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L'automédication : Peut-on parler de succès ?

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par Dévi Vidjéacoumar
Université de Marne la Vallée - Master AIGEME 2008
  

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III. Un marché prometteur : Quels enjeux pour quels acteurs ?

Pour comprendre les facteurs sur lesquels repose l'évolution de l'automédication, il est important de comprendre les acteurs de santé, leurs rôles et les enjeux qui peuvent se présenter derrière ce marché. La plupart des informations les présentant sont issues directement des organismes. Des extraits de livres et d'articles de presse viennent compléter la description des acteurs afin qu'on puisse clairement identifiés leurs rôles et leurs parties prix sur le marché. Trois types de rôles se dégagent concernant l'automédication : Ceux qui sont « pour » et « contre » et ceux qui ont un avis partagé sur cette pratique. Commençons par ceux qui veulent promouvoir l'automédication :

1) Les instigateurs de l'automédication

a) Les porte-paroles des laboratoires pharmaceutiques

Les laboratoires pharmaceutiques

Les laboratoires pharmaceutiques sont des puissants « lobby » qui recherchent toujours à augmenter leur bénéfice. Leur but est de conserver la pérennité de l'entreprise afin qu'elle se porte le mieux possible et donc de commercialiser un maximum de médicaments. Ce sont majoritairement les ventes des médicaments PMO qui sont les plus importantes, mais le marché de l'automédication se portant au mieux, attire également ces laboratoires. Les recettes attendus derrière ce marché de l'automédication sont les principaux objectifs de ces laboratoires pharmaceutiques.

Concernant l'automédication, il faut savoir que ces industries pharmaceutiques possèdent, très souvent, des grandes divisions au sein de leur organisation : chez le laboratoire GSK par exemple, il y a la division pharmaceutique et la division Santé Grand Public : les médicaments PMF font partis de la division « Santé Grand Public ». Chez le laboratoire Merck possède une division « médication familiale » qui désigne la catégorie « automédication » et chez le leader mondial du marché pharmaceutique : Johnson & Johnson, on a la division « Consumer Health Care ».

Pour défendre leurs idées et leurs pouvoirs, ces industries disposent de deux porte-paroles : le LEEM et l'AFIPA. Deux organismes très présents dans l'actualité de la presse et qui font beaucoup parler d'eux lors de réforme de santé. Nous les verrons en détail, après avoir vu l'évolution mondiale du marché de l'automédication. Voyons à présent, comment se porte ce marché ces dernières années :

en moyenne de 15 % mais l'ensemble des mesures prises par l'État en faveur de l'automédication aura sans doute comme effet de dynamiser le marché.

La part de marché dans le monde grimpe très vite chaque année (voir le graphique ci-dessous). L'OTC qui est peu développé en France, risque également de s'accroître et de connaître des chiffres très importantes suites aux mesures de l'État.

La croissance vue sur les statistiques du corpus montre que les ventes de PMF s'accroissent un peu plus chaque année. En 2007, la vente des PMF a augmenté de 4 % par rapport à l'année 2006. L'automédication permettrait de développer certains produits PMF des grands laboratoires et pourquoi pas de s'imposer comme des blockbusters. Les blockbusters sont les médicaments « stars » des laboratoires pharmaceutiques qui connaissent une forte notoriété dû à un succès qui se poursuit dans le temps. Ce sont ces médicaments qui permettent d'accroitre la notoriété d'un laboratoire mais aussi de marquer sa place sur le marché de l'OTC. Le Viagra du laboratoire Pfizer est un médicament blockbuster qui leur permet de se démarquer des autres par leur popularité. Nous verrons dans cette partie les enjeux des laboratoires pharmaceutiques, en quoi est-ce-qu'on peut les qualifier de « lobby » et enfin qu'ils sont représentés par deux grandes entités que sont l'AFIPA et le LEEM .

L'automédication est un espoir pour l'industrie pharmaceutique qui y voit l'avantage de marchés nouveaux, soutenus par un déploiement publicitaire touchant directement le « Grand Public ». Ces industries disposent de très grandes ressources pour la communication de leur lancement de produit. Ces firmes, s'inspirant des études et des résultats de l'AFIPA, convoitent le marché de l'OTC. Ce dernier, étant un marché prometteur si l'on regarde la croissance sur le

schéma ci-dessus, permettrait à beaucoup d'industries pharmaceutiques de faire des bénéfices importants.

Les laboratoires sont souvent qualifiés de puissant « lobby », et pour cause, ces industries pharmaceutiques consacrent une grande partie de leur recette à la promotion de leurs médicaments. Non seulement leur campagne de promotion des médicaments est très couteuse mais les laboratoires engagent beaucoup de visiteurs médicaux11 pour assurer la promotion directement auprès des médecins. Il est interdit de faire de la publicité sur les médicaments livrés sur ordonnance, par contre, pour les médicaments d'automédications, cela est toléré. Les laboratoires dépensent une somme colossale sur les lancements de leurs nouveaux produits d'automédications.

Sur le site « pharmaceutiques.com », j'ai pu relevé quelques constatations sur un article d'août 2007 : « Selon ses résultats relayés par Les Echos, en dix ans, les dépenses publicitaires et de marketing pour les produits pharmaceutiques ont triplé, atteignant 30 milliards de $ par an. Une somme qui représente de 20 à 30 % du chiffre d'affaires des laboratoires, soit autant que leurs dépenses de R&D. ».

Inutile de préciser qu'un lancement réussi a de grande conséquence sur le succès du médicament, c'est pourquoi les investissements marketing sont si importants. Les budgets déployés montrent bien que les laboratoires comptent exploiter ce marché qui ne fait que croître depuis des dix dernières années.

L'exploitation de ce marché peut permettre aux laboratoires de se soulager un peu en terme d'amortissement de leur coût en Recherche et Développement. En effet, les industries pharmaceutiques qui possèdent deux divisions « Pharmaceutiques » et « Santé Grand Public » peuvent amortir une petite partie de leurs coûts de Recherche et Développement sur le chiffre d'affaires généré par la division « Santé Grand Public » et plus précisément sur leurs produits d'automédication. Rappelons que c'est la capacité à produire des médicaments innovants qui maintiennent la continuité des grands laboratoires pharmaceutiques. Ainsi, ils doivent sans cesse sortir des médicaments novateurs. Pour cela, ils investissent au moins 5 % à 20 % de leur budget annuel en espérant obtenir un médicament sur mille en développement. Par exemple, GSK a investi en 2007 ,68 millions d'euros en Recherche et Développement (R&D) alors que leur budget annuel était d'environ 1500 millions d'euros hors gamme automédication (qui est de 200 millions d'euros). GSK a investi 4,5 % de son budget en R&D. Pour le laboratoire Pfizer (leader mondial), leur chiffre

11 Le visiteur médical est envoyé par le laboratoire pour rencontrer différents médecins afin d'assurer la promotion d'un nouveau médicament. Il espère ainsi convaincre le médecin de prescrire son médicament en présentant les facultés de ce dernier.

d'affaires en 2007 s'élève à 31 milliards d'euros et leur investissement en R&D est de 5 milliards d'euros soit 16 % de leur capital total.

