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L'automédication : Peut-on parler de succès ?

( Télécharger le fichier original )
par Dévi Vidjéacoumar
Université de Marne la Vallée - Master AIGEME 2008
  

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2) Les acteurs mitigés face à ce marché

Nous allons désormais nous intéresser aux acteurs qui sont par leur métier complètement impliqués sur la question de l'automédication. Ces acteurs ont des avis mitigés sur le marché de l'automédication.

a) Les pharmaciens et la grande distribution : une finalité différente

On va commencer par la présentation du rôle du pharmacien au coeur de l'automédication grâce à l'interview d'ISABELLE Rosette, pharmacienne à Saint-Quentin-en-Yvelines, puis on verra en quoi ces derniers sont menacés sur le marché de l'automédication par leur ennemi : les parapharmacies des grandes surfaces.

En recensant la liste des acteurs opérant sur le marché de l'automédication, j'ai souvent dû revenir vers le pharmacien pour expliquer les relations et les interactions de celui-ci avec les autres acteurs de santé. Le pharmacien est un acteur incontournable de l'automédication car c'est lui qui conseille et délivre les médicaments PMF dans les officines. Ce dernier ne nécessite d'aucune ordonnance pour prescrire les médicaments d'automédications auprès du patient. De plus, il délivre les médicaments présents sur l'ordonnance du patient. Il a même la possibilité de changer un médicament d'ordonnance par un autre s'il estime que cela est nécessaire. Son rôle est également de participer à l'éducation thérapeutique du patient et de lui donner des conseils sur l'automédication, entre autres, de proposer des médicaments PMF en fonction des symptômes bénins qu'ils expriment. Le pharmacien est apte à délivrer un conseil au patient sur une pathologie bénigne en raison de son expertise et de sa formation.

Ce professionnel de santé a le monopole de son officine, les ventes des médicaments sont directement gérées par le pharmacien propriétaire. Les prix des médicaments PMF diffèrent donc d'une officine à une autre.

Les pharmaciens sont pour l'automédication car les bénéfices réalisés sur les ventes de PMF les concernent directement. De plus, le passage de l'OTC devant le comptoir est une nouveauté qui leur permettra d'aménager les médicaments sur les comptoirs qu'ils souhaitent mettre en avant et de favoriser la vente des PMF. L'Union Nationale des pharmacies confirme sa position sur la nouvelle présentation des OTC : « le public doit avoir une meilleure information, à travers des espaces conseils dans les officines tout en ayant un accès libre pour pouvoir regarder, comparer et juger ». Cette nouvelle mesure permettra au patient de comparer les prix des médicaments PMF sur un même traitement de maladie et de choisir librement avec ou sans les conseils du pharmacien. L'intérêt du pharmacien est de conserver son monopole, son métier c'est-à-dire son rôle de

conseiller médical mais aussi de continuer son commerce sans qu'il soit ouvert à la concurrence (comme peut l'être la grande distribution).

Pour en savoir plus, je suis partie interroger une responsable de pharmacie dans les Yvelines : Mme Isabelle Rosette. Bien qu'étant réticente à l'idée de répondre à mes questions à cause de l'arrivée de clients, sa coopération fut très intéressante et m'a permis de dégager quelques arguments jouant en leur faveur. (Voir Figure 9 : Interview de I. Rosette)

Lors des questions, je ressentais, lors de ses réponses, un attachement profond au métier qu'elle exerçait puis sa réaction sur les publicités Leclerc conforte les jugements des pharmaciens vu dans les médias. Selon cette pharmacienne, le rôle du pharmacien est de conseiller et d'éduquer le patient sur les médicaments qu'il consomme. Leur rôle est d'aider le patient à se soigner immédiatement en attendant sa consultation chez son médecin généraliste.

A la question cinq concernant la mission du pharmacien, il est vrai que le conseil médical n'est pas toujours d'actualité d'une officine à une autre, cependant c'est un service obligatoire et nécessaire selon elle, il s'agit de leur devoir envers leur client. Elle-même organise des formations pour ses apprentis comme par exemple la formation de deux jours sur les facultés des huiles essentielles. Concernant le passage des OTC devant le comptoir, cette pharmacie a adopté cette mesure mais elle remarque que les malades viennent toujours au comptoir avant de voir ou comparer les médicaments PMF placés dans les rayons. Les malades ne sont pas encore autonomes et ont besoin d'être guidé.

