Le management des ressources humaines dans les radios privées, cas de RadioTiemeni Siantou( Télécharger le fichier original )par Crescence Irene Mbezele Universite de Yaounde II - Licence en communication,option journalisme 2005 |
Section V: La rémunérationLa rémunération est une « fonction stratégique »39(*).Elle comprend outre le salaire, les avantages financiers de toutes sortes. Une mauvaise « politique de rémunération peut conduire à un déséquilibre financier, à des conflits sociaux qui peuvent mettre en péril l'entreprise et donc le maintien de l'emploi »40(*). La rémunération n'est pas tributaire de la fluctuation économique de l'entreprise, c'est pourquoi « la tendance est d'adapter, autant que faire se peut, le niveau de la masse salariale et des coûts salariaux aux résultats économiques actuels et prévisibles de l'entreprise ; ceci afin d'assurer la pérennité et donc celle de l'emploi de ses salariés »41(*). Dans les chaînes de radio privées qui inondent le paysage radiophonique actuel, la notion de rémunération est assez délicate à manipuler dans la mesure où elle représente leur tendon d'Achille. Les employés estiment pour la plupart que cette dernière n'est pas proportionnelle à l'effort de travail fourni. Elle est jugée très faible par endroit et quasiment inexistante à d'autres42(*). A d'autres endroits comme à la RTS, c'est la régularité de ce salaire qui maintient encore en place les personnels qui trouvent là, un motif de sécurisation sociale. La notion de rémunération à la RTS a finalement été instaurée après la grève d'octobre 2001 particulièrement retentissante parce que les services compétents de l'inspection du travail sont intervenus pour contribuer à régulariser la situation de ces travailleurs. Il existe à la RTS trois (3) groupes d'employés indépendamment de la catégorie et dont le traitement est également distinct. 1-) Les permanentsIls sont dix huit (18) au total parmi lesquels douze (12) journalistes, deux (2) animateurs et quatre (4) techniciens. Ils sont les signataires du contrat de travail qui les lie à la Radio Tiemeni Siantou depuis le 10 avril 2002. Nous avons recueilli des informations qui nous ont permis d'élaborer un tableau constitutif du bordereau de salaire des personnels permanents.
Source : Auteur Tableau 12 : Le bordereau de salaire des permanents43(*) A l'observation de ce tableau, on constate des disparités salariales entre les personnels de même catégorie. A titre d'exemple, deux journalistes, Bouba Ngomna et Samson Tabufor perçoivent respectivement 114.434 et 110.060 F.CFA. Les deux animateurs permanents de la radio perçoivent par contre le même salaire qui s'élève à 68.530.F.CFA 1-) Les pigistes Tous les pigistes ont signé la convention collective de prestation des services. Les six (6) journalistes pigistes reçoivent une dotation mensuelle de 65.000 F.CFA chacun. Les dix (10) animateurs pigistes perçoivent entre 20 et 45.000F.CFA et le seul technicien pigiste a 40.000F.CFA de salaire mensuel. Par ailleurs, les journalistes permanents perçoivent pour le cas du rédacteur en chef à titre d'exemple, 91.728 F.CFA. 2-) Les stagiaires Les stagiaires ne perçoivent pas de rémunération. La magnanimité du rédacteur en chef occasionne de temps en temps un don en espèce pour les motiver. Les autres personnels qui n'ont pas été mentionnés en dehors des stagiaires à savoir les volontaires et les membres du clan Bafang sont payés discrètement et nous n'avons pu avoir les données et encore moins les montants de leurs salaires puisqu'ils ne figurent pas sur le bordereau des salaires des personnels permanents ; que ce soit ceux des pigistes ou ceux des stagiaires.
Conclusion partielle L'administration des personnels dans les radios privées est précaire puisqu'elle n'est même pas codifiée. Tout se fait sur la base de critères intuitifs. Le hasard n'étant pas une donnée rationnelle, on est de ce fait fondé à croire qu'il ne s'agit là que d'une aventure. D'autre part, l'administration du personnel dans les entreprises et les organisations au Cameroun épouse l'environnement global qui prévaut en terme de gestion nationale. Les critères de gestion et d'administration au plus haut niveau de l'Etat sont fondés sur des méthodes de cooptation méconnues basées sur des rapports intimistes et de copinage. Ils se matérialisent par la recrudescence des replis identitaires à travers le choix des individus dont l'appartenance ethnique ou tribale est similaire ou proche de la nôtre, ou à de petits copains qui n'ont aucune activité sous la main indépendamment des valeurs intrinsèques et de « la capacité manifeste de chaque individu à se réaliser dans l'accomplissement d'une tâche déterminée »44(*). Le contexte de gestion nationale peut être une grille de lecture et même une voie même si elle ne cadre pas avec le rationnel que les promoteurs de chaînes de radio ont choisi. Nous venons de dresser l'état de la situation des personnels dans les radios privées dont le bilan est loin d'être élogieux. Les pesanteurs de toutes sortes, à commencer par la non professionnalisation de l'équipe dirigeante, conduisent à une administration claudicante, signe d'un échec à court ou moyen terme. Le prochain chapitre est consacré aux conditions de travail dans les radios privées. Nous verrons dans quelle mesure celles-ci contribuent à l'épanouissement ou non des travailleurs.
* 39 Jean-Bernard Bruneteaux, op. Cit. * 40 Jean-Bernard Bruneteaux, op. Cit. * 41 Jean-Bernard Bruneteaux, op. Cit. * 42 Cas de Radio Venus qui favorise la prolifération d'un type de journalisme dit du « Hilton » pratiqué par des journalistes ou des directeurs de publication des journaux à périodicité élastique qui paraissent quand ils peuvent parfois aux prix de chantages * 43
* 44 Emmanuel Kamdem, op. Cit |
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