Assez curieusement, le service formation du ministère
de l'agriculture, créé en mai 2003, a dû attendre
l'année 2007 pour émarger au budget national. S'il a pu
néanmoins se faire reconnaître comme acteur institutionnel
crédible, à travers les restitutions des études qu'il a
commandité et/ou auxquelles il a directement participé, puis des
travaux qu'il a conduit en associant les acteurs de plusieurs régions
tests, c'est grâce à la mise en place concomitante de plusieurs
« instruments » par la volonté de trois bailleurs de fonds.
· La coopération française
Dès 2001, un accord tacite est établi entre
celle-ci et l'équipe de la Banque Mondiale qui supervise
l'exécution du programme des Services Agricoles et d'Appui aux
organisations de Producteurs (PSAOP), pour soutenir les efforts de la
coopération suisse qui tente d'aider le dispositif de formation agricole
et rurale à s'adapter aux nouveaux modes d'intervention de l'Etat, et
à la redistribution des cartes entre les différentes
catégories d'acteurs du monde rural.
Un projet de coopération voit le jour en 2003, et la
création d'un bureau des formations rurales au sein du ministère
de l'agriculture et de l'élevage figure au nombre des
conditionnalités imposées par le bailleur de fonds ; le projet de
Promotion d'une Agriculture Compétitive et Durable se propose, entre
autres, d'accompagner le Bureau de la Formation professionnelle Agricole, qui
est chargé de mettre en oeuvre la stratégie nationale de
formation agricole et rurale.
25 Dont le BFPA pourrait assurer le
secrétariat exécutif
26 alors que les premières moutures du
décret ont fait l'objet de réunions de travail au cours du second
semestre 2005.
Actuellement, ce Bureau est chargé de coordonner l'une
des deux composantes du projet, qui a trait au renforcement de capacités
des acteurs du monde rural ; cette composante prévoit un concours
financier sous forme de subvention d'un peu plus de 800 000 euros hors
assistance technique. (notre lettre de mission, qui nous a permis de travailler
sur ces questions au Sénégal, est attachée à ce
projet).
L'appui au fonctionnement du Bureau par lui-même ne
représente que 10% de l'enveloppe de la composante, qui est
consacrée pour l'essentiel à l'appui à la mise en place de
cadres régionaux et national de pilotage, et de réseaux de
formateurs, à l'appui aux projets d'établissement des centres de
formation, à la formation des formateurs ainsi que, notamment, la
formation des responsables des OPA.
Cet appui, qui peut paraître modeste27, a
été décisif pour le démarrage du service qui,
rappelons le, bénéficie pour la première fois en 2007
d'une dotation de fonctionnement de l'Etat sénégalais (de l'ordre
de 10 millions de FCFA, soit environ 15 000 euros). Même si le projet
n'est réellement opérationnel que depuis 2006, en raison d'un
processus de réformes au sein du dispositif français de
coopération, il a constitué une sorte de « caution »
aux yeux des autres partenaires, qui ont accepté de financer depuis fin
2003 les chantiers que souhaitaient ouvrir le jeune Bureau de la formation
professionnelle agricole.
· La coopération suisse, à travers le
Bureau d'Appui à la Coopération Sénégalo-Suisse
Les principales écoles d'enseignement technique
agricole (agriculture et génie rural, élevage, eaux et
forêts), qui ont fourni depuis l'indépendance des cohortes
d'agents techniques aux services de l'Etat, ont été d'abord
soutenu par la coopération française, jusqu'à son retrait
au milieu des années 1970 ; la coopération suisse l'a
aussitôt comblé par des enseignants expatriés, et a
assuré les budgets de fonctionnement et d'investissement de ce
dispositif pendant les vingt années suivantes.
Alors que le secteur du développement rural connaissait
de profondes mutations, imposées par le train des réformes
institutionnelles occasionnées par l'ajustement structurel, la
coopération suisse a fait le constat que ces écoles (du
dispositif public) restaient à l'écart de ces nouvelles
dynamiques, s'éloignant dangereusement de la demande de formation qui
étaient censée justifier leur existence. Le bailleur de fonds
pris alors la décision de « fermer les robinets »
provisoirement, le temps que les acteurs concernés se livrent à
une réflexion approfondie ; celle-ci aboutira plus d'un an après,
en juin 1999, à l'atelier national qui validera la stratégie
nationale de formation agricole et rurale (SNFAR).
La coopération suisse impulsera plusieurs initiatives
en régions, pour tester concrètement la faisabilité des
recommandations de la SNFAR ; des échanges réguliers avec la
coopération française, très intéressée par
les changements de paradigmes qu'instituait la stratégie
nationale28, permettront à ces deux coopérations
bilatérales de s'accorder sur la nécessité de peser en
faveur de la création d'un service formation, comme nouvel acteur
institutionnel capable de porter la mise en oeuvre de cette stratégie
nationale.
Quelques mois après la création du BFPA, et
alors que le projet PACD enregistre un retard important au démarrage,
remettant en cause la première étude que le bureau formation
souhaitait réaliser, le bureau d'appui à la coopération
sénégalo-suisse assumera seul le coût financier de ce
diagnostic qui sera conduit en Casamance et dans le delta du fleuve
Sénégal (durant près de six semaines au total). La
coopération suisse appuie toujours le BFPA, dans le cadre de son
Programme d'appui au renforcement des capacités des acteurs du monde
rural (2005-2009), en complémentarité avec le projet PACD.
27 mais auquel s'ajoute la prise en charge de deux
assistants techniques français, dont nous-même depuis septembre
2003.
28 que la coopération suisse avait largement
contribué à faire aboutir
· La Banque Mondiale (PSAOP1, PSAOP2, WBI)
En demandant qu'un responsable - formation soit clairement
désigné au sein du ministère de l'agriculture, pour
améliorer la cohérence de la sous composante « renforcement
des capacités » du ministère, la Banque mondiale allait
dès 2001 permettre à un cadre supérieur de s'approprier
cette fonction, avant de participer à la création du Bureau
Formation Professionnelle Agricole et d'en prendre la responsabilité.
Par sa rigueur et la qualité de son travail, ce cadre allait inciter les
autorités sénégalaises et la Banque à financer,
dans le cadre de la première phase du programme des services agricoles
et d'appui aux organisations de producteurs, plusieurs actions
souhaitées par le BFPA, dont l'étude de Pierre DEBOUVRY
déjà évoquée.
Par la suite, l'Institut de formation de la Banque (World
Bank Institute) participera au montage technique et financier de plusieurs
actions de formation de formateurs, dans le prolongement du diagnostic de
l'offre et de la demande de formation agricole et rurale réalisé
en 2004 par le BFPA.
Enfin, la collaboration avec la banque se poursuivra au cours
de l'année 2006 lors de l'instruction de la seconde phase du PSAOP,
puisque le BFPA fera valoir avec succès la nécessité d'une
régulation et d'un pilotage partagé de la F.A.R. au plan
régional : il sera chargé d'aider à la mise en place de
cadres de pilotage et de centres de ressources dans quatre régions
administratives.