Les chemins de fer touristiques entre nostalgie et innovation (1957-2007)( Télécharger le fichier original )par Jean-Jacques MARCHI Université Bordeaux IV Montesquieu - Master Sciences économiques, option Histoire économique 2007 |
Chapitre 4 - Chemins de fer touristiques et cinéma236De l' « Arrivée d'un train en gare de la Ciotat »237 des frères Lumière, en passant par « la Bête humaine »238 jusqu'à « Runaway Train »239, le chemin de fer joue la star ou le simple figurant dans de nombreux films. Les liens avec le septième art s'affirment ainsi depuis les origines jusqu'à aujourd'hui. Depuis la fin de la vapeur sur les lignes SNCF, au début des années 1970, le cinéaste voulant rendre l'ambiance des grands express ou des petits trains d'autrefois pourrait désespérer de trouver dans nos contrées un authentique « panache de fumée » dans un cadre d'époque. Heureusement pour lui, il y a ces chemins de fer touristiques qui disposent à la fois de matériels anciens préservés (locomotives à vapeur, voitures anciennes) en état de marche et de gares, voies, paysages préservés. A titre d'exemple, les locomotives et voitures des Trains à Vapeur de 235 Les « Editions de l'Ormet », les « Editions Régordane », « Presse et Editions Ferroviaires » publient respectivement : Connaissance du Rail, Objectif Rail, Voies Ferrées. Les « Editions la Vie du Rail » : La Vie du Rail et Rail Passion. 236 Pour plus d'informations sur les liens entre les chemins de fer en général et le cinéma le lecteur se reportera à Lamming (2005), p 481-489. 237 Présenté pour la première fois au public le 6 janvier 1896. Selon la tradition, l'image du train arrivant vers le public aurait provoqué un mouvement de panique chez les spectateurs 238 Film de Jean Renoir, sorti sur les écrans en 1938. 239 Film réalisé par Andrei KonchalovsKy en 1985. Touraine (Chinon - Richelieu) ont participé à une quarantaine de films ou téléfilms en un quart de siècle240. Les sites internet des chemins de fer touristiques ne se privent pas de solliciter cinéastes et publicitaires241 susceptibles d'apporter des rentrées d'argent considérables en échange d'une bonne dose de rêve ou d'authenticité. Ainsi, selon Etienne Auphan, « le Train à Vapeur des Cévennes a pu se transformer en SARL en 1987 et racheter la ligne Anduze - Saint-Jean-du-Gard grâce aux ressources issues du produit de la location du chemin de fer touristique aux cinéastes et aux publicitaires »242. Le tableau ci-dessous donne un aperçu de quelques tournages réalisés sur divers « petits trains », qu'il s'agisse de films, téléfilms ou de spot publicitaire. Tableau 13 : chemins de fer touristiques et tournages Abréviations : CFT: Chemin de Fer Touristique - TVT: Train à Vapeur de Touraine - CFTV: Chemin de Fer Touristique du Vermandois - CFV : Chemin de Fer du Vivarais - TFCF : Tramway du Cap-Ferret.
Sources : Rodier (1993), p 63 pour le Train à Vapeur de Touraine ; Braun (1991) pour AGRIVAP ; Ricaud, Royer (2002), p 205 pour Chemins de Fer du Vivarais ; entretien avec Jean-Louis Vanaud pour le Tramway du Cap-Ferret ; les sites internet des chemins de fer touristiques pour les autres informations. 240 Camand (2002), p 45. 241 Voir par exemple la page internet du Train à Vapeur des Cévennes : http://www.trainavapeur.com/enfamille.php?m=trainavapeur_cinema ou du Gentiane Express : http://traincezallier.free.fr/trainspeciaux.htm . La première liste les tournages accueillis, la seconde fait un appel du pied aux producteurs, réalisateurs, publicitaires. 242 Auphan (1999), p 266. Cet aperçu doit nous convaincre que les liens entre les chemins de fer touristiques et le cinéma sont loin d'être seulement anecdotiques. D'ailleurs certains « petits trains » sont inscrits à des organismes chargés de faire connaître aux cinéastes les sites de tournage potentiels243. Deux films méritent une mention spéciale : « Les Grandes Gueules », de Robert Enrico (1965) avec Bourvil et Lino Ventura. On y suit de robustes bûcherons se déplaçant avec le « Tacot »244 sous l'oeil goguenard de concurrents plus fortunés, utilisateurs de camions «Tortillard pour Tittfield » (Ch. Crichton, 1952) qui a sensibilisé « les passionnés en confirmant, sur un mode humoristique, la possibilité de maintenir en activité des matériels et lignes condamnés »245 Conclusion - Ce qui les rassemble Les chemins de fer touristiques ne vivent pas entre eux, dans un petit monde clos. Les interactions de leurs exploitants avec leur environnement immédiat et lointain sont nombreuses : ils partent à la « chasse » aux matériels anciens; ils organisent leurs propres ateliers pour faire face à l'entretien et aux réparations. A une échelle, certes modeste, leurs besoins créent autour d'eux des activités : la renaissance d'ateliers ferroviaires spécialisés, la variété de l'édition, la captation des professionnels du cinéma et de la publicité en témoignent. Loin de rester figés dans une attitude seulement nostalgique, les exploitants de nos chemins de fer touristiques font l'effort de s'adapter aux opportunités et aux menaces de leur milieu, n'hésitant pas à faire du nouveau lorsque cela s'avère nécessaire. 243 L'Association du Train Touristique Guîtres-Marcenais est ainsi inscrite auprès d'« Aquitaine, Image, Cinéma » au sein du Conseil Régional d'Aquitaine. D'après Castets, Delavois, Demange, Marseille (2006), p 73. 244 Pour l'ambiance d'un chemin de fer forestier, visiter dans le massif des Vosges le Chemin de Fer d'Abreschviller (Moselle). 245 Bouchaud, Cheveau (1999), p 269. Septième parti Touristiques, nos chemins de fer ? |
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