I-1. 1.2. La régression de l'agriculture
sénégalaise : essai d'explication
La reconversion impérative du commerce au milieu du
19ème siècle, suite à l'abolition de l'esclavage, profite
à la même période de la croissance de la demande
européenne en oléagineux (huile de table, savon de Marseille,
tourteaux et lubrifiants) : l'exploration à l'intérieur des
terres remplace la politique des comptoirs côtiers, et les axes de
pénétration, créés et sécurisés par
Faidherbe, vont se révéler de formidables voies de communication
qui vont transformer le commerce et assurer la propagation de l'arachide ; le
développement de la monoculture arachidière devient le pivot de
l'économie coloniale d'abord, puis de l'économie rurale du
Sénégal après son indépendance.
De là, naît l'extrême dépendance du
Sénégal à l'arachide, culture de rente essentiellement
destinée à l'exportation, dont la structure et l'évolution
du marché échappent à la compréhension des paysans
sénégalais.
Depuis l'Indépendance, la politique agricole
sénégalaise a presque toujours privilégié la
mission « fournir des devises » aux autres missions ; l'encadrement
assuré par les techniciens des services de l'Etat avait pour unique but
d'accroître la production d'arachide et de coton, et les engrais
distribués par les sociétés régionales
(étatiques) de développement agricole n'étaient pas
prévus pour les cultures vivrières. Sans le claironner sur les
toits, le paysan répartissait lui même les fertilisants sur ses
différentes spéculations, provoquant involontairement un
prélèvement net de la fertilité sur ses parcelles
d'arachide : lorsque la production nationale se situe durablement autour du
million de tonnes, ce prélèvement net est lourd de
conséquences pour l'avenir.
Dans ce contexte d'une agriculture très
administrée, où les consignes du niveau central étaient
traduites sur le terrain par des bataillons d'encadreurs et de techniciens en
itinéraires techniques standardisés, que les paysans n'avaient
plus qu'à appliquer, la formation professionnelle des agriculteurs et
à fortiori des éleveurs pouvait paraître largement
superflue !
C'est ainsi que, sans autre formation professionnelle que les
connaissances et savoirs-faire transmis de génération en
génération, analphabètes dans leur immense
majorité, tenus éloignés des canaux d'information et des
circuits situés en aval de la production, les producteurs
sénégalais se sont retrouvés fort dépourvus
lorsque la crise fût venue, pour paraphraser Jean de la
Fontaine...
Une crise qui frappera à deux reprises (sans compter
les sécheresses successives) : d'abord avec l'ajustement structurel
imposé par les institutions financières internationales de
Brettons Wood, puis avec la crise de l'arachide dont la demande
européenne se raréfie.
En effet, si, à l'avènement de la
République et de l'autonomie interne, en 1958, le Sénégal
se tourne brièvement vers des options socialistes (c'est la
période des coopératives et de l'animation rurale), dès
1964 le virage vers des politiques productivistes est pris. Nous le
résumerons à travers l'importance accordée aux transferts
de technologies, à l'encadrement des producteurs agricoles et
l'administration des populations rurales.
4 des villages entiers sont peuplés uniquement
de personnes âgées en saison sèche.
Il s'agit plus en réalité d'un modèle
d'économie administrée que d'une véritable
libéralisation de l'économie. C'est la période de gloire
des Offices nationaux et des Sociétés Régionales de
Développement Agricole (contrôlés par l'Etat), mais aussi
des écoles de formation agricole qui tournent à plein
régime pour fournir les bataillons nécessaires à
l'encadrement des producteurs, sans se soucier de leur devenir, puisque leur
intégration au sein de la Fonction Publique est automatique.
Tout ce dispositif finira par coûter trop cher aux
finances publiques et, les comptes de la nation se dégradant, conduira
en 1979 aux portes de l'ajustement structurel qui, de l'avis de nombreux
observateurs, n'est toujours pas terminé aujourd'hui. Pour le secteur
agricole, cet ajustement conduira à l'élaboration du
Programme d'Ajustement Structurel du Secteur Agricole
(PASA), qui consistera essentiellement à supprimer les
Offices et sociétés de développement étatiques,
sans vraiment proposer d'alternatives : du jour au lendemain, les paysans se
retrouvent sans interlocuteurs ni techniciens, et éprouvent les plus
grandes difficultés à s'approvisionner en intrants. Le
Programme d'Investissement pour le Secteur Agricole
en sera la suite logique, tardive car le mal est fait, mais surtout sa
traduction opérationnelle sur le terrain mettra des années
à se mettre en place (les premiers programmes et ou projets viennent
seulement de s'achever en 2005).
L'évaluation du Programme National de
Vulgarisation Agricole (1990 - 1995) n'est guère
réjouissante : elle pointe du doigt i)une approche thématique ne
tenant pas compte des préoccupations des producteurs dans le cadre de
leurs systèmes de production, ii) un faible taux de couverture
malgré un dispositif lourd et iii) la faible implication des
Organisations de Producteurs dans la définition des programmes.
En 1995, la Lettre de Politique de
Développement Agricole se veut un cadre pour asseoir de
nouvelles orientations en vue de corriger les dysfonctionnements
constatés dans les précédentes politiques, de saisir les
opportunités offertes par le changement de parité du FCFA
(dévaluation de 100% en 1993) et d'impulser une dynamique de croissance
dans le secteur agricole. Elle redéfinit les missions de services
publics du Ministère de l'Agriculture en distinguant celles qui sont
régulièrement dévolues à l'Etat, telles que la
définition des politiques et stratégies agricoles au niveau
national et leur traduction au niveau régional, la recherche agricole,
la vulgarisation et la formation de base, la police et le contrôle pour
l'application des lois et règlements ou encore la collecte et la
diffusion de l'information (statistiques) et enfin les actions
préventives et curatives face aux risques majeurs et aux
calamités naturelles.
Toutes les autres missions sont transférées aux
acteurs non étatiques du monde rural : l'animation et la structuration
du monde rural, l'assistance technique et la diffusion des technologies et la
participation des plus démunis ( jeunes, femmes et petits producteurs
)
En 1999, la Lettre de Politique de
Développement Institutionnel du secteur agricole vient
confirmer les orientations fixées par la LPDA, en affirmant que la
politique de l'Etat privilégiera trois axes :
· renforcer la capacité des organisations
paysannes pour qu'elles soient en mesure de jouer un rôle effectif dans
la concertation avec les autres acteurs du monde rural en vue de la prise en
charge des activités de développement.
· promouvoir un secteur privé agricole
renforcé,
· renforcer les capacités des services
étatiques recentrés sur leurs missions de services publics,
et améliorer leur efficacité en les rendant
comptables de résultats devant les utilisateurs.
Elle reconnaît que les Organisations de
Producteurs sont devenues des interlocuteurs crédibles et que le
processus de décentralisation habilite progressivement les
collectivités locales dans la prise en charge de la gestion de leurs
ressources et leur développement économique et
social.
Cette LPDI constitue l'annexe principale de l'accord de
crédit signé avec la Banque Mondiale pour le financement du
Programme des Services Agricoles et d'Appui aux Organisations de Producteurs
(PSAOP, dont la seconde phase a démarré en 2007). Elle constitue
aujourd'hui le « socle politique » sur lequel s'appuient tous les
acteurs en ce sens qu'elle reconnaît le rôle dominant de
l'agriculture paysanne multi fonctionnelle à travers des exploitations
familiales polyvalentes. Elle aborde et officialise également, et c'est
une première, la modernisation irréversible des systèmes
de production, et la nécessité de rendre durables les
systèmes de production en tenant compte de la préservation des
ressources naturelles.
Le programme PSAOP concrétise ces orientations, à
travers ses diverses composantes :
· mise en place d'un fonds national de la recherche
agronomique et agro alimentaire, ou encore d'un conseil agricole et rural, tous
deux régis par la demande ;
· ligne « petits projets », gérée
par les organisations de producteurs ;
· appui à la déconcentration des services du
ministère de l'agriculture.
