
âge, profession du chef de ménage. Une étude
réalisée par la Mutualité Française et retranscrit
dans leur communiqué de presse le 21 Mars 2007.
21 Voir références bibliographiques
dans la catégorie Rapport
patients. Pourquoi sont-ils si captivés par les
informations santé et pathologie ?
La raison a déjà été citée
dans notre sous-chapitre précédent, il s'agirait du manque
d'information santé des patients. D'après l'étude WHIST
(de Inserm Internet santé) dans le « Quotidien du Médecin
», il a été estimé que dans 70% des cas, les patients
surfent sur le web pour mieux comprendre les informations données par le
médecin et à 60% pour trouver des informations
complémentaires à celles que le médecin a
données.
Le patient souhaite en savoir plus sur sa santé et
recherche des informations pour mieux se soigner et pourquoi pas pour
s'automédiquer?
Les chiffres montrent qu'il y a une évolution dans le
comportement de ces malades, les patients ont une soif incessante de toujours
en vouloir plus sur les informations santé qui sont en abondance sur le
web.
Un autre facteur a permis au patient de s'intéresser
davantage à la santé. Ce sont les médias. D'après
les études de À+A (cabinet d'étude) sur le suivi
médiatique des Français dans le domaine de la santé en
2003, on estime que 7 français sur 10 suivent l'information santé
dans les médias, principalement des femmes, des mères qui
prennent en charge les membres de son foyer. L'actualité santé a
pris de plus en plus d'importance au fil du temps, notamment à cause de
scandale comme celle de la vache folle : La maladie de Creutzfeld-Jakob qu'on
appelle plus communément « la vache folle ».
Le patient dispose d'un nouveau savoir et recherche des
données qui peuvent l'aider davantage. Par exemple : Ils recherchent des
informations où ils s'identifient à un cas de maladie ayant les
mêmes symptômes et tentent de trouver une approche
thérapeutique qui a eu le plus de succès à son sujet.
Étant la plus grande source d'information des patients, on peut supposer
que cet outil a permis une évolution dans la mentalité des
patients et des professionnels de santé. Comment Internet a-t-il pu
participer à l'évolution du patient vis-à-vis de
l'automédication ?
De nombreux sites sont apparus depuis le développement
d'Internet. Voyons, avant tout quelques chiffres de l'utilisation d'Internet en
France :
![](Lautomedication--Peut-on-parler-de-succes11.png)
Le nombre d'internautes en France22 (Individus de 11
ans et plus qui se sont connectés au cours
du dernier mois, quel que soit le lieu de connexion)
Les français se connectent de plus en plus sur Internet.
Le nombre de connections Internet ne cesse de s'accroitre et montre l'expansion
du Web en France. Face au développement d'Internet, les instigateurs de
l'automédication jettent leurs filets de pêche dans la toile pour
s'emparer des cibles potentiels : les malades et les professionnels de
santé.
Des sites d'encyclopédies médicales comme le
VIDAL23 voient le jour sur Internet. Le VIDAL est un dictionnaire
contenant les informations scientifiques et détaillés de tous les
médicaments existants en France. Il permet aux médecins de
s'informer et de prescrire des médicaments car le VIDAL est une
référence incontournable. Ces sites, réservés
habituellement aux professionnels de santé, ont commencé à
développer des sites dédiés aux patients sur les
explications et les conseils thérapeutiques (Voir Figure 7 en
Annexe).
Ce site «
http://www.automedication.fr»
a été réalisé et entretenu par le Professeur Alain
Baumelou, président du Groupe de travail Prescription médicale
facultative à l'AFSSAPS et le docteur Loïc Etienne, médecin
urgentiste, animateur du site
www.docteurclic.co. L'objectif
de ce site est de donner un maximum d'information sur les médicaments
d'automédications et ainsi de pratiquer une automédication «
raisonnée ». En analysant le site Internet, on remarque plusieurs
entrées possibles.
Cinq entrées de recherche sont proposées :
Alphabétique, par substance, par Laboratoire, par problèmes de
santé (pathologie) et par règles de l'automédication. Ce
site assez complet sur toutes les pathologies du quotidien permet de pratiquer
à bon escient l'automédication. De plus, sur chaque
problème de santé, une liste de médicament est
proposée sur la même page et permet
22 Statistiques retravaillés à partir
des données issus du site Internet « Le journal du Net » (
http://www.journaldunet.com/cc/01_internautes/inter_nbr_fr.shtml),
consulté en Août 2008.
23 VIDAL est une filiale de CMP Medica (Groupe United
Business Media), leader international de l'information professionnelle aux
entreprises dans les secteurs, entre autres, de la santé, de la
technologie et des media.
d'obtenir des informations détaillées sur un
médicament PMF. Les statistiques de ce site ne sont pas disponibles sur
Internet, il aurait été intéressant de connaître
l'audience de ce site ainsi que la principale cible.
Le VIDAL a également fait un partenariat avec des
complémentaires santé pour étoffer la qualité de
leurs services mais aussi pour attirer les patients qui
s'automédiquent.
Le site de «
axasanteplus.com » est un
très bon exemple car on y retrouve une rubrique dédiée aux
conseils médicaux qui incitent ainsi indirectement le patient à
s'automédiquer. Comment s'organise ce site ? (Voir Figure 10 en
annexe)
Le site présente plusieurs rubriques
d'activités différentes, on distingue : une navigation sur le
corps humain qui renvoient à des pathologies bénignes (et ainsi
indirectement vers des médicaments PMF), des vidéos sur les
dossiers de l'actualité sanitaire comme « l'automédication
et les déremboursements », des jeux interactifs ludiques qui
permettent de travailler la mémoire, des vidéos d'exercices
sportives et enfin une rubrique « premier secour » bientôt
disponible.
La rubrique qui nous intéresse est celle du «
médicament + » car le patient peut naviguer et cliquer sur les
zones qu'ils souhaitent soigner.
Lorsque le patient clique sur les zones douloureuses ou
à traiter, il obtient plus d'informations médicales. Parmi les
informations proposées, on découvre des extraits de plantes, des
médicaments d'homéopathies conseillés et des
médicaments d'automédications. (Voir image extraite du site
Internet ci-dessous). Ce qui est remarquable, c'est que tous les
médicaments ont une fiche détaillée de leurs compositions
chimiques, des mentions légales... Une présentation qui rappelle
les notices qu'on retrouve à l'intérieur d'une boite de
médicament. Ces suppléments d'informations sont bien sûr
possibles grâce au partenariat avec le VIDAL.
Les informations sur l'automédication commencent
à se développer sur Internet et peuvent être un facteur
incontournable à l'enclin du marché des PMF. L'apport des
informations par Internet donne au patient une capacité à
discuter avec son médecin généraliste sur les traitements
qui lui prescrit. Aujourd'hui le statut du patient a pris beaucoup plus
d'importance. Capable de réfléchir et de proposer des solutions
sur le système de santé, il est important pour eux de se
représenter et de participer activement aux débats de
santé publique.
Trois évènements marquants se sont
croisés et ont permis au patient de disposer d'un nouveau savoir
santé : l'évolution d'Internet, l'arrivée des sites
interactifs et la hausse du suivi médiatique d'informations
santé. Internet a permis une expansion du savoir du malade.
Du coup, ses relations avec les différents acteurs
évoluent et proposent de nouvelles opportunités. Pour
répondre aux besoins des patients, tous les acteurs de santé ont
mis à leur disposition des dossiers santé qui expliquent et
décrivent les pathologies bénignes courantes.
Les laboratoires pharmaceutiques veulent élargir leur
service en proposant des informations
pathologies aux patients et aux professionnels de santé,
dans le but d'agrandir leur notoriété et leur appréciation
auprès d'eux.
Les professionnels de santé et les experts ont
également compris la tendance et mettent à jour des blogs
d'informations sur l'actualité santé comme le blog de Denise
Silber, spécialiste de l'esanté et fondatrice de la
société Basil Strategies : « Le but du blog est de favoriser
le « bon usage » des nouvelles technologies de l'information et
communication, dans le secteur santé ».
Si certains patients sont sans cesse à la recherche
d'information, d'autres pratiquent beaucoup l'homéopathie car ils
veulent « prévenir » les pathologies bénignes. Mais
qu'est-ce-qui pousse ces patients à pratiquer de
l'homéopathie?
Rappelons que l'homéopathie est une science qui
n'évolue pas, une pratique qui est resté imperméable
à toute nouvelle information. C'est une pratique qui est resté
intacte depuis des siècles. A l'inverse de la médecine
scientifique qui est en perpétuelle évolution, faire de
l'homéopathie c'est croire en l'efficacité des médicaments
même s'ils n'ont pas été scientifiquement
prouvés.
« Anxiété, stress, insomnie, allergies,
affections ORL, ménopause, tabagisme... Face à ces
problèmes, souvent la médecine traditionnelle se
révèle impuissante. Parce qu'elle est efficace et jamais
dangereuse, parce qu'elle respecte et stimule nos défenses naturelles,
l'homéopathie a aujourd'hui convaincu un Français sur trois
» extrait du livre « Se soigner par l'homéopathie :
Consultation, médicaments, conseils pratiques » du Dr en
homéopathie Jacques Boulet24.
Les personnes qui font de l'homéopathie croient en son
efficacité. Ils sont souvent déçus de la médecine
scientifique actuelle qui n'a peut-être pas porté ses fruits sur
les pathologies auxquelles les patients désirés se soigner.
L'homéopathie qui échappe à la raison scientifique semble
avoir trouvé un nouveau public en France.
Le succès peut aussi venir du coût de
consultation des médecins homéopathes qui est plutôt
intéressant. « les médecins homéopathes
génèrent un coût deux fois moins élevé que la
moyenne des médecins généralistes, alors qu'ils soignent
les mêmes pathologies » d'après le site Internet du
laboratoire Boiron, leader mondial sur le marché de
l'homéopathie.
La durée de consultation est plus longue que celle
d'un médecin généraliste. Un certain nombre
d'homéopathes insistent eux-mêmes vivement sur l'importance de la
conversation avec le patient qui
24 Voir Bibliographie, Livres
permet de choisir le meilleur médicament. On peut se
demander si la conversation et l'approfondissement de la pathologie n'aide pas
le patient à mieux se sentir et à se sortir de son mal
être.
Opposé à se soigner seul ou toujours recourir
à un professionnel de santé : ce sont les idées que
défendent ceux qui ne veulent pas de l'automédication. Un acteur
de santé incontournable se présente dans une telle position mais
pour des problématiques différentes. On ne peut pas parler
d'acteur qui sont « contre » l'automédication mais
plutôt de ceux qui ne la conseillent pas. Qui sont ces acteurs en
question?