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La Formation agricole et rurale dans la vallée du fleuve Sénégal : appui à la mise en place d'un cadre de pilotage régional

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par Xavier MALON
Université de Toulouse 1 Sciences sociales - Master 2 Pro Ingénierie de formation et des systèmes d'emploi 2007
  

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IV-2. QUELLES LEÇONS TIRER ?

Probablement en raison de difficultés persistantes à trouver ses marques dans le domaine de la régulation de la formation agricole et rurale, le RESOF a vu ses interventions et ses postures dans la vallée du fleuve Sénégal osciller et évoluer au fil du temps ; il est passé à plusieurs reprises d'un club de réflexion à un terrain d'expérimentation, jusqu'au moment où il est venu buter sur les questions de financement de la FAR, ou plus exactement sur des questions de sécurisation des financements, et donc de pérennisation des activités de formation (activités « d'amont et d'aval » incluses).

Dès lors, des changements importants s'opèrent. Vers la fin de la période au cours de laquelle la coopération suisse avait appuyé directement les écoles nationales de formation des techniciens du développement rural, elle avait tenté de résoudre ce problème du financement en créant des fonds de formation continue, directement contrôlés par ces mêmes écoles : autant dire que l'expérience s'était avérée peu concluante, la « partie offreuse » n'ayant pas véritablement besoin de l'avis de « la partie demandeuse » pour émarger sur ces fonds de formation.

Aujourd'hui, de nouveaux fonds locaux sont mis en place, à titre expérimental et via le RESOF. Les actions de formation éligibles à ces fonds font l'objet d'une sélection, in fine avalisée par les représentants des collectivités locales et des organisations professionnelles ; c'est le moyen qui a été trouvé pour que la demande de formation « pilote » l'offre de formation, et donc en principe une garantie de plus pour que l'offre de services s'attache à mieux satisfaire les demandeurs.

Le Résof a d'abord ressemblé à un aimable club d'échanges de pratiques entre professionnels de la formation qui, à l'occasion, était capable de mobiliser quelques ressources pour l'organisation d'un atelier de partage ou pour une session de formation au bénéfice des animateurs et/ou responsables de ses organisations membres.

Il a ensuite connu, de notre point de vue, quelques dérives en se faisant mécène, et en finançant la participation de certaines de ses organisations membres à des foires et salons, pour tenter de freiner la démotivation de ses membres.

Aujourd'hui, avec les plans minimaux de formation des producteurs, et les fonds locaux de formation, le réseau devient bailleur de fonds et, qui plus est, une sorte de chef d'orchestre des collectivités locales de base (les conseils ruraux), devant lesquelles il agite des subventions alors que dans le cadre de leurs plans locaux de développement, la quasi totalité de ces communautés rurales n'arrive pas à réaliser le tiers de leurs plans locaux de formation, faute de capacité suffisante de prise en charge.

Nous y voyons là deux travers importants, porteurs de risques sérieux pour l'avenir :


· le rôle de bailleur de fonds (même si la coopération suisse s'en défend) du Résof n'a pas d'avenir ; il n'est qu'un intermédiaire dans le cheminement des subventions de la coopération suisse, un peu à la manière d'un projet de développement : aucune pérennité du financement et de sa source ne peut donc être espérée sur ce plan.


· le glissement du Réseau vers la maîtrise d'oeuvre directe d'actions de formation au bénéfice des producteurs, et vers la réunion de la fonction opérationnelle de régulation et de celle de pilotage, via les fonds de formation et leurs mécanismes.

Dans notre premier Mémoire de recherche, nous lancions un avertissement en écrivant ceci :

« Le RESOF ne poursuit pas de but lucratif, ce n'est ni un acteur économique, ni une association de défense d'intérêts catégoriels. Les évolutions récentes de cette structure transversale que nous avons jugé utile de relever portent à croire qu'il s'oriente désormais vers une intégration verticale rassemblant les rôles de maîtrise d'ouvrage (décision et financement), de maîtrise d'oeuvre (coordination, validation et choix des solutions) et d'opérateur via ses membres (réalisation des sessions de formation).

Dans ces conditions, il n'est pas interdit de penser que cette nouvelle configuration du Résof, dont le penchant à l'autarcie transparaît de prime abord, rende plus aléatoire la perspective de création d'une instance régionale légitime de pilotage de la FAR ; de plus, le caractère conflictuel de leur future cohabitation, sur des missions qui se chevauchent, ne doit pas être écarté ».

Dans un tout autre registre, et à niveau constant de ressources humaines et financières, l'attention nécessaire que le RESOF devra consacrer aux activités relevant « de l'opérationnel » risque de faire passer au second plan l'importance des enjeux stratégiques originels ; or, sans enjeux stratégiques, et en l'absence d'enjeux économiques à forte visibilité, l'hypothèse d'un retrait des membres les plus influents au plan politique et économique ne peut pas être écartée.

La manque de visibilité du Réseau nous a été rapporté par plusieurs interlocuteurs de la Vallée ; les vice-présidents de ses plus grosses organisations membres le confondent avec le CIFA, le centre de formation qui l'héberge.

Il oscille aussi en permanence entre les aspirations et les pressions des deux principales catégories de membres qui le composent : les formateurs et prestataires de formation d'un côté, les organisations professionnelles agricoles, demandeuses de formation, de l'autre.

Les fonds locaux de formation apportent aussi leur lot de complexification : d'un fonds régional, au service d'une politique régionale de FAR, on semble glisser, sans doute pour davantage de visibilité `sur le terrain) justement, vers des fonds locaux au niveau de la communauté rurale : soit, mais au service de quelle politique ? pour quel impact sur le cours des pratiques que l'on se proposait au départ de faire évoluer vers davantage de qualité, de probité et de professionnalisme ?

Dans le même temps, tous les échelons des collectivités territoriales ainsi que toutes les agences régionales de développement, qui en sont le bras technique, sont tournées vers le démarrage du programme national de développement local (PNDL) dont nous avons déjà parlé, censé injecter sur l'ensemble du territoire les financements qui faisaient défaut jusqu'ici.

Bien sûr, même s'ils sont importants puisque se chiffrant à plus de cent milliards de Francs Cfa, ces sommes ne suffiront pas à régler toutes les difficultés rencontrées à l'intérieur du pays, ni à rendre suffisamment attractif le milieu rural pour stopper l'exode en cours.

Mais il nous semble malgré tout que le RESOF est en train de passer à côté d'une belle opportunité ; s'il s'était réellement investi dans le lobbying nécessaire auprès des élus du Conseil régional (notamment), alors même que les élus des Communautés rurales65 ont déjà compris tout l'intérêt d'un pilotage stratégique, il aurait pu se positionner comme un interlocuteur privilégié et reconnu des organes opérationnels du PNDL, dans le champ de la régulation ; ensuite, son invitation à s'intéresser au pilotage aurait peut être été mieux entendue, ou prise davantage au sérieux.

65 Qui « pèsent » lourd, démographiquement et économiquement, face aux conseils régionaux.

A contrario, en se dispersant pour contenter le plus grand nombre, les insatisfaits sont au final les plus nombreux, et les objectifs bien vastes, ou flous si l'on préfère, pour des ruraux qui ont besoin de temps à autre de résultats bien identifiables.

Ne sachant trop comment s'y prendre pour mobiliser, « sur du concret », toutes les catégories d'acteurs destinées à se partager le pilotage de la FAR dans la Vallée, le Résof hésite, traîne, donne l'impression de ne pas savoir jusqu'où il veut aller, et vers où il veut entraîner les autres dans cette « histoire » : il ne rencontre dès lors que méfiance et évitements polis.

Comment rompre avec cette dynamique d'enlisement, qui a montré toutes ses limites depuis ce fameux atelier de décembre 2004, où toutes les parties prenantes « déclaraient leur flamme » pour participer ensemble au pilotage de la formation agricole et rurale ?

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984