Ce point de vue exprimé par Jacques FAYE, et
confirmé par d'autres acteurs de la FAR au plan national, nous apprend
que la création du Réseau formation fleuve a constitué
l'aboutissement de deux préoccupations :
· La recherche de complémentarités,
plutôt que la logique de concurrence, chez les offreurs publics et
privés de formation rurale, nombreux et passablement cloisonnés,
ce qui se traduisait par des réponses très « sectorielles
», segmentées là où les paysans attendaient une
démarche plus systémique pour satisfaire à des
préoccupations globales, dictées par la complexité de leur
environnement socio économique et agro climatique.
· La volonté d'améliorer la qualité
des services rendus par les formateurs et leurs
institutions : « redorer le blason du ministère
de l'agriculture », selon le ministre de l'époque.
Dans les deux cas, il s'agissait de mieux prendre en compte
les préoccupations des acteurs du développement rural, par une
offre de formation qui prendrait en charge, de façon concertée,
« la demande ».
En amont, Piloter consiste à
définir le cap à suivre, les orientations, et à programmer
les actions qui concourent à tendre vers les objectifs définis.
En aval, Piloter consiste à s'assurer de la qualité des produits,
en se référant aux objectifs fixés.
Les fonctions de surveillance et de contrôle
assumées par l'instance de pilotage seront sans effets sur l'atteinte
des résultats attendus, si celle-ci ne dispose pas du pouvoir (et des
moyens correspondants) nécessaire pour ajuster le déroulement des
processus
La Régulation consiste à opérer ces
ajustements, en agissant sur les intrants du système et sur
l'amélioration des processus de transformation donnant naissance aux
extrants.
Nous sommes bien au coeur du couple inséparable
pilotage - régulation que nous avons abordé dans la partie
précédente, à la nuance près que, si la
nécessité d'une régulation est omniprésente dans
l'esprit de tous ceux qui concourront à la création du RESOF,
en revanche les questions de pilotage paraissent ne pas avoir
été abordées, tout au moins pour les aspects concrets
de mise en place et d'opérationnalité.
C'est à notre sens l'une des raisons majeures qui
conduiront les membres du RESOF à s'interroger, de façon
explicite ou implicite le plus souvent52, sur l'utilité de
cette organisation, sur ce qu'ils peuvent en attendre pour eux-mêmes, et
sur la direction à suivre.
Cette absence de pilote, pour fixer le cap et rappeler de
temps en temps les règles du jeu et les objectifs à atteindre,
finira par nuire à la visibilité, aux efforts et à la
bonne volonté des membres les plus actifs du Réseau, cette
frustration sera l'un des moteurs qui ont contribué au rapprochement
avec le BFPA, et à l'origine de l'atelier que le RESOF organisera du 30
novembre au 1er décembre 2004 à Saint louis, dans
l'objectif de mettre en place une structure de pilotage de la FAR dans la
vallée du fleuve Sénégal, afin « d'alimenter la
réflexion sur les politiques et
52 Comment expliquer autrement le caractère
cyclique des tentatives de re-motivation des membres et de redynamisation du
réseau ?
stratégies de formation, de faciliter la coordination
des activités et de servir de relais entre les acteurs du niveau
national et ceux du niveau local ».
Nous verrons par la suite qu'entre les acteurs
concernés au premier chef, des ambigüités importantes
subsistaient quant à la finalité du pilotage, et quant au
rôle et à la place du Résof face à cette nouvelle
mission.