Chapitre 5: Classification des enfants
scolarisés en fonctions des caractéristiques des ménages
et du chef de ménage et analyse économétrique
Dans ce chapitre, nous allons identifier les
caractéristiques des ménages qui présentent de faibles
(respectivement de forts) proportions d'enfants scolarisés ou non. Nous
avons donc opté pour une analyse factorielle en l'occurrence l'analyse
des correspondances multiples (ACM). L'ACM est une méthode d'analyse qui
permet de décrire, de caractériser et d'analyser les tableaux
d'enquêtes portant en général sur des variables
qualitatives. Cette méthode nous permettra donc de ressortir la
proximité ou l'éloignement des variables par rapport au statut de
scolarisation des enfants, qui sont liées spécifiquement à
la demande éducative. Ce chapitre aboutira à une
régression logistique qui décèlera les groupes de
ménages à travers les caractéristiques de leur chef
susceptibles d'influencer la non scolarisation des enfants. Bien avant, nous
allons éventuellement classifier les ménages selon un
degré de pauvreté mesuré par les caractéristiques
de logements et d'équipements car a priori les conditions de vie
pourraient expliquer le taux de scolarisation.
5.1. CLASSIFICATION DES MENA GES SELON LES CARACTERISTIQUES
DE LOGEMENTS ET D 'EQUIPEMENTS
Nous pensons qu'a priori l'aisance matérielle d'un
ménage influence sa décision de scolariser ses enfants ou non.
Cette approche présente néanmoins une certaine limite dans la
mesure où si en ville elle peut expliquer le niveau de vie des
ménages et donc l'influence du chef sur la décision de scolariser
les enfants, en milieu rural par contre, elle constituerait une perception loin
de la réalité. En effet de manière générale,
les types de maison en milieu rural sont construites avec des matériaux
le plus souvent semblables ; et donc une simple analyse du niveau de
pauvreté dans ce milieu par les caractéristiques de logements
pourrait être d'un biais important. Et par suite ne pourrait pas
expliquer le manque de capacité des parents à scolarisés
leurs enfants. A ce niveau l'approche qui serait peut-être plausible est
une analyse monétaire. Aussi, durant l'enquête, les zones de
résidences (urbaine et rurale) enquêtées
présentaient visiblement une disparité évidente en ce qui
est des infrastructures d'adduction d'eau et de distribution
d'électricité (la quasi-totalité des habitants du milieu
rural n'ont pas accès à l'eau encore moins à
l'électricité (tableau.A.3.3) par rapport au milieu urbain).
C'est ce qui justifie le choix de faire des classifications distinctes en vue
de mieux ressortir les spécificités de chacun des milieux pour un
jugement objectif. Il convient aussi de signaler que la présente
étude ne vise pas à construire un indicateur de pauvreté
de bonne qualité. Toutefois cette classification des ménages
permettra d'avoir une idée globale des conditions de vie de ces
derniers. En plus cette approche par les caractéristiques d'aisance et
la possession des biens durables est celle auxquelles nos données se
prêtent. C'est pour cette raison que nous avons opté pour les
choix des variables qui les caractérisent. Elles étaient au
nombre de 59, et dichotomiques. Par exemple au niveau de la possession de biens
durables, on a la variable « le ménage possède t-il une
télévision ? » qui prend la valeur 1 si oui, et 2 sinon.
Pour des raisons de clarté dans notre analyse, nous avons
effectué une analyse factorielle à partir de ces 59 variables, le
but étant d'extraire les groupes de ménage homogènes selon
un niveau de pauvreté et ce sont ceux-la que nous utiliserons dans notre
ACM, et non les 59 variables de départ. Trois degrés ont
été défini à la suite de notre analyse
avec le logiciel Spad : chaque milieu a été
subdivisés selon le groupe de pauvre, celui des moins pauvres et enfin
les non pauvres
C'est ainsi que dans le milieu urbain, on distingue :
La classe des pauvres urbains (PUrb) : elle
est constituée à 66,78% de la population urbaine et englobe les
ménages qui n'ont pas accès à l'eau potable,
évacuent les eaux usées généralement dans la rue et
vivent pour la plupart dans les habitations pas très confortable (des
construction en bois, en banco...)
La classe des moins pauvres urbains (
MPUrb) : ce sont les ménages dont le niveau de logement est de
moyen standing et sont caractérisés par un accès aux
commodités de base (électricité, WC sans chasse ou latrine
dans la cour).
La classe des non pauvres (NPUrb) :
à ce niveau nous avons des ménages de haut standing, qui
disposent pour la majorité des biens durables et vivent dans des villas
(29,63% des cas) et des maisons de plus de quatre pièces. La quasi -
totalité des ménages de cette classe ont accès à
l'eau courante et vivent dans les maisons en dure (mode/classe = 9 1,36%).
Le même découpage par a été
opéré dans le milieu rural. C'est ainsi qu'on aura le groupe des
ménages pauvres ruraux (PRur) qui constitue environ plus de 60% de la
population rurale et ne disposant pas de biens durables excepté les
postes de radio (mode/classe = 80,80%). Signalons aussi que dans ce groupe, la
totalité des ménages ne dispose pas de l'eau courante et vit pour
la plupart dans les maisons en Banco (mode/classe = 89,70%). Pour ce qui est du
groupe des moins pauvres ruraux (MPRur), ce sont tous les ménages qui
utilisent la lampe comme moyen d'éclairage. Ils disposent aussi des
bicyclettes comme moyen de déplacement (mode/classe = 15%). Enfin le
groupe des non pauvres ruraux (NPRur) est constitué de tous ceux qui ont
accès à l'électricité (classe/mode = 100% ;
mode/classe = 100%) et disposent de quelques biens durables (DVD, radio).
Après un regroupement des ménages selon les
caractéristiques de logements et de commodités, les variables
(une variable par zone de résidences) créées à la
suite de l'agrégation seront associées aux
caractéristiques du chef de ménage et certaines autres variables
pour une éventuelle explication du niveau de scolarisation des enfants
de 6 à 15 ans.
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