D'après le livre « Le système de santé en France »12, les industries pharmaceutiques peuvent utiliser la marge financière faites sur leurs divisions de médicaments « Santé Grand Public » commercialisant les produits d'automédications pour diminuer le problème de financement. La gamme d'automédication ne représente pas plus de 5% de l'activité d'un laboratoire, ainsi même si celui-ci rencontre un succès sur sa gamme OTC, les bénéfices engendrés restent négligeables face à ceux des produits pharmaceutiques. Certes, l'apport des bénéfices issus des produits d'automédication est très faible par rapport à celui de la division pharmaceutique mais le marché de l'automédication reste toujours important pour le laboratoire. Tout d'abord parce que le marché augmente un peu plus chaque année mais aussi parce que les bénéfices suivront la même tendance si les laboratoires parviennent à bien exploiter ce marché.

Comprenant qu'il y a un potentiel à exploiter sur le marché de l'automédication, les laboratoires mettent à disposition des professionnels de santé et désormais des patients, des services sur leurs sites Internet. Parmi les services, on distingue les dossiers santé. Ces derniers décrivent les maladies bénignes dans un vocabulaire médical vulgarisé, avec des schémas et des illustrations, des définitions des symptômes, des moyens de prévention et des conseils pratiques. Contraint par la loi, ces dossiers précisent toujours de consulter un médecin car ces dossiers santé ne remplacent en aucun cas un diagnostic de médecin mais peuvent lui donner des conseils sur l'automédication d'un patient. Cette mention est importante car elle précise qu'il s'agit de conseil médical et non d'un diagnostic, ainsi, le conseil ne remplace en aucun cas le diagnostic d'un médecin.

J'ai pu poser une question à ce propos non plus au président de l'AFIPA, mais au PDG de GSK Santé Grand Public :

« Dévi : Les laboratoires pharmaceutiques commencent à développer les sites sur les informations pathologies. Pensez-vous que ces dossiers vont accentuer le succès de l'automédication ?

V. Cotard : Les patients ont aujourd'hui un savoir impressionnant par rapport à avant. Les industriels vont donc en ce sens en proposant ces informations pathologies. Par exemple le nombre de visites sur Doctissimo, le site communautaire de santé : 1 400 000 visites, montre qu'il y a une réelle attente de la part des malades. Ces dossiers santé peuvent éventuellement être une valeur ajoutée pour l'automédication. »

12 Voir Bibliographie, rubrique Livres

Cette question permet de voir si le comportement des patients peut effectivement jouer sur la courbe de l'autoprescription d'un point de vue de l'AFIPA. Il est vrai que les patients sont sans cesse à la recherche d'informations santé les concernant, le site de Doctissimo confirme cette tendance avec plus d'un million de visites par jour, ce qui est considérable quand on sait que cela représente presque le quart du score de Google. Les rubriques les plus consultées sur ce site sont la « santé » et « l'encyclopédie des médicaments » par une majorité de femme selon les sources de Doctissimo.

Les firmes pharmaceutiques offre des services au grand-public en mettant en ligne des dossiers pathologies où l'on peut comprendre les symptômes d'une maladie bénigne, comment la soigner ou la prévenir et stipule toujours de voir le médecin pour en savoir plus. En alimentant les besoins des patients sur les informations santé, les industries communiquent directement avec le grand-public. Ils y trouvent un intérêt car ils arrivent ainsi à attirer l'attention des internautes, à communiquer un message et ainsi à se créer une image positive de leur laboratoire. L'AFIPA confirme le fait que les dossiers santé peuvent être des vecteurs positifs à l'automédication.

D'autre part, en consultant le magazine « Que choisir santé ? » j 'ai pu relever que 31 % des Français surfent plus ou moins régulièrement sur Internet à la recherche d'informations santé, une information issue du dernier baromètre du « Cercle santé société13 ». Face à une demande élevée d'informations santé, les laboratoires pharmaceutiques voient l'un de leur rêve se réaliser : La communication directe avec le patient sans passer par l'intermédiaire des professionnels de santé. Cependant, soumis à des réglementations strictes en matières de communication sur le « médicament », ces firmes ne peuvent s'adresser directement aux internautes.

Avec l'aide des dossiers santé, les laboratoires offrent des services qui permettent aux médecins et aux pharmaciens de les aider dans leur relation avec le patient. Ce dernier veut souvent en savoir plus sur les pathologies. Ces dossiers permettent de comprendre, dans un vocabulaire médical vulgarisé, une pathologie.

Des dossiers qui ont vu le jour car souvent le médecin désire donner plus d'informations mais par manque de temps, il ne le fait pas systématiquement. C'est la première raison de la disponibilité de ces dossiers sur Internet.

Un nouveau terme est employé pour qualifier ce type de communication « laboratoires directement auprès des patients », on parle de « Direct to Consumer » ou « Direct to Patient ».

Cette expression, utilisée dans le magazine n°23 de « Prescriptions santé » en Janvier 2007, précise bien que les laboratoires communiquent sur les pathologies et ne doivent jamais cité de marques ou de médicament type PMO. Néanmoins dans ce magazine, quelques précurseurs du « Direct to Consumer » sont présentés : La campagne de publicité de Fournier sur la ménopause en 1995, la campagne de communication de l'antidépresseur Prozac appelé également la « pilule du bonheur » ou encore le programme « arc-en-ciel » du laboratoire Lilly destiné à répondre aux questions des dépressifs.

Toutes ces campagnes de communication abordent des domaines thérapeutiques avec un traitement adéquat et ne mentionnent à aucun moment des médicaments. Bien que les médicaments des laboratoires ne soient pas cités lors de ces campagnes de communication, ils essayent toujours de passer quelques messages subliminaux en jouant sur des objets rappelant un médicament de leur laboratoire comme par exemple : la couleur, la forme du logo... Ces laboratoires présentent leurs services comme un aide à la communication « patients/professionnels de santé ».

Dans cet article, on rappelle également qu'en 1995, la dépression était un mot tabou et peu de personnes savaient qu'il s'agissait d'une maladie souvent chronique et qui provoquait des rechutes dès lors qu'on arrête les traitements. Sur le dernier exemple cité de Lilly, la campagne avait rencontré un tel succès que ce laboratoire avait reçu par la suite des demandes de documentations de la part d'organisme public.

Ainsi, les laboratoires sont également des acteurs de santé et mettent à disposition des patients des outils pour les aider et les accompagner dans le domaine de la santé. Un moyen également de montrer la notoriété et les services de qualité fournis par les laboratoires, qui en échange même s'ils ne le disent pas souhaiterait des retours positifs sur l'achat de leurs médicaments.

Pour pouvoir s'exprimer et défendre leurs intérêts et leurs enjeux commerciaux, les laboratoires pharmaceutiques sont représentés par deux porte-paroles : L'AFIPA et le LEEM.

