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Les impôts indirects applicables au Mali

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par Silamakan Kanté
HETEC MALI - Diplôme de Technicien Supérieur Spécialisé 2007
  

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Chapitre 3 : L'impôt Spécial sur Certains Produits (ISCP)

Présentation :

Ce sont des impôts sur la consommation communément appelés droits d'accises. Leurs taux varient selon les produits dans les limites fixées par la directive de l'UEMOA.

Elle frappe notamment le cola, le sel, le café, les boissons gazeuses et non gazeuses excepté l'eau.

Celle assise sur les produits pétroliers est appelée Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers (TIPP) mais dans ce mémoire, nous nous limiterons à l'étude de l'ISCP.

I. Les produits imposables :

L'ISCP frappe les produits à l'importation et lors de la vente.

La liste des produits ainsi que leurs taux respectifs figurent en annexe.

II. Le fait générateur :

Le fait générateur de l'ISCP est constitué :

- pour les produits importés par la mise à la consommation au Mali, au sens de la réglementation douanière ;

- pour les produits nationaux, par la livraison de la marchandise.

Les prélèvements opérés par les fabricants pour leurs propres besoins sont assimilés à des livraisons.

III. Le taux :

Le taux varie entre 3 à 40% selon les produits. Les différents taux et les produits figurent en annexe.

IV. la base imposable :

La base taxable de l'ISCP est constituée par :

- la valeur en douane pour les produits importés ;

- le chiffre d'affaires hors taxe pour les produits nationaux.

Dans le cas de cessions à titre gratuit ou de prélèvements effectués par les fabricants pour leurs propres besoins, la base taxable est constituée par le prix de revient des biens faisant l'objet de ces cessions ou de ces prélèvements.

V. Liquidation et recouvrement :

L'ISCP sur certains produits dû :

- sur les produits importés est déclaré et recouvré dans les mêmes conditions et délais que les droits de douane ;

- sur les produits nationaux est déclaré et recouvré dans les mêmes conditions et délais et sous les mêmes sanctions que la TVA.

VI. Obligations des redevables :

Les obligations sont les mêmes qu'en matière de TVA.

VII. Sanctions :

Les sanctions applicables à la TVA sont aussi applicables à l'ISCP.

VIII. Prescription :

La prescription en matière d'ISCP est la même chose qu'en matière de TVA.

Chapitre 4 : Analyse et étude approfondie des impôts indirects 

I. La rentabilité des impôts indirects :

Les impôts indirects sont très rentables procurant ainsi d'abondantes ressources à l'Etat. C'est pourquoi, ils existent partout. La TVA existe dans plus de 140 pays. Dans la plupart des pays où les impôts indirects existent, leurs parts représentent plus de 50% des recettes fiscales. Ceci peut s'expliquer par le fait qu'ils sont payés par tous car ils portent sur la consommation.

Au Mali, un tableau synoptique de la direction générale des impôts intitulé : « situation des recouvrements pour la période de 1990 à 2005 » fait apparaître une évolution constante et régulière des impôts directs et taxes indirectes. Des spécialistes de la question révèlent qu'ils existent quinze postes de recouvrements composant les impôts directs contre vingt quatre pour les taxes indirectes. Ce qui explique davantage la part des impôts indirects dans les recettes fiscales. Ainsi, le montant des recouvrements de 1990 à 2005 est passé de 24 milliards de francs CFA à 90 milliards de francs CFA.

Pour l'année 2007, il a été prévu en termes de recettes fiscales, un recouvrement d'impôt indirect de 436,766 milliards de FCFA contre 97,716 milliards de FCFA d'impôts directs pour la même année ; soit un écart de plus du quadruple (+ 4,47%).

La fiscalité française aussi se caractérise par une prédominance des impôts indirects.
En France, la plus grande part des recettes fiscales provient des impôts indirects. La TVA à elle seule représente 50% de ces recettes. Si l'on y ajoute la TIPP, ce sont 60% des recettes fiscales de l'Etat qui proviennent de l'impôt sur la dépense ou la consommation tandis que l'impôt sur le revenu ne représente que 20% de ces recettes.

En France, en 2002, l'ensemble des impôts de l'Etat a diminué  de 1,2%. Cette diminution n'a concerné qu'une catégorie d'impôt : les impôts directs (-5% pour l'impôt sur le revenu et -12% pour l'impôt sur les sociétés) ; par contre la part des impôts indirects n'a cessé d'augmenter (+2,2% pour la TVA et + 3,4% pour la TIPP).
Les impôts indirects sont sans nul doute les impôts les plus rentables. Et, ils sont indolores. On dit souvent qu'ils ont un effet anesthésiant du fait de leurs montants incorporés dans le prix. Généralement, celui qui acquitte le montant n'est pas celui qui supporte la charge. Le premier est appelé redevable et le second contribuable.

II. La justice fiscale en matière d'impôts indirects :

Payer le personnel de l'Etat, les matériaux, les bâtiments, constructions des hôpitaux, des infrastructures, remboursement des dettes publiques, les exemples n'en manquent pas mais il reste une évidence : les politiques publiques doivent être financées.

L'impôt fournit une part essentielle des ressources de l'Etat malien après la douane. Une contribution commune, prélevée sur la richesse de chacun, est nécessaire. Mais plusieurs critères doivent être retenus dans son mode de répartition.

Plusieurs assiettes doivent être déterminées en tenant compte des différences de situation.

Selon la politique fiscale suivie, l'impôt peut non seulement servir à financer les biens et services mais également à mieux redistribuer les richesses et corriger les inégalités, en réclamant plus aux uns et moins aux autres. Tel n'est pas le cas en matière d'impôt indirect. Les impôts indirects sont des impôts « injustes ». Ils ne prennent pas en compte les situations de famille. Ils appliquent un même taux à tous les consommateurs quels que soient leurs niveaux de revenus ; ils frappent indistinctement « le nécessaire du pauvre comme le superflu du riche ». Car, les citoyens les plus pauvres dépensent tous ceux qu'ils gagnent dans les besoins vitaux (manger, boire, dormir) et en sont imposés sur la totalité de leurs revenus tandis que les citoyens les plus riches consacrent la plupart de leurs revenus à l'épargne et ne sont pas imposés sur la totalité de leurs gains. Ils pèsent davantage sur les fins de revenus que de hauts revenus. Or, l'impôt a un rôle de redistribution des revenus et de correction des inégalités sociales.

Dans son article 13, la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 fonde l'exigence de la justice fiscale : la contribution doit être déterminée en fonction des « facultés » de chacun, ce qui implique une progressivité de l'impôt. C'est ce qui permet d'éviter de faire supporter le même taux d'impôt à tous comme c'est le cas des impôts indirects.

III. Le manque à gagner de l'Etat :

L'Etat malien perd chaque année des milliards de recettes fiscales notamment en matière d'impôts indirects surtout la TVA.

L'étendue des travaux du vérificateur général a beaucoup été limitée à cause de l'incompréhension du milieu des affaires en ce qui concerne l'accès aux informations financières de certaines entités.

En dépit de ces pesanteurs, le vérificateur général a pu bien mener ses missions. Ainsi, parmi les structures contrôlées, les vérifications ont mis en évidence un manque à gagner pour l'Etat de 15 587 896 837 FCFA dont 12 959 404 363 FCFA au titre de la TVA et des protocoles non valides avec le fisc et 2 628 492 474 FCFA de droits de douane.
Ces chiffres concernent six entités dont trois sociétés, deux administrations (direction générale des douanes et des impôts) et la mairie du district de Bamako. En tenant compte, des coûts moyens des infrastructures, ce montant aura permis à l'Etat de construire de nombreux dispensaires, maternités, Centres de santé communautaire (CSCOM), ou des centres de santé de référence ou la construction de lycées, ou des routes etc.

Bref, ce montant aura permis à l'Etat de faire des réalisations dont tout le monde aura bénéficié.

La direction générale des impôts (DGI) doit prendre des mesures préventives pour augmenter le montant des recouvrements en vue de diminuer la fraude. En outre, l'Etat malien doit multiplier les sanctions en cas de fraude afin de pouvoir diminuer ce phénomène.

Par ailleurs, en février 2007 lors de la rencontre ACP-UE, l'ambassadrice de l'union européenne Madame Irène Horejs a soutenu qu'une étude d'impact sur les recettes fiscales du Mali a émis plusieurs hypothèses. L'une d'entre elles est la réduction des pertes du Mali en termes de recettes fiscales de l'ordre de 18,4 milliards de FCFA par an dans l'hypothèse d'un démantèlement tarifaire total dès 2008. Le modèle exploité tient cependant compte des effets indirects positifs de l'APE sur l'activité économique et la croissance et donc sur les recettes fiscales. Une fois ces effets pris en compte, la perte de recettes fiscales se réduit à 14,6 milliards de francs CFA la première année du choc et de 9,6 milliards de francs CFA en 2015.Une autre hypothèse est qu'en cas « d'un démantèlement tarifaire étalé sur douze ans et d'une augmentation de 5% de l'assiette fiscale, les pertes seront nulles à l'horizon 2015 », a ajouté l'ambassadrice.

La phase intensive commence désormais avec, entre autres, les discussions sur le démantèlement tarifaire, le listing des produits exemptés, c'est-à-dire la facilitation des échanges commerciaux, la promotion des investissements et l'application des règles de concurrence. Si, l'assiette fiscale est augmentée en fonction des facultés contributives, cela est bon mais dans le cas contraire si elle est augmentée en ne tenant pas compte des facultés contributives, elle doit être abandonnée.

IV. Comparaison avec les impôts directs :

1. Les revenus fiscaux de l'UEMOA en 1996 :

Tableau N° 1 : Revenus fiscaux de l'UEMOA en 1996 :

Rubriques

Bénin

Burkina Faso

Côte d'ivoire

Mali

Niger

Sénégal

Togo

COMPOSITION DES REVENUS FISCAUX

Impôts directs (%)

45,7

27,3

21,30

24,36

31,11

27,94

25,65

Impôts Indirects (%)

54,3

72,7

78,70

75,64

68,89

72,06

74,35

Total (%)

100

100

100

100

100

100

100

SOURCE : Decaluwé, Dissou, Robichaud (1999a)

Selon le tableau N°1, les recettes fiscales des pays de l'UEMOA en 1996 sont réparties ainsi qu'il suit :

- Au Bénin, les impôts directs représentent 45,7% des recettes fiscales contre 54,3% pour les impôts indirects ;

- Au Burkina Faso, les impôts directs représentent 27,3% des recettes fiscales contre 72,7% pour les impôts indirects ;

- En côte d'ivoire, les impôts directs représentent 21,30% des recettes fiscales contre 78,70% pour les impôts indirects ;

- Au Mali, les impôts directs représentent 24,36% des recettes fiscales contre 75,64% pour les impôts indirects ;

- Au Niger, les impôts directs représentent 31,11% des recettes fiscales contre 68,89% pour les impôts indirects ;

- Au Sénégal, les impôts directs représentent 27,94% des recettes fiscales contre 72,06% pour les impôts indirects ;

- Et au Togo, les impôts directs représentent 25,65% des recettes fiscales contre 74,35% pour les impôts indirects.

On constate que seul au Bénin, les impôts directs atteignent 45,7% des recettes fiscales de l'année1996. Sinon, dans tous les autres pays de l'UEMOA en 1996 les impôts directs n'atteignent pas plus de 31,11%. Par contre, les impôts indirects ont une part importante dans les recettes fiscales de ces pays. Les impôts indirects représentent plus de 72% de l'ensemble des recettes fiscales de ces pays sauf le Bénin (54,3%).

Au Mali, les impôts directs ne représentent que 24,36% des recettes fiscales tandis que les impôts indirects représentent 75,64%. Le Mali est aussi en 1996 le second pays de l'UEMOA dont la part des impôts indirects est très importante dans les recettes fiscales après la Côte d'ivoire (78,70%). Au Mali, les impôts indirects représentent plus du triple des impôts directs en 1996.

Mais, la rentabilité des impôts indirects peut aussi s'expliquer par le fait que le champ d'application de ces impôts est très élargi, très étendu puisque tout le monde est contribuable. Or, les impôts directs ne frappent qu'une catégorie de personnes. Ils correspondent à une situation stable. Le fait générateur des impôts directs est aussi fixe ou intervient à certaines périodes.

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"Nous voulons explorer la bonté contrée énorme où tout se tait"   Appolinaire