Un an après la tenue de l'atelier de Saint-Louis,
consacré à la mise en place d'un cadre régional de
pilotage de la FAR, l'assemblée générale du RESOF du 29
décembre 2005, présidée
60 Il s'agissait du projet de Renforcement des
Capacités des Acteurs du monde Rural (RENCAR), clôturé en
2006.
61 Un comité de pilotage émanation du
Conseil rural, un secrétariat technique, un comité de
sélection
par Babacar DIOP, président du cadre régional
de concertation des ruraux (de la région de Saint- Louis), interpellait
le secrétariat du Résof sur la non application des
recommandations de cet atelier : il lui a été répondu que
« le secrétariat avait opté pour une démarche de
prudence pour rester dans le sillage des concertations menées par le
niveau national »...
Nous notons au passage la préoccupation
récurrente des membres du Résof que constitue son autonomisation,
vis à vis de son actuelle dépendance excessive aux concours
financiers de la coopération suisse ; l'ensemble des contributions
financières des membres ne dépasse pas 0,2 % du coût des
activités mises en oeuvre.
Depuis Dakar, le BFPA tente alors de donner une nouvelle
impulsion à ce dossier ; une équipe se déplacera à
Saint-Louis et dans la région du 13 au 15 février 2006,
après quelques échanges avec l'animateur du RESOF pour s'accorder
sur les termes de référence de cette mission. En
complément de cet objectif, il était question de « lier
dans une réflexion globale les problématiques du pilotage et du
financement de la FAR, ce quipermettrait d'être plus concret sur chacune
de ces thématiques, et d'exploiter au mieux la source de mobilisation
potentiellement forte que représente le dossier Financement
».
Enfin, à la rubrique « résultats attendus
» de ces termes de référence, on peut lire :
· l'étendue de l'implication possible des
principales OP et des collectivités locales (conseil régional
notamment) est connue, de même que les limites.
· Un groupe de travail est mis en place par le
secrétariat du RESOF pour avancer dans la réflexion avec l'appui
du Bureau FPA.
· le principe d'un atelier au cours du milieu du
1er semestre est acquis (pilotage ET financement).
Cette mission permettra de rencontrer des acteurs importants,
mais peu ou pas du tout en contact avec le Résof : Agence
régionale de développement, conseil régional, et deux
importantes sociétés d'agrobusiness (SOCAS/tomate industrielle,
et GDS/ horticulture d'export), ainsi que les deux plus grosses organisations
professionnelles agricoles et rurales de la région, que sont la
fédération des périmètres autogérés,
et l'association ASESCAW.
Mais il faudra attendre le mois d'août 2006 pour que le
secrétariat du réseau nous adresse une note de travail
intitulée « Montage d'un groupe d'animation pour la mise en place
du cadre de pilotage de la FAR/NORD (GA/FAR) ».
Cette note de sept pages rappelle les éléments
du contexte et l'historique, propose un cahier des charges pour le groupe
d'animation ainsi que sa composition, et propose un calendrier de travail, qui
doit conduire à l'installation du comité régional de
pilotage au cours du mois de décembre de cette année 2006.
Le BFPA, ainsi que Mr Madiop HANN, coordinateur des
programmes, chargé de la formation de l'imposante Association
Socio-économique et Culturelle des Agriculteurs du Walo (ASESCAW de
Ross-béthio) et pourtant membre du secrétariat du réseau,
relèveront tour à tour ce qui leur paraîtra être une
« erreur de conception » : le groupe est composé uniquement
d'agents officiant dans le secteur public (fonctionnaires) ; l'absence de
représentants de la profession agricole et du secteur privé en
général est pointée du doigt, et un accord
général se dessine pour remodeler la composition du groupe.
Ce groupe de six personnes ressource (nommément
désignées) était composé comme suit :
· Un formateur de l'école d'élevage,
responsable du groupe (ministère de l'élevage)
· Le directeur du centre d'initiation horticole de Saint
louis (ministère de l'agriculture)
· Un formateur du centre de formation professionnelle et
d'économie familiale et sociale de Saint louis (ministère de
l'enseignement technique et de la formation professionnelle)
· L'inspecteur d'académie (chargé de
« la propagande »)
· Un cadre de l'agence régionale de
développement de Saint Louis (chargé des contacts avec les
collectivités locales),
· Un cadre du Conseil régional de Saint Louis
(chargé de l'organisation et... du budget).
Pourtant, lors de la dernière mission effectuée
dans la région par le BFPA en juin 2007, la composition proposée
la première fois n'avait pas évolué de façon
significative, hormis le départ du responsable du groupe à la
suite d'une mutation professionnelle.
Curieusement ( ?) en juin 2007, le nouveau directeur de
l'école d'élevage, en poste depuis pratiquement un an, nous
déclarera sans ambages qu'il ignore tout des activités du
Résof, et se demande si cette organisation est encore active !
Nous relevons dans la note du Résof citée plus
haut, et manifestement peu partagée en interne avant notre
arrivée, des confusions répétées et assez
grossières entre les missions du groupe d'animation (dont le rôle
est de préparer la mise en place du cadre régional de pilotage,
en levant si besoin les obstacles identifiés) et les attributions du
cadre de pilotage lui-même.
Ainsi le cahier des charges liste les responsabilités
des animateurs de ce groupe ; parmi celles-ci, nous avons eu la surprise d'y
lire :
« réaliser des synthèses sur
des questions importantes et d'actualité, telles que le financement de
la FAR, le statut du cadre de pilotage, ... /... la
certification des compétences et des services fournis, qui peut et qui
doit assurer la formation agricole et rurale.
Nous nous posons dès lors la question de la
compréhension de toute cette dynamique par le ou les auteurs de ce
cahier des charges et, partant, celle de l'écoute et de la
compréhension des interlocuteurs que ce groupe a pu approcher au cours
de l'année écoulée.
Nous relevons également ce que nous appellerons une
tendance à la « consanguinité », l'importance cruciale
des contacts à nouer avec les élus des collectivités
locales étant confiée à un technicien de l'agence
régionale, tandis que le représentant du Conseil régional
se voit chargé des questions de budget (l'aurait-on appelé
uniquement en raison de la capacité contributive de son organisme ?)
Mais surtout, dans cette configuration le Résof en tant
que tel, déjà assez peu visible, disparaît au profit
d'individualités qui se présentent d'abord en fonction de leur
employeur véritable.
Au final, nous ne pouvons nous défaire d'une
impression de jeu de cache-cache entre le Résof et le conseil
régional de Saint-Louis d'abord, mais aussi avec les trois autres
conseils régionaux qui se partagent la vallée du fleuve
Sénégal. Les élus locaux et leurs services sont
actuellement mobilisés par la dynamique créée par le
projet national de développement rural62, drainant des sommes
colossales. Par ailleurs, nombre de responsables d'organisations
professionnelles sont également des élus locaux, notamment au
sein des Conseils ruraux : quand on sait que les actions de formation
représentent souvent un des plus gros budgets des collectivités,
et l'instrument privilégié de nombre de «
développeurs », on ne peut que regretter ce qui s'apparente,
à nos yeux du moins, à un gâchis.