Chapitre 3 - Un effet structurant sur l'espace
touristique
Schématiquement, l'espace français est
marqué par trois niveaux d'espaces touristiques :
-des espaces touristiques majeurs, où les flux
touristiques sont traditionnellement denses, du fait de l'existence de
pôles d'attraction de premier ordre. Ces espaces ne constituent qu'une
faible part du territoire.
-des espaces touristiques de tourisme diffus. Ces espaces, sans
être dénués d'attrait touristique, manquent de pôles
d'attraction, le touriste s'y éparpille. Ils représentent une
part importante du territoire
-des espaces non touristiques, eux aussi importants en terme de
superficie.
Dans le premier cas, les chemins de fer touristiques ne
constituent qu'une attraction de plus du système existant. Au contraire,
ils peuvent jouer un rôle important dans les deux autres situations. Car
ils permettent la cristallisation de flux touristiques en zone de
tourisme diffus , et leur création en zone non
touristique. Avec à la clé un effet d'entraînement
sur l'économie locale. Un « petit train » à
caractère ludique, un « musée vivant » du chemin de fer
peuvent contribuer au développement du tourisme localement, en
créant un pôle d'attraction là où il n'y a rien (ou
presque). Mais au-delà, un chemin de fer touristique d'animation locale
bien conçu constitue un atout plus important encore, car il
génère un « axe » autour duquel peuvent se
fédérer d'autres attractions
touristiques259.
En effet, un produit touristique ne doit pas être
orphelin mais exister au sein d'une offre touristique locale. Ce
fonctionnement présente deux avantages majeurs :
-le premier avantage est évident. Plusieurs produits
touristiques drainent un flux touristique supérieur à un seul.
Surtout lorsque les offreurs travaillent en bonne intelligence avec voyagistes,
syndicats d'initiative, comités du tourisme.
-le second avantage réside dans une «
sécurité » : en cas de fermeture inopinée d'un site
touristique (due par exemple aux conditions météo) les
prestataires (agences de voyages, autocaristes) peuvent se replier vers une
autre attraction située à proximité. Cette
sécurité revêt une importance capitale pour les
opérateurs touristiques dont une des hantises est de se retrouver avec
des touristes inoccupés (et donc forcément mécontents) sur
les bras.
259 On pourra lire à ce sujet Ragon, Renaudet (1999), p
301-328. Leur article retrace les enjeux d'Historail et de
Vienne-Vézère-Vapeur en Limousin.
Conclusion - De la
nécessité d'un professionnalisme minimal
Produit touristique, un « petit train » ne se
gère avec succès qu'au prix d'un renoncement à
l'amateurisme. Ce qui ne veut aucunement dire qu'il doit y perdre son
âme. La première étape à franchir consiste à
reconnaître le caractère touristique des chemins de fer
touristiques. Il faut pour cela adopter une attitude nouvelle : instiller de la
prestation de service là où il n'y a que de l'industrie lourde,
savoir sortir d'une attitude trop empreinte de nostalgie pour se tourner vers
les opportunités. Ensuite, il s'agit de concocter un « produit
» adapté par la mise en oeuvre des techniques de marKeting
touristique.
Ce défi d'un professionnalisme minimal n'est pas anodin :
en effet, bien
« managés », nos chemins de fer
touristiques retrouvent la capacité de leurs ancêtres à
structurer l'espace, chacun à leur échelle.
Huitième parti
Ce que nos « petits trains »
véhicu/ent
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