6. Comparaison des fondamentaux de la Tunisie et de la
Chine dans le domaine textile
6.1. La compétitivité prix
Les écarts de salaires est le principal déterminant
de la compétitivité coût des exportations des PED et de la
Tunisie.
6.1.1. Les coûts salariaux
Même si elle bénéficie d'un avantage
salarial vis-à-vis de l'Europe, la Tunisie n'a aucun « avantage
» vis-à-vis des exportateurs asiatiques entre autre la Chine
où les salaires horaires sont égales à 0,65 $.
Tableau5: Le Coût horaire du travail dans le secteur
textile en 2002 (en dollars)
Libellé
|
CHINE
|
Tunisie
|
Salaire horaire dans le secteur textile
|
0,65$
|
1,77$
|
Source: Werner Internationale(2003)
Les statistiques montrent qu'en 2002, une heure de travail
coûtait 1,77$ en Tunisie, environ deux fois plus qu'en Chine. Dès
lors, nous pouvons constater que les bas salaires sont un atout fragile car il
existe toujours des pays dans lesquels les activités de confection
peuvent être réalisées à des coûts plus bas.
De ce fait, l'avantage axé sur la modération salariale ne peut
être indéfiniment mis en oeuvre et ne permet pas à la
Tunisie d'affronter la concurrence des pays tels que la Chine qui dispose de
coût plus faible. De plus, l'avantage compétitif de la Tunisie,
fondé sur les coûts de travail relativement faibles, est d'autant
plus fragile qu'il n'est pas basé, comme c'est le cas pour la
Chine, sur une augmentation substantielle de la
productivité.
6.1.2. La productivité
La productivité dépend essentiellement de la
qualification de la main d'oeuvre ainsi que les outils de productions
(machines). En effet, l'industrie textile a besoin d'une main d'oeuvre
rigoureuse dans le travail ainsi que de machines performantes pour augmenter la
productivité. C'est dans ce sens que la Chine a acheté davantage
de machines entre 2002-2003. En revanche, la Tunisie a fait peu d'effort au
cours de la même période avec un capital machine qualifié
de vieillissant. Les entreprises textile-habillement tunisiennes sont pour la
plupart des PME17, qui, à cause de leur taille et de leurs
moyens limités, continuent, à quelques exceptions près,
à travailler avec des équipements technologiquement«
dépassés ». A ce propos, l'état des
équipements installés dans les entreprises du secteur est
apprécié à travers le suivi de l'âge moyen du
capital. Ce ci renseigne sur le degré de modernisation de l'outil de
production censé conduire à l'amélioration de la
productivité et à la maîtrise des coûts. A ce titre,
les investigations effectuées par l'Institut d'Economie Quantitative
(IEQ) en 2004 sur la démographie des équipements, font ressortir
que les entreprises, oeuvrant dans le secteur textile-habillement, disposent
d'un outil de production plus jeune que dans les autres activités
manufacturières. Toutefois, l'évolution de l'âge moyen des
équipements, qui s'est inscrite à la hausse (passant de 7,7
années entre 1992-96 à 8,7 années entre 1997-2001),
reflète un vieillissement de l'outil de production et pourrait expliquer
la tendance haussière des coûts salariaux dans le
secteur18.
6.1.3. Le taux de change
La dépréciation continuelle du dollar sur les
marchés des changes, depuis mars 2002, était au profit des pays
asiatiques et plus particulièrement la première puissance
mondiale du textile, la Chine. La monnaie chinoise (le yen) est en effet
ancrée au dollar, depuis 1994, et bénéficie d'autant plus
de la chute du dollar par rapport à la monnaie unique (l'euro). Ce
phénomène monétaire permet aux exportateurs chinois
d'améliorer encore plus leurs performances sur le marché mondial
et de bénéficier, ainsi, d'un avantage compétitif
supplémentaire.
Concernant la Tunisie, il y a une stabilité du taux de
change. Aujourd'hui, la Tunisie
17 PME: Petites et Moyennes Entreprises
18 IEQ, 2004
conserve une politique de change stable. Mais notre pays se
développe rapidement, et ce développement devra progressivement
s'appuyer sur une modernisation et un développement du secteur
financier. Il faudra alors libéraliser le système financier. En
effet, ce sont les mouvements de taux de change qui permettent de maintenir la
cohérence entre les situations et politiques économiques des
différents pays dans un monde de plus en plus interdépendant.
C'est pour cela que la fixité des changes pose parfois problème
et s'avère alors insoutenable.
|