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Problématique terminologique dans le domaine de l'agroécologie au Venezuela (2e. version)

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par Maria Tovar
Université Lyon Lumière 2 - DEA en Langues et Cultures étrangères (LTMT) 2005
  

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CHAPITRE 1

1.1. BASES THEORIQUES DE LA TERMINOLOGIE

Pour les effets de ce travail, il faut signaler qu'à cause de la métalangue (variée et rarement consensuelle) utilisée dans la pratique terminologique on a décidé de considérer l'unité lexicale comme une entité composée d'un élément formel, le terme, et d'un élément sémantique, la définition, laquelle exprime des traits constitutionnels correspondant à une abstraction des référents réels, le concept.

Il faut d'abord tenir compte des postulats théoriques de plusieurs auteurs sur la discipline terminologique. Pour Sapir (1970) la langue est référentielle et systématique, elle est une création volontaire et un produit social. Selon le discours utilisé en fonction de communication, les traits sémantiques des termes seront plus ou moins importants. La terminologie représente un complément à la langue naturelle, elle est née comme un correctif destiné à compenser le caractère flou et imprécis de la langue générale (Sager, 2000).

Pour les terminologues traditionnels, l'unité de base de la terminologie est le terme, qui pour eux comporte des différences suffisantes pour être considéré comme une unité indépendante du mot, unité de base de la linguistique. En général, ils affirment que la coïncidence entre les éléments composant les termes, une forme et un contenu, avec les éléments constitutifs des mots est seulement apparente. Le signifié du terme est préexistant à la dénomination et sa forme est contrôlée tandis que celle des mots ne l'est pas (Cabre, 1993).

Néanmoins, dans une perspective plus ouverte, le mot n'est pas radicalement différent du terme, il correspond à la même unité abstraite susceptible de se manifester dans le discours à travers des unités superficielles de caractère différent. Les changements des conditions d'exercice des terminologues les ont amenés à remettre en doute les idéaux primaires de la terminologie wüstérienne et les ont poussés à envisager une perspective plus descriptive et linguistique des phénomènes communicatifs réels (Bejoint & Thoiron, 2000).

Les termes servent à distinguer des expériences et des éléments de connaissance et à les organiser. L'organisation que le locuteur impose à la réalité dépend de ses objectifs fixés et de la structure préexistante de la langue de la communauté linguistique, laquelle ordonne aussi la réalité concernée (Sager, 2000).

Parfois, les unités lexicales peuvent fonctionner comme des mots et comme des termes selon le choix d'interprétation du locuteur. L'existence de ces deux types d'unités permet de nouer le dialogue entre les spécialistes et le grand public, ainsi qu'une expression spécialisée à plusieurs niveaux. Ce dynamisme entre les termes et les mots est nécessaire parce que les connaissances humaines, organisées par la terminologie, évoluent constamment et les éléments lexicaux disponibles sont limités (Sager, 2000).

Pour les besoins de la recherche, des termes nouveaux sont créés pour désigner les éléments nouvellement apparus dans une structure de connaissance. Ces termes spécialisés, lorsque les innovations scientifiques commencent à faire partie du domaine public, peuvent ainsi devenir des mots de la langue générale, par exemple le cas du terme engrais, lequel était originellement entièrement du domaine technique. Ce phénomène est appelé lexicalisation en terminologie (Sager, 2000).

Même si la lexicalisation a lieu, il est possible de fixer le lien entre le concept et le terme pour un domaine donné, ce qui peut arriver jusqu'à la normalisation du terme et du concept. Dans ce cas là, il se produit une procédure inverse à la dénomination, dans laquelle un terme est donné à un concept déjà existant, parce que la définition part du terme pour établir sa signification.

La méthodologie proposée par María Teresa Cabré expose plusieurs aspects de la théorie de la terminologie, ses fondements et sa méthodologie. Pour la réalisation de ce type de recherche pratique, elle établit trois grandes compétences dans le travail terminologique : la compétence cognitive, la compétence linguistique et la compétence socio-fonctionnelle (Cabre, 1993).

La compétence cognitive se présente dans une situation de communication quand le locuteur utilise un terme et présuppose que son interlocuteur dispose des connaissances nécessaires pour reconnaître et comprendre cette unité lexicale (Sager, 2000). L'absence de ce type de compétence explique les malentendus qui se produisent dans le discours quand les locuteurs n'ont pas la même connaissance du domaine.

Quant à la compétence linguistique, elle a à voir avec le partage par les participants de la situation communicative du même code linguistique, ce qui permet la compréhension du message.

La compétence socio-fonctionnelle du travail terminologique comporte le caractère pragmatique des termes comme unités lexicales. Nommer ou désigner l'abstraction d'une entité, un fait, etc., est une activité métalinguistique qui permet d'établir un lien entre l'expérience et le besoin de communication linguistique (Sager, 2000).

Les conditions minimales qui indépendamment du type de travail, contexte et situation doivent être respectées dans le travail terminologique sont les suivantes:

a) Une méthodologie spécifique pour détecter et compiler les termes de spécialité est nécessaire.

b) Le terme est l'association d'une forme et d'un contenu qui correspond aux traits d'un noeud cognitif d'une structure conceptuelle donnée.

c) La forme et le contenu fonctionnent dans un double système, dans la langue générale et la langue de spécialité, et ils obéissent à deux tendances, la structuration et l'économie.

d) Les termes sont thématiquement spécifiques, de sorte qu'il n'y a ni terme sans domaine qui le contienne ni domaine sans terminologie.

e) Les termes de tout domaine gardent différents types de rapports.

f) Tout travail terminologique est descriptif.

g) Les termes compilés ont une source réelle : textes spécialisés, discours oraux ou enquêtes terminologiques.

h) Tous les termes sont associés à une grammaire unique.

i) Tous les termes ont une seule définition qui se détermine avec précision dans le domaine spécifique.

j) Les termes peuvent avoir des valeurs pragmatiques différentes.

k) Un terme peut avoir des variantes dénominatives en relation de synonymie.

l) Le travail terminologique conduit toujours à une application : Une liste de termes, un glossaire, un dictionnaire, la résolution d'une consultation ou une liste normalisée (Sager, 2000).

Pour aboutir à une application du travail terminologique, il faut appliquer diverses procédures et méthodes. La première démarche proposée par Rey (1992) consiste à déterminer un domaine pour en définir et en décrire la terminologie (Sager, 2000). Dans la pratique documentaire et bibliographique, il est préférable de présenter le classement conceptuel en arbre, ce qui permet de clarifier la hiérarchie des concepts. Pour déterminer le domaine terminologique, il existe deux possibilités : soit le travail comprend des structures notionnelles et terminologiques repérables par un corpus, soit le travail s'inscrit dans un type d'activité spécifié en général par des paramètres socio-professionnels. Pour le travail proposé ici en agroécologie, il s'agit de la première démarche, dans laquelle la détermination du corpus requiert la définition empirique des besoins. La présentation d'un arbre du domaine suppose une analyse des concepts. Cette analyse permet de construire un modèle notionnel et de déterminer comment la terminologie existante s'articule avec lui.

Deuxièmement, les unités linguistiques utilisées comme termes et leur valeur sont repérées dans un ensemble de textes faisant partie du corpus choisi. Cette analyse documentaire prétend viser des contenus universels exprimables. Pour ce faire, la procédure la plus souhaitable est le dépouillement terminologique plurilingue et comparé (Rey, 1992), ce qui permet de dépasser le plan formel des unités de travail, en les comparant dans différentes langues, et d'établir de cette façon les concepts qu'elles expriment. Dans un travail bilingue, il est possible de concevoir un triangle composé des termes de chaque langue, et où le concept auquel ils renvoient se trouve dans l'angle supérieur du triangle.

Le choix des unités dans le corpus peut comprendre les unités non décrites ou mal décrites dans une partie du domaine ou la totalité des termes du domaine. Dans le premier cas la sélection des unités est délicate et il est difficile d'établir leur affectation au domaine étudié. Dans le deuxième, la sélection est moins hasardeuse à condition que le corpus soit cohérent et d'une taille conséquente (Rey, 1992). Dans ce travail, qui essaye de montrer une problématique terminologique, les termes choisis seront ceux qui sont mal décrits, mais il est possible de les encadrer dans un domaine spécifique parce que la plupart des problèmes qu'ils présentent sont de nature formelle et non conceptuelle, et même s'il y a des cas où le rapport terme-concept n'est pas bien défini, les termes en question sont facilement établis comme appartenant au domaine.

Les informations sur les termes choisis peuvent être présentées sous la forme d'une fiche terminologique, dans laquelle le terme constitue l'entrée ou vedette, qui prend en considération les différentes dimensions des termes : linguistique, notionnelle et documentaire. Au niveau linguistique, les informations concernent la forme du terme, sa phonétique, ses caractéristiques morphosyntaxiques, etc. Au niveau notionnel, il y aura le domaine d'affectation, l'analyse du concept par une définition, l'analyse des traits caractéristiques de la définition, la mise en relation avec d'autres termes et les unités terminologiques d'autres langues correspondant au même concept quant il s'agit d'un travail plurilingue. Finalement, le niveau documentaire est constitué par les contextes où les termes ont été trouvés, les auteurs et la date de l'élaboration de la fiche, et le codage de l'entrée dans un ensemble (Rey, 1992).

En ce qui concerne la définition, elle doit être distinguée de la description, ce qui n'est pas toujours facile. C'est la constitution du système notionnel qui permet de choisir le ou les traits indispensables et définitoires du concept. De plus, les définitions doivent suivre des critères d'économie, de non-circularité et d'homogénéité.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand