Chapitre 3- L'enjeu de la sécurité
1- Un enjeu fort pour un moyen de transport
sûr
Les questions de sécurité font une entrée
précoce et malvenue sur la scène ferroviaire dès la
première journée du premier « vrai » chemin de fer
Liverpool - Manchester. En effet, ce jour historique est endeuillé par
un accident mortel. Autant dire que la sensibilité des exploitants comme
des législateurs vis-à-vis des enjeux de sécurité
n'est pas nouvelle.
Les accidents de chemin de fer marquent les mémoires par
leur aspect souvent spectaculaire : les chiffres des tués et des
blessés sont impressionnants, vu le nombre des personnes
transportées. Mais le tapage fait pas les médias autour des
accidents ferroviaires ne doit pas occulter un fait fondamental : le train
est un moyen de transport extrêmement sûr1 06.
On peut parler, chez les exploitants ferroviaires,
d'une « culture de la
sécurité ». La
sécurité des personnes est au centre des préoccupations.
Cela suppose en interne des formations adéquates, l'observation de
procédures strictes, des dispositifs de protection adaptés (par
exemple un règlement intérieur), des contrôles et des
sanctions.
106 Par rapport au train, les risques de blessures
sont : 1,4 fois plus élevés en avion - 5,4 fois plus
élevés en autocar - 31,1 fois plus élevés en
voiture. D'après WWF, DR, DB (s.d.), p 17.
2- Le freinage et la gestion du trafic
Un train consomme environ quatre fois moins d'énergie que
l'automobile au Kilomètre. Cela provient du fait que le roulement d'une
roue en acier sur un rail en acier est bien plus aisé que celui d'une
roue en caoutchouc sur une route goudronnée. Les frottements sont
moindres. Cette médaille a son revers : le freinage d'un train est bien
plus long que celui d'une véhicule routier. Il faut un bon
Kilomètre pour arrêter un train lancé à 100 Km/h.
La formule : e=1 /2 mV2 est bien connue. L'énergie
cinétique est égale à la moitié du produit de la
masse par le carré de la vitesse. Elle représente
l'énergie acquise par un train en marche. Quand la vitesse d'un train
double, son énergie cinétique quadruple. Autrement dit, pour
arrêter un train qui roule à 100 Km/h, il ne faut pas freiner deux
fois plus que pour un train qui roule à 50 Km/h, mais quatre fois
plus.
Il existe divers dispositifs de freinage, différents
selon les époques et les caractéristiques des matériels.
Nous ne les exposerons pas ici. Toutefois, il est important de comprendre que
même un train touristique circulant à 20 Km/h ne s'arrête
pas immédiatement. En conséquence la conduite d'un train
ne se fait pas seulement « à vue
» mais bien en anticipant les difficultés et dangers
éventuels. La signalisation ferroviaire apporte une aide
essentielle.
De même, le profil en long (voir Annexe 3) offre à
l'équipe de conduite une première approche la ligne parcourue.
Elle indique notamment les déclivités, pour préparer les
efforts de traction et de freinage à mettre en oeuvre. Et pour
éviter de « planter un choux »107 quand on tracte
à la vapeur.
3- Les chemins de fer touristiques, à la fois
mieux et moins bien placés
Les chemins de fer touristiques n'échappent pas à
ces problématiques de sécurité. Par rapport aux
exploitants ferroviaires classiques, ils sont à la fois en meilleure et
en moins bonne posture. En meilleure posture, car avec des trafics
faibles, des vitesses peu
élevées108, les freinages peuvent sembler
faciles et les collisions impossibles En moins bonne posture, car il roulent
avec du matériel ancien (et donc parfois à bout
de souffle) sur des infrastructures ferroviaires relativement
dégradées.
107 La locomotive ne produit plus assez de vapeur,
elle s'arrête en ligne. Humiliant pour l'équipe de conduite !
108 Dans la plupart des cas entre 10 et 30 Km/h.
Aussi, deux dangers guettent nos chemins de fer
touristiques :
-les réparations à la va-vite et/ou à
l'économie, en l'absence d'une gestion technique prévisionnelle
suffisamment rigoureuse
-le « bricolage », c'est-à-dire des
constructions, reconstructions, transformations successives de matériels
roulants faites par des amateurs avec des techniques d'amateurs. Autrement dit
sans respect des règles de l'art de l'industrie
ferroviaire109
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