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L'automédication : Peut-on parler de succès ?

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par Dévi Vidjéacoumar
Université de Marne la Vallée - Master AIGEME 2008
  

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2) Un marché qui se construit

L'analyse des données sur le marché de l'automédication a permis de dégager des dates importantes. Je vais désormais les confronter avec une centaine d'articles de presse de tous types et en ressortir les principaux événements qui peuvent expliquer l'accroissement de ce marché.

Les articles de presse sont triés en deux catégories : Presse Grand public et Presse pharmaceutique. Bien sûr, on trouve plus de précision sur la presse spécialisée santé que celle du Grand public concernant les déremboursements et autres mesures centrées sur le domaine de la santé. La presse Grand Public permet de voir l'évènement peut servir d'élément de comparaison à une même date donnée. Par exemple, en 2001, le premier déremboursement est très suivi dans la presse, qu'elle soit spécialisée ou non, tantôt avec des données très précis, tantôt avec les critiques de scientifiques ou d'experts. Autant d'information qui permet de mieux cerner les résultats de mes statistiques. L'élaboration d'une grille avec d'une part les dates et d'autres parts les articles de presse permet de voir les évènements importants qui ont pu influencer l'évolution du marché de l'automédication.

a) Une croissance issue de facteurs décisifs

Le principal évènement est le déremboursement des médicaments. En effet, il y a eu deux phases de déremboursements qui coïncident avec les dates clés repérées : 2001 et 2003. Dans un article de l'APM (Agence de la Presse Médicale), on retrouve ces citations : « Le poids de l'automédication lors des achats est passé de 12 % à 44 % en 2007».

La vente des médicaments d'automédications a progressé de manière importante après 2006. Le déremboursement a favorisé l'accroissement des ventes de produits PMF. En effet, en déremboursant des PMF « remboursés », la classe des PMF « non remboursés » ne fait qu'augmenter. La hausse s'explique par le fait que les patients continuent à acheter leurs médicaments « PMF remboursé » même s'ils sont devenus des PMF « non remboursé » après les déremboursements. De plus, le PMF déremboursé peut être acheté directement sans ordonnance. Cet achat participe directement à l'essor du marché des PMF « non remboursés ».

Le deuxième facteur de croissance est la dynamique du marché due en grande partie aux stratégies de marque des médicaments PMF « non remboursés ». « Cette progression a été due pour un tiers au phénomène des déremboursements et pour deux tiers à la dynamique du marché » écrit Dominique Perrot (Directeur du conseil et des services du cabinet d'étude IMS Health France) dans le journal « Les Echos » et « l'APM ».

Ce qu'on entend par « dynamique de marché » c'est la continuité de son évolution positive. La

courbe d'évolution étant croissante, on parle de la dynamique d'un marché.

Une dynamique soutenue également par des médicaments à forte notoriété, en particulier des antigrippaux ou des antalgiques. Ces médicaments connaissent une très grande notoriété telle que l'« Efferalgan Vitamine C » des laboratoires d'UPSA, telle que le « Doliprane » des laboratoires Sanofi-Aventis ou encore comme le médicament « Nicorette » des laboratoires Johnson&Johnson. Ces médicaments dominent grâce au travail des laboratoires sur le packaging et sur la publicité et bientôt sur les stands de présentation (grâce au passage d'OTC).

À ce niveau d'utilisation, il est vrai que la publicité, le « bouche-à-oreille » et l'habitude de consommation du patient entrent en jeu et favorise l'achat d'un médicament PMF. Sans compter que le patient suit le médicament PMF qu'il a l'habitude d'acheter et participe ainsi à son essor.

Un troisième argument se présente concernant l'évolution de l'automédication, c'est le nouveau comportement des acteurs. En observant le succès des médicaments PMF non remboursés, on peut remarquer que le patient continue de pratiquer l'automédication. Le consommateur achète de plus en plus de médicaments non remboursés. Une nouvelle attitude tend à se développer, celle de ne plus hésiter à soigner des maux bénins en allant directement à la pharmacie.

Les patients ne sont pas les seuls à suivre, un article du journal « Pharmaceutiques » explique selon une étude IMS Health qu'une majorité de médecins continuaient à prescrire les médicaments PMF qui ont été déremboursés. Ainsi, « 8,5 % de la PMF non remboursables » est prescrite et participe au marché de l'OTC. Leur motivation est simple, selon cet article : En prescrivant des PMF non remboursable, on fait comprendre aux patients que ce sont des médicaments de « confort » et qu'il faut revoir l'ensemble des médicaments consommés lors d'un traitement : « sur 4 médicaments prescrits, seul un ou deux sont vraiment nécessaires. Les autres sont plutôt des médicaments pour se soulager le temps de la guérison. » selon l'avis d'un médecin généraliste. Ils veulent ainsi, éduquer le patient aux différentes propriétés des médicaments malgré leurs réticences à cette pratique.

L'automédication est en hausse constante, les chiffres issus des statistiques le démontrent, cependant certains facteurs peuvent influencer l'évolution. Quels sont ces facteurs et à quel degrés peuvent-ils intervenir dans l'évolution ?

b) Les autres facteurs pouvant être liés à l'évolution

Le prix d'un médicament d'automédication a été mis en avant pour permettre à certains acteurs de profiter et d'exploiter le marché. Par exemple : « Les prix des médicaments déremboursés,

devenus libres, ont augmenté de 36 % en moyenne entre février et décembre 2006, dans d'inégales proportions selon les classes thérapeutiques. » mentionne le dossier de presse de Leclerc qui expose ainsi son principal argument pour commercialiser les PMF non remboursés devant les comptoirs de leurs parapharmacies.

Dans un article du journal « Le Monde » d'Avril 2008, le journaliste Yves Mamou précise qu'il y a effectivement eu des hausses de prix consécutive au déremboursement de Janvier 2008. Parmi les hausses, on cite le veinotonique Daflon (le prix a augmenté de 33%), le Difrarel, utilisé pour traiter les jambes lourdes et la fragilité capillaire, (le prix a augmenté de 70%), et puis le laboratoire Servier a même augmenté le prix du médicament de 200 à 300% pour compenser la baisse de son chiffre d'affaires à la suite du déremboursement.

L'UPSO : L'Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine assure dans un article de presse du journal « Le Figaro » que le prix des cent premiers médicaments de médication officinale n'ont augmenté que de 1%.

En ce qui concerne le prix, le ministre de la santé rappelle que depuis le 30 Mars 2008, un accord des bonnes pratiques commerciales a été signé par les syndicats officinaux et les laboratoires pharmaceutiques. Nous en parlerons en détails dans la suite de cette partie.

En effet, la plupart des médicaments ont vu leur prix augmenter après les déremboursements à cause, entre autres, du changement de TVA et des marges financières fixées par les pharmaciens.

En France, il existe deux TVA pour les médicaments, la première est fixée à 5,5% et est destiné à l'ensemble des médicaments non remboursable (PMF) et la seconde est à 2,1% et est réservé aux médicaments remboursables (PMO).

Le changement de TVA implique une certaine hausse de prix lors du passage d'un médicament PMO à un médicament PMF. Mis à part le changement de TVA, le pharmacien fixe le prix final du médicament, c'est pourquoi il peut varier d'une officine à une autre. Certains laboratoires ont volontairement baissé le prix de leur médicament « libre » pour s'adapter au changement et conserver leur part du marché mais ce n'est pas le cas de tous.

Ainsi, certains médicaments d'automédication ont des prix qui restent élevés et qui ne sont pas adaptés au marché de l'OTC. Les prix qui n'ont pas bénéficié d'une réduction lors de la transition des « déremboursements » resteront difficilement accessibles pour les patients et surtout pour les plus démunis. L'accès est pénible pour ceux qui ne sont pas couverts par une mutuelle ou ceux qui ne prennent plus de médicaments « non remboursés ».

Ce problème de prix est peut-être résolu cette année avec l'entrée en vigueur d'un accord sur les « Bonnes Pratiques Commerciales relatives à la transparence des prix des médicaments de médication officinale non remboursables » auquel Roselyne Bachelot, le ministre de la santé,

faisait échos dans le journal « Le Figaro ». Cet accord a été signé par les deux acteurs de santé qui fixent les prix des PMF : les pharmaciens et les laboratoires pharmaceutiques.

Il est important de souligner les points clés de cet accord :

· Les pharmaciens d'officine se doivent de fixer les prix avec tact et mesure.

· Les laboratoires pharmaceutiques s'engagent à pratiquer, pour les médicaments de médication officinale non remboursables, une politique tarifaire mieux adaptée aux nouvelles réalités du marché répondant aux besoins des patients.

Cet accord ayant été mis en place très récemment, nous n'avons pas encore les résultats et les témoignages des patients à ce sujet.

Un autre point qui peut limiter l'autoprescription c'est la crainte d'utiliser ces médicaments libres. Dans le journal « Panorama du médecin », dans un article qui mentionne les effets néfastes que peut engendrer l'automédication, j'ai pu lire qu'au Royaume-Uni, le paracétamol était la première cause d'intoxication par médicament, devant l'ibuprofène et l'aspirine.

On dénombre aussi, cette fois aux Etats-Unis, 100 décès et 13 000 visites aux urgences chaque année pour des surdosages de paracétamol. Le but de cet article était de montrer qu'il faut absolument passer par une éducation thérapeutique pour éviter les mauvaises utilisations et les problèmes de « iatrogénie ».

Le développement de la Sécurité Sociale, depuis plus de cinquante ans, a habitué les patients au remboursement quasi total de leurs soins médicaux. Habitué à être remboursés, les Français ne perçoivent plus la notion du prix des médicaments. Au-delà de ce système de soin, la culture est également un frein.

Dans le journal « Les Enjeux » des Echos de 2007, on peut lire : « En France, comme dans toute l'Europe du Sud, la coutume est de se tourner systématiquement vers un professionnel en cas de problème. Aujourd'hui cette exception française est remise en question par les contraintes budgétaires imposées par le vieillissement de la population. ».

Avec des habitudes de médicaments ancrées et les réformes de la Sécurité Sociale, il faut beaucoup de temps pour que le patient évolue et adopte une nouvelle façon de se soigner seul. Cette culture peut expliquer la dernière position de la France en matière d'automédication en Europe.

spectaculaire. Les articles de presse mentionnant l'autoprescription reviennent sur les mêmes arguments quant aux facteurs qui ont joué sur son évolution : déremboursements, culture du médicament, changement de comportement des acteurs... Finalement, il n'y a pas d'évènements plus marquants que d'autres pour expliquer les chiffres si ce n'est que le marché commence à s'installer.

Les données statistiques montrent que l'évolution est positivement constante, comment peut-on expliquer ces résultats de manière générale ? Pour comprendre, voyons en détail les nouveaux facteurs de développement ainsi que les enjeux des acteurs de l'automédication.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo