Nous relevons dans le rapport d'activité de la
coopération suisse de décembre 2000 les constats suivants (points
104 à 107 du rapport) :
· Une méconnaissance, par la majorité des
partenaires potentiels du pôle (élus locaux, OP,
privés)
de la stratégie nationale qui sous-tend la création de
pôles régionaux de formation.
· Des acteurs locaux qui peinent à clarifier le
rôle du pôle et à aller au delà de la seule mise en
place d'un cadre organisationnel.
· La prégnance des écoles et centres de
formation dans la dynamique nouvelle, avec « le risque de limiter le
pôle à une simple expression de l'offre de formation ».
Cette absence de vision partagée par tous les acteurs est
pointée comme une faiblesse majeure, de nature à provoquer
l'enlisement de la démarche.
Du côté des élus locaux, il faut bien
comprendre que les nouvelles responsabilités à assumer sont
très larges ; depuis les lois de décentralisation de 1996, les
collectivités locales se sont vues transférer neuf domaines de
compétences or, elles n'ont pas les moyens de leur politique. Elles
bénéficient d'une dotation globale de l'Etat central
sous-évaluée, et peinent à récupérer les
impôts et taxes locales.
Dans ce contexte, on peut comprendre la prudence des
collectivités locales à s'engager, et leur réticence
à mettre en commun leurs ressources et leurs compétences. D'autre
part, au plan des logiques institutionnelles, leurs nouvelles
responsabilités en matière d'éducation et de formation
professionnelle les ont peut être porté à croire que le
sous secteur des formations agricoles et rurales, éclaté entre de
multiples tutelles, était marginal dans le dispositif éducatif
global. Il s'y ajoute le fait, comme cela nous fut rappelé à
plusieurs reprises, que l'agriculture ne figurait pas au nombre des
compétences nouvelles transférées.
Vingt mois plus tard, en janvier 2002, le rapport annuel du
RESOF présente dans son préambule le « pôle »
comme suit : « un cadre de concertation, de réflexion et
d'échanges entre ses membres et avec l'extérieur, dans le domaine
de la FAR ».
L'évolution semble notable, et notoirement
éloignée de l'idée originelle de pôle
régional de formation, si tant est qu'un pôle de formation a
vocation à faire de la formation (cf. notre précédent
parallèle avec un réseau de professionnels de santé).
Les objectifs déclinés dans ce même
document le confirment : il s'agit désormais de faciliter la
réflexion collective sur des thèmes fédérateurs et
les échanges de pratiques, de diffuser les expériences, de
faciliter la mobilisation des ressources et de contribuer à
l'élaboration de la politique régionale de FAR.
Un dernier objectif (en réalité, le premier de
la liste) a trait à la promotion de la qualité dans la conception
et la réalisation des programmes de formation.
Ceci est du reste confirmé dans le projet de programme
de mise en oeuvre du pilotage régional de la FAR. Ce document,
proposé par le Secrétariat du RESOF en mai 2006, réaffirme
son ambition « de faire une place primordiale à la
régulation participative de la FAR dans la mise en oeuvre
de la Stratégie Nationale dans la Vallée du Fleuve
Sénégal ».
Le démarrage du RESOF fut laborieux ; d'abord
assurée par la structure hébergeante16 au cours des
neuf premiers mois, son animation sera confiée en mars 2001 à
l'assistant des programmes de formation du CIFA, qui deviendra ainsi
l'animateur principal du RESOF. Au nombre de ses
16 En l'occurrence le Centre Interprofessionnel de
Formation aux métiers de l'Agriculture (CIFA), situé à
Ndiaye, à 30 km de Saint-Louis.
missions, figurent (déjà) la re-dynamisation du
réseau et la mobilisation des acteurs majeurs présents dans son
environnement.
D'ailleurs, si à la naissance du RESOF en juin 2000,
quinze organisations ont payé la cotisation annuelle (5 000 Francs CFA,
soit moins de huit Euros), elles ne sont plus que trois l'année
suivante, dont la structure hébergeante. (malgré
l'adhésion de deux nouveaux opérateurs privés en 2001).
Lors de la dernière Assemblée
Générale du 29 décembre 2005, le décompte des
membres ressort à 46 organisations. Celles-ci se répartissent
à peu près équitablement sur les deux catégories de
l'offre et de la demande.
Cette longue introduction, relative aux finalités du
réseau, tente de montrer que chacun des acteurs pressentis à
l'origine pour participer à cette dynamique de rupture avec le
passé est venu avec en perspective sa propre stratégie :
· pour les uns, plutôt situés sur la
demande de formation, il s'agissait de contribuer à mettre en place un
instrument destiné à assainir les pratiques dans le secteur, et
à faire évoluer la réponse-formation globale par des
échanges de pratiques et la diffusion d'expériences originales
;
· pour d'autres, les plus nombreux, il s'agissait davantage
de se positionner, en perspective de remplir son carnet de commande ;
· pour les organisations professionnelles et quelques
associations de développement communautaires, le réseau semblait
représenter un espace intéressant pour faire valoir leur point de
vue en tant que demandeurs de formation.
· quelques autres enfin, ont « acheté leur
ticket, pour voir » ; il s'agit essentiellement des services d'appui au
développement rural.
Ces attentes multiples, et l'équilibre qui en est
résulté, ont sensiblement modifié l'idée originelle
de pôle régional de formation jusqu'à sa forme actuelle,
plus proche d'un cadre de concertation, bien que les activités conduites
mêlent encore parfois les deux finalités, apportant à notre
sens parfois de la confusion lorsque le réseau commandite et prend en
charge des actions de renforcement de capacités au
bénéfice d'individus issus de ses organisations membres, ses
situant alors en position de concurrence avec certains de ses membres,
opérateurs, voire financeurs de formation.