J'ai également posé une question sur les publicités de Leclerc et la vente de médicament PMF en grande surface. Il est étonnant de voir qu'Isabelle était convaincu que la vente de médicament sera possible prochainement dans les parapharmacies de la grande distribution.

Elle reprend l'exemple de Leclerc et continue en affirmant que d'autres supermarchés vont suivre l'ouverture. Les publicités de Leclerc l'avait rendu furieuse comme presque tous les pharmaciens, quelques arguments n'ont pas été cité dans les médias tel que les « marges arrières ».

Les marges arrières sont des primes offertes aux pharmacies lorsque celles-ci lui achète beaucoup de médicament à l'année. Elles n'étaient pas prises en compte dans le prix des médicaments, ainsi elles étaient directement versées pour la pharmacie. Suite à une réforme récente, les marges arrières sont perçues sur le prix des médicaments alors que pour la grande distribution, cela n'est pas le cas. Elle dénonce clairement l'intérêt commercial des grandes surfaces au détriment du conseil thérapeutique des pharmacies.

Malgré ces arguments, on remarquera que le prix du médicament n'a pas beaucoup changé

concernant les médicaments PMF non remboursés.

En résumé, on retrouve les devoirs du métier de pharmacien à travers la définition d'Isabelle Rosette. Sa position et ses idées rejoignent ceux qu'on a pu voir dans la presse et donne une certaine réalité des faits dans l'actualité. On a pu voir également que les nouvelles mesures prises par l'État comme les déremboursements et le passage de l'OTC devant le comptoir ont été bien accueillis dans cette pharmacie puisqu'elle commercialise des médicaments PMF (j'ai pu voir des médicaments pour la toux, pour le rhume et pour les maux de tête) dans un rayon qui reste assez proche du comptoir.

Malgré le libre service de certains médicaments PMF devant le comptoir, les malades ne sont pas encore habitués à cette pratique, ils demandent encore conseils au pharmacien avant de voir les nouveaux rayons des PMF.

De manière générale, les pharmaciens ont donc un avis positif sur les nouvelles mesures de l'État toutefois il a une crainte. En permettant le passage en vente libre des PMF, ces professionnels de santé appréhendent cette méthode car elle peut inciter le passage des PMF à la grande distribution. Or, ces craintes sont justifiées si l'on regarde le cas de Leclerc sur sa tentative de récupération des PMF.

En effet, après les mesures prises par l'État sur le passage de l'automédication devant le comptoir, la grande distribution en profite pour proposer ces médicaments PMF devant le comptoir de leur parapharmacie. D'après le dossier de presse de Leclerc du 3 avril 2008, ces derniers estiment que les prix des PMF lors des déremboursements augmenteront de 25% (chiffres basés sur des données de la mutualité française). Pour eux, seul la libre concurrence permettra de réguler ces prix et donc de ne pas empiéter sur le pouvoir d'achat des consommateurs. Ainsi, la grande distribution souhaite, tout comme les pharmaciens, vendre les médicaments d'automédications dans leurs parapharmacies en assurant que la vente des médicaments se fera avec le respect des réglementations françaises. Quelles sont les dispositions pour cela ?

Dans les parapharmacies Leclerc, les conseils et le bon usage du médicament seront fait avec l'aide de 150 docteurs en pharmacie. Un espace « médication familiale » sera aménagé en tenant compte des recommandations du ministre de la santé sur les codes couleurs, les « points conseils »... Et enfin, celui-ci cherche également à développer l'information du bon usage du médicament en distribuant des fiches-conseils sur les médicaments ou des messages d'éducation thérapeutiques.

Leclerc s'engage vis-à-vis de toutes les recommandations et précautions à prendre pour distribuer devant le comptoir de leurs parapharmacies les médicaments PMF. Cependant, les syndicats des pharmaciens et le ministre de la santé ont tout de suite rétorqué que ce n'était pas

possible. Pourquoi ? Si l'État autorise la vente des PMF dans les parapharmacies des grandes distributions, les pharmaciens devront faire face à une concurrence de prix important. Cela mettra leur monopole d'officine en péril.

« La mise à disposition du conseil d'un expert doit être possible lorsqu'on achète un médicament d'automédication » selon le ministre de la santé. C'est ce qui fait la différence entre l'achat en pharmacie et en parapharmacie. Les docteurs en pharmacie et autres experts proposés par exemple par la grande distribution Leclerc n'ont pas les mêmes intérêts derrière la vente de l'OTC. "La différence entre un pharmacien d'officine et un docteur en pharmacie Leclerc est simple : le premier est indépendant et a son libre choix, le second obéit à un marchand et n'a pas le libre choix. Le premier est responsable de ses actes, le second a ses actes conditionnés par les seuls choix financiers de LECLERC." de Armand Soulet, pharmacien hospitalier sur le site de « www.certiflam.com ».

Les objectifs sont complètement différents malgré le fait que les deux interlocuteurs ont le même centre d'intérêt qui est d'exploiter un marché de l'OTC en plein essor.

Sur la polémique de la communication Leclerc, ces gardiens des officines qui s'étaient réunis pour contre attaquer leur publicité en les qualifiant de « mensongère », sont temporairement soulagés quant à la vente des PMF car ils ont réussi à obtenir le retrait de ces supports de communication du grand-public.

Leurs moyens de pression se sont fait entendre dans la presse, on relève parmi les plus importants : les campagnes « contre-attaque » et qui au passage dénoncent les publicités de Leclerc comme mensongère, les défilés des étudiants en médecine dans la rue pour protester contre la commercialisation des PMF dans les parapharmacies des grandes surfaces et enfin les débats et les discours des représentants des pharmacies à la radio, à la presse ou encore à la télévision.

D'un point de vue du pharmacien, il faut savoir que la mise à disposition de comptoir dans les pharmacies n'est pas obligatoire. Ils décident et choisissent les aménagements de leurs officines, ainsi même ceux qui ne voient pas l'OTC d'un bon oeil, peuvent s'abstenir de présenter des comptoirs.

Notons un élément non négligeable sur les décisions et les pouvoirs de ces pharmaciens : Dans le cadre de la nouvelle distribution des PMF devant le comptoir, d'après l'article du « Moniteur des pharmacies et des laboratoires », l'État doit modifier l'article R 4235-55 du Code de la Santé Publique « visant à permettre l'accès des patients à certains médicaments munis d'une AMM dans des présentoirs de libre service des officines de pharmacie. » Cette modification n'est possible que par les syndicats de pharmaciens. Ils ont un moyen de résister à ce nouveau passage toutefois ces derniers sont d'accord pour ne laisser passer que les produits d'automédications.

En résumé, les pharmaciens acceptent dans la majorité de jouer le jeu de l'éducation thérapeutique du patient sur l'autoprescription. Ils ont un rôle de conseiller sur les médicaments et accompagnent les patients dans le développement de « l'automédication responsable ». Cependant, il reste quelques pharmaciens qui ont un avis négatif sur la disposition des nouveaux comptoirs en pharmacie. Parmi eux, on retrouve ceux qui ne veulent pas que le médicament PMF se retrouve dans les supermarchés et ceux qui craignent une banalisation du médicament alors que celui-ci dispose d'une AMM. Cela mettra leur marché du médicament et leur métier de pharmacien en péril, étant donné que les prix de la grande distribution seront plus intéressants, ce qui veut dire qu'ils perdront également leur monopole.

Les acteurs de santé sont dans la globalité contre la distribution des PMF dans les parapharmacies. Leurs principaux arguments de contradiction reviennent souvent sur la nature même du produit : Un médicament. Définitivement ancré dans la société comme un produit non banal, le médicament n'est pas un produit de consommation comme les autres.

Même si la vente de médicaments PMF ne se fera pas dans les parapharmacies aujourd'hui, la participation des grandes distributions aurait sans doute accru ce marché, mais l'objectif et la finalité ne sont pas les mêmes pour les acteurs de santé et les commerciaux des grandes distributions.

Les pharmaciens ne sont pas les seuls acteurs capables de favoriser l'automédication, les médecins sont également les interlocuteurs privilégiés des patients à ce sujet.

b) Les patients : acteur à la recherche du Savoir Médical

La culture de médicament, en France, fait que nous avons l'habitude de consommer beaucoup de médicament. L'automédication n'est pas une nouvelle pratique si l'on regarde l'étude du corpus car les chiffres stagnent dans la globalité.

Les malades, les patients ou les clients : ces mots deviennent synonyme face aux instigateurs de l'automédication. Les malades sont des cibles de choix et sont souvent victimes des outils médiatiques des laboratoires pharmaceutiques.

Les patients n'ont qu'un intérêt : se soigner au plus vite au meilleur coût. L'automédication fait parti du quotidien des patients car on a tous consommé du paracétamol lorsqu'on avait une migraine, on a tous bu du sirop pour la toux lorsqu'on toussait... Autant de petites pratiques qu'on appelle « automédication ».

l'automédication ? C'est ce que nous allons voir dans cette partie.

Voyons dans un premier temps si le patient pratique régulièrement de l'autoprescription : À l'occasion du colloque « L'automédication : Recul ou progrès » de la Mutualité française, celle-ci a fait réaliser une enquête exclusive par CSA/CECOP20 en février 2007.

Dans cette enquête, on apprend que près de 7 Français sur 10 (67 %) porte un jugement positif sur l'automédication dont 47 % considèrent qu'il s'agit d'une "façon de faire normale", 20 % allant jusqu'à la qualifier de "comportement citoyen". Cette qualification proposée par la Mutualité Française est reconnue par 20% des patients interrogés, cela signifie qu'il s'agit d'un comportement habituel et ancré dans les pratiques du malade. Puis 62 % des personnes interrogées reconnaissent se soigner sans l'aide du médecin. L'enquête révèle donc que les Français s'automédiquent assez régulièrement au quotidien.

Cependant, il est difficile d'évaluer ce que pense les français des pratiques de l'automédication, on peut juste s'inspirer d'un échantillon de personnes et établir une analyse à partir de celle-ci. Lors de cette enquête, il est précisé que sur les 1010 personnes interrogés, 758 refusaient d'aller acheter leur médicament en dehors des pharmacies. Ce qui témoigne de la part du patient, une grande confiance envers ce professionnel de santé.

Le patient aura tendance à s'automédiquer car cela lui permet de se soigner rapidement. Les mesures de déremboursements de l'État vont favoriser la pratique et donner aux patients plus de choix dans leurs recherches de médicaments d'automédication. Il y a certains avantage à avoir recours à l'automédication. Selon le colloque sur l'automédication de Patrick Queneau21, c'est une économie de temps car il est plus facile d'aller à la pharmacie du coin que de se rendre chez le médecin. Dans l'actualité de la presse médicale, les journaux relatent d'un nouveau phénomène concernant ces patients. En effet, le phénomène en question est la recherche d'informations, de soins et de diagnostic santé sur Internet.

Quelques chiffres confirment cette nouvelle aptitude du malade. Une étude réalisée par Ipsos Insight santé pour la Fédération Nationale de l'information médicale montre que 67 % des Français sont partis en quête d'information médicale au cours des douze derniers mois sur Internet et 46 % auprès de leur médecin.

Les médecins interrogés affirment que 90 % de leurs patients vont à la recherche d'informations sur Internet. La recherche d'informations santé sur Internet est très importante de la part des

20 Sur un échantillon national représentatif de 1010 Français âgées de 18 ans et plus, constitué d'après la méthode des quotas : sexe, âge, profession du chef de ménage. Une étude réalisée par la Mutualité Française et retranscrit dans leur communiqué de presse le 21 Mars 2007.

21 Voir références bibliographiques dans la catégorie Rapport

patients. Pourquoi sont-ils si captivés par les informations santé et pathologie ?

La raison a déjà été citée dans notre sous-chapitre précédent, il s'agirait du manque d'information santé des patients. D'après l'étude WHIST (de Inserm Internet santé) dans le « Quotidien du Médecin », il a été estimé que dans 70% des cas, les patients surfent sur le web pour mieux comprendre les informations données par le médecin et à 60% pour trouver des informations complémentaires à celles que le médecin a données.

Le patient souhaite en savoir plus sur sa santé et recherche des informations pour mieux se soigner et pourquoi pas pour s'automédiquer?

Les chiffres montrent qu'il y a une évolution dans le comportement de ces malades, les patients ont une soif incessante de toujours en vouloir plus sur les informations santé qui sont en abondance sur le web.

Un autre facteur a permis au patient de s'intéresser davantage à la santé. Ce sont les médias. D'après les études de À+A (cabinet d'étude) sur le suivi médiatique des Français dans le domaine de la santé en 2003, on estime que 7 français sur 10 suivent l'information santé dans les médias, principalement des femmes, des mères qui prennent en charge les membres de son foyer. L'actualité santé a pris de plus en plus d'importance au fil du temps, notamment à cause de scandale comme celle de la vache folle : La maladie de Creutzfeld-Jakob qu'on appelle plus communément « la vache folle ».

Le patient dispose d'un nouveau savoir et recherche des données qui peuvent l'aider davantage. Par exemple : Ils recherchent des informations où ils s'identifient à un cas de maladie ayant les mêmes symptômes et tentent de trouver une approche thérapeutique qui a eu le plus de succès à son sujet. Étant la plus grande source d'information des patients, on peut supposer que cet outil a permis une évolution dans la mentalité des patients et des professionnels de santé. Comment Internet a-t-il pu participer à l'évolution du patient vis-à-vis de l'automédication ?

De nombreux sites sont apparus depuis le développement d'Internet. Voyons, avant tout quelques chiffres de l'utilisation d'Internet en France :

Le nombre d'internautes en France22 (Individus de 11 ans et plus qui se sont connectés au cours

du dernier mois, quel que soit le lieu de connexion)

Les français se connectent de plus en plus sur Internet. Le nombre de connections Internet ne cesse de s'accroitre et montre l'expansion du Web en France. Face au développement d'Internet, les instigateurs de l'automédication jettent leurs filets de pêche dans la toile pour s'emparer des cibles potentiels : les malades et les professionnels de santé.

Des sites d'encyclopédies médicales comme le VIDAL23 voient le jour sur Internet. Le VIDAL est un dictionnaire contenant les informations scientifiques et détaillés de tous les médicaments existants en France. Il permet aux médecins de s'informer et de prescrire des médicaments car le VIDAL est une référence incontournable. Ces sites, réservés habituellement aux professionnels de santé, ont commencé à développer des sites dédiés aux patients sur les explications et les conseils thérapeutiques (Voir Figure 7 en Annexe).

Ce site « http://www.automedication.fr» a été réalisé et entretenu par le Professeur Alain Baumelou, président du Groupe de travail Prescription médicale facultative à l'AFSSAPS et le docteur Loïc Etienne, médecin urgentiste, animateur du site www.docteurclic.co. L'objectif de ce site est de donner un maximum d'information sur les médicaments d'automédications et ainsi de pratiquer une automédication « raisonnée ». En analysant le site Internet, on remarque plusieurs entrées possibles.

Cinq entrées de recherche sont proposées : Alphabétique, par substance, par Laboratoire, par problèmes de santé (pathologie) et par règles de l'automédication. Ce site assez complet sur toutes les pathologies du quotidien permet de pratiquer à bon escient l'automédication. De plus, sur chaque problème de santé, une liste de médicament est proposée sur la même page et permet

22 Statistiques retravaillés à partir des données issus du site Internet « Le journal du Net » ( http://www.journaldunet.com/cc/01_internautes/inter_nbr_fr.shtml), consulté en Août 2008.

23 VIDAL est une filiale de CMP Medica (Groupe United Business Media), leader international de l'information professionnelle aux entreprises dans les secteurs, entre autres, de la santé, de la technologie et des media.

d'obtenir des informations détaillées sur un médicament PMF. Les statistiques de ce site ne sont pas disponibles sur Internet, il aurait été intéressant de connaître l'audience de ce site ainsi que la principale cible.

Le VIDAL a également fait un partenariat avec des complémentaires santé pour étoffer la qualité de leurs services mais aussi pour attirer les patients qui s'automédiquent.

Le site de « axasanteplus.com » est un très bon exemple car on y retrouve une rubrique dédiée aux conseils médicaux qui incitent ainsi indirectement le patient à s'automédiquer. Comment s'organise ce site ? (Voir Figure 10 en annexe)

Le site présente plusieurs rubriques d'activités différentes, on distingue : une navigation sur le corps humain qui renvoient à des pathologies bénignes (et ainsi indirectement vers des médicaments PMF), des vidéos sur les dossiers de l'actualité sanitaire comme « l'automédication et les déremboursements », des jeux interactifs ludiques qui permettent de travailler la mémoire, des vidéos d'exercices sportives et enfin une rubrique « premier secour » bientôt disponible.

La rubrique qui nous intéresse est celle du « médicament + » car le patient peut naviguer et cliquer sur les zones qu'ils souhaitent soigner.

Lorsque le patient clique sur les zones douloureuses ou à traiter, il obtient plus d'informations médicales. Parmi les informations proposées, on découvre des extraits de plantes, des médicaments d'homéopathies conseillés et des médicaments d'automédications. (Voir image extraite du site Internet ci-dessous). Ce qui est remarquable, c'est que tous les médicaments ont une fiche détaillée de leurs compositions chimiques, des mentions légales... Une présentation qui rappelle les notices qu'on retrouve à l'intérieur d'une boite de médicament. Ces suppléments d'informations sont bien sûr possibles grâce au partenariat avec le VIDAL.

