Assez naturellement, c'est vers la puissance colonisatrice
que le Sénégal s'est tourné pour s'inspirer d'un
modèle de formation professionnelle agricole. Il existe aujourd'hui
plusieurs dispositifs, publics et privés, et leur relative
spécialisation constitue une particularité : même s'ils
s'en défendent, les établissements qui forment les futurs
techniciens rechignent à former les futurs agriculteurs, comme l'atteste
l'unicité du programme dispensé.
Pour l'essentiel, la formation des producteurs agricoles a en
réalité été le fait de la vulgarisation et de
l'encadrement technique, les agents techniciens de l'Etat ayant pour
principale, voire unique mission, de s'assurer de la bonne application des
recommandations techniques et de « paquets technologiques »
recommandés par la Recherche et imposés aux agriculteurs.
Cependant, plusieurs tentatives pour implanter des systèmes de formation
agricole, formelle et non formelle, ont vu le jour, toujours à titre
plus ou moins expérimental. Nous dressons ci- dessous un rapide portrait
d'ensemble des écoles et centres de formation agricole et rurale, tous
niveaux de formation confondus (Cf. tableau page suivante : source BFPA)
I.2. 1. 1- Formation de techniciens et encadreurs
La formation des techniciens a toujours relevé
exclusivement du dispositif de formation public. A notre connaissance, la plus
ancienne école date de 1938 : il s'agissait alors d'un centre de
formation d'aides-vaccinateurs ; celui-ci a évolué au fil du
temps pour devenir d'abord l'Ecole
9 d'après les travaux réalisés
de 1987 à 1990 par l'Institute for Development Anthropology, basé
aux Etats-Unis.
des Agents Techniques d'Agriculture10, puis en 1990,
le Centre National de Formation des Techniciens d'Elevage et des Industries
Animales. (CNFT.EIA)
La seconde à voir le jour sera l'école
d'horticulture de Dakar en 1962, destinée à former les ouvriers
de la Direction des Parcs et Jardins publics de Dakar ; basée dans la
banlieue de Dakar, elle existe toujours sous le nom de Centre de Formation
Professionnelle Horticole de Cambérène, et délivre un CAP
et un Brevet de Technicien Horticole.
Au cours des années 60 et 70, d'autres écoles de
techniciens ont été créées, en nombre très
limité cependant ; citons pour information :
· L'école des agents techniques d'agriculture,
située à Ziguinchor, en Casamance (aujourd'hui CNFT Agriculture
et Génie Rural) ;
· L'école des agents techniques des eaux et
Forêts (Ziguinchor également)
· L'Ecole Nationale des Cadres Ruraux de Bambey
(Ingénieurs des Techniques Agricoles) ;
· L'Institut National des Sciences Agronomiques, de
Thiès, au milieu es années 80, devenu par la suite ENSA
(Ingénieurs Agronomes), avant de fusionner avec l'ENCR au sein d'une
U.F.R (Sciences Agronomiques et Développement Rural) de
l'université de Thiès ;
· Et plus récemment, les Lycées
d'Enseignement Technique Agricole de Bignona (2002) et de Thiès
(rentrée 2007), sous tutelle du Ministère de l'Education alors
que toutes les autres écoles de niveau technicien relèvent depuis
1998 de Départements ministériels sectoriels.
Une particularité mérite d'être
soulignée à ce stade : tous ces centres revêtent un
caractère monopolistique, en ce sens qu'ils constituent des cas uniques,
chacun dans leur spécialité ou domaine de formation.
Ajoutons également que, jusqu'à la
décision prise au début es années 90 de mettre un terme au
recrutement automatique dans la Fonction Publique des sortants de ces
écoles, toutes formaient uniquement des
élèves-fonctionnaires, ainsi qu'un nombre variable mais non
négligeable de jeunes ressortissants de pays d'Afrique de l'Ouest et du
Centre.
« Par définition » pourrait-on dire, aucun
producteur au sens « commun » ne pouvait y accéder, même
s'il convient de remarquer que depuis 1992, quelques techniciens formés
et non fonctionnarisés se sont malgré tout installés comme
exploitants agricoles. Cette réalité est cependant marginale et
ne concerne que quelques individus, souvent pluri-actifs ; du reste, aucun
décompte n'est disponible.