Extrait du site du gouvernement
sénégalais
Lettre de politique du développement institutionnel
du secteur agricole
Les données sur l'agriculture
sénégalaise révèlent plusieurs
caractéristiques du système de production agricole du
Sénégal : i) Les exploitations agricoles sont de type familial;
ii) Elles se regroupent au sein des terroirs villageois où elles
s'imbriquent les unes aux autres et leurs tailles sont réduites.Les
résultats actuels des politiques agricoles et le poids des contraintes
incitent à prévoir que le mode d'organisation dominant de la
production agricole, au sens large, sera à l'horizon 2010, l'agriculture
paysanne multifonctionnelle à travers des exploitations familiales
polyvalentes malgré une diminution de leur poids relatif dans la
population active.
Ces exploitations familiales seront polyvalentes du fait
non seulement de la pratique d'activités agricole, d'élevage et
de sylviculture mais également parce qu'elles développeront de
nouvelles activités et de nouveaux métiers liés à
la transformation , ce qui permet tout en incorporant davantage de valeur
ajoutée, de répondre à des demandes croissantes des
consommateurs. La modernisation irréversible des systèmes de
production, à travers les changements fondamentaux qu'induira la
nouvelle politique d'appui au développement rural du PSAOP devra
permettre d'atteindre des niveaux et des coûts de production :
- qui assurent la rentabilité économique des
activités et qui permettent de gagner des parts de marché
intérieur et extérieur
- capables de rendre durables les systèmes de
production et qui tiennent compte de la préservation des ressources
naturelles
A côté de ce type d'organisation, se
développera une agriculture de type entrepreneurial dont la synergie
avec l'agriculture paysanne sera développée. Toutefois, les
producteurs constituent, aujourd'hui et demain encore plus, le coeur du
dispositif du développement de l'agriculture, le choix de
l'activité agricole et des objectifs de production leur reviennent
librement. La stratégie de développement agricole retenue par
l'Etat en rapport avec ses partenaires dans le cadre du Document d'Orientation
Stratégique et les réformes institutionnelles qui l'accompagnent
doivent permettre au producteur en tant qu'individu ou organisation de
s'épanouir dans un cadre institutionnel et de politique
amélioré lui permettant de bénéficier:
1- d'un meilleur accès au marché
(systèmes d'information, infrastructures, stockage, transport
etc..)
2-d'un cadre réglementaire et législatif
favorisant des interventions dans la transparence et dans la
compétitivité ainsi que la sécurisation des
investissements
3-de services en conseil et recherche agricole et rural
capables de répondre à sa demande
4-d'un renforcement de ses capacités du point de vue
technique et commercial
5-de cadres de concertation et de négociation lui
permettant d'asseoir un partenariat avec l'ensemble des acteurs 6-d'une plus
grande transparence de ses structures de représentation
La mise en oeuvre de cette stratégie agricole
et de ce cadre institutionnel permet de projeter sur dix ans la vision
ci-après:
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-Des organisations de producteurs au niveau
local, régional et national dotées d'une gestion transparente et
efficace capables: i) de fournir ou de faire fournir effectivement des services
à leurs membres pour leur permettre d'améliorer leur
productivité et augmenter leur production ii) d'exprimer et de soutenir
leurs options et opinions en terme technique par rapport à la
génération et au transfert de technologies iii) de prendre en
charge le financement des activités de recherche et de conseil agricole
et rural grâce, entre autres, aux ressources captées par les
interprofessions tirées des prélèvements actuels sur la
production agricole.
-Des interprofessions jouant pleinement leurs
rôles dans l'assainissement et la gestion des filières
agricoles
-Des services de conseil agricole
répondant aux besoins des producteurs et devant lesquels ils sont
comptables . Les décisions concernant les programmes
de conseil agricole et rural seraient prises par les organisations de
producteurs auxquelles incomberait une part substantielle du coût des
services .
-Au niveau local, les activités recherche
développement et de conseil agricole et rural seraient
identifiées et programmées conjointement avec les organisations
de producteurs et assujetties à des dispositions contractuelles entre
les organisations de producteurs d'une part, et les services de recherche et de
conseil agricole et rural d'autre part.
-Une recherche agricole et agro-alimentaire dont les
concepts sont repensés et reconsidérés pour
répondre de façon rationnelle aux demandes exprimées par
les producteurs. Elle va accompagner les stratégies que ces derniers ont
développées, se tourner davantage vers l'analyse des dynamiques
économiques au niveau national et régional, se rapprocher des
grands projets de développement de l'Etat et procéder à
une analyse minutieuse des filières de produits agricoles depuis la
production jusqu'à la consommation en passant par la transformation et
la commercialisation. Elle sera mise en oeuvre par des ressources humaines
compétentes, productives, réactives et motivées.
Le financement des activités de recherches
agricoles et agro-alimentaires se fera essentiellement à travers une
structure autre que celle qui mène les opérations de recherche.
Ainsi un Fonds National pour la Recherche Agricole et Agro- alimentaire va
être mis en place pour le financement des activités de recherche .
Sa gestion sera indépendante de celle des Instituts de recherche. Les
décisions relatives aux affectations de ressources pour la recherche
seront prises par un comité scientifique et technique composé de
personnalités scientifiques nommées intuiti-personnae et un
comité de gestion dont les membres comprendront des utilisateurs des
résultats de la recherche. Ce fonds constitue une étape
essentielle vers l'édification du système national de recherche
agricole et agro-alimentaire.
-Des Ministères qui assureront la définition
et le contrôle des politiques avec les opérateurs/partenaires du
secteur, dans le cadre d'une administration déconcentrée et
décentralisée. Cette fonction visera essentiellement à
renforcer l'équité dans l'accès aux ressources au niveau
national, la valorisation des avantages comparatifs de l'agriculture
sénégalaise dans le contexte régional et international et
la gestion du patrimoine environnemental.
-Un cadre réglementaire amélioré et des
investissements publics structurants qui permettront l'accroissement,
l'efficience et la sécurisation des investissements privés dans
le secteur agricole.
La politique de développement institutionnelle sera
axée sur la mise en place d'institutions de développent agricole
et rural capables de promouvoir cette vision.
http://www.gouv.sn/politiques/lpdia3.html
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La Stratégie Nationale de Formation Agricole et
Rurale (SNFAR)
A la même époque, une réflexion
engagée en 1998 va aboutir à la validation en juin 1999, lors
d'un atelier national réunissant 120 acteurs de la formation agricole et
rurale, d'un document de référence intitulé : «
Former les acteurs d'une nouvelle économie agricole et rurale -
Orientations et stratégies de formation à l'horizon 2015
».
Cet exercice a été suivi et encouragé
par les différents ministères concernés jusqu'à la
concrétisation de ce document, qui sert aujourd'hui de
référence. Son contenu est organisé autour d'une triple
analyse historique, diagnostique, et prospective, qui propose le choix de la
modernisation de l'agriculture paysanne face à la tentation d'une
agriculture sans paysan. Ce choix permet d'esquisser un ensemble
cohérent de politiques inclusives en faveur d'un développement
agricole et rural durable. A partir des constats mis en évidence, le
document pose la problématique en ces termes :
« La Formation Agricole et Rurale doit avoir pour
priorité la modernisation de l'agriculture familiale, l'émergence
d'une véritable économie rurale et leur intégration dans
une économie nationale et internationale ouverte. Elle doit appuyer
aussi le développement d'une agriculture intensive à base de
capitaux. »
Quatre grandes orientations et les stratégies
d'intervention ont été définies à partir
de ces nouvelles missions et priorités :
Généraliser en milieu rural l'éducation de
base et assurer à tous les ruraux l'accès à
l'alphabétisation.
Répondre aux besoins de formation professionnelle des
ruraux dans tous les domaines.
Renforcer, adapter et mieux articuler les formations secondaires
et supérieures entre elles et avec celles destinées aux
ruraux.
Réguler l'ensemble des institutions publiques et
privées de formation agricole et rurale
Nous terminerons logiquement ce tour d'horizon des politiques
agricoles par la Loi d'Orientation Agro-Sylvo-Pastorale (LOASP),
promulguée le 4 juin 2004, dont l'esprit a
été guidé par les documents de politique qui l'ont
précédé. Cette loi d'orientation, aux ambitions
très vastes, a le principal mérite d'inclure dans la
législation du Sénégal des notions fondamentales telles
que la nécessité d'accompagner le développement de
l'exploitation familiale, la nécessaire reconnaissance des
métiers de l'agriculture, ainsi que le statut des Organisations
Professionnelles, désormais habilitées de par la Loi à
prendre part à la définition, à la mise en oeuvre et au
contrôle des politiques agricoles.
Dans son article 62, la LOASP stipule que « L'Etat
définit et met en oeuvre, en partenariat avec l'ensemble des acteurs du
développement agro-sylvo-pastoral, une Stratégie Nationale de
Formation Agro-Sylvo-Pastorale (SNFASP). .../... l'Etat crée, dans un
délai de dix ans, des structures de formation aux métiers de
l'agriculture dans chaque département ».
L'article 63 consacre le droit à la formation initiale
et continue, désormais reconnu aux personnes exerçant les
métiers de l'agriculture et à tous les acteurs ruraux. « Ils
bénéficient à ce titre d'une formation
générale, technique et professionnelle dans les métiers de
l'agriculture, de la sylviculture et de l'élevage, qui est
dispensée par des institutions publiques ou privées
agréées. Cette formation est soutenue par l'Etat ».
Dans un soucis d'exhaustivité, nous signalerons
également les lois de décentralisation de 1
9965, transférant aux collectivités locales neuf
domaines de compétence ; la Loi n° 96-07, dans son Titre second,
liste ainsi les responsabilités de la Région, de la Commune, et
de la Communauté Rurale pour chacun des quatre volets suivants :
l'éducation, l'alphabétisation, la promotion des langues
nationales et la formation professionnelle.
Si les orientations reflétées par
l'évolution des politiques agricoles vont dans le même sens, ce
qui est plutôt encourageant, il n'en reste pas moins que le
décalage est profond avec la réalité quotidienne
vécue par les « producteurs » et les autres ruraux.
Les intentions sont certes louables et l'Etat, sous la
pression des autres acteurs (notamment les Organisations Professionnelles et
les Partenaires au développement), a admis qu'il ne peut plus être
le seul maître à bord ; au quotidien, subsistent cependant des
velléités de toute puissance héritées d'un long
passé d'administration de l'agriculture, mais subsistent surtout des
lacunes dans la gestion des filières (quasi absence d'interprofessions),
ou même dans la réorganisation des circuits d'approvisionnement en
intrants et de collectes des produits.
5 Loi n° 96-06 du 22 mars 1996, portant Code des
Collectivités locales, et Loi 96-07 du 22/03/1996, portant transfert de
compétences aux régions, aux communes et aux communautés
rurales.
Là ou l'Etat a dû se désengager, dans des
secteurs éminemment stratégiques tels que les semences, la mise
à disposition d'engrais au bon moment, le secteur privé peine
à s'implanter : il semble plus exact d'affirmer qu'il n'en manifeste pas
l'envie, du fait de conditions assez peu favorables (atomisation de la demande,
besoins formulés au dernier moment en raison de trésoreries
fragiles, concurrence de produits subventionnés par l'Etat
épisodiquement, par exemple dans le cadre de programmes spéciaux
de relance d'une culture).
Enfin, dans les domaines de la formation et du conseil
agricole, l'expression de la demande est encore largement conditionnée
par l'offre de services, souvent plus proche de l'organisme financeur que le
demandeur lui-même. Même dans les cas où les producteurs,
via leurs organisations représentatives, sont réellement les
commanditaires des actions de renforcement de capacités qu'ils
sollicitent, l'expérience montre que l'absence de dispositif devant
accompagner une réelle construction de la demande de services n'a pas
permis de faire en sorte que les actions déroulées
s'écartent des sentiers battus6 :
aux femmes les thèmes récurrents de fabrication de
savon ou de teinture et tricot ; aux hommes, l'embouche bovine, quelque soit la
région considérée.
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