I.2 Problématique
Dans un tel contexte, le financement à moyen et long
termes des PME - PMI n'est toujours pas bien résolu malgré les
possibilités offertes par les marchés monétaire et
financier. Les banques constituent toujours le noyau dur de l'infrastructure
financière de l'UMOA. Elles connaissent mieux les entreprises et les
entrepreneurs, entretenant régulièrement avec eux des relations
d'affaires. Le système bancaire de l'UMOA est dans une dynamique
d'extension. En vue de la promotion et du développement de la
bancarisation, l'élargissement du réseau bancaire se poursuit
mais à quel prix ? L'UMOA parvient malgré les chocs
exogènes à contenir l'inflation mais la croissance
économique demeure timide. La mollesse de la croissance contraste avec
la croissance vigoureuse et durable indispensable à la réduction
de la pauvreté. Le taux de croissance dans l'UMOA a, courant 2006,
reculé de 4,1% à 3%. Si la part détenue par les
actionnaires nationaux, dans le capital social des banques de l'UMOA (388
Milliards au 31 décembre 2006), a quelque peu progressé en 2006
de 2,3 points de pourcentage pour s'établir à 40,4%, la
participation des non-nationaux (59,6%) reste élevée et
dominante. La compétition bancaire orientée et
déterminée par la taille et le total du bilan n'est pas neutre.
Elle conduit à des regroupements et fusions stratégiques
(Méga fusions) que les actionnaires nationaux peuvent avoir du mal
à suivre. Elle explique l'obsession des banques à
mobiliser le plus de dépôts, à accorder et conserver au
bilan le plus de crédits. Les autorités monétaires et de
surveillance, à leur tour, analysent la qualité des emplois et
les profils de risques des banques et préconisent souvent, si elles ne
l'exigent pas, la recapitalisation à savoir la constitution de plus de
provisions et de plus de fonds propres. Presque toujours l'actif est vu comme
une fatalité, comme une contrainte absolue et ne fait souvent l'objet
d'aucune restructuration. Les préconisations vont en
général dans le sens de la réorganisation du passif, de
l'augmentation des ressources, notamment du capital.
Cependant, les thèmes stratégiques
récurrents tels :
- le renforcement de la capacité des banques à
mobiliser, à transformer l'épargne et à l'affecter au
financement des investissements productifs
- le renforcement de la gestion des risques, le contrôle
étroit des risques de contrepartie
- la promotion et le développement de la
bancarisation
- une croissance économique forte et durable pour la
lutte contre la pauvreté
- l'amélioration de la part détenue par les
actionnaires nationaux dans le capital social cumulé des banques de
l'UMOA, donc la possibilité de conserver les bénéfices
bancaires tout en drainant les capitaux étrangers
peuvent être organisés, promus et accomplis
à travers la réorganisation de l'actif des banques via la
titrisation des prêts bancaires et une meilleure articulation entre les
banques et les marchés financiers.
La question cruciale d'une entrée durable des banques
universelles dans le domaine des financements à moyen et long termes se
pose en termes de capacité de « transformation » et non en
termes de recapitalisation ni en termes d'octroi de lignes extérieures.
La « transformation» est l'opération qui consiste, pour une
banque, à financer des emplois de moyen et long termes avec des
ressources de court terme. En cédant par la titrisation, les emplois
à moyen et long termes mis en place avec les ressources du court terme,
la banque se donne ipso facto les moyens d'accorder sans difficulté de
nouveaux crédits à moyen et long termes. Avec la titrisation, les
banques sauront s'engager davantage sur le moyen et long termes. La titrisation
pourrait constituer une bonne alternative au financement à moyen et long
termes et un outil d'accélération de la croissance
économique.
Or les banques de l'UMOA n'ont pratiquement pas recours
à la titrisation des prêts bancaires. Cela représente un
coût d'opportunité énorme pour nos économies qui
sont ainsi privées des financements qui auraient pu être ainsi
mobilisés par le truchement de la titrisation. Dans les pays
développés où le potentiel de croissance est faible et
l'activité bancaire très intense, avec un taux de bancarisation
d'au moins 80%, les banques intègrent pourtant la titrisation dans leur
plan de financement renforçant ainsi leurs capacités
d'intervention. Dans nos pays où le potentiel de développement
est immense et le taux de bancarisation très faible, l'on ne devrait
plus perdre de vue cette source de financement mais l'inclure et y recourir
intensément d'où sa justification comme thème de
recherche.
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