Le point de départ de cette initiative remonte
à l'atelier de Matam, organisé les 28 et 29 septembre 2005 au
centre polyvalent de formation des producteurs de Ogo par le RESOF (pool PMB),
en partenariat avec le BFPA. En vulgarisant le contenu de la loi d'orientation
agricole, et en mettant en évidence les points de jonction avec la
stratégie nationale de formation agricole et rurale, l'objectif
recherché était de permettre aux acteurs locaux de formuler des
propositions
62 PNDL, créé à partir de la
fusion entre les anciens projet national d'infrastructures rurales, et l'agence
nationale du fonds de développement social ; il s'agit d'un accord de
crédit avec la banque mondiale, d'environ 100 milliards de Fcfa.
concrètes pour la prise en charge de la formation des
jeunes ruraux, et de leur insertion dans l'économie locale,
essentiellement rurale.
Le résumé exécutif du rapport de
l'atelier insiste sur le fait que la LOASP, en reconnaissant formellement le
rôle central des organisations professionnelles agricoles et des
collectivités locales dans la mise en oeuvre des politiques rurales,
offre des réelles opportunités aux acteurs locaux pour proposer
des solutions originales et endogènes, en matière de formation et
d'insertion professionnelle des jeunes ruraux.
Par la suite, le Bureau FPA aura plusieurs séances de
travail avec le centre d'initiation horticole de Saint-Louis, afin de traduire
concrètement, et dans le sens souhaité, l'évolution de la
formation des jeunes telle qu'elle était jusqu'alors pratiquée :
un cycle standard de près de neuf mois en horticulture et aviculture, un
contenu de formation identique pour tous les jeunes, quel que soit leur milieu
d'origine et leur projet individuel.
Cette volonté de passer du stade du désir
à celui de la réalisation est à mettre au crédit du
BFPA, en réponse aux exigences d'organisations paysannes peu
attirées par les cycles standards de formation proposés aux
jeunes ruraux par le CIH de Saint Louis : de plus, le long séjour des
jeunes ruraux dans la capitale régionale les transformait au point de
leur faire quitter définitivement leur milieu d'origine.
Un long et patient travail d'explication et de persuasion
commençait alors, pour expliquer aux formateurs du centre de formation
« officiel », sorte de démembrement de l'Etat central
régalien, qu'il fallait désormais passer d'une politique du
« c'est ça ou rien ! » à une écoute plus
attentive des représentants de la profession agricole, concernant les
besoins des bénéficiaires potentiels (que l'on appelle encore des
cibles aujourd'hui, mais qui pourraient très rapidement devenir des
« clients »).
En parallèle de ce face-à-face, la
nécessité d'impliquer les autres parties prenantes, dont bien
sûr le Résof, conduira le BFPA à proposer de prendre en
charge la tenue d'un atelier de partage à ce sujet en novembre 2006 ;
les deux OP « mastodontes » de la région seront bien
représentées et auront l'occasion, deux jours durant, de faire
valoir leur point de vue. Toutes les parties présentes s'accordent sur
le rôle qu'elles joueront dans cette partition, et sur le format (dans
les grandes lignes) de la future formation de jeunes qui sera mise en place
sous l'égide du CIH de saint Louis, mais avec le concours du
Résof, des OP et du BFPA.
Malheureusement, la mouture qui sera élaborée
par le Résof traduira quelques débordements des OP, avec par
exemple des investissements assez conséquents, sans rapport avec les
possibilités réduites de contribution financière du Bureau
FPA. Ce décalage imprévu donnera lieu à plusieurs
échanges, sans qu'une solution satisfaisante ne soit trouvée, en
rapport avec les financements mobilisables de part et d'autres.
Cette initiative en restera donc là, malgré des
propositions majeures d'innovation :
· Une formation majoritairement pratique, en milieu
professionnel,
· Des intervenants multiples, des formateurs paysans,
· Une formation « saisonnalisée » et
contextualisée
· Des contenus basés sur la recherche de solutions
à des problèmes concrets, déjà vécus,
plutôt qu'un programme à dérouler.
En désespoir de cause, le bureau formation, en accord
avec le CIH, se rapprochera alors de l'office national de formation
professionnelle, afin de pouvoir orienter au profit des OP de la vallée
les quelques sessions de formation que l'ONFP avait l'habitude de financer
chaque année en faisant appel aux centres de formation publics.
Un échange de correspondances entre le CIH de Saint
louis et l'ASESCAW (mandatée aussi par la FPA) entre les 20 et 30 avril
2007 traduit les difficultés à construire ensemble quelque chose,
alors que tout porte à croire qu'il en va de l'intérêt de
chacun. Ainsi, le directeur du Centre de formation informe les
présidents de ces deux OP de l'avis favorable de l'office national
(ONFP) pour réorienter une bonne partie du quota annuel de la formation
des agro maraîchers que celui-ci confiait au CIH pour 2007, soit i) une
session « arboriculture fruitière » pour trente personnes, et
ii) une session « techniques de production horticoles » pour vingt
personnes. En outre, il est précisé :
· que l'ONFP octroie une indemnité
journalière de transport d'un peu moins de un
euro par personne,
payable après le dépôt du rapport de la session de
formation,
· que pour manifester sa bonne volonté, le CIH
préfinancera sur son budget-Etat le paiement de cette indemnité
journalière versée à chaque participant,
· et qu'il s'engage de plus à verser aux deux OP
une contribution de 200 000 FCFA (trois cent euros environ),
représentant l'intégralité de la part du comité de
gestion du centre (que par soucis de compréhension, nous appellerons les
bénéfices du centre prestataire pour cette opération).
En précisant que cette somme pourrait servir à
assurer la restauration des participants, « ou au règlement de tout
autre chapitre de dépenses que vous jugerez prioritaire63
», le directeur du centre attend la confirmation de l'accord des OP pour
les dates retenues des deux sessions de formation.
Une semaine plus tard, toute empreinte de courtoisie, la
réponse des OP sera néanmoins assez cinglante ; qu'on en juge
plutôt : s'il accepte avec plaisir l'offre qui lui a été
proposée, le conseil d'administration émet des réserves
d'importance, ainsi ne lui agréent :
· ni la démarche du CIH, qui n'a pas
recherché d'accord préalable sur les contenus de formation, les
méthodes, les objectifs et les ressources pédagogiques ;
· ni sur les conditions de participation,
· ni sur les moyens nécessaires à leur
réalisation, en l'absence d'évaluation commune, qui n'a pas
permis à l'OP de prendre en temps utile des dispositions pour rechercher
des compléments de financement.
Nous ne pouvons lui donner tort sur ces différents
points évoqués ; les maladresses pointées, dans la
démarche du CIH, sont à mettre sur le compte de l'apprentissage
de ce dernier, mais que le temps s'écoule vite !
Il est presque cocasse de devoir préciser que les deux
signataires de ces échanges épistolaires se retrouvent
fréquemment au sein des instances de pilotage du RESOF, et du CIFA qui
l'héberge, tandis que l'entité RESOF aura été
étrangement absent sur ce chantier potentiellement mobilisateur, et d'un
intérêt politique et stratégique évident (lutte
contre l'émigration et l'exode rural)64 ; à sa
décharge, il nous faut reconnaître que l'animateur du
Réseau aura été pris à 100% durant plusieurs mois
par la préparation d'un séminaire international.