L'AFIPA

L'AFIPA, est le porte parole des laboratoires pharmaceutiques qui voient un véritable marché à conquérir. Le contexte actuel avec les déremboursements, les décisions de la commission européenne sur son avis favorable à l'automédication, profite aux laboratoires qui voient un enjeu

économique important. A l'aide des déremboursements, le prix des médicaments change et le bénéfice retenu sur ce dernier augmente. De plus, la mise en place du nouveau mode de distribution des médicaments PMF (placer devant le comptoir des pharmaciens) permettent aux laboratoires de tirer un plus grand profit en s'adressant directement aux patients. Commençons par définir le statut de l'AFIPA.

L'AFIPA : Association Française de l'Industrie Pharmaceutique pour une Automédication responsable est une association professionnelle qui représente les industriels du médicament d'automédication. Les membres de cette association sont des laboratoires pharmaceutiques et les membres associés sont des organismes qui travaillent avec ces laboratoires.

Leur mission est « de promouvoir les médicaments d'automédication, dans le cadre de la Santé publique, dans l'intérêt des patients/consommateurs et des industriels membres de l'Association ». Elle assure divers missions en France dont :

« L 'AFIPA assure sa mission : En favorisant le développement des médicaments d'automédication en France ; En faisant reconnaître les comportements d'automédication comme un élément essentiel pour la Santé publique et pour l'économie de la santé ; En favorisant le développement, tant au niveau des professionnels concernés que des consommateurs, de l'image de ces produits ; Et en représentant les industriels auprès des Pouvoirs publics, des médecins, des pharmaciens, des médias et des patients-consommateurs. »14.

L'objectif de l'AFIPA est de promouvoir l'automédication auprès de tous les acteurs. Ils représentent les laboratoires pharmaceutiques lors des grandes réunions de santé comme leur participation au rapport d'Alain Coulomb sur l'automédication pour le ministre de la santé. L'AFIPA est le porte-parole des industries pharmaceutiques auprès de tous les acteurs de santé sur l'automédication. Cette association publie des informations sur leur site Internet comme des études de consommation auprès des patients et des professionnels de santé sur l'automédication, des données économiques sur le marché de l'automédication, des textes et des documents institutionnels relatif au marché des médicaments, des dossiers et des communiqués de presse, ainsi que des liens vers d'autres sites partenaires.

Sur les articles de presse, issus des journaux spécialisés et grand-public comme « Le Moniteur des pharmacies, le Panorama du Médecin, France Soir » mentionnant le marché de l'automédication en France, les informations exploitées proviennent parfois des données économiques de l'AFIPA.

Pour les statistiques de l'automédication, c'est le cabinet d'étude IMS Health qui s'est chargé de mener une étude pour l'AFIPA. IMS Health est la quatrième société d'information et d'étude

14 extrait du site de l'AFIPA : www.afipa.org

marketing en France.

Les journalistes recueillent très souvent l'interview de spécialiste sur la question comme le président de l'AFIPA. Sur un article de presse du journal « Pharmaceutiques », on retrouve une interview du président de l'AFIPA Eric Maillard, en septembre 2007, qui par ailleurs est également président des laboratoires McNeil France. Dans cet article abordant de l'accès OTC, le président répond qu'il souhaite la mise en place d'espace dédié à l'automédication dans les pharmacies et que l'idée principale est d'améliorer l'accès au médicament pour favoriser le conseil du pharmacien.

J'ai, moi-même pu obtenir l'interview de l'actuel président de l'AFIPA : M. Vincent Cotard, qui est aussi président du laboratoire GlaxoSmithKline Santé Grand Public. Âgée de 44 ans, diplômé de l'Ecole supérieure de Commerce de Rouen et de l'Executive MBA HEC, Président de GSK Santé Grand Public depuis 4 ans, il a 15 ans d'expérience dans l'industrie pharmaceutique et dans l'automédication.

Le but de l'interview était de connaître sa position sur le marché de l'automédication, d'avoir un avis sur la position de l'AFIPA et d'analyser les nouveaux facteurs influençant l'automédication comme les déremboursements, le passage des médicaments PMF devant le comptoir ou la position favorable de la commission européenne.

Parmi les questions, il y en aura une qui portera sur la division Santé Grand Public dont Vincent Cotard est responsable au laboratoire GSK. Je m'adresserai alors au responsable SGP et non au président de l'AFIPA avec la question sur les produits d'automédications de GSK.Voir l'interview en annexe, Figure 8.

Sur la première question, l'une des sources clés de l'évolution positive de l'automédication est cité : Le déremboursement. Cependant ce n'est pas le seul facteur qui parviendra à lancer le marché en France, le terme de « switch » est abordé. Le mot "switch" (en anglais : commutateur) désigne la transformation par un laboratoire pharmaceutique d'un médicament PMO en un médicament d'automédication et donc vendu sans ordonnance au comptoir de la pharmacie.

Le "switch" est un moyen courant pour une firme de lancer un médicament dont les ventes baissent, ou qui va se trouver concurrencé par des nouveaux médicaments, ou par des copies à l'échéance d'un brevet. Les laboratoires pratiquent ce genre d'opération pour des raisons d'amortissements de coût sur les Recherches et Développement, néanmoins la concentration de molécule active de ces médicaments PMF est beaucoup moins importante et nécessite une formule médicale adaptée au marché de l'automédication. Ces « switch » permettront d'agrandir la famille

des PMF et peuvent être à l'initiative des laboratoires souhaitant agrandir leur offre en PMF. Les « switch » permettent également de profiter des molécules innovantes des laboratoires. Cette procédure est malgré tout très longue en France au niveau réglementaire et c'est pourquoi, dans l'interview, on parle de la procédure centralisée Européenne. Cette procédure implique, entre autres, qu'à partir d'un vote majoritaire des membres de l'Union européenne sur le lancement d'un médicament switché, il peut être mis sur le marché. Sa mise sur le marché concernant toute l'Europe, il sera également disponible en France. Cette procédure simplifie grandement les « switch » et l'on peut supposer que la tendance augmentera à partir d'aujourd'hui.

En résumé, le président de l'AFIPA est confiant sur l'évolution de l'automédication et attend de nouvelles mesures pour assister au décollage de ce marché. Des mesures qui sont majoritairement prises par l'État et les laboratoires pharmaceutiques.

Sur la troisième question, le succès de l'automédication passe sur la formulation du médicament selon le représentant de l'AFIPA. Les médicaments qui satisferont le plus de patient rencontreront une part de marché importante et participera à l'essor de sa catégorie de médication familiale. Le délistage est le fait de mettre en vente libre des produits uniquement accessibles sur ordonnance comme certains produits de sevrage tabagique.

Le délistage ou le déremboursement ainsi que le switch sont des moyens qui peuvent permettre de développer l'automédication. Les laboratoires ont plusieurs possibilités pour conquérir le marché de l'automédication. Voilà une hypothèse que nous n'avions pas encore vue jusqu'à présent et qui peut être prise en comptes.

Au cours de l'Interview, Vincent Cotard a également précisé sa préférence pour l'OTC dans les officines et non dans la grande distribution.

La deuxième question s'adressait au directeur de GSK SGP et non au président de l'AFIPA. La question porte sur sa position en tant que laboratoire par rapport aux nouvelles mesures prises par l'Etat.

Il semblerait que le laboratoire cherche à exploiter au maximum la mise en place des PMF devant le comptoir des pharmacies. Les services marketing des laboratoires, qui s'organisaient autour du packaging de leur médicament, s'intéresse désormais aussi à la PLV (Publicité sur le lieu de vente, par exemple un comptoir, une affiche, des matériaux de merchandising) de ce médicament. Ces comptoirs fabriquaient par les firmes pharmaceutiques sont proposés aux pharmaciens qui décident au final si oui ou non ils le mettront en présentation dans leurs pharmacies. Suite à cette réponse, j'ai également demandé s'il y avait une concrète valeur ajoutée à ces comptoirs. Il m'a alors répondu par l'exemple que vous avez lu ci-dessus. Les patients ont à leur

disposition dans les pharmacies, des tests médicaux comme les jeu de questions réponses sur des pathologies bénignes, ici, Vincent Cotard a repris l'exemple du fumeur qui veut évaluer son taux de dépendance et acheter le traitement qui lui sera le plus approprié. Les tests sont en libre service sur les comptoirs des pharmaciens et permettront aux patients d'obtenir les informations santé qu'ils recherchent sans toujours avoir à poser ses questions aux pharmaciens bien qu'ils disposent des deux sources d'informations. Ainsi, les laboratoires peuvent proposer davantage de publicité sur les médicaments PMF délivrés.

A l'aide de cette question, j'ai pu voir que les publicités des laboratoires sont également mobilisées au sein des pharmacies, comme s'ils voulaient communiquer directement avec le patient. Bien que cela soit du marketing, on peut prendre ce genre d'approche comme un moyen de favoriser un médicament d'automédication et ainsi de permettre de meilleurs ventes.

Pour promouvoir l'automédication et défendre ses valeurs, l'AFIPA a besoin de soutien et d'argument solide pour démontrer ses résultats et ses idées. Cette association s'inspire, par exemple, des compte-rendus d'un autre acteur qu'est la commission européenne.

En effet, l'AFIPA s'appuie sur les décisions de l'Union Européenne, un acteur de santé institutionnel important pour la santé publique, pour promouvoir l'automédication responsable en France. Le parlement européen a déclaré « qu'il convient d'encourager l'automédication responsable, ce qui s'accompagne du désir croissant des individus responsables, de prendre en charge leur propre santé et contribue à réduire les dépenses de santé ». Le 16 avril 199615, le parlement européen adopte une nouvelle résolution sur l'automédication.

Leur conclusion se base sur les résultats du marché de l'automédication en Europe qui est assez positif. Le parlement est clairement favorable à l'automédication et prête main forte pour encourager cette pratique en Europe.

Le parlement veut alors encourager la vente de PMF en vente de médicament libre devant les comptoirs et n'est pas contre les nouvelles mesures que l'État français avait mis en place.

La commission européenne a également donné son avis positif sur la question de l'automédication : « Je peux vous assurer de notre engagement pour faire du futur un succès pour le secteur de l'automédication. Ceci n'est pas seulement souhaitable mais également essentiel pour atteindre nos objectifs de santé publique et de politique industrielle », de Günter Verheugen, le Vice-président de la Commission européenne à la réunion de l'AESGP (Association Européenne

15 Résolution sur la « Communication de la Commission au Conseil et au Parlement européen sur les orientations de politique industrielle à appliquer au secteur

pharmaceutique dans la Communauté européenne»

des Producteurs de Spécialités Pharmaceutiques Grand Public) le 9 juin 2006 à Athènes. Ce qu'on entend pas « politique industrielle », ce sont les économies qui peuvent être réalisé auprès des systèmes de santé de chaque pays.

Les instances européennes sont pour l'allégement des systèmes de santé et pour la prise en charge autonome du patient. C'est pourquoi elles donnent un avis positif sur l'automédication.

Ainsi, l'automédication est vue comme une solution pour soulager le financement des systèmes de santé. Permettant d'alléger le système de santé publique, la commission européenne est donc favorable au développement de l'automédication en encourageant l'OTC, les délistages de médicaments, les publicités sur les PMF et les accords entre les acteurs de santé comme les pharmaciens, les firmes pharmaceutiques et les instances publiques.

L'AFIPA a un soutien important qu'est la commission européenne sur sa politique de développement de l'automédication responsable en France. Les relations de l'AFIPA avec les différents acteurs de santé peuvent être identifiées en suivant l'actualité pharmaceutique en France. Sur le sujet de l'OTC, l'AFIPA soutient les pharmaciens en expliquant que leurs métiers, les formations qu'ils ont étudiés et leurs expertises leur permettent d'avoir le monopole de l'officine. Le médicament n'est pas un produit banal et ne peut être délivré en dehors d'une officine. L'AFIPA souhaite avoir le soutien de tous les professionnels de santé pour promouvoir l'automédication. L'AFIPA a également trouvé un terrain d'entente avec l'État. D'après les études de l'AFIPA, l'automédication permettra une économie de 2,5 milliards d'euros sur une année à la caisse d'assurance-maladie si l'automédicaton se développe. De plus, l'automédication est un objectif de santé publique pour la commission européenne, l'État a tout intérêt à favoriser cette pratique également. N'oublions pas que l'État doit trouver une solution pour éviter le déficit de la caisse d'assurance maladie. Deux coïncidences qui font que l'AFIPA et l'État marche côte à côte pour développer l'autoprescription responsable en France.

En résumé, l'objectif de l'AFIPA est de dégager un maximum de moyens pour développer « l'automédication responsable » en France. Ils sont gardiens du bon fonctionnement de cette pratique et cherchent à impliquer davantage les patients sur leur capital santé. L'argument de la commission européenne joue en leur faveur et offre ainsi une opportunité à renforcer ce marché en France. Pour eux il y a un marché économique à conquérir dans les années à venir en utilisant leurs outils de communication, en s'appuyant sur les décisions de la Commission Européenne, en recherchant un soutien auprès de l'État et en s'alliant avec les acteurs de santé. Ils sont amenés à retravailler leurs politiques de communication d'habitude, réservés aux médecins, pour les patients. Les entreprises

pharmaceutiques voient à travers ces nouvelles mesures, un marché qui se développe et qui ne demande qu'à être conquis.

Si l'AFIPA tend à promouvoir l'automédication, un autre porte-parole des laboratoires pharmaceutiques est présent mais défend des intérêts plus généraux. Il s'agit du LEEM : Les Entreprises du Médicament. L'AFIPA travaille également en collaboration avec le LEEM pour proposer des actions en faveur de l'autoprescription.

LE LEEM

Le LEEM regroupe un grand nombre de laboratoires pharmaceutiques et les représente lors de grands débats de santé. Cette organisation a deux rôles en France : c'est un organe de décision et d'étude.

