4.3. CONDITIONS DE VIE DES JEUNES
Comme nous l'avons signifié dans la sous section
précédente, nous allons examiner les raisons de la
déscolarisation et de l'abandon scolaire des enfants. Il sera
également abordé le volet relatif à leur occupation
actuelle et leur volonté manifeste d'un éventuel retour à
l'école si l'occasion s'y présentait. Enfin, il serait aussi
intéressant d'identifier les personnes qui prennent en charge les frais
des enfants scolarisés.
4.3.1. Raisons de la non fréquentation
actuelle
Les facteurs pouvant être un obstacle à la
scolarisation sont diverses. Pour en apprécier certains au sein de notre
population d'étude, une question portant sur les raisons de l'abandon ou
de la non scolarisation totale a été soumise aux
enquêtés.
Il ressort des résultats que l'une des principales raisons
évoquée par les enquêtés qui ne fréquentent
plus actuellement est le manque de moyens (58,5% pour ceux qui ne sont
Analyse de la situation de l'éducation des
enfants de 6 à 15 ans : Cas de la commune de San Pedro
jamais allés à l'école et 20,4% pour ceux
qui ont abandonné). Toutefois, il faut noter que la principale cause de
l'abandon provient d'une volonté personnelle des enquêtés
(54,8%) (Tableau B.4.6 et B.4.7).
4.3.2. Occupation précoce des
jeunes
Lors de la conférence mondiale des nations unies sur
les droits de l'Homme, tenue à Vienne en 1993, les pays du monde se sont
accordés sur le fait que le travail de l'enfant constitue une entrave
à son développement31 . Par conséquent garantir
leur bien être constitue un enjeu vital pour les gouvernements. En
Côte d'Ivoire, nombreux sont les enfants qui sont confrontés dans
la vie quotidienne à des difficultés d'insertion sociale. Il a
été posé aux enquêtés qui ne
fréquentent pas la question de savoir quelle était leur
occupation actuelle.
Ainsi dans le groupe des enfants qui n'ont jamais
été à l'école, le petit commerce32 est
l'occupation principale de ceux-ci (37,4%). Toutefois, quelque soit le milieu
les garçons sont acteurs des petits commerces (41,7%) et des petits
métiers (32,6%) contrairement aux filles pour qui les aides familiales
font partie de leur quotidien (36,7%). De même, le petit commerce est
l'occupation principale des enfants qui ont abandonné l'école
(39% des cas) (Tableau B.4.8)
Par ailleurs, on note une disparité entre la zone
urbaine et rurale. S'agissant des non scolarisés total, s'il
s'avère qu'en milieu urbain, le commerce et les petits métiers
sont principalement les activités pratiquées par les enfants
(respectivement 42% et 20%), le constat est inverse en milieu rural (tableau B
.4.8). Dans ce dernier, tandis que plus de la moitié (60,2%) des enfants
sont appelés à aider les parents aux différentes charges
ménagères (travaux champêtre, domestiques etc..), les
autres sont oisifs (21,8%). En ce qui concerne les enfants qui ont
arrêté l'école, plus d'un tiers exercent, en zone urbaine,
un petit métier (42,8%). L'oisiveté est tout de même le
vécu de ces derniers (28,7%). (Tableau B.4.9).
4.3.3. Perspectives de retour à l'école
des non scolarisés
Les conditions de vie des ménages, au vue de la
situation économique particulièrement difficile ajoutées
au récent conflit traversé par la côte d'ivoire, ont
amené parfois les parents à suspendre la scolarisation de leurs
progénitures, cela parfois indépendamment de la volonté de
ces derniers. C'est pour mesurer le niveau de volonté de retour à
l'école que la question « est- ce que tu veux aller/reprendre
l'école » a été posée.
Les données du tableau 3 laissent paraître
manifestement que dans l'ensemble les jeunes expriment le désir d'aller
ou de reprendre l'école. Donc il y a une demande éducative
exprimée mais les moyens pour la satisfaire sont encore faibles.
Toutefois, on constate une importante disproportion selon le type de non
scolarisation. En effet, parmi les enfants n'ayant jamais
fréquenté une école, plus de trois enfants sur cinq
(62,2%) ont déclaré vouloir aller à l'école tandis
que parmi ceux qui ont abandonné, l'engouement est beaucoup plus faible.
De même, ils sont deux sur cinq (3 8,8%) qui ne souhaitent pas reprendre
à nouveau le chemin de l'école. Ce constat est aussi valable
selon le sexe.
31 Unesco 2003
32 Il s'agit du petit commerce de tomates, arachide,
de l'eau etc
Tableau 3 : Répartition des enfants non
scolarisés selon désir de retour à
l'école
Désire de fréquentation de l'enfant
|
Non scolarisé total
|
Non Abandon définitif
|
oui
|
non
|
Nsp
|
Effectif
|
oui
|
non
|
Effectif
|
Urbain
|
masculin
|
52,0
|
47,8
|
0,3
|
6596
|
50,5
|
49,5
|
1511
|
féminin
|
73,1
|
26,6
|
0,3
|
6139
|
38,0
|
62,0
|
1914
|
Total
|
|
62,2
|
37,5
|
0,3
|
12735
|
43,5
|
56,5
|
3425
|
Rural
|
masculin
|
73,4
|
26,6
|
|
783
|
11,3
|
88,7
|
396
|
féminin
|
56,3
|
43,7
|
|
1459
|
24,5
|
75,5
|
479
|
Total
|
|
62,3
|
37,7
|
|
2241
|
18,5
|
81,5
|
875
|
San Pedro
|
masculin
|
54,2
|
45,5
|
0,3
|
7379
|
42,3
|
57,7
|
1907
|
féminin
|
69,9
|
29,8
|
0,2
|
7597
|
35,3
|
64,7
|
2393
|
Total
|
|
62,2
|
37,6
|
0,2
|
14976
|
38,4
|
61,6
|
4300
|
Source : Nos calculs à partir des
données de ESP 2007
4.3.4. Prise en charge des frais scolaires des
jeunes
La quasi-totalité des frais de scolarité des
enfants sont supportés par les parents géniteurs dans 87,4% des
cas. Ces derniers sont soutenus quelques fois par les autres parents (9%). En
outre, une aide provient aussi des tuteurs non parentés surtout dans la
zone urbaine (0.4%) et aucune dans le milieu rural. Aucune aide de
l'état n'est enregistrée en zone rural, toutefois une infirme
partie des enquêtés en zone urbaine (0,5%) ont affirmé
avoir reçu l'aide de l'Etat ou d'une quelconque ONG. (Tableau 4)
Tableau 4 : Prise en charge des frais scolaires
des enfants de 6 à 15 ans
Pise en charge de frais scolaires
|
Milieu de résidence
|
Sexe
|
Urbain
|
Rural
|
San Pedro
|
Masculin
|
Féminin
|
Père
|
66,9
|
80,0
|
69,1
|
73,4
|
64,2
|
Mère
|
11,6
|
3,2
|
10,2
|
5,1
|
16,0
|
Père et Mère
|
8,7
|
5,3
|
8,1
|
7,5
|
8,9
|
Autres parents
|
8,7
|
10,1
|
9,0
|
10,8
|
6,9
|
Tuteur non parenté
|
0,5
|
0,0
|
0,4
|
0,3
|
0,6
|
ONG
|
0,2
|
0,0
|
0,1
|
0,1
|
0,1
|
Etat
|
0,3
|
0,0
|
0,2
|
0,3
|
0,2
|
Source : Nos calculs à partir des
données de ESP 2007
En somme, on peut retenir que la scolarisation des enfants de
la commune de San Pedro est encore loin d'un des objectifs qui était
fixé depuis 1992 par la Côte d'ivoire à savoir «
atteindre un taux de scolarisation de 90% en 2000 ». Néanmoins, il
est à noter que les raisons évoquées par les enfants qui
ne se sont pas inscrit durant l'année en cours témoignent d'une
part la nécessité de porter un regard singulier sur le profil des
parents qui scolarisent leurs enfants, d'autre part de déceler les
mécanismes visant à susciter chez les parents le désir de
scolariser leurs enfants et chez ces derniers le désir de s'instruire.
Ce diagnostic passe par une caractérisation des parents afin de
discerner les facteurs qui jouent soit en faveur de la scolarisation soit en
sens contraire. Le chapitre suivant a pour objet d'établir les
caractéristiques des ménages qui scolarisent leurs enfants.
Analyse de la situation de l'éducation des
enfants de 6 à 15 ans : Cas de la commune de San Pedro
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