4.2. CARACTERISTIQUES SOCIODEMOGRAPHIQUES ET DESCRIPTION DE
LA SITUATION SCOLAIRE DES ELEVES.
L'information liée aux
caractéristiques de la population scolarisable est d'une importance
capitale pour les planificateurs de l'éducation en ce sens qu'elle
permet de disposer des éléments d'appréciation en vue de
concevoir les politiques adéquates visant à répondre aux
besoins éducatifs de tous les niveaux d'enseignement. De ce fait, une
vue globale de la structure de notre population d'étude est d'un
intérêt particulier.
4.2.1. Caractéristiques
socio-démographiques des élèves
Pour notre étude, les enfants de la tranche de 6
à 15 ans de la population extrapolée sont estimés à
58683, donc 28,48% de la population totale. Les caractéristiques
sociodémographiques étudiées ont porté sur le
tableau B.4. 1.
4.2.1.1. Structure par âge et par
sexe
Dans l'ensemble, plus de la moitié des jeunes (57,7%)
ont un âge compris entre 6 et 11 ans. La moyenne d'âge est
d'environ 1 1ans (10,52 pour les garçons et 10,62 chez les filles). Il
est à noter aussi bien dans la sous-population des filles que celle des
garçons que, l'âge modal est 15 ans (respectivement 16,1% et 14%).
En revanche, selon le milieu de résidence, cet âge modal de 15 ans
en milieu urbain contre 10 ans en milieu rural. Même constat quand il
s'agit de la disparité sexuelle à l'exception du milieu rural
où l'âge des filles est de 8 ans. De plus, dans chacun des lieux
de résidence, les jeunes de moins de 12 ans représentent plus de
la moitié de effectifs, chez les garçons tout comme chez les
filles.
Concernant la répartition par sexe, on note une
prédominance numérique des garçons quelque soit le lieu de
résidence. 50,1% ; 52% et 50,4% sont respectivement les proportions des
garçons en milieu urbain, rural et à San Pedro (graphique 4).
Graphique 4 : Répartition des enfants en
fonction du sexe selon le milieu de résidence
49,0
48,0
47,0
46,0
52,0
51,0
50,0
Urbain Rural Ensemble
Masculin Feminin
Source : Nos calculs à partir des
données de ESP 2007
4.2.1.1. Ethnie et religion
La population d'étude est composée en
majorité des individus de nationalité ivoirienne. Les ethnies les
plus représentées sont les Mandés du Nord (25% dont 31,2%
des garçons et 27% des filles), les Akan (18% dont 14,8% des
garçons et 22,5% des filles) et les Krou (16,3% dont 15,5% des
garçons et 17,2% des filles). La population étrangère
occupe un
place importante dans cette population. 21,9% sont
déclarés dont 19,7% en milieu urbain et 3 3,2% en milieu
rural.
Dans l'ensemble des sites où s'est
déroulée l'enquête, la religion la plus pratiquée
est l'islam. Ainsi ressort-il de l'analyse des résultats que 52,6% des
enfants sont de religion musulmane. Le christianisme est la seconde religion la
plus pratiquée (36,3%).
Après avoir décrit brièvement quelques
caractéristiques socio-démographiques de la population
d'étude, nous procéderons à l'analyse de leur situation
scolaire. C'est ce qui fera l'objet de la section suivante.
4.2.2. Description de la situation scolaire des
enfants.
L'éducation de base est depuis lors l'une des
priorités des institutions internationales et des gouvernements pour
atteindre l'objectif de l'éducation pour tous d'ici 2015. La Côte
d'Ivoire s'est rangée dans cette logique il y a de cela plusieurs
années et même la situation de crise récente qu'elle a
connue, n'a pas altérée la volonté des pouvoirs publics
à oeuvrer dans ce sens. Toutefois, pour évaluer la couverture
scolaire actuelle, lors de l'enquête, il a été posé
à chaque enfant de la tranche d'âge de notre étude un
certain nombre de questions. Dans cette partie nous analyserons, à
travers les indicateurs préalablement définis, le niveau scolaire
de cette frange de la population tout en dégageant les disparités
qui pourraient subsister.
Les résultats montrent que 62,9% des enfants sont
encore inscrits à l'école (soit 6 enfants sur 10). Cette tendance
est observée au niveau du lieu de résidence (66,6% en milieu
rural contre 62,4% en milieu urbain). On note tout de même une couverture
scolaire faible des enfants âgés de 6 ans (tableau 1).
Tableau 1 : Taux Brut de scolarisation des enfants
selon l'âge, le sexe et le lieu de résidence
Age
|
Sexe
|
San Pedro
|
Masculin
|
Féminin
|
Ensemble
|
Effectifs
|
6
|
66,7
|
32,6
|
49,3
|
3196
|
7
|
64,4
|
60,9
|
62,6
|
3905
|
8
|
66,8
|
72,0
|
69,3
|
4952
|
9
|
76,6
|
81,4
|
79,0
|
3194
|
10
|
64,2
|
72,9
|
68,0
|
3887
|
11
|
80,7
|
77,8
|
79,2
|
3334
|
12
|
65,8
|
66,7
|
66,2
|
3543
|
13
|
55,9
|
60,5
|
58,4
|
2995
|
14
|
68,6
|
47,1
|
58,2
|
3218
|
15
|
63,5
|
44,3
|
53,4
|
4714
|
Total
|
66,6
|
59,2
|
62,9
|
36937
|
Urbain
|
65,1
|
59,6
|
62,4
|
30637
|
Rural
|
73,8
|
65,9
|
66,6
|
6300
|
Source : Nos calculs à partir des
données de ESP 2007
Quelque soit le milieu de résidence, les
différents taux bruts de scolarisation observés sont favorables
aux garçons de manière générale. Outre le fait que
l'indice de parité de sexe soit avantageux pour les garçons
âgée de 6 ans en milieu urbain, l'inverse est constaté
dès
Analyse de la situation de l'éducation des
enfants de 6 à 15 ans : Cas de la commune de San Pedro
l'âge de 7 ans où ce dernier est non seulement
supérieur à celui de toute la commune entière mais traduit
aussi le fait qu'en milieu urbain la couverture scolaire est relativement
propice aux filles par rapport aux garçons (graphique5).Toutefois, on
note une baisse notable à partir de 10 ans et plus accentuée
entre 12 et 13 ans en milieu rural et 13 et 14 ans en milieu urbain traduisant
ainsi une sortie du circuit scolaire les filles (IPS inférieur à
l'unité). De manière générale, l'indice de
parité entre sexes indique qu'en milieu urbain l'IPS est en moyenne
défavorable aux filles (0,91). Il en est de même dans la zone
rurale (0,78). (0,84 pour l'ensemble).
Graphique.5 : Répartition de l'indice de
parité selon le lieu de résidence
0,80
0,60
0,40
0,20
0,00
1,40
1,20
1,00
6 7 8 9 10 11 12 13 14 15
Urbain Rural San Pedro
Source : Nos calculs à partir des
données de ESP 2007
Par ailleurs, lorsqu'on analyse le tableau B.4.2, on constate
de manière générale que la situation scolaire
dépend des caractéristiques socioculturelles du chef de
ménages telles que son groupe ethnique, sa religion , son niveau
d'instruction, etc....
En effet, parmi les scolarisés, les chefs de
ménage des groupes ethniques Krou (2 1,6%), les non ivoiriens (22,0%)
Akan (19%) scolarisent leurs enfants par rapport aux autres groupes ethniques
de la Côté d'Ivoire. Par contre, le test de proportion (test de
marasculio) indique que la proportion des non scolarisés est plus
prononcée chez les ménages des groupes mandés du nord
(36,6%)(p_value=0.00<0.05). Pour ce qui est de la religion, les musulmans,
les chrétiens sont ceux chez qui la proportion des enfants non
scolarisés est relativement élevée (respectivement 66,2%
et 22,9%). Toutefois, ce test indique que la proportion des enfants
scolarisés est plus élevée dans les ménages
dirigés par les chefs de familles de religion musulmane ou
chrétienne (p-value=0.00<0.05). En outre, plus de la moitié
des enfants scolarisés (64,6%) sont dans des ménages où le
chef de ménage est alphabète.
La scolarisation des enfants est liée au ménage
de grande taille (p_value<0.05). En effet, il ressort du graphique 6 que
quelque soit la taille du ménage, la proportion des scolarisés
est relativement importante (respectivement 64,9% ; 68,8%, 76,2% ; 72,2% pour
les ménage de taille inférieur à 6, 11 ; 16 ; et plus de
15). Le test de proportion indique que les ménages de grande taille
scolarisent plus leurs enfants.
Graphique 6 : Répartition du niveau de
scolarisation des enfants selon la taille des ménages
16-plus
11-15
6-10
1-5
0 20 40 60 80
scolarisés nonscolarisés
23, 8
27,8
31 ,2
35, 1
64,9
68,8
72,2
76,2
Source : Nos calculs à partir des
données de ESP 2007
Pour ce qui est de la situation des filles, ce sont 54,5%
d'entre elles qui ne sont pas allés à l'école dans
l'année en cours contre 45,5% des garçons. Il est à
remarquer que dans les ménages où le chef de famille est une
femme, les filles (63,8%) sont celles qui vont le plus à l'école
par rapport aux garçons (36,2%). L'inverse s'observe quand il s'agit des
hommes (respectivement 56,25 de garçons contre 43,75% de filles). Il
convient de signaler que le niveau d'instruction des chefs de ménage ne
pourrait être un facteur défavorable à l'éducation
des filles, En effet, à l'exception des ménages où les
chefs de familles sont de niveau coranique, l'analyse de la proportion des
filles non scolarisées dans l'année en cours est plus
élevée par rapport à celle des garçons quelque soit
le niveau du chef de ménage. C'est ainsi que 52,2% ; 57,4% ; 78,3% et
89,2% sont respectivement les proportions des filles non scolarisées des
ménages dont le chef n'a aucun niveau ; a un niveau primaire ; a un
secondaire et a un niveau supérieur (Tableau B.4.3). Bien que la
couverture scolaire des enfants soit relativement faible (moins de 90%) et la
situation scolaire des filles préoccupante, il n'en demeure pas moins
que les redoublements constituent un aspect de l'éducation qui
mérite notre attention.
a) Les redoublements
Les redoublements constituent l'un des problèmes
rencontrés par les pays en voie de développement. Ils sont
assurément un des indicateurs de performances d'un système
éducatif. A la question de savoir si les enfants ont déjà
enregistrés un redoublement, il ressort des réponses qu'environ
40% ont redoublé (doublé) durant leur parcours scolaire. Dans
l'ensemble, la classe qui enregistre un plus grand nombre d'échec
scolaire est le CM2 (24,6%), suivi du CE1 (18,8%) et le CP1 (17,5%) constitue
la troisième classe où les échecs sont relativement
importants. (Tableau B.4.4). Même si les redoublements sont
déplorables aussi bien pour l'Etat que pour les parents, la non
scolarisation des enfants est un handicap considérable pour un
épanouissement individuel et collectif. D'où, l'analyse de cet
autre aspect mérite qu'on s'y intéresse.
b) La population des non scolarisés de
l'année en cours.
La préoccupation de tout gouvernement est la
scolarisation de toute sa population et facilité l'accès à
tous à l'enseignement de base. Ainsi, disposer d'une frange de la
population n'ayant jamais été à l'école est un
handicap qui pourrait plus tard être un danger social car
Analyse de la situation de l'éducation des
enfants de 6 à 15 ans : Cas de la commune de San Pedro
selon Colbert cité par Bello30 «
l'oisiveté des premières années est source du
désordre des années ultérieures ». Dans la
présente étude, sont considérées non
scolarisés totales toutes les personnes qui ne sont jamais aller
à l'école. Lors de l'enquête, il a été
demandé aux enquêtés de notre population d'étude
s'ils avaient déjà été à l'école. Il
ressort qu'environ 12 % des enfants de la population scolarisable totale qui
n'ont jamais eu accès à l'éducation. Un peu plus d'un
quart, soit 26,2% de la population scolarisable, ont abandonné
définitivement (graphique7).
Selon le milieu de résidence, on relève une
disparité statistiquement significative en faveur du milieu urbain. En
effet, parmi les non scolarisés total, on note 25,92% en zone urbaine
contre 23,45% dans le milieu rural.
Graphique 7 : Répartition des enfants selon
leur statut de scolarisation
40
20
7065,92
62,36 62,94
60
50
30
10
0
11,71
Urbain Rural San Pedro
25,92
non scolarisé total abandon soclarisé actuel
10,63
23,45
11,54
25,52
Source : Nos calculs à partir des
données de ESP 2007
Le profil des non scolarisés nous informe que parmi
ceux-ci, les filles constituent la sous population qui a une proportion
relativement élevée (54,5%). Plus de la moitié (62,9%)
d'entre elles ne sont jamais allées à l'école et quand
bien même elles s'y rendent, un peu plus de la moitié (50,7%)
abandonnent l'école contrairement aux garçons (tableau2).
Même si les chrétiens constituent la frange de cette population
qui a une proportion de non scolarisé total élevée par
rapport aux musulmanes (55,8% contre 34,8%), il est important de noter que
cette tendance s'inverse lorsqu'il s'agit des abandons définitifs. En
effet, un peu plus de huit enfants musulmans sur dix (81,1%) ont
abandonné contre seulement moins de deux enfants chrétiens sur
dix (11,4%) (tableau 2).
Pour ce qui est des abandons particulièrement, il faut
remarquer que ces derniers sont très précoces. En effet, deux
enfants sur sept (25,2%) disent avoir quitté l'école au CP2,
16,9% au CE1, 14,4% au CP1 et 13% au CE2 (tableau B.4.5).
30 Cours d'économie descriptive ( 2006),
ENSEA
Tableau 2:Répartition (en %) des enfants
non scolarisés selon leurs caractéristiques
sociodémographiques.
Caractéristiques de jeunes
|
Non scolarisé total
|
Abandon
|
Ensemble
|
Proportion
|
Effectifs
|
Sexe
|
masculin
|
37,1
|
49,3
|
45,5
|
9888
|
féminin
|
62,9
|
50,7
|
54,5
|
11858
|
Total
|
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
21746
|
Nationalité
|
Krou
|
14,3
|
5,7
|
8,4
|
1821
|
Akan
|
28,7
|
5,5
|
12,7
|
2764
|
Mandé du Sud
|
11,4
|
3,8
|
6,2
|
1337
|
Mandé du Nord
|
13,5
|
45,8
|
35,8
|
7781
|
Gur
|
7,1
|
10,0
|
9,1
|
1979
|
Autres Ivoiriens
|
1,4
|
2,4
|
2,1
|
462
|
Non ivoiriens
|
23,6
|
26,8
|
25,8
|
5601
|
Total
|
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
21746
|
Religion
|
Chrétienne
|
55,8
|
11,4
|
25,3
|
5493
|
Musulmane
|
34,8
|
81,0
|
66,6
|
14484
|
Sans religion
|
4,2
|
3,4
|
3,7
|
802
|
Autres religion
|
5,2
|
4,1
|
4,4
|
966
|
Total
|
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
21746
|
Source : Nos calculs à partir des
données de ESP 2007
A l'issu de cette sous section, nous notons que la situation
scolaire de l'ensemble de la population de San Pedro et de celle des filles est
préoccupante (TBS=62,2% ; IPS=0,84). Également, le redoublement
est un phénomène relativement fréquent dans la population
des enfants de 6 à 15 ans (environ 40% des cas de redoublement
déclarés).Toutefois, appréhender les raisons de la non
scolarisation est d'une importance déterminante en vue d'une
amélioration de la couverture scolaire. Par conséquent, la mise
en évidence des raisons de la non scolarisation des jeunes ainsi que la
prise en charge des frais scolaires des enfants scolarisés feront
l'objet de la section suivante.
|
|