Les informations sur l'automédication commencent à se développer sur Internet et peuvent être un facteur incontournable à l'enclin du marché des PMF. L'apport des informations par Internet donne au patient une capacité à discuter avec son médecin généraliste sur les traitements qui lui prescrit. Aujourd'hui le statut du patient a pris beaucoup plus d'importance. Capable de réfléchir et de proposer des solutions sur le système de santé, il est important pour eux de se représenter et de participer activement aux débats de santé publique.

Trois évènements marquants se sont croisés et ont permis au patient de disposer d'un nouveau savoir santé : l'évolution d'Internet, l'arrivée des sites interactifs et la hausse du suivi médiatique d'informations santé. Internet a permis une expansion du savoir du malade.

Du coup, ses relations avec les différents acteurs évoluent et proposent de nouvelles opportunités. Pour répondre aux besoins des patients, tous les acteurs de santé ont mis à leur disposition des dossiers santé qui expliquent et décrivent les pathologies bénignes courantes.

Les laboratoires pharmaceutiques veulent élargir leur service en proposant des informations

pathologies aux patients et aux professionnels de santé, dans le but d'agrandir leur notoriété et leur appréciation auprès d'eux.

Les professionnels de santé et les experts ont également compris la tendance et mettent à jour des blogs d'informations sur l'actualité santé comme le blog de Denise Silber, spécialiste de l'esanté et fondatrice de la société Basil Strategies : « Le but du blog est de favoriser le « bon usage » des nouvelles technologies de l'information et communication, dans le secteur santé ».

Si certains patients sont sans cesse à la recherche d'information, d'autres pratiquent beaucoup l'homéopathie car ils veulent « prévenir » les pathologies bénignes. Mais qu'est-ce-qui pousse ces patients à pratiquer de l'homéopathie?

Rappelons que l'homéopathie est une science qui n'évolue pas, une pratique qui est resté imperméable à toute nouvelle information. C'est une pratique qui est resté intacte depuis des siècles. A l'inverse de la médecine scientifique qui est en perpétuelle évolution, faire de l'homéopathie c'est croire en l'efficacité des médicaments même s'ils n'ont pas été scientifiquement prouvés.

« Anxiété, stress, insomnie, allergies, affections ORL, ménopause, tabagisme... Face à ces problèmes, souvent la médecine traditionnelle se révèle impuissante. Parce qu'elle est efficace et jamais dangereuse, parce qu'elle respecte et stimule nos défenses naturelles, l'homéopathie a aujourd'hui convaincu un Français sur trois » extrait du livre « Se soigner par l'homéopathie : Consultation, médicaments, conseils pratiques » du Dr en homéopathie Jacques Boulet24.

Les personnes qui font de l'homéopathie croient en son efficacité. Ils sont souvent déçus de la médecine scientifique actuelle qui n'a peut-être pas porté ses fruits sur les pathologies auxquelles les patients désirés se soigner. L'homéopathie qui échappe à la raison scientifique semble avoir trouvé un nouveau public en France.

Le succès peut aussi venir du coût de consultation des médecins homéopathes qui est plutôt intéressant. « les médecins homéopathes génèrent un coût deux fois moins élevé que la moyenne des médecins généralistes, alors qu'ils soignent les mêmes pathologies » d'après le site Internet du laboratoire Boiron, leader mondial sur le marché de l'homéopathie.

La durée de consultation est plus longue que celle d'un médecin généraliste. Un certain nombre d'homéopathes insistent eux-mêmes vivement sur l'importance de la conversation avec le patient qui

24 Voir Bibliographie, Livres

permet de choisir le meilleur médicament. On peut se demander si la conversation et l'approfondissement de la pathologie n'aide pas le patient à mieux se sentir et à se sortir de son mal être.

Opposé à se soigner seul ou toujours recourir à un professionnel de santé : ce sont les idées que défendent ceux qui ne veulent pas de l'automédication. Un acteur de santé incontournable se présente dans une telle position mais pour des problématiques différentes. On ne peut pas parler d'acteur qui sont « contre » l'automédication mais plutôt de ceux qui ne la conseillent pas. Qui sont ces acteurs en question?

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein