Chapitre 2 - Le matériel roulant
Les matériels roulants utilisés sont fondamentaux
à de multiples points de vue. Ils déterminent l'attrait potentiel
d'un « petit train » : par exemple un chemin de fer touristique
possédant une locomotive à vapeur sera plus attractif qu'un autre
n'en possédant pas. Ils comportent leurs propres contraintes
d'exploitation. Enfin, il faut compter avec leurs coûts d'achat,
d'exploitation et de réparation.
72 Cet ingénieur visionnaire avait un penchant
marqué pour le gigantisme. Il est le concepteur du « Great Western
» et du « Great Eastern », paquebots géants mus par la
force de la vapeur.
73 Lamming (1989), encadré p 56.
74 Voir Freeman Allen (1981), p 200.
1- Les locomotives à vapeur
A- Une forte symbolique
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B-
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Les locomotives à vapeur font figure
d' « incontournable objet d'une exploitation
touristique du chemin de fer »75 .
Elles constituent un des symboles de la première révolution
industrielle. Aux yeux des amateurs ferroviaires, la locomotive à vapeur
possède un attrait, une
« magie » serait-on tenté de dire, qu'aucun
autre matériel roulant ne parvient à égaler. Faut-il y
voir une nostalgie des trains d'enfance, la réminiscence de luttes
sociales, le rôle que lui attribuent les
cinéastes76ou bien l'atmosphère toute
particulière qu'elle dégage : des bruits, des odeurs qui laissent
à penser qu'elle est vivante, et que l'homme par sa science a
réussi à la dompter ? Il y a peut-être un peu de tout
cela.
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Photo 1 : locomotive Decauville pour voie de 60.
Cliché D. Blondin,
APPEVA.
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C- La numérotation : des chiffres et des
lettres
En France, les locomotives à vapeur sont
désignées par un nombre à trois chiffres, suivi d'une ou
plusieurs lettres, et enfin d'un numéro. Par exemple : 141 R
112677. Les trois premiers chiffres désignent la disposition
des essieux :
-le premier indique le nombre d'essieux porteurs à l'avant
(petites roues)
-le deuxième le nombre d'essieux moteurs au milieu
(grandes roues reliées par des bielles)
-le troisième le nombre d'essieux porteurs à
l'arrière (petites roues)
Certaines dispositions d'essieux ont donné des surnoms aux
locomotives. Ainsi, une 231 s'appelle une « Pacific ». Quant à
notre 141 R 1126, c'est une « MiKado »78
La (ou les) lettre indique le type de locomotive : il y en a
plusieurs par disposition d'essieux. Les derniers chiffres indiquent le
numéro d'ordre dans la série.
75 Gasc (1995), p 22.
76 Voir infra, Sixième partie,
Chapitre 4 pour les liens entre chemins de fer touristiques et
cinéma.
77 Locomotive préservée par
l'association ACPR 1126 à la gare de Toulouse-Matabiau.
78 Pour plus de détails concernant les différents
surnoms, voir Lamming (2005), p 467.
C- Une mise en service longue et
coûteuse
Pour un chemin de fer touristique, la mise en service d'une
locomotive à vapeur s'avère longue et coûteuse. D'abord il
faut la trouver. Ensuite la restaurer. Ces deux étapes constituent
déjà un véritable parcours du combattant,
surtout de nos jours où le matériel disponible est devenu rare et
où les prix ont fortement augmenté79.
Une fois la machine restaurée, sa chaudière doit
être agréée au niveau de pression adéquat, c'est ce
qu'on appelle le timbre, du nom de l'étiquette
apposée sur la chaudière spécifiant la pression maximale
admissible ainsi que la date limite. De nos jours c'est l'APAVE qui s'en
charge. Chaque année, une inspection est nécessaire. Tous les dix
ans, la chaudière est extraite de la machine80, mise en
pression à quelques bars au-dessus du timbre afin de vérifier son
étanchéité. C'est la révision décennale. En
cas de succès, le timbre est renouvelé, on dit que la
chaudière est « retimbrée » pour dix années
supplémentaires. En cas d'échec, des travaux, voire une
réfection complète s'avèrent nécessaires. Un coup
dur pour l'exploitant car coûts et délais sont importants. Il
n'est pas rare de trouver, dans les remises des associations, des locomotives
à vapeur qui n'ont pu être retimbrées et qui restent
immobiles, attendant parfois de longues années une réparation que
le propriétaire (l'association, parfois aussi un particulier) ne pourra
probablement jamais se payer ! Un diagnostic intermédiaire est
également possible : le retimbrage, mais à une pression
inférieure. Ce pis-aller limite l'autonomie de la locomotive à
vapeur en ligne et constitue un handicap pour l'exploitation.
D- Les exigences de l'exploitation
Imaginons notre locomotive à vapeur en état et
agréée, il reste à trouver un combustible
adapté : du charbon de bonne qualité, riche en carbone,
spécifique à chaque type de machine81. Chaque
modèle a sa variété de charbon idéal, fonction
entre autres de la taille du foyer. Ne pas respecter ces impératifs
aboutit dans le meilleur des cas à une perte de puissance gênante,
sinon à des problèmes de maintenance.
Trouver de l'eau en grandes quantités
représente aussi une difficulté. Les « petits trains »
qui arpentent toujours la même ligne prévoient des réserves
ou bien
79 Voir infra, Sixième Partie,
Chapitres 1 et 2.
80 Sauf pour les « grosses » locomotives
à vapeur (voie normale), où la chaudière n'est pas
extraite et où la périodicité peut être
supérieure (15 ans par exemple pour la 141 R 1126).
81 Quelques locomotives à vapeur, relativement
peu nombreuses dans les exploitations touristiques, sont chauffées au
fioul (certaines 141 R notamment)
utilisent les sources d'approvisionnement (canal,
rivière...) présentes tout au long du parcours. Par contre, dans
le cas de machines suivant des itinéraires variables, c'est plus
compliqué : les gares de nos jours ne disposent plus du matériel
adapté (château d'eau, grue hydraulique) et ce sont les bouches
à incendie ou même les
sapeurs-pompiers qui sont mis à contribution. Sans compter
les (parfois) indispensables traitements chimiques de l'eau pour éviter
un encrassage de la chaudière.
Les consommations en huile, eau et charbon d'une
locomotive à vapeur sont impressionnantes : le
tableau ci-dessous nous en donne une idée sur la base de locomotives en
voie normale.
Tableau 2 : consommations des locomotives à
vapeur à voie normale
CONSOMMATIONS
|
Locomotive 140 C
|
Locomotive 141 R
|
Charbon - Kg par allumage
|
1.500
|
1.500
|
Charbon - Kg au Km
|
17
|
27
|
Eau - litres au Km
|
180
|
250
|
Huile - Kg par Km
|
0,5
|
0,5
|
Huile - Kg par jour de marche
|
3
|
3
|
Source : d'après Gasc (1994), tableau 3 p 49.
Logiquement, les locomotives en voie métrique ou
étroite consomment moins. Mais les ordres de grandeur restent
comparables. Le responsable d'une exploitation en voie de 60 m'a indiqué
une consommation de charbon de 10 Kg au Km. Quand même !
Lorsque la machine est en état de marche,
agréée, approvisionnée, il faut compter plusieurs
heures de chauffe avant le moindre tour de roues (4-5 heures par
exemple pour une locomotive en voie de 60)82. Son exploitation doit
être en conséquence prévue à l'avance. Si elle est
en renfort, autrement dit prête à intervenir au cas où
82 Mais plus de 24 heures pour une « grosse
» locomotive à chauffe au fioul. En effet, il faut d'abord porter
le fioul à la température de 60-80°C pour qu'il s'enflamme,
puis assurer la montée en pression de la chaudière.
une autre locomotive serait défaillante, elle doit
être maintenue en pression. A comparer avec le diesel qui démarre
au quart de tour et est disponible immédiatement pour un
dépannage quelconque. Pour noircir encore le tableau, deux
agents (un mécanicien et un chauffeur) sont nécessaires
à l'opération d'une locomotive à vapeur (contre un agent
pour un diesel).
Pour toutes ces raisons, l'exploitation d'une locomotive
à vapeur revient 3 à 4 fois plus cher que celle d'un
diesel.
E- Une grande variété de
modèles
On trouve sur les chemins de fer touristiques
pléthore de modèles différents de locomotives.
Aussi nombreux que les fournisseurs qui ont approvisionné jadis les
réseaux ferrés. Aussi variés que les occasions d'achat qui
se sont présentées aux amateurs ferroviaires au fil des ans. Nous
citerons : Decauville, Schneider, Cail, Blanc et Misseron, Couillet,
Corpet-Louvet, Fives-Lille, Orenstein et Koppel... Cette diversité
pose des problèmes de maintenance, car les
pièces de rechange doivent être réalisées
sur-mesure, et non en série. Pour compliquer encore l'affaire, les
compétences pour assurer la maintenance des locomotives
à vapeur se font rares :
la SNCF n'a plus la pratique de tels engins83 et les
cheminots qui les ont utilisés sont maintenant des retraités
âgés.
2- Les motrices électriques
La traction électrique est d'une grande souplesse
d'utilisation : disponibilité immédiate, bonne
accélération, aptitude aux fortes pentes, fiabilité. Elle
confère à l'équipe de conduite un confort
inégalé. En contrepartie, elle suppose une infrastructure
lourde pour son approvisionnement : production et acheminement
d'électricité, caténaire. Malgré tout, ses
avantages évidents l'on faite utiliser précocement dans un
certain nombre de cas, notamment en montagne84 et en ville
85. Ainsi la majorité des chemins de fer
touristiques d'accès aux grands sites utilisent la traction
électrique (Chemin de fer du Montenvers - Mer de Glace, Tramway du
Mont-Blanc, Petit train de la Rhune). Egalement alimentés par la «
fée
83 Les locomotives à vapeur ont
été retirées du service par la SNCF au début des
années 1970.
84 Dans les Alpes et les Pyrénées, lors
de la deuxième révolution industrielle, la houille blanche rend
possible l'électrification des voies ferrées, au même titre
qu'elle favorise une forme d'industrialisation douce basée sur l'emploi
de l'électricité dans les usines.
85 Le premier tramway électrique français circule
à Clermont-Ferrand dès 1890.
électricité » : le chemin de fer de la
Mûre, à caractère montagnard affirmé, ainsi que le
tramway touristique de l'AMITRAM qui circule en zone périurbaine.
Enfin, quelques locomotives électriques ont
été sauvegardées par des amateurs ; elles circulent
épisodiquement sur les voies à la tête de trains
spéciaux.
3- Les autorails
L'autorail est une « voiture automotrice sur rails pour le
transport des voyageurs et dont la propulsion est assurée par un moteur
à combustion interne »86.
A- Des liens évidents avec le secteur
automobile
L'autorail est, au même titre que l'automobile,
issu de la deuxième révolution industrielle. Pour
preuve, les premiers constructeurs d'autorail, Renault, Michelin, Bugatti,
Berliet sont aussi des protagonistes du secteur automobile. Il semble que le
développement et la maîtrise progressive du moteur à
combustion interne ait permis à ces entreprises de sauter le pas
facilement de la route au rail, pour finalement ne plus se consacrer
qu'à la route. Toutefois, des autorails Renault ont circulé sur
les lignes secondaires de France jusque dans les années
197087.
B- Un vecteur de modernité
L'autorail possède par rapport à la locomotive
à vapeur des avantages importants, et même
décisifs dans une période où la route mène
une rude concurrence au rail. L'autorail ouvre aux compagnies ferroviaires des
perspectives nouvelles :
-la séparation totale des trafics marchandise et voyageur.
C'est la suppression des trains mixtes88 peu appréciés
par les voyageurs
-des gains de temps et de vitesse (dans un rapport de 2 à
1), notamment sur les lignes à profil difficile
-des accélérations importantes. Sur des liaisons de
type omnibus, aux arrêts nombreux, cette capacité lui permet
d'améliorer franchement les temps de parcours par rapport à la
traction vapeur
86 Lamming (2005), p 180. Aujourd'hui, le terme d'automoteur est
désormais employé par la SNCF.
87 L'auteur en a régulièrement
utilisé dans sa prime jeunesse.
88 Un train mixte se compose à la fois de
voitures (pour les voyageurs) et de wagons (pour les marchandises). Comme un
train de marchandises, il collecte des wagons sur son trajet, d'où une
lenteur extrême.
-sa conduite ne nécessite qu'un seul agent (contre deux
pour une locomotive à vapeur)
-son utilisation rend superflue toute l'infrastructure des
châteaux d'eau, grues hydrauliques et approvisionnements en charbon.
Ainsi, le prix de revient du Kilomètre
représente une économie de 50 à 60 % par rapport
à la traction vapeur, et ce malgré les prix très
élevés des produits pétroliers. « L'économie
était énorme et certains la pensaient salvatrice » affirme
Yves Machefert-Tassi n89.
L'autorail offre d'emblée un confort
moderne, comme le note J. Bazin, grand voyageur sur les petits
réseaux dans les années 1950 et 1960 : « Sur de nombreux
réseaux français à voie métrique, les autorails
Billard ont apporté en leur temps une amélioration
appréciable des services offerts aux voyageurs »90.
D'ailleurs, ceux-ci ne s'y trompent pas : la mise en service des autorails
apporte quelquefois des augmentations spectaculaires du trafic : par exemple +
314% sur la ligne
Toulon Saint-Raphaêl91.
C- Une bouffée d'oxygène pour les petits
réseaux
Vecteur de modernité, l'autorail se diffuse rapidement, un
peu partout, mais avec une prédilection pour les relations secondaires.
Les constructeurs se multiplient : aux Michelin, Bugatti, Renault des
débuts se joignent une série de petits
constructeurs dont on retrouve encore aujourd'hui les matériels
préservés sur les chemins de fer touristiques: Billard, De Dion
Bouton, Verney, pour n'en citer que quelques-uns.
Les atouts de l'autorail apportent à la SNCF comme aux
petits réseaux une bouffée d'oxygène. Ils permettent dans
certains cas de se rapprocher d'une exploitation de type
autobus.
Ainsi, à propos des autorails des CDJR (County Donegal
Joint Railways) irlandais, réseau à voie de 904 mm: « ces
petits véhicules très économiques à moteur diesel
ont contribué, pendant longtemps, un peu partout dans le monde, à
la survie de petites compagnies de chemin de fer pour lesquelles un crampon de
rail représentait un gros investissement » 92
89 Machefert-Tassin (2001), p 173. L'estimation de
l'économie réalisée est donnée pour l'année
1939.
90 Bazin (1997), p 184.
91 Machefert-Tassin (2001), p 173.
92 Hollingsworth, CooK (1984), p 58-59.
J. Bazin souligne, à propos de la ligne de Lozère
Sainte-Cécile d'Andorge - Florac (voie métrique) exploité
par les CFD (Chemins de Fer Départementaux) : « Avec ses autorails
De Dion Bouton type ND unidirectionnels et ses remorques à bagages,
l'exploitation de la ligne de Lozère s'apparentait d'une certaine
manière à celle des autocars » 93 Un peu plus
loin: « Durant sa dernière décennie d'exploitation, le
réseau du Tarn a fait un grand usage d'autorails Billard » 94.
Avant, pour les plus chanceux d'entre eux, de se retrouver
sauvegardés par les amateurs ferroviaires, les autorails
connaissent des carrières pour le moins
mouvementées au fur et à mesure que les petits
réseaux ferment. Révélatrice (mais il y en a d'autres tout
aussi agitées), celle du « Billard A 150 D6 ex- Ile et Vilaine puis
n°26 Pas-de-Calais, qui va devenir n°524 sur le réseau du Tarn
avant d'achever en Corse sa carrière tumultueuse » 95.
Le fait qu'on s'arrache les petits autorails à mesure que
ferment les lignes secondaires révèle leur remarquable
adaptation aux besoins des exploitants comme de la clientèle.
Mais ces qualités, si elles prolongent la durée de vie des
réseaux utilisateurs, n'empêchent pas, au final, leur disparition.
Les autorails n'apportent qu'un sursis.
D- Des matériels prisés par les chemins de
fer touristiques
Aujourd'hui, même si les autorails ne sont pas vraiment un
« must » par rapport aux locomotives à vapeur, ils
sont largement utilisés par de nombreux chemins de fer
touristiques . Soit comme alternative économique
à la vapeur, sur les périodes moins
fréquentées (avant et arrière-saisons, jours de semaine
à faible affluence) pour les exploitants qui possèdent une ou
plusieurs locomotives à vapeur, soit comme véhicule de
ré férence pour ceux qui n'en possèdent pas.
Ainsi, dans le premier cas, le TTGM (Train Touristique Guîtres-Marcenais)
propose des voyages soit en train à vapeur, soit en autorail, avec un
tarif plus élevé pour le train à vapeur.
Représentatifs du second cas : le « Gentiane Express
» (de l'Association des Chemins de Fer de Haute-Auvergne), le TTVL (Train
Touristique de la Vallée du Loir), l'ATM (Autorail Touristique du
Minervois).
93 Bazin (1997), p 92.
94 Idem, p 119.
95 Ibid, p 119.
Photo 2: autorail « Picasso
». Cliché E. Drouard.
Parmi les matériels les plus appréciés, nous
citerons pour la voie normale les autorails « Picasso »,
X 2400, X 280096, les RGP97, les
«panoramiques ». Pour la voie métrique les Billard, Verney ou
De Dion Bouton. L'emploi de l'autorail ne pose pas de grand problème
technique : sa propulsion par moteur diesel98 rend sa
maintenance assez facile.
4- Les locomotives et locotracteurs diesel
Les premiers locotracteurs apparaissent pendant la guerre de
14-18. Ils servent à la desserte des chemins de fer militaires
établis en voie de 60 ou de 50 à proximité du front. Ils
possèdent en effet deux énormes avantages pour les
belligérants : ils ne génèrent ni lueur, ni
fumée (ou si peu comparé aux locomotives à vapeur), et
sont donc relativement indétectables99.
Malgré les bons résultats obtenus durant la Grande
Guerre, les réseaux secondaires les boudent,
hésitant à remplacer leurs locomotives à vapeur.
Innovations et essais se concentrent sur les autorails (voir supra),
et non sur la substitution des locotracteurs aux locomotives à
vapeur100.
Ainsi, la diésélisation est non seulement «
chaotique, faute d'une force industrielle intéressée et
disponible »101 mais également tardive. Certes, les
ateliers des compagnies transforment bien quelques locomotives à vapeur
en locotracteurs en posant carrosseries et mécaniques sur des
châssis embiellés. Mais il faut attendre la fin de la
Seconde Guerre mondiale pour disposer des surplus de l'armée
américaine (locotracteurs General Electric notamment), et les
années 1950 - 1960 pour
96 Surnommés les « Bleus d'Auvergne », du fait
de leur livrée bleue et blanche et de leur utilisation jadis intensive
sur les lignes difficiles du Massif Central.
97 Rames à Grand Parcours, alias « Lézards
verts » pour la version antérieure à leur modernisation.
98 Les premiers autorails étaient
propulsés par moteur à essence mais le diesel a rapidement
prouvé sa supériorité.
99 Machefert-Tassin (2001), p 157.
100 Idem, p 157
101 Ricaud, Royer (2002), p 185
disposer d'engins à la fois puissants et
équilibrés (diesels-électriques Brissonneau et
Lotz, diesels hydromécaniques de l'atelier CFD de Montmirail). Il est
déjà trop tard pour les réseaux d'intérêt
local.
|
Loin du romantisme de la traction vapeur, les locomotives et
locotracteurs diesel sont largement
utilisés par les chemins de fer
touristiques. Leur robustesse, leur fiabilité, leurs faibles
coûts d'exploitation en font des auxiliaires
précieux. De la locomotive diesel électrique à
voie normale de 2400 CV au locotracteur de 50 CV circulant sur voie de 60,
on
|
Photo 3 : locotracteur Deutz. Cliché : Train
du Bas-Berry.
|
trouve à peu près toute la gamme des puissances et
une belle brochette de fabricants : Billard (encore lui !), Brissonneau et
Lotz, Crochat, Deutz, Diema, Fauvet-Girel, General Electric, Gmeinder, Moyse,
O&K, Whitcomb, pour n'en citer que quelques-uns. Pour le folKlore, certains
locotracteurs sont déguisés en locomotives à vapeur mais
en fait il s'agit bien d'authentiques diesels. Les non initiés n'y
voient que du feu.
5- Les draisines
Les draisines sont à l'origine des véhicules
utilisés par les cheminots pour accéder aux chantiers de voie.
Rachetées à la SNCF et remaniées, elles tirent par exemple
les trains de touristes du PGVS (Pointe de Grave - le Verdon - Soulac) et du
TTA (Train Touristique de l'Albret). Devant le manque de matériel
disponible, elles sont parfois récupérées,
démotorisées et réaménagées pour constituer
des rames voyageurs (Chemin de Fer du Haut Quercy). Ailleurs, elles assurent
les fonctions classiques d'entretien et de maintenance des réseaux.
6- Les vélorails
Les vélorails et cyclo-draisines, adaptation du
vélo au rail, sont une catégorie à part, puisque c'est le
visiteur qui en assure lui-même la propulsion... en pédalant. Ils
présentent divers avantages : convivialité, coût
modéré, et constituent une bonne solution d'attente pour
une infrastructure ferroviaire avant sa reconversion en chemin de fer
touristique...ou en voie verte. Mais on a vu le mouvement inverse : la
transformation d'un train touristique à un
vélorail102. Les vélorails ont tendance à
proliférer depuis une quinzaine d'années. On en dénombre
une bonne vingtaine en France. Il existe quelques fabricants de
vélorails, structures artisanales.
7- Les voitures et les wagons103
A l'exception des réseaux utilisant exclusivement des
autorails, les chemins de fer touristiques possèdent des voitures ou des
wagons. On trouve ainsi sur nos « petits trains » une grande
variété de voitures. Parmi les plus populaires:
-les baladeuses, voitures
ouvertes sur les côtés mais couvertes, typiques des trains
touristiques circulant sur les voies étroites
-des voitures en bois à portières
latérales. Construites au début du siècle
précédent, seul leur châssis est en acier. Ce qui autorise
remaniements voire reconstructions par des amateurs de menuiserie
-des voitures métalliques qui vont des
plus rustiques (par exemple les « boîtes à tonnerre
»104) au plus luxueuses (voitures de luxe de la Compagne
Internationale des Wagons-lits, voitures type « Mistral » ou
TEE105)
Voitures et wagons ont des vies mouvementées. Les cas
de transformation de wagon en voiture, et même l'opération
inverse, au gré des besoins des « petits trains »
sont légion : rappelons que les caisses en bois permettent ces
métamorphoses ! De même nous relevons une activité
certaine de prêts, d'échanges , d'achats, de reventes de
matériel entre réseaux. La Suisse, de par le nombre
élevé de petits réseaux qu'elle possède, constitue
encore une mine de matériels roulants d'occasion, mis sur le
marché chaque fois qu'un exploitant modernise son parc roulant.
102 Le Chemin de Fer Touristique de la Suisse
Normande, transformé en vélorail.
103 Les voitures sont destinées au transport
des voyageurs ; les wagons à celui des marchandises.
104 Surnommées ainsi en référence au bruit
peu discret qu'elles font en roulant.
105 Trans Europ Express. Réseau européen
de trains rapides de 1 ère classe mis en service en 1957 entre
différentes villes d'Europe.
On peut se demander pourquoi les chemins de fer touristiques qui
transportent des visiteurs et non des marchandises ont besoin de
posséder des wagons. Il y a deux grandes raisons à cela :
-tous les chemins de fer touristiques doivent constituer des
trains de travaux pour entretenir leur infrastructure
-certains chemins de fer touristiques, soucieux de reconstituer
les atmosphères des petits réseaux de jadis, font de temps
à autre circuler des trains de marchandises pour le plaisir des
visiteurs et des photographes.
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