Nous avons à plusieurs reprises évoqué la
mise en place par le Résof de trois pools58
géographiques :
· Saint-Louis / Louga,
· Delta (Dagana)
· Podor/Matam/Bakel
Confronté à la difficulté d'être
suffisamment au contact des acteurs de terrain qui se trouvent à
l'échelon des Communautés Rurales (la collectivité
territoriale de base), le RESOF a créé fin 2003 ces trois pools
répartis dans la Vallée, que sa plaquette présente comme
« un dispositif décentralisé de concertation et de mise en
oeuvre pour rapprocher l'offre et la demande locale de FAR, composé
d'élus locaux, d'OP, d'opérateurs de formation et des projets de
développement ».
Ils sont personnalisés par autant de points focaux,
à qui il revient d'en assurer l'animation et la liaison avec l'animateur
du RESOF. Mais il est à craindre que les difficultés de
communication et d'animation à l'échelon supra se retrouvent
également dans le fonctionnement des pools, d'autant que leurs missions
sont larges :
o Concertation entre acteurs, pour définir les
priorités de formation (mais quelle légitimité, sauf
à apparaître comme un financeur ?).
o Mobilisation des partenaires et diffusion de l'information.
o Renforcement de capacités pour l'élaboration de
programmes. o Validation des programmes de formation des OP
o Appui à la recherche de financement
o Suivi et évaluation de la mise en oeuvre
o Participation à la régulation de la formation au
niveau local
Nous verrons, en lien avec le point suivant, que ces pools
amènent l'entité RESOF à revendiquer la prise en charge de
la demande de formation et de ses spécificités au niveau local,
en prenant le risque de se positionner non seulement comme un concurrent des
prestataires de formation classiques, mais aussi de se voir accuser de fausser
la concurrence en favorisant certains de ses membres qui sont eux-mêmes
prestataires.
58 Présentés comme des guichets de
concertations sur le site web du Résof : le mot guichet prête
évidemment à confusion
Certes, il s'agissait au départ de rapprocher le
réseau de ses acteurs de terrain, pour contribuer à
améliorer les mécanismes d'identification des besoins et de
formulation de la demande de formation. Ces espaces de dialogue entre les
collectivités locales, les organisations professionnelles et les
formateurs ont vocation, selon le Résof, à définir des
stratégies appropriées pour élaborer et mettre en oeuvre
des activités et des programmes de formation des producteurs : les plans
minimaux de formation des producteurs.
Le qualificatif « minimaux » fait
référence aux possibilités limitées de financement
des activités de formation ; il s'en suit que ces plans minimaux
correspondent à la partie la plus prioritaire des besoins de formation
mis en évidence par les diagnostics réalisés.
Imaginés depuis 2004, ils constituent, avec le pool,
le second instrument décentralisé de gestion participative du
programme du RESOF. Basé sur cinq modules conçus par les
formateurs issus des organisations, le plan minimal est validé par le
pool qui doit mobiliser toutes les ressources locales disponibles pour sa
réalisation (mais l'essentiel des fonds nécessaires provient de
la subvention accordée par la coopération suisse au
Résof). Un programme de dix plans minimaux est en cours
d'exécution, qui a touché jusqu'ici 215 personnes dont 46 femmes,
mais le RESOF avoue que la mobilisation des acteurs majeurs comme la SAED ou
les agro industriels pose encore problème.
Le pool Podor-Matam-Bakel a été le premier
à élaborer des plans minimaux de formation des producteurs, pour
les organisations professionnelles agricoles de la Vallée ; à ce
jour, dix modules ont été réalisés et
dispensés ; cependant, des insuffisances ont été
relevées :
· La présence des femmes est inversement
proportionnelle au rôle qu'elles jouent dans les systèmes socio
économiques ;
· Les résultats de ces plans minimaux
déjà mis en oeuvre se situent plus au niveau des individus que de
leurs organisations, ce qui paraît limiter la visibilité et la
portée des appuis du Résof dans cette zone ;
· Les organisations membres du pool éprouvent de
sérieuses difficultés à réaliser les autres modules
prévus ; l'animateur du Résof ne mâche pas ses mots
lorsqu'il affirme devant nous que « les plans minimaux de formation,
ça ne marche pas ! ce sont toujours ces quelques mêmes modules que
nous avons encouragé au départ que les gens reproduisent partout,
sans changer une virgule ! ».
Dans son plan d'action en cours de validité, le
Résof a pourtant prévu d'appuyer la réalisation et
l'exécution de plans minimaux de formation dans la zone du pool Delta,
mais au bénéfice exclusif des femmes productrices ; il s'agit de
l'Initiative Rurale d'Appui Accompagnement aux Productrices du Delta (IRAAPD).
Cette initiative conduite sous l'égide du pool Delta s'appuiera dans les
prochaines semaines sur l'expérience de deux de ses membres, la FEPRODES
et le RADI59, et partira des données collectées lors
du diagnostic conduit en 2004 avec le bureau FPA.
30 femmes seront formées pour animer ce processus et
participeront à l'élaboration de ce plan minimal, dont
l'intitulé évolue pour devenir « Plan minimal communautaire
de formation des productrices » ; il se donne pour objectif de fournir aux
productrices des outils de gestion appropriés pour améliorer les
performances de leurs activités agricoles et non agricoles.
Les plans minimaux sont le fruit d'une pression importante
des Organisations Professionnelles sur le Résof ; il s'agit pour elles
de faire en sorte que le réseau apporte des services concrets aux
individus qui en sont les membres à la base, et pour lesquels la
réflexion sur la régulation des pratiques de formation ne
constitue pas nécessairement un élément fort de
mobilisation.
59 Voie en annexes la liste des membres, et le
développé de leurs sigles