En tant qu'organes de décision, le LEEM se compose d'une Assemblée générale qui vote les grandes idées, d'un Conseil d'administration et de leur président. Les décisions sont prises par une Assemblée générale au LEEM. C'est ensuite le Conseil d'administration qui exécute et met en place ce que l'Assemblée générale a voté. Sur le site Internet du LEEM, on peut lire que les décisions prises par cette dernière sont dans l'intérêt générale de la profession ou d'un particulier issu de ses membres.

En tant qu'organes d'études, le LEEM dispose des Commissions, d'un comité stratégique et d'organes d'exécution. « Les commissions et leurs groupes de travail ont pour objet d'étudier, de façon permanente ou en fonction des questions d'actualité, les principaux problèmes intéressant l'industrie pharmaceutique. » cité sur le site Internet du LEEM. Les études sont donc décidées par le LEEM et peuvent être des documents à présenter à divers acteurs institutionnels comme l'État.

Les entreprises du médicament ont pour mission de créer et de développer des médicaments et vaccins nouveaux, pour les maladies graves ou « sociétales ». Selon le LEEM, leur rôle consiste à élaborer et à faire respecter l'éthique de la profession, à faciliter les échanges entre ses membres, à défendre leurs intérêts collectifs et à resserrer les liens avec les autres professions de santé. Le LEEM traite de plusieurs sujets d'actualités sur la santé. On retrouve par exemple sur son site Internet16 des informations et des rappels de mesures politiques votées en France et en Europe concernant la santé et les laboratoires pharmaceutiques. Dans la rubrique médicament, cinq principaux thèmes sont rappelés : Les codes de bonnes pratiques cliniques, l'automédication, les médicaments génériques, le bon usage du médicament et les médicaments orphelins. Bien sûr, nous nous intéressons à la partie « Automédication ».

16 Site web du LEEM : www.leem.org

Le LEEM résume en quelques paragraphes ce qu'est l'automédication et comment engager des actions concrètes pour participer à l'essor de ce marché. Le LEEM ajoute que la réglementation française offre un champ restreint à l'automédication. C'est sur ce dernier point que le LEEM veut travailler et accomplir de nouveaux objectifs d'évolution.

Dans le cadre de la réglementation sur l'OTC, le LEEM, l'AFIPA et les syndicats de pharmaciens (FSP : Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France, UNP : Union Nationale des Pharmacies de France et UPS : Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine) ont signé un accord de bonnes pratiques de gestion des prix des PMF, le 30 Mars 2008 .

Le but de cet accord est de garantir une maîtrise de la gestion des prix sur les médicaments de PMF. Cet accord, fait avec l'aide du ministre de la santé Roselyne Bachelot, montre que les industriels participent à l'expansion de l'automédication en faisant attention aux prix des PMF. Ceci est également dans leur intérêt s'ils veulent conserver la clientèle, les parts du marché et leur positionnement sur l'OTC.

Le rôle du LEEM dans l'automédication est donc de développer ce marché dans un intérêt économique. Étant un syndicat des groupes pharmaceutiques, le LEEM défend ses enjeux au même titre que l'AFIPA. L'AFIPA, rappelons-le, défendent les intérêts des fabricants de médicaments PMF.

L'AFIPA se consacre exclusivement à l'automédication, aux produits PMF, tandis que le LEEM s'engage sur des missions plus générales lié aux médicaments. Le LEEM et l'AFIPA ont le même objectif sur l'automédication : Favoriser et adopter cette nouvelle pratique auprès des Français afin que les laboratoires pharmaceutiques puissent exploiter et tirer profit du marché.

Le LEEM précise que la campagne regroupant les actions pour le développement de l'automédication est lancée de la même façon dans tous les pays de l'Union Européenne, il ne s'agit donc pas d'une campagne locale. Cette campagne européenne tombe au moment pour l'État qui recherche une solution pour palier au déficit de la Sécurité Sociale. Derrière le marché de l'automédication et les décisions de la commission européenne, l'État a désormais toutes les cartes en main pour lancer ses nouvelles mesures : les déremboursements et le passage des médicaments d'OTC devant le comptoir.

b) Les acteurs institutionnels

L'État :

problème de financement de la sécurité sociale et les résolutions de la commission européenne sur l'encouragement de « l'automédication responsable ».

Dans le premier cas, l'automédication permettrait, selon l'AFIPA, à la caisse d'assurancemaladie de faire des économies et de retrouver une courbe beaucoup moins déficitaire que les années précédentes. Dans le livre « Le système de santé en France» de Bruno Fantino et Gérard Ropert édité en 200817, il est précisé que l'assurance maladie permet à toute la population d'accéder à tous les médicaments les plus récents comme les plus coûteux. Le patient hospitalisé dispose très vite des médicaments innovants grâce à une procédure d'autorisation temporaire d'utilisation qui permet de soigner l'hépatite C, le sida, le cancer en bénéficiant des résultats les plus récents de la recherche. Mais l'innovation coûte de plus en plus cher à l'Assurance maladie qui a des ressources naturellement limitées. L'autre raison est dû au fait que les français consomme beaucoup de médicaments dont la plupart sont remboursés à plus de 70%. Le système de santé généreux et les français, habitués à consommer des médicaments, font que la caisse d'assurance maladie connait des difficultés à se financer. L'État recherche, dans un souci d'économie, à promouvoir l'automédication et à réduire les dépenses de santé permettant à la Sécurité Sociale de rembourser moins.

Le ministre de la santé, Roselyne Bachelot, ex-docteur en pharmacie, décide d'inciter cette pratique et entame de nouvelles mesures avec l'aide de l'HAS et de l'AFSSAPS. Ces nouvelles mesures sont les déremboursements de médicaments PMF à SMR insuffisant (le procédé est expliqué dans la première partie) de 2001, 2003 et 2005. Des déremboursements qui ont accru le marché des PMF et qui ont permis de voir que le patient s'automédique. A voir les résultats positifs, une nouvelle action a été proposé par l'AFIPA et approuvée par le ministre de la santé en début d'année 2008, c'est le passage des médicaments PMF en vente libre devant le comptoir des pharmaciens.

Ainsi, le patient pourra acheter son médicament de la même façon qu'une crème solaire mais attention, cette vente libre doit se faire sous l'oeil bienveillant du pharmacien qui reste garant du conseil médical selon le ministre de la santé. Le but de cette action est de responsabiliser les patients sur l'automédication et de leur donner une plus grande liberté sur les médicaments PMF en vente libre. Cependant, le médicament n'est pas un produit banal, il est doté d'une AMM qui garantit la qualité, l'efficacité et la nature de ce produit.

Dans un article de presse du Moniteur des pharmaciens, Roselyne Bachelot confirme sa position et tend à rassurer les pharmaciens sur l'OTC, lors de son discours d'inauguration de Pharmagora

17 Voir références bibliographiques dans la rubrique « livres »

2008 (salon de référence de la pharmacie) : « Le but est de garantir à nos concitoyens une transparence légitime, de leur assurer la meilleure information possible sur l'usage de ces médicaments, de jouer le jeu de la concurrence et de renforcer le conseil... Cette mesure contribuera à améliorer le pouvoir d'achat des citoyens, favorisera l'éducation thérapeutique et préservera l'ensemble des garanties de sécurité sanitaire que l'officine apporte aujourd'hui. »

Le discours s'appuie essentiellement sur la responsabilité du patient concernant sa santé et sur les moyens d'économies que l'État recherche. On parle également du pouvoir d'achat, en effet, en jouant sur les prix concurrencés, le patient a le choix de comparer et d'acheter son médicament d'automédication. Le ministre fait appel à un changement de comportement des acteurs et à bien cerner les avantages que peuvent représenter le passage des PMF devant le comptoir. Il est donc hors de question que les PMF en vente libre soit distribués en dehors des pharmacies puisque l'éducation thérapeutique, faites avec le pharmacien, est prise en compte.

Voilà les objectifs auxquels se prête le passage des médicaments PMF en vente libre. La mise en place de dossier pharmaceutique retraçant les traitements des patients permettra très prochainement de sécuriser et de prévenir les risques d'iatrogénies sur les médicaments PMF. Les dossiers pharmaceutiques sont encore en cours de traitement par l'État mais sont prévus dans un futur proche afin de faciliter les relations pharmaciens/patients. Ces dossiers préparés initialement par le médecin généraliste traitant, permet de voir les traitements en cours ainsi qu'un historique des médicaments que le patient à consommer. En ayant plus d'information sur le patient, le pharmacien peut cibler d'avantage le médicament approprié et le conseillé lorsqu'il viendra chercher d'autres médicaments.

Suite à cette action, les grandes distributions décident d'agir en proposant de commercialiser ces PMF dans leurs parapharmacies comme le cas de Leclerc lors de sa campagne de communication. L'argument des supermarchés Leclerc concerne l'augmentation de 25 % en moyenne sur le prix de ces médicaments PMF. Leclerc assure que les PMF commercialisés dans leur enceinte ne verront pas cette hausse et que cela permettra aux consommateurs de faire des économies. L'État se positionne contre car le médicament doit bénéficier du conseil du pharmacien. Roselyne Bachelot répond, lors de la confrontation à l'Assemblée Nationale « Le monopole pharmaceutique n'est pas un privilège. Il est la contrepartie d'un certain nombre d'obligations, l'exercice pharmaceutique par un diplômé ». L'expertise et la mise à disposition d'informations doivent passer par le professionnel de santé. Elle cite également l'exemple de l'Italie, pays dans lequel les PMF sont commercialisés dans les parapharmacies de grande distribution, une baisse de 25 % sur les prix a été perçu au début des ventes mais après la libéralisation, les prix ont ré augmenté. La distribution en dehors des pharmacies n'est donc pas une solution appropriée envisageable selon l'État et ce

dernier continue sa communication sur l'OTC.

L'État et L'Europe

La deuxième raison qui pousse l'État à promouvoir l'automédication, c'est la décision de la commission européenne. En effet, il y a le soutien de l'Europe sur le fait que l'automédication est considérée comme un objectif de santé publique. En juin 1994, la commission européenne a adopté un programme d'action communautaire de promotion, d'information, d'éducation et de formation en matière de santé. Ce programme souligne que les conseils et les informations délivrés aux consommateurs doivent être de nature à leur assurer une automédication appropriée, sûre et responsable. L'objectif de ce programme est de faire en sorte que tous les médicaments PMF soient adaptés à l'utilisateur, « n'offrant que la possibilité d'aider à prévenir et à traiter les symptômes de durée brève et les maladies légères qui ne requièrent pas de consultation auprès d'un médecin ». Une information suffisante et pertinente doit donc être prodiguée à l'utilisateur afin d'obtenir le meilleur bénéfice thérapeutique possible. Il faut donc aller en son sens et favoriser l'autoprescription. Cela peut expliquer le passage de l'OTC devant les comptoirs des pharmacies, les déremboursements ou encore la mise en place prochaine des dossier médicaux.

Les décisions de l'Union Européenne ont des conséquences importantes sur l'évolution de l'automédication au sein de ses pays membres dont la France. La décision de la commission européenne a été voté après avoir observé l'attitude des européens envers leur propre santé. Ces derniers consomment beaucoup de médicaments d'automédications par rapport à la France mais aussi parce que leur système de santé ne leur permet pas de faire autrement (c'est à dire que les médicaments prescrits sur ordonnance sont faiblement remboursés, l'automédication leur ai plus satisfaisante). Remarquant que la majorité des européens faisait souvent appel à l'automédication, la commission décide de promouvoir l'automédication dans tous les pays membres. La France, étant un des membre des pays fondateurs de l'Europe, participe également à ces campagnes de promotion locale. La France doit resserré les liens avec l'Europe et affirmer sa position dans cette unité car l'enjeu politique y est très important.

L'Europe est un acteur qui a des pouvoirs importants sur la France. Les idées et les décisions qu'elle défend ont une valeur non négligeable pour tous ses pays membres. C'est pourquoi la position de cet acteur sur l'automédication est conséquent et permet à la France d'appuyer et de mettre en place de nouvelles mesures concernant l'automédication. L'Europe a un rôle d'adjuvant indirect pour les laboratoires pharmaceutiques qui peuvent tirer profit sur le marché de l'automédication (en développant l'automédication, les parts de marchés sont plus importantes) mais

c'est surtout à l'État que la situation profite car elle est en pleine crise sur son système de santé français. Développer l'automédication signifie favoriser les achats des médicaments non remboursés et permettrait à la Sécurité Sociale de faire des économies, or toutes les solutions permettant à l'assurance maladie d'éviter un énorme déficit sont les bienvenus. Disposant d'un atout puissant qu'est l'Europe, l'État commence à mettre en place de nouvelles mesures comme les déremboursements pour favoriser l'automédication.

L'État a le rôle de promouvoir l'automédication en tant que comportement responsable, pour cela, il a pris ces dernières années des mesures, comme les déremboursements de médicaments, le passage devant le comptoir, pour responsabiliser le patient et l'encourager à l'éducation thérapeutique auprès des professionnels de santé. Le passage des médicaments PMF devant le comptoir des pharmaciens approchent donc à grands pas, seuls les résultats des ventes en pharmacie après la nouvelle mise en place, permettront de voir si cette action aura un impact significatif sur l'évolution du marché de l'OTC. Les représentants des laboratoires pharmaceutiques et l'État s'associent pour répandre un nouveau comportement venu de l'Europe tantôt pour les enjeux économiques du marché, tantôt pour ancrer les nouvelles dispositions exprimées par la commission européenne. Si l'État a décidé d'enclencher ses actions pour l'« automédication responsable », elle s'appuie toujours sur des décisions des organismes de santé publiques telle que l'AFSSAPS.

L 'AFSSAPS

L'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) dont le directeur général est Jean Marimbert (Expert reconnu des questions sociales et du monde du travail, Jean Marimbert, 47 ans, est aussi un spécialiste des questions sanitaires), évalue la sécurité d'emploi, l'efficacité et la qualité des produits de santé. Elle assure également la surveillance des évènements indésirables ou inattendus liés à leur utilisation qu'on appelle également la pharmacovigilance. Elle exerce des activités de contrôle en laboratoire et conduit des inspections sur les sites de fabrication et de recherche. Enfin, elle mène des actions d'information auprès des professionnels de santé et du public pour améliorer le bon usage des produits de santé. Voilà des missions qui déterminent leur place dans le système de santé français, mais quel est son rôle dans l'automédication ?

Je rappelle que la commission de transparence est une partie de l'AFSSAPS et elle définit lors de l'AMM, la nature du médicament : PMO ou PMF. La commission de transparence est composée de professionnels de santé libéraux et hospitalier, de médecins généralistes et spécialistes, de pharmaciens et d'experts en épidémiologie. C'est également cette commission qui évalue les SMR.

(Expliqué lors de l'État des lieux dans la première partie). Elle évalue les médicaments suivant des critères médicaux et scientifiques. L'AFSSAPS a donc joué un rôle décisif sur les déremboursements des PMF de la Sécurité Sociale. Elle ne prend pas position sur les actions que mènent l'État mais évalue dans le cadre de la sécurité de la santé publique les points à ne pas négliger pour mener à bien ces mesures. Cette dernière a un rôle de conseil et de décision et répond par des recommandations auprès de l'État. Cette agence a également un autre rôle important dans l'automédication. L'AFSSAPS sélectionne et recommande les listes de médicaments PMF pouvant passer de l'autre côté du comptoir. Ce sont leurs études et leurs évaluations scientifiques qui déterminent les PMF susceptibles d'être mis en vente libre sur le comptoir.

Principal organe de décision sur la sécurité sanitaire en France, cette agence encadre et veille sur une bonne mise en place de l'OTC, notamment en distinguant les médicaments PMF capable de franchir le comptoir du pharmacien. L'AFSSAPS ne prend aucun parti par rapport à l'automédication cependant c'est grâce à elle que les déremboursements de certains médicaments ont pu être mis en place. Plusieurs déremboursements ont eu lieu en 2003 et 2005 suite à la réévaluation d'une catégorie de médicaments par la commission de transparence.

Un autre acteur institutionnel entre en scène pour participer aux nouvelles mesures de déremboursements de l'État : l'HAS.

La HAS

« L'HAS a été créée par la Loi du 13 août 2004 relative à l'assurance-maladie afin de contribuer au maintien d'un système de santé solidaire et au renforcement de la qualité des soins, au bénéfice des patients », ainsi se définit l'HAS sur son site internet18. L'HAS a un rôle de régulateur et de gardien vis-à-vis de la santé publique. Elle a un rôle important sur les déremboursements, notamment en raison de ses missions.

La Haute Autorité de santé a plusieurs missions dont deux qui m'intéressent tout particulièrement concernant l'automédication : l'aptitude à proposer un médicament PMF au remboursement ou au contraire de le retirer à l'assurance maladie, et la communication sur les bonnes pratiques de santé auprès du public.

La première mission est issue de leur site Internet : « Évaluer scientifiquement l'intérêt médical des médicaments, des dispositifs médicaux et des actes professionnels et de proposer ou non leur remboursement par l'assurance-maladie ». La HAS est donc habilitée à proposer ou à retirer des

titres de remboursements de médicaments auprès de l'assurance-maladie, cependant elle peut le faire à tout moment et non dans un contexte particulier comme pour l'AFSSAPS. Les remboursements que peut proposer la HAS ne concernent pas seulement les médicaments, elles peuvent être de tout autres natures comme le précise la définition de la mission.

La deuxième mission de cette autorité est la suivante : « Promouvoir les bonnes pratiques et le bon usage des soins auprès des professionnels de santé et des usagers de santé ». La HAS veille à la sécurité de la diffusion d'informations santé. Or, on sait que les laboratoires, les complémentaires assurances, les professionnels de santé ou le gouvernement diffusent des informations pathologies et autres sur la santé en France pour encourager l'automédication. La HAS a donc accrédité un organisme de certification de sites web médicaux pour veiller à la sécurité des informations santé qui circule sur Internet : HON (qui signifie Health on the Net). Tous les sites médical ou institutionnel parlant de pathologies santé peuvent acquérir le logo HON qui garantit le respect de sa charte. La charte HON résume en quelques lignes un code de conduite mettant en avant la transparence des informations qu'elle met à disposition du grand public, la lisibilité du contact, la capacité à donner des informations complémentaires et à ne pas remplacer la relation patients- médecins...

Tous les sites de santé s'adressant au grand public et aux professionnels de santé ont intérêt à disposer de cette certification car elle garantit la fiabilité et le respect du code HON qui est accrédité par la HAS. D'ailleurs les sites Internet ayant obtenu la certification, peuvent mettre sur leur site le logo HON prouvant qu'ils ont été certifiés avec la date de certification.

Ces instances réglementaires n'ont pas de position à prendre sur l'automédication, ils ont un pouvoir de contrôle sur les informations et le système de santé français. Néanmoins si elles ne prennent pas position, elles participent activement à la mise en place des mesures de l'État sur l'automédication.

Nous venons de voir jusqu'à maintenant des acteurs de tous types, qui participent à l'essor et à la réglementation de l'automédication, qui recherchent des enjeux économiques et ceux qui veulent promouvoir cette pratique. Certains acteurs, qui ne sont pas forcément issus du domaine de la santé,

trouvent également des solutions pour exploiter le marché de l'automédication et jouer ainsi sur son évolution, c'est le cas des mutuelles et des assurances complémentaires payantes. Les mutuelles ont également joué leurs cartes. En effet, certaines mutuelles proposent de véritables sites pour aider leurs abonnés à choisir le meilleur rapport qualité-prix sur les médicaments PMF.

c) Les mutuelles et les complémentaires santé

Avec l'arrivée des déremboursements de médicaments, les mutuelles annoncent une augmentation de la cotisation des abonnés. Je vais dans un premier temps parler des mutuelles de santé puis des assurances complémentaires qui proposent de nouvelles offres avec l'augmentation de l'autoprescription.

Les Mutuelles

Les mutuelles a but non-lucratif informent les abonnés de l'augmentation des cotisations sur leur site internet respectif. En effet, sur le site de la Mutualité française, qui recense plus de 2000 mutuelles à son actif, celle-ci signale que les médicaments PMF à SMR insuffisant qui étaient remboursés à 15 % ne le seront plus du tout. Ces mutuelles ne sont pas contre l'automédication, au contraire cette pratique leur permet de faire des économies de remboursement auprès des abonnés. Le remboursement des médicaments de PMF varie suivant les mutuelles. Sur une affiliation de base, elle n'est normalement pas prise en compte, cependant rien n'empêche de proposer d'autres services qui correspondront aux attentes des abonnés. Le but des mutuelles est d'exploiter le marché de l'automédication car celle-ci se développe depuis ces dix dernières années. Pour cela, elle propose des services spécialisés et adaptés à différents profils de clients. En effet, les mutuelles privées peuvent tout à fait proposer des offres correspondant à des personnes qui s'automédiquent souvent en pharmacie.

Sur le site du ministère de la santé, il est précisé que les mutuelles peuvent avoir un rôle commercial suite à l'expansion de l'autoprescription : « Le rôle des mutuelles dans la prise en charge de l'automédication s'inscrit aujourd'hui dans une logique commerciale, mais la mise en place des « contrats responsables » incite les complémentaires à participer plus activement à une politique de santé. » extrait du site www.sante.gouv.fr.

Pour être remboursé de manière optimale, il faut payer un peu plus pour se couvrir. C'est pourquoi on parle de « logique commerciale». A ce niveau, les mutuelles entrent en concurrence et les abonnés choisissent le meilleur rapport couverture/remboursement. Ce sont les options supplémentaires que les mutuelles proposent qui entrent dans une logique commerciale. Seul les

meilleurs tarifs seront appréciés par les abonnés. Les contrats responsables sont des contrats auxquels les patients doivent respecter un certain nombre de conditions et en particulier ne pas prendre en charge certains dépassements d'honoraires lorsque celui-ci est hors parcours de soins. Les mutuelles s'organisent pour proposer des services supplémentaires adaptés à chaque patient et l'automédication n'en fait pas exception.

Dans cet extrait issu du site Internet du ministère de la santé, on ajoute encore, que les complémentaires santé prennent part au développement de l'automédication en proposant et en regroupant des services sur les médicaments PMF. Les mutuelles proposent des tarifs selon le profil de chaque abonné, à savoir s'il s'automédique souvent ou non. Si le malade s'automédique souvent, il choisira un tarif le remboursant au maximum mais il devra en échange payer des cotisations beaucoup plus importantes. Tout est relatif au profil de l'abonné. Une stratégie qui est reprise également par les complémentaires santé.

Les complémentaires santé

Les assurances complémentaires santé se distinguent des mutuelles par le fait que ce sont des sociétés commerciales. Leurs buts est de profiter au maximum des réformes sanitaires telles que les déremboursements pour proposer des services et des tarifs très intéressants. Ils espèrent ainsi exploiter le marché de l'automédication via Internet. Les sites des assurances complémentaires proposent des services complets comme des sites de consommateurs où celui-ci peut juger, choisir et acheter en ligne ses médicaments d'automédications.

Suite au rapport d'Alain Baumelou sur l'automédication en France, retranscrit dans l'article de presse de janvier 2007 du journal Libération, le site Internet SantéClair qui regroupe les activités de services santé comme AGF, la MAAF et MMA, propose à leurs abonnés un panier virtuel pour l'achat de certains médicaments d'automédications.

Ce panier virtuel peut-être comparer à un caddie d'un supermarché dans lequel on dépose les courses. Ici, l'abonné choisis ses médicaments, les ajoute dans le panier et paye directement en ligne sur la plateforme Internet le prix total de ses médicaments. Ces derniers lui seront livrés dans les mêmes conditions qu'un colis de la poste.

Les tarifs intéressants qu'ils proposent s'organisent par forfait. En mai 2005, la MMA avait commencé un forfait annuel de 30 à 60 euros sur certains de leurs contrats, pour les médicaments de rhume, du sevrage tabagique ou encore pour les trousses de voyages. Ces complémentaires santé comptent sur les recettes de ces contrats pour dégager leurs bénéfices.

AGF, la MAAF et MMA ont regroupé leurs activités de services et de conseils au sein du site SantéClair afin de mieux répondre aux besoins de leurs abonnés.

Sur ce site, ils ont décidé de proposer un tout nouveau service sur l'automédication. SantéClair met à la disposition de ses assurées santés un site de référence entièrement dédié à l'automédication. L'information est d'ailleurs disponible sur leur site Internet mais l'accès est restreint. Seul les membres peuvent se connecter et bénéficier de ce Service supplémentaire. Environ 3000 médicaments d'automédications y sont référencés, classés et comparés afin que l'abonné choisisse le médicament qu'il lui paraît approprié. Sur le site de la Maaf, on liste tous les services proposées par cette complémentaire santé dont celle lié à l'automédication :

Leur but est d'éclairer les choix du consommateur grâce à leur nouvel outil sur Internet et de leur permettre des économies sur les médicaments PMF. J'ai pu trouver des informations sur le contenu de ce site, grâce à un article de presse issu du « Quotidien du médecin » et du « Moniteur du pharmacien ». On remarquera que les informations détaillées ne sont disponibles que dans la presse spécialisée. Cela montre que les informations sont ciblées « professionnels de santé », peut- être parce que ce sont les meilleurs conseillés des malades et qu'ils peuvent créer un phénomène de « buzz »19 autour de ce site. De plus, le fait que le site soit sécurisé et uniquement accessible aux abonnés incite les futurs clients à s'abonner pour découvrir les services proposées par les complémentaires santé. Comment s'organise ce site?

Dans un premier temps, l'abonné, se connecte avec ses accès sécurisés sur le site de SantéClair, trois types d'entrées sont proposés : Par symptôme, par liste de médicaments PMF et par conseils et

bonnes pratiques.

Le premier accès « par symptôme » étant par défaut, informe sur les précautions à prendre sur les risques d'interactions, d'effets secondaires. Le deuxième accès présente une liste de médicament avec leur rapport efficacité/tolérance (notés de 1 à 20) et leur prix. Et enfin le troisième accès « conseils et bonnes pratiques » met à disposition du malade, des fiches pratiques sur les pathologies et les bonnes pratiques pour prévenir.

Toutes ces informations sont réglementées par le professeur J.P. Giroud (représentant de l'Académie de médecine à l'AFSSAPS) et le docteur C.G. Hagège (docteur en médecine). Le docteur Hagège assure même que les notations des médicaments PMF ne sont pas d'un avis subjectif : « La notation s'appuie sur les connaissances scientifiques internationales actuelles ».

Le site de SantéClair propose ainsi un site dédié à l'automédication en sélectionnant le médicament PMF suivant une notation et une liste de médicaments PMF rangés par ordre alphabétique selon le rapport qualité-prix. Il s'agit d'un site qui permet à l'abonné de comparer, évaluer et acheter ses médicaments. Le but est de pouvoir proposer des économies aux patients et d'enrichir leur portefeuille d'offres complémentaires santé. Sur le site de MMA, je retrouve des offres proposant des remboursements de produits d'automédications :

« MMA a prévu des forfaits tout confort pour vos traitements de médecine douce (phytothérapie, homéopathie, oligo-éléments) et vos médicaments achetés sans ordonnance en pharmacie ».

Ces contrats qui permettront de rembourser les PMF sont des offres spécialisées des complémentaires santé. Sachant que le marché de l'automédication s'accroît chaque année, les complémentaires santé s'activent sur Internet et participent ainsi à l'essor de l'automédication.

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