Septième partie - Touristiques, nos chemins de
fer ?
Introduction - Le transport est mort, vive le
tourisme !
« Un moyen de transport idéal serait
instantané, gratuit, de capacité illimité... Bref, il
abolirait l'espace »246. Cette définition ne s'applique
pas du tout au sujet de notre étude : le chemin de fer touristique
dilate l'espace et le temps, il n'est pas gratuit, il transporte peu de
personnes à la fois. Il n'est pas (ou n'est plus) un moyen de
transport. Car, comme l'indique son adjectif, le chemin de fer
touristique est un produit touristique. Un produit
touristique auquel les savoir-faire de marKeting touristique
doivent être appliqués.
Chapitre 1 - Une prise de conscience qui tarde à
venir
La prise de conscience tarde pourtant à venir chez les
amateurs ferroviaires. On peut mettre sur le compte des péchés de
jeunesse le fait que les visiteurs ne soient pas choyés au début
de notre période d'étude. L'accueil est tantôt bon enfant,
tantôt rugueux mais dans tous les cas non professionnel à l'aune
des standards touristiques. Si depuis les choses ont évolué dans
le bons sens, aujourd'hui encore le tourisme n'entre qu'à
reculons dans le cercle des chemins de fer touristiques.
Ainsi, concernant le Train Touristique Guîtres-Marcenais,
les étudiantes en DESS Tourisme notent à plusieurs reprises le
fossé (le précipice ?) qui sépare les amateurs du monde du
tourisme: « cette association de bénévoles passionnés
se consacre avant tout à l'entretien du matériel, de la voie
ainsi qu'à la marche des trains. La restauration du matériel
roulant est leur principal objectif. La promenade des passagers faisant de ce
train un 'train touristique' sert à engranger des fonds dans ce but.
L'activité touristique n'est donc pas la motivation première mais
constitue un moyen et non une finalité »247. Plus loin
on peut lire : « l'association gérante du train n'a aucune
compétence touristique et ne souhaite pas en avoir
»248. Tout est
résumé dans cette phrase qui s'applique encore de nos jours
à l'essentiel des chemins de fer touristiques à caractère
associatif.
246 Merlin (1991), p 5.
247 Castets, Delavois, Demange, Marseille (2006), p
5.
248 Idem, p 93.
La clé des comportements observés tient à
notre avis en quelques mots : les
« promenades » de touristes sont encore trop souvent
perçues un mal nécessaire pour ramasser l'argent
nécessaire à la sauvegarde du matériel. On attend le
touriste, au lieu d'aller le chercher249. L'enjeu est donc bien
de parvenir à une « inévitable professionnalisation,
souhaitée par tous les partenaires
institutionnels. Les touristes ne sont plus un moyen
mais une finalité »250
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