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Titrisation des prêts et créances bancaires dans l'espace de l'Union Monétaire Ouest-Africaine

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par Pantaléon Antoine BAKPE
CESAG Programme Master Banque & Finance - Master Banque & Finance 2008
  

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Section 2 Exigences et implications Structurelles de la titrisation

La titrisation est un montage financier qui, pour assurer la protection des investisseurs et garantir le succès de l'opération, doit respecter un certain nombre d'exigences. Pour ce faire, elle implique la participation de plusieurs acteurs.

1. Montage de la titrisation et ses acteurs

Ce paragraphe récapitule les principaux acteurs d'une opération de titrisation et précise le rôle joué par chacun d'eux. Certains acteurs sont concernés par la mise en place et la gestion de l'opération de titrisation. D'autres fournissent directement des rehaussements de crédit.

1.1 Le cédant

C'est un établissement de crédit qui désire transférer au marché ses créances. Ce n'est pas exclusivement les banques. Dans la plupart des pays, les autorités de surveillance établissent la liste des établissements de crédits autorisés à pratiquer la titrisation des créances. Ce peut être les banques bien entendu mais aussi les fonds généralistes ou spécialisés, les compagnes d'assurance, les grandes entreprises ou les entités publiques. Selon HALL, STUART, COUSSERAND, KOEPPEN-MERTE et NAKATA (2004), la performance satisfaisante d'une transaction de titrisation nécessite au préalable que différentes parties prenantes remplissent leurs engagements respectifs. De toute évidence, la qualité du cédant est un important point de départ pour toute opération de titrisation. Les standards et les normes suivies par le cédant lors de la mise en place des crédits déterminent la qualité de ceux-ci. Il est donc de la responsabilité du cédant de montrer que les crédits dont la titrisation est envisagée respectent bien les critères fixés par les agences de notation ou par la réglementation et la documentation appropriée desdits prêts est en place.

1.2 Le Fonds Commun de Créances

L'opération de titrisation nécessite la création ou l'existence d'une entité (en France le fonds commun de créances (FCC)) à qui l'établissement de crédit cède des créances contre des liquidités. Le fonds procède en contrepartie à l'émission des parts. Il encaisse ensuite les intérêts et les remboursements versés par les débiteurs initiaux et les utilise pour rémunérer et rembourser les titres émis et couvrir les frais de gestion. Juridiquement, le fonds commun de créances est dépourvu de la personnalité morale. Ce n'est ni une société ni une indivision mais une copropriété de créances caractérisée par une pluralité d'investisseurs, une quote-part d'actif proportionnelle au nombre de parts et une gestion confiée à une société de gestion.

Le FCC pourrait emprunter pour prévenir le retard de paiement provenant des créances, faire face à l'impossibilité temporaire de maintenir le volume des émissions de parts, couvrir un besoin temporaire de liquidités, couvrir le risque de défaillance. Le recours à l'emprunt à titre exceptionnel doit être cependant strictement réglementé et ne doit aucun cas entraîner une dégradation du niveau de sécurité offert aux porteurs de parts. L'objet exclusif du FCC est l'acquisition par émissions de titres de créances détenues par les établissements de crédit. Le FCC s'interpose entre l'investisseur et le cédant. En cas de faillite de celui-ci, le FCC continue d'exister et les investisseurs sont assurés d'avoir accès aux flux financiers générés par le portefeuille d'actifs acquis.

Afin de faciliter l'analyse du risque lié au portefeuille, c'est à dire de prévoir les flux financiers, les créances cédées sont de préférence de même nature tel que : un portefeuille de crédits hypothécaires résidentiels, un portefeuille de crédits hypothécaires commerciaux ou un portefeuille de crédits liés à des opérations de location financement sur machines etc.

Le FCC est constitué par ses deux cofondateurs, le dépositaire et le gestionnaire :

1.2.1 le dépositaire (trustee)

Société commerciale ayant pour unique objet la gestion du FCC, elle doit être agréée par les autorités de surveillance. Sa mission est d'assurer le fonctionnement du FCC, de représenter les porteurs de parts, de calculer périodiquement les sommes qui leur sont affectées afin de donner au dépositaire les instructions relatives aux paiements. Il calcule les distributions dues aux investisseurs. Elle administre le FCC. Il est dépositaire des créances acquises par le fonds ainsi que de sa trésorerie. Il est donc responsable de la conservation des titres de créances et de la trésorerie du fonds. Il s'assure de la régularité des décisions prises par la société de gestion dont il contrôle les opérations. Il peut placer temporairement les liquidités du fonds sur des placements qualifiés de sans risque.

1.2.2 le gestionnaire ou l'organe de gestion (servicer)

Il joue un rôle important en maintenant la qualité du crédit une fois que la transaction est lancée et en cours. Il collecte les règlements des débiteurs cédés (intérêts et principal) et est chargé de la remise des fonds collectés au dépositaire. Il suit les performances du panier et peut-être amené à le gérer conformément aux restrictions du contrat. FENDER et MITCHELL (2005) insiste particulièrement sur sa performance, source de risque hors défaut. En effet, le laxisme et le manque de vigilance du recouvreur, à l'origine d'une série de défaut, peuvent occasionner des pertes plus substantielles que prévu. HALL, STUART, COUSSERAND, KOEPPEN-MERTE et NAKATA (2004) ajoute que le risque du gestionnaire est particulièrement élevé dans les pays où cette sous-traitance n'existe, obligeant le cédant à cumuler ce rôle. Les agences de notation ont commencé à tenir compte de la solidité du gestionnaire lors de l'attribution de la note.

1.3 L'arrangeur (manager)

Il joue le rôle le plus important dans la mise en place du FCC. Il prépare le dossier de présentation de l'opération aux autorités de surveillance avec le dépositaire et le gestionnaire. Il évalue les créances, les flux qu'elles doivent générer et négocie avec l'agence de notation. Généralement une banque d'affaires ou une maison de titres spécialisée, l'arrangeur sollicite les cédants potentiels, imagine la structure de toute l'opération de titrisation afin que les objectifs du cédant soient atteints et que les intérêts des acheteurs soient suffisamment clarifiés pour que le produit de la titrisation rencontre une demande effective. De plus, il s'occupe le plus souvent de la syndication des parts ou de leur placement. Pour HALL, STUART, COUSSERAND, KOEPPEN-MERTE et NAKATA (2004), la qualité de l'arrangeur  est l'un des principaux déterminants de la performance de l'opération. Il a la responsabilité de neutraliser les conflits d'intérêts inhérents à la transaction. Les agences de notation prennent un temps considérable pour apprécier sa qualité, sa structure organisationnelle, son expertise, la stabilité de son staff. Les performances passées de l'arrangeur lors des précédentes transactions, c'est-à-dire la mesure dans laquelle il a satisfait aux tests O/C (Over-Collateralisation : s'assurer de l'existence de garanties suffisantes dans le sous-jacent pour couvrir le principal restant à payer) et I/C (Interest Coverage : s'assurer que les intérêts reçus du sous-jacent suffisent pour couvrir les intérêts à payer sur les tranches « senior » et « mezzanine ») sur les opérations antérieures. Dans certains cas, les agences de notation ajusteront les pertes attendues en fonction des capacités de l'arrangeur. En effet, diverses analyses quantitatives conduites par les principales agences de notation ont conclu que pour des actifs similaires les performances des « managers » peuvent sérieusement varier.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard