CHAPITRE 2
2.1 DESCRIPTION DE LA
PROBLEMATIQUE
Dans la plupart des sciences nouvelles, par exemple
l'informatique, en évolution constante et riche en termes nouveaux qui
naissent conjointement aux innovations techniques, il existe toujours une
langue de base dans laquelle le principe d'une terminologie appliquée
aux concepts nouveaux qui n'ont pas de signifié dans la langue est
envisageable.
Cependant, pour les autres communautés de langue qui
n'ont pas participé à la découverte scientifique,
où même pas au baptême terminologique, la situation est loin
d'être idéale. Dans le cas de l'informatique, il existe des
communautés où les termes en anglais sont utilisés pour
des concepts qui parfois n'ont pas d'équivalents dans leur langue.
En général, la création dans ces langues
de termes faisant référence à des innovations suit un
chemin différent. Au lieu de se baser sur l'application d'une forme
linguistique aux concepts nouveaux, les termes de la langue
étrangère sont souvent la traduction des termes de la langue
d'origine. Parfois la traduction de ces termes est faite dans un cadre
contrôlé, avec des terminologues qui travaillent avec les
spécialistes de la science en question pour arriver à la solution
la plus adéquate. Par contre, dans de nombreux cas, c'est la
communauté parlante qui arbitrairement trouve des solutions
particulières au vide terminologique, solutions qui parfois se limitent
à une quantité restreinte de locuteurs et qui ne suivent aucun
principe terminologique.
L'agroécologie est une discipline nouvelle : la
terminologie d'origine vient donc de la langue anglaise. Dans les
facultés où cette science est enseignée, les textes
utilisés sont souvent rédigés en anglais, situation qui
évidemment ne cause pas de problèmes dans les pays anglophones.
Le besoin d'une terminologie de l'agroécologie en
espagnol se pose lorsque cette science commence à prendre son essor dans
des pays tropicaux, qui en Amérique latine possèdent en
général l'espagnol comme langue maternelle. Comme il a
été expliqué plus haut, les spécialistes, les
professeurs et, par conséquent, les étudiants en
agroécologie ou en sciences connexes communiquent entre eux avec une
terminologie issue de leur propre interprétation des sources en anglais.
Parfois cette interprétation se trouve mélangée avec les
opinions personnelles de chaque spécialiste, sans qu'aucun consensus ou
aucune convention ne soit appliquée.
Dans le cas spécifique du Venezuela, les
spécialistes arrivent à bien se comprendre entre eux,
étant donné que par la pratique professionnelle il existe une
espèce de terminologie extra-officielle mais qui convient à tous.
En revanche, dans le cadre pédagogique, chaque enseignant travaille avec
sa propre perspective laquelle, doit de plus être assimilée par
les étudiants au même titre que la terminologie en anglais des
textes d'étude.
Le manque de textes en agroécologie
rédigés originellement en espagnol ne fait qu'aggraver le
problème, parce que les traductions des textes ne partagent pas tout le
temps la même terminologie. Et même si la terminologie ne varie que
légèrement entre les traductions, les lecteurs de ces textes se
trouvent souvent dans une situation où ils comprennent ce qu'ils lisent
mais où ils hésitent entre les possibilités non
normalisées données par ces documents au moment de choisir les
termes pour s'exprimer.
Le problème s'étend même jusqu'a
l'instance conceptuelle car les unités lexicales sont bien
définies en anglais et, par conséquent, les concepts
correspondent au cadre agroécologique des pays à climat
tempéré. Les pays d'Amérique latine, et
particulièrement les pays équatoriaux, ont un climat tropical aux
caractéristiques naturelles spécifiques et ponctuelles qui
souvent ne sont pas les mêmes que celles des pays tempérés.
Par exemple, au début et à la fin de la saison des pluies, la
culture des espèces végétales hautes peut contribuer au
profit de l'humidité résiduelle pendant la saison de
sécheresse. De plus, un système de polycultures de maïs et
de cacahuètes donne aux sols des nutriments en abondance à la fin
de la saison des pluies qui peuvent être utilisables pour la culture
d'autres espèces (Altieri, 1987).
Les techniques agroécologiques dans les régions
tropicales doivent préparer le sol pour la saison de sécheresse
et profiter au maximum de la saison des pluies, démarche qui n'est pas
du tout appliquée dans les zones tempérées où il
existe un système annuel de quatre saisons.
Dans le contexte régional, les variantes
terminologiques entre les pays latino-américains où
l'agroécologie est étudiée et appliquée sont encore
plus diverses, ce qui supposerait un problème potentiellement plus grave
si l'on envisage une conception du développement international de cette
discipline.
Même si Internet constitue un outil pour toute la
communauté parlante et, en quelque sorte, une entité
régulatrice de la terminologie, il souffre de la même maladie que
les textes pédagogiques, c'est-à-dire que les sites qui offrent
des informations agroécologiques sont souvent des traductions de textes
ou d'autres sites présentés originellement en anglais.
L'agroécologie constitue un terrain vierge pour la
recherche terminologique, au moins dans les pays d'Amérique latine et
cette situation se reflète aussi dans l'absence de produits
terminologiques, par exemple un glossaire, contenant les notions et les termes
du domaine agroécologique qui serait le résultat d'une recherche
sérieuse et profonde.
C'est pour cette raison que le but ce travail est de
délimiter ponctuellement le domaine et la problématique que pose
la terminologie de l'agroécologie spécifiquement au Venezuela,
ainsi que de proposer une perspective d'action méthodologique
abordée d'après plusieurs auteurs et adaptée aux
caractéristiques particulières de la situation exposée.
Il faut préciser que, pour les effets de ce travail
préliminaire, les sources à utiliser pour illustrer la
problématique seront les documents trouvés sur Internet car la
plupart des sources en anglais et le peu de bibliographie en espagnol qui
servent de base à la description du problème se trouvent au
Venezuela, endroit où la suite de la recherche aura lieu. Mais,
même si les documents utilisés dans ce travail soient des
documents en ligne, ils montrent la plupart des caractéristiques des
textes imprimés, ce qui suppose que les conclusions achevées
à la fin du travail peuvent être également
appliquées à ces